Marcel Gitton
1903 - 1941
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 20 avril 1903 à Versailles (Seine-et-Oise).
Député de la Seine de 1936 à 1940.
1914 : aîné de trois enfants, il a 11 ans lorsque son père est mobilisé. Muni de son certificat d'études primaires, il entre comme manœuvre dans une usine pour venir en aide à sa famille. Il apprendra ensuite son métier dans une maison de chauffage.
A 16 ans, Marcel Gitton participe à la fondation d'un groupe de jeunesse à Versailles. Il adhère ensuite à la fondation des jeunesses socialistes et suit cette fédération dans son ralliement à la IIIe Internationale, après la scission de Tours. Il est nommé trésorier de la 26e Entente des jeunesses communistes en Seine-et-Oise. Entre-temps, il avait adhéré à la C.G.T.
Après avoir accompli son service militaire, il reprend son activité militante. En novembre 1925, il est désigné comme secrétaire des syndicats du bâtiment de la région parisienne. Trois ans plus tard, il se voit confier les fonctions de secrétaire de la fédération unitaire du bâtiment et, en 1929, il est appelé - au secrétariat de la Confédération générale du travail unitaire. Il dirige à ce titre de nombreuses actions revendicatives, notamment dans le bâtiment de la région parisienne, à Reims, à Concarneau et à Dunkerque. Sur le plan politique, Marcel Gitton était membre du comité central du parti communiste français depuis 1928. Entré au bureau politique du parti en 1929, il devient secrétaire du comité central aux côtés de Maurice Thorez, de Jacques Duclos et d'André Marty.
Il fut l'un des signataires du pacte d'unité d'action du 27 juillet 1934. A l'occasion des élections sénatoriales du 20 octobre 1935, il est chargé par son parti de mettre sur pied une liste unique des formations de gauche.
Le 26 mai 1935, il est élu, au premier tour, conseiller général de la Seine pour le canton de Pantin, mandat qu'il conservera jusqu'en 1936.
Marcel Gitton est, avec Jacques Duclos, le représentant du parti communiste au comité national du rassemblement populaire. Il représente également son parti avec Marcel Cachin, Gabriel Péri et Jacques Duclos, au sein du rassemblement universel pour la paix.
Aux élections législatives du 26 avril 1936, il fut présenté dans la 1re circonscription de Saint-Denis, dont le député sortant était un socialiste, Louis Marsais. Il recueillit au premier tour 11.887 voix, contre 5.295 au candidat socialiste, 2.385 au radical-socialiste et 239 à un communiste dissident. Resté le seul candidat de la gauche pour le scrutin de ballottage, il fut élu député le 3 mai 1936 par 15.858 voix contre 6.407 à Mériat, de l'entente républicaine.
A la Chambre, il est nommé vice-président de la commission de l'armée. Le 2 février 1937, il intervient dans la discussion de plusieurs interpellations sur la défense nationale. Il exprime alors son inquiétude devant l'évolution de la situation internationale et sa conviction qu'il est possible d'écarter les dangers redoutables qui guettent la France et l'Europe en rassemblant les forces de paix. Il dénonce l'effort militaire de l'Allemagne et la progression anormale des exportations de minerai de fer français vers ce pays. Tout en réaffirmant la fidélité de son parti au programme de paix de la gauche, il estime que le Front populaire a le devoir de se soucier avec réalisme de la sécurité du pays face à, la montée du fascisme.
En 1938, il dépose une proposition de loi tendant à dispenser de la déclaration et des droits de mutation par décès les successions dont l'actif taxable ne comprend qu'un mobilier, assuré ou non. L'année suivante, il déposera une autre proposition de loi tendant à créer l'honorariat pour les sous-officiers.
En janvier 1939, il demande à interpeller le gouvernement sur sa politique de défense nationale.
Après la signature du pacte germano-soviétique, il suivit la majorité de son groupe qui s'était montré favorable à cet accord.
Il est déchu de son mandat par la Chambre des députés le 21 janvier 1940.
Né le 20 avril 1903 à Versailles (Seine-et-Oise)
Décédé le 5 septembre 1941 à Paris
Député de la Seine de 1936 à 1940
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1846)
Comme quatorze autres députés communistes, Marcel Gitton se déclare en rupture avec le Parti après la signature du pacte germano-soviétique. Il sera néanmoins déchu de son mandat le 21 janvier 1940. Violemment attaqué par ses anciens camarades et accusé à tort, semble-t-il d'être un indicateur de police, il constitue, avec l'accord des autorités officielles et quelques anciens parlementaires communistes comme Jean-Marie Clamanus, Marcel Capron et André Pascal, un Parti ouvrier et paysan français (POPF) dont il devient le secrétaire général.
Contacté par Doriot qui cherche à le rallier à son Rassemblement national, il collabore pendant quelques mois au journal de ce dernier, Le Cri du Peuple. Il comprend le rôle de simple faire-valoir que lui fait jouer le chef du Parti populaire français et rompt avec lui en juin 1941.
Jusqu'à cette date, l'essentiel de l'action de Marcel Gitton et de ses amis porte sur la libération et le ralliement au POPF des anciens militants communistes emprisonnés. Sans prôner ouvertement la collaboration franco-allemande, les articles de Marcel Gitton s'éloignent de plus en plus de son idéal socialiste d'antan et prennent une coloration antisémite conforme à l'air du temps.
L'invasion surprise de l'URSS le 22 juin 1941 par les troupes du Reich met fin à l'équivoque pour le Parti communiste. L'ennemi allemand est enfin clairement désigné et, dès le mois d'août, surviennent les premières actions armées du Parti contre l'occupant (notamment l'exécution de l'aspirant Moser par le futur colonel Fabien au métro Barbès, le 21 août). Marcel Gitton cherche alors à rallier tous les éléments communistes hostiles à cette lutte armée, dont l'exécution d'otages est la conséquence directe. Il écrit dans ce sens, avec la complicité manifeste des autorités allemandes, une « lettre ouverte aux ouvriers communistes » et, dans ce but, visite les militants communistes emprisonnés dans les camps d'internement. Cette propagande ne sera pas sans effets puisque même un Marcel Cachin ira jusqu'à écrire à Boemelburg, chef de la Gestapo à Paris, qu'il désapprouve les attentats individuels contre l'occupant.
C'en est trop pour le Parti qui décide l'élimination de son ancien n° 3. Dans la soirée du 4 septembre 1941, rue de Bagnolet, près de la mairie des Lilas, Marcel Gitton est blessé d'un coup de revolver par un cycliste. Il décède le lendemain à l'hôpital Tenon à Paris. Il était âgé de 38 ans.