Numa Gilly
1834 - 1895
- Informations générales
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- Né le 6 août 1834 à Sommières (Gard - France)
- Décédé le 30 avril 1895 à Nîmes (Gard - France)
1834 - 1895
Député de 1885 à 1889, né à Sommières (Gard) le 6 août 1834, il commença par être ouvrier tonnelier, puis s'établit à son compte fabricant de foudres.
Républicain, il se fit élire conseiller municipal, et devint maire de Nîmes, grâce à la coalition anti-opportuniste des opposants de droite et d'extrême-gauche.
Porté, le 4 octobre 1885, sur la liste radicale socialiste du Gard, M. Gilly fut nommé député de ce département, le 6e et dernier, au second tour de scrutin, par 58,049 voix (110,923 votants, 133, 886 inscrits). Il siégea à l'extrême-gauche et fit partie du petit groupe ouvrier socialiste qui se constitua peu après l'ouverture de la session. Il vota :
- contre l'expédition du Tonkin,
- contre la politique opportuniste,
- pour l'amnistie,
- contre les ministères Freycinet, Rouvier et Tirard, etc.,
n'aborda point la tribune, et jusqu'en 1888, fit peu parler de lui.
Tout à coup le nom de M.Numa Gilly se trouva mêlé aux plus ardentes polémiques, et l'affaire Gilly eut presque le retentissement d'une cause célèbre. Pendant les vacances parlementaires, rendant compte, le 3 septembre 1888, de son mandat à ses électeurs, M. Gilly prononça, au théâtre d'Alais, les paroles suivantes : « Quand on voit à quelles mains est livrée la fortune de la France, quels sont les hommes qui composent la commission du budget, on frémit du gaspillage effréné qui préside à la distribution de cet impôt que nous avons tant de peine à payer au percepteur. On a poursuivi Wilson : pure comédie, pour faire croire qu'on était plus honnête que lui ; mais sur trente-six membres de la commission du budget, vous avez au moins vingt Wilson. » Ce discours fut l'objet, dans la presse et dans le public, de nombreux commentaires. La commission du budget, dont les membres étaient en réalité au nombre de 33, ne parut pas tout d'abord s'émouvoir bien vivement de l'accusation ; elle n'avait pas, d'ailleurs, qualité pour introduire une action en diffamation, n'étant pas un corps constitué aux termes de la loi ; individuellement, plusieurs commissaires, notamment M. Salis, de l'Hérault, M. Emile Jamais, du Gard, M. D. Raynal, ancien ministre, député de la Gironde, se décidèrent à écrire à M. Gilly pour le mettre en demeure de s'expliquer; il répondit qu'il attendrait qu'on le poursuivit en justice. La commission se réunit alors et déclara « unanimement» qu'elle livrait la conduite du député du Gard « au jugement de l'opinion publique ». Mais M. Andrieux, membre de la commission du budget, tint à faire savoir qu'il n'était pour rien dans cette déclaration platonique, prétendue unanime, et, afin de permettre à M. Gilly de fournir les explications demandées, il le traduisit devant la cour d'assises de Nîmes, « en vertu de l'article 31 de la loi du 29 juillet 1881, qui prévoit la diffamation à raison de leurs fonctions ou de leur qualité envers un ou plusieurs membres de l'une ou l'autre Chambre.» De son côté, M. Gilly assigna comme témoins la plupart des membres de la commission du budget. Quelques-uns se rendirent à Nîmes; mais la cour refusa de les interroger, par ce motif que leur audition n'était point admissible en droit. M. Gilly ayant alors affirmé qu'il n'avait eu aucune intention de diffamer M. Andrieux personnellement, celui-ci retira sa plainte à l'audience et M. Gilly fut acquitté. Après ce procès, il publia sous le titre Mes dossiers, une série d'imputations plus précises à l'adresse de divers personnages politiques très en vue; les intéressés lui intentèrent de nombreux procès en diffamation. Sous le coup de ces menaces, et avant l'appel des causes, M. Gilly se détermina à désavouer la paternité du livre Mes dossiers, ce qui lui valut aussitôt un nouveau procès de son éditeur. Le désaveu n'arrêta pas les poursuites : M. Gilly se vit condamner à plusieurs mois de prison, et dut supporter des frais considérables; avant les instances, M. Floquet l'avait révoqué de ses fonctions de maire, et avait dissous le conseil municipal qui avait fait cause commune avec lui.
L'opinion locale ne cessa pas, malgré tout, de donner raison à son ancien maire et député, et, lors des élections du 20 janvier 1889 pour le renouvellement du conseil municipal de Nîmes, la liste de M. Gilly passa avec 5,650 voix contre 3,460 à la liste opportuniste; il fut également réélu maire par 19 voix sur 26.
Dans la dernière session de la législature à la Chambre, il s'abstint sur le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), se prononça
- contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
et s'abstint sur les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 6 août 1834 à Sommières (Gard), mort le 30 avril 1895 à Nîmes (Gard).
Député du Gard de 1885 à 1889.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 173.)
Aux élections du 22 septembre 1889, Numa Gilly ne put conserver son siège après les retentissants procès en diffamation qui l'avaient opposé à divers personnages politiques en vue. Il fut en effet battu par le comte de Bernis contre lequel il n'avait pu rassembler, au premier tour, que 2.844 voix et 1.549 seulement au second, et qui fut élu avec 8.174 voix.
Numa Gilly qui n'avait plus à compter que sur la fidélité de ses administrés nîmois abandonna dès lors la carrière politique pour se consacrer à la mairie de Nîmes.
C'est là qu'il mourut le 30 avril 1895, à l'âge de 61 ans.