Pierre Girardot
1913 - 2001
Les archives de Pierre Girardot sont conservées aux Archives départementales des Alpes de Haute-Provence sous la cote 151 J. Donné en 2003 à la Fédération communiste des Alpes de Haute-Provence qui s'est chargée du transfert aux Archives départementales, ce fonds de 4 mètres linéaires reflète les grands engagements de Pierre Girardot (Parti communiste, Résistance, histoire et culture locale) et couvre ses divers mandats électifs. Ces archives datant de la période 1910-2000, décrites dans un répertoire numérique détaillé, sont communicables dans le respect des délais du code du patrimoine. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales des Alpes de Haute-Provence.
Né le 20 novembre 1913 Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes)
Membre de la Première et de la Seconde Assemblée nationale constituante (Basses-Alpes)
Député des Basses-Alpes de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958
C'est en septembre 1932 (il n'avait que 18 ans) que Pierre Girardot adhère au PCF, à la cellule de Gréoux-les-Bains dans les Basses-Alpes. Né le 20 novembre 1913 à Laragne-Montéglin, dans un milieu modeste son père, d'abord ouvrier-papetier, est ouvrier-coiffeur puis artisan-coiffeur ; sa mère est ouvrière-teinturière - il obtient son diplôme des Ecoles d'agriculture de l'Etat dès 1928 et devient ouvrier agricole.
La précocité de son engagement politique se confirme en 1934 : il devient secrétaire du rayon (c'est l'ancêtre de la fédération) de la Durance et en 1936, secrétaire du groupe des Jeunesses communistes de Sainte-Tulle (Basses-Alpes). Il prête son concours aux mouvements antifascistes - ainsi l'organisation de la manifestation de février 1934 à Digne et anime des rassemblements de défense de la paysannerie laborieuse et du monde ouvrier. En 1936, son action est décisive dans la bataille pour le succès local du Front populaire.
En 1938, au cours d'une intense campagne de réunions publiques, il dénonce les accords de Munich. Le 14 juillet 1939, il prend la parole à Sisteron pour la défense des libertés républicaines. En août 1940, il organise clandestinement la diffusion de l'appel de Maurice Thorez et Jacques Duclos, demandant au peuple de France de se dresser contre l'envahisseur.
Arrêté le 11 novembre de la même année, il est incarcéré successivement au camp d'Oraison, à la citadelle de Sisteron et enfin au Fort Barraux (Isère). C'est de ce fort qu'il réussit à s'évader en avril 1942 pour reprendre le combat dans la Résistance. Commandant FTP de Savoie et Haute-Savoie en 1942-43 puis d'Auvergne en 1943-44, Pierre Girardot termine la guerre comme officier d'Etat-major plusieurs fois décoré (Croix de guerre avec palme, Croix du combattant, Médaille des évadés, Médaille du combattant volontaire de la Résistance, etc...).
Avec la Libération s'ouvre la phase des responsabilités politiques de niveau national pour Pierre Girardot, qui poursuit son engagement très ferme aux côtés du PCF, dont il est le secrétaire fédéral pour les Basses-Alpes de 1945 à 1963, membre du Bureau fédéral (1963-73), puis du Comité fédéral (1973-83). Il n'en oublie pas pour autant ses racines, et reste maire de Sainte-Tulle de mars 1953 à avril 1978. Mais il accède surtout, dans l'après-guerre, aux fonctions de représentant de la Nation toute entière à quatre reprises, pour les deux Assemblées nationales constituantes et pour deux législatures (1946-51 et 1956-58).
Pierre Girardot n'a manqué à aucune compétition électorale d'échelon national depuis la guerre ; mais ses fortunes ont été diverses. En octobre 1945, pour la première Constituante, il est élu à la plus forte moyenne derrière le candidat socialiste, par 13 168 voix sur les 41 647 suffrages exprimés. Pour la seconde Constituante en juin 1946, il est élu dans les mêmes conditions à quelques dizaines de voix près. Le 13 octobre, pour les élections à la première législature, il améliore peu son score (13 945 voix sur 40 677 suffrages exprimés), mais cette différence est essentielle pour battre le MRP (13 277 voix), dont la tête de liste est élue, et la SFIO qui, privé de 527 voix par une dissidence socialiste pacifiste, perd son élu avec 12 928 voix seulement. Le système des apparentements a raison de Pierre Girardot le 17 juin 1951 - en l'occurrence un apparentement typique de la Troisième Force entre les listes socialistes, RGR et MRP. La SFIO avec 27,8% des voix fait élire M.-E. Naegelen et le RGR obtient l'autre élu avec 16,8 % des quelques 41 772 suffrages exprimés - Pierre Girardot, avec 31 %des voix est battu.
Il prend sa revanche lors des élections à la troisième législature, qui se font dès le 2 janvier 1956 en raison de la dissolution décidée par Edgar Faure le 2 décembre 1955. Le Parti communiste présente Pierre Girardot qui mène une campagne vigoureuse contre les apparentements et en faveur des projets de barrages sur la Durance et le Verdon et l'extension des irrigations : pour cela, écrit-il, il faut une « politique de paix, d'indépendance nationale, et ne plus tolérer les ingérences américaines, hostiles aux équipements hydroélectriques en France ». Il est aidé dans sa victoire (28% des 43 256 suffrages exprimés) par la multiplication des listes et le score du candidat poujadiste.
Au cours des deux Assemblées nationales constituantes, Pierre Girardot est nommé membre de la Commission de l'équipement national et de la production ; il ajoute à cette responsabilité, de juin à octobre 1946, la participation à la Commission de la défense nationale. Il intervient à plusieurs reprises, au cours de cette année 1946, en faveur des nationalisations (électricité, gaz, combustibles minéraux en particulier) après avoir bien sûr voté pour la nationalisation de la Banque de France et des grands organismes de crédit (2 décembre 1945). Il se prononce en faveur des deux projets successifs de constitution (19 avril et 28 septembre 1946).
Pendant la deuxième législature, il reste membre de la Commission de la défense nationale et prend part au travail de nombreuses autres commissions : celle des affaires économiques, celle des affaires étrangères, celle de la marine marchande et des pêches et enfin celle des territoires d'outre-mer. Son activité reste centrée sur les Basses-Alpes ; il incite le Gouvernement à poursuivre l'effort de reboisement dans le bassin de la Durance (12 juin 1947), à défendre la culture de la lavande et du lavandin (25 juin 1947), à renforcer les installations de la centrale électrique mixte de Sainte-Tulle (26 octobre 1949), à secourir les sinistrés du violent orage de juin 1950 dans la vallée de l'Ubaye, à étendre le système d'irrigation de sa région, etc. Mais il dépose aussi des textes à vocation nationale : au nom de la Commission des affaires économiques sur l'introduction en France des blés en grain aux lieux et place des farines (juillet 1948), sur les mesures d'urgence qu'il sollicite du Gouvernement en faveur des producteurs de pommes de terre, ou encore une proposition de loi qu'il défend sur le retour immédiat dans leurs foyers des militaires d'Indochine dont le contrat arrive à expiration (28 décembre 1949). Il intervient fréquemment à la tribune sur ces mêmes thèmes, et pour défendre les amendements qu'il propose aux projets et propositions de loi sur l'organisation et les crédits de la défense nationale.
Après cinq années d'interruption, Pierre Girardot fait son retour à l'Assemblée début 1956 : son élection est validée dès le 20 janvier. Il retrouve son rôle à la Commission de la défense nationale et devient membre suppléant de la Commission des finances. Son activité est moins importante au cours de ces deux années, si elle porte toujours sur les mêmes thèmes : son département (la centrale de Sainte-Tulle, l'exploitation familiale de la lavande et du lavandin, l'aide d'urgence aux cultivateurs sinistrés par le gel de mars 1956) et les affaires militaires. Ainsi le 10 juillet 1956 invite-t-il le gouvernement à lever à l'occasion de la fête nationale les punitions et poursuites à l'encontre des militaires. Il intervient parfois à la tribune, comme en juin-juillet 1956 sur les problèmes des tribunaux militaires en temps de paix.
Avec son groupe, Pierre Girardot a voté la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), et s'il ne prend pas part au vote du 13 mai 1958, il se prononce en faveur de la révision de certains articles de la Constitution (27 mai 1958) et refuse la confiance au Général de Gaulle le 1er juin 1958.
Sous la Ve République, aux élections de novembre 1958, Pierre Girardot est battu dans la 2e circonscription des Basses-Alpes. Il y sera réélu lors du renouvellement de mars 1978.