Rosan Girard
1913 - 2001
Né le 16 octobre 1913 au Moule (Guadeloupe)
Décédé le 5 juin 2001 à Paris
Député de la Guadeloupe de 1946 à 1958
Rosan Girard est né le 16 octobre 1913 au Moule (Guadeloupe). Il est docteur en médecine.
Membre du Parti communiste, directeur du journal L'Etincelle, de Pointe-à-Pitre, il joue un rôle très important dans la vie politique de la Guadeloupe.
Il exerce dans son île natale des responsabilités en qualité de conseiller général du canton du Moule. Il sera également maire du Moule de 1947 à 1953.
Aux élections législatives du 10 novembre 1946, il conduit la liste du PCF, qui se trouve en compétition avec une liste SFIO où figurent les deux députés sortants et une liste « Grand rassemblement des gauches républicaines ».
La liste communiste recueille 16 252 voix sur 35 897 suffrages exprimés et a deux élus. Le troisième siège est attribué à la liste SFIO qui obtient 13 991 suffrages. Avec 5 654 voix, la liste RGR n'a pas d'élu.
Rosan Girard est nommé successivement membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, de la Commission du suffrage universel, du Règlement et des pétitions, de la Commission de la réforme administrative.
Au cours de cette législature, il déploie une grande activité parlementaire, prenant part à la discussion de nombreux projets et propositions de loi.
Ses interventions portent principalement sur les questions intéressant les quatre départements d'outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion) que vient de créer la loi du 19 mars 1946.
Rosan Girard est soucieux de voir accélérer l'exécution de cette loi afin que les populations concernées bénéficient rapidement d'un certain nombre de dispositions législatives applicables en métropole. Il dépose, sur ce point, une demande d'interpellation le 28 janvier 1949.
C'est surtout dans le domaine des lois sociales, et plus spécialement dans celui des conventions collectives, de la durée hebdomadaire du travail et de l'allocation aux vieux travailleurs salariés qu'il insiste sur l'urgence d'un tel alignement.
Le 11 mars 1948, il dépose ainsi une proposition de loi tendant à faire bénéficier effectivement et sans délai les populations des départements d'outre-mer des lois sociales en vigueur dans la France métropolitaine.
Il appelle également l'attention sur d'autres problèmes concernant les départements d'outre-mer. Le 12 avril 1949, il prend part à la discussion du projet de loi relatif à la législation des loyers dans ces collectivités territoriales. Lors des débats sur le projet de loi relatif au développement des crédits de fonctionnement des services civils, en 1951, il souligne l'insuffisance du nombre des logements en Guadeloupe.
Le 16 novembre 1950, il dépose un rapport au nom de la commission du suffrage universel, du Règlement et des pétitions sur l'avis donné par le Conseil de la République sur la proposition de loi adoptée par l'Assemblée nationale tendant à modifier, pour les départements d'outre-mer, la législation des élections.
L'intérêt particulier qu'il porte aux départements d'outre-mer ne l'empêche pas de s'intéresser aux questions concernant l'ensemble de la Nation, comme l'aménagement de la réglementation des changes, la politique de l'alcool, l'exploitation des services maritimes d'intérêt général.
Rosan Girard conduit à nouveau la liste du PC aux élections législatives du 17 juin 1951. Cette liste obtient 19 992 voix sur 45 048 suffrages exprimés et se voit attribuer un siège en application du scrutin proportionnel.
Les deux autres sièges du département vont à la liste SFIO (10 313 voix) et à la liste RPF (14 352 voix). Les quatre autres listes en présence n'obtiennent que des résultats négligeables.
Dans ses engagements électoraux, Rosan Girard insiste à nouveau sur l'extension à la Guadeloupe des lois sociales appliquées en métropole. Il réclame également l'amélioration des salaires et traitements et le maintien d'un prix équitable pour les productions locales.
Au cours de cette deuxième législature, Rosan Girard est nommé membre de la Commission de la justice et de législation et de la Commission du suffrage universel, du règlement et des pétitions.
Il dépose plusieurs propositions de résolution relatives au déroulement des élections dans son département d'origine, réclamant à deux reprises, les 21 janvier et 24 mai 1955, la création d'une commission parlementaire d'enquête.
Les problèmes sociaux et, plus spécifiquement, ceux des départements d'outre-mer constituent encore un thème fréquent de ses interventions.
Le 21 décembre 1951, il pose au ministre du Travail et de la sécurité sociale une question sur les salaires et prestations familiales dans les DOM. Le 20 février 1953, il interroge le ministre du Budget sur l'aide aux travailleurs sans emploi dans les DOM.
Il prend part à la discussion du projet de loi relatif aux investissements économiques et sociaux en 1952, en ce qui concerne les investissements hors métropole (décembre 1951), du projet de loi relatif à l'extension du régime des assurances sociales aux DOM (11 février 1954), du projet de loi relatif à l'extension aux départements d'outre-mer de dispositions de la législation du travail agricole (21 janvier 1955).
Il se préoccupe également du développement économique des DOM prenant part à la discussion des interpellations sur la situation économique et sociale des Antilles, due à l'augmentation de la production et à la baisse des prix qui en résulte (9 octobre 1953). Il dépose une demande d'interpellation sur la politique envisagée dans les DOM et à la Guadeloupe en particulier pour assurer le progrès économique et social ainsi que la sauvegarde des droits et libertés garantis par la Constitution de la République (24 mars 1954). A l'occasion de la discussion du projet de loi relatif aux dépenses des ministères pour l'exercice 1954, il évoque la situation scolaire en Guadeloupe et dénonce la pénurie de professeurs et le manque de centres d'apprentissage. Il souligne les besoins d'investissements dans les DOM lors de la discussion du projet de loi relatif au deuxième plan de modernisation et d'équipement (25 mai 1955).
Conduisant une nouvelle fois la liste du P.C. pour les élections législatives du 2 janvier 1956, il est réélu, cette liste recueillant 27 384 voix sur 59 294 suffrages exprimés. La liste SFIO, avec 11 907 voix et la liste du Rassemblement français, avec 19 813 voix, emportent chacune un siège. Une liste radical-socialiste recueille 190 voix, tandis qu'une liste de défense de la religion, de la propriété et de l'autorité de l'Etat n'obtient aucun suffrage.
Dans ses engagements électoraux, Rosan Girard reprend les thèmes du développement économique de la Guadeloupe, de la revalorisation des salaires, de l'application des lois sociales, et dénonce la fraude électorale.
Nommé membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique dès le début de la nouvelle législature, Rosan Girard retrouve, au mois de décembre 1957, la place qu'il occupait à la Commission du suffrage universel, du Règlement et des pétitions, sous la précédente.
A nouveau, il réclame l'assainissement des mœurs électorales en Guadeloupe. Il intervient encore fréquemment à propos des problèmes économiques et sociaux des DOM, déposant une demande d'interpellation sur les mesures que préconise le Gouvernement pour résoudre la crise politique, économique et sociale de la Guadeloupe en particulier et des DOM en général.
Il prend part à la discussion d'une proposition de loi relative aux prestations familiales dans les DOM et, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1958, dénonce la pauvreté de l'enseignement dans les DOM, citant l'exemple de l'enseignement secondaire à la Guadeloupe (8 mars 1958).
Rosan Girard se prononce, le 1 er juin 1958, contre l'investiture du Gouvernement du général de Gaulle et, le lendemain, contre la dévolution à ce gouvernement des pleins pouvoirs pour six mois.