Georges, Raoul Gosnat
1914 - 1982
Né le 3 décembre 1914 à Bourges (Cher)
Décédé le 22 mai 1982 à Ivry (Val-de-Marne)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Charente-Maritime)
Sous-secrétaire d'Etat à l'Armement du 2 juin au 28 novembre 1946
Député de la Charente-Maritime de 1946 à 1958
Ses responsabilités de trésorier ont fait de Georges Gosnat un cadre essentiel du Parti communiste français. Ses qualités tant humaines qu'intellectuelles lui ont donné la réputation d'être l'homme des situations délicates. Quant à son caractère jovial et chaleureux, sa facilité de contacts, ils ont permis au PCF de disposer d'un ambassadeur habile dans les sphères de la haute administration, des affaires et de la presse.
Il voit le jour le 3 décembre 1914 à Bourges (Cher), où il passe les neuf premières années de sa vie. Par la suite, ses parents s'installent en région parisienne, à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat restera toujours attaché à cette ville dont la municipalité lui verse d'ailleurs, en 1930, 1931 et 1933, des « secours d'études » pour mener à bien une brillante scolarité à l'Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP).
Il adhère dès 1930 aux Jeunesses communistes, dont il devient le secrétaire pour Ivry en 1933. Son père, Venise Gosnat, n'est pas étranger à ce parcours politique : grande figure de l'histoire du Parti, quoique de tempérament modeste et effacé, il sera maire d'Ivry de 1935 à 1965 et responsable aux cadres du Parti. C'est donc par l'intermédiaire de son père que Georges Gosnat rencontre Maurice Thorez, qui se prend d'affection pour le jeune homme.
Il effectue son service militaire au 172e régiment d'infanterie de forteresse basé à Strasbourg, et accède en 1936 au grade d'aspirant de la marine, ce qui fait de lui un des premiers officiers communistes de cette arme. Entre temps, il a épousé, le 24 décembre 1935 à Ivry, Georgette Alleaume, qui donne naissance l'année suivante à une fille.
Maurice Thorez fait de lui, dès 1937, le secrétaire général de la compagnie maritime France-Navigation, entreprise créée avec des capitaux communistes. Georges Gosnat joue un rôle essentiel dans le ravitaillement de la République espagnole en armes soviétiques. Ses activités l'amènent d'ailleurs à séjourner en URSS en août 1938.
En septembre 1939, il est mobilisé comme lieutenant, mais est bientôt interrogé par le conseil de guerre de Grenoble (avril 1940), qui le libère finalement. Dès les premiers combats de mai 1940 en Belgique, il est fait prisonnier par les Allemands et interné dans un camp d'officiers à Nienburg. A plusieurs reprises, il tente de s'évader, mais est repris, puis blessé, et finalement transféré au camp disciplinaire de Lübeck. Il est libéré en 1945 par l'Armée Rouge. Quant à son épouse, elle participe à la Résistance mais, arrêtée le 31 janvier 1942, elle est déportée à Ravensbrück.
De retour en France, Georges Gosnat, âgé seulement de trente ans, connaît une rapide promotion dans le Parti communiste. Il reprend ses activités à la tête de France-Navigation, sera nommé trésorier des affaires domestiques du Parti en novembre 1947 et entrera au comité central en 1954.
Il se présente aux élections pour la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945, dans le département de la Charente-Maritime. Il est élu, la liste communiste arrivant en tête avec 35 290 voix sur 171 624 suffrages exprimés. Il est réélu à la seconde Constituante, le 2 juin 1946, la liste communiste, précédée par la liste socialiste, obtenant 42 341 voix sur 194 651 suffrages exprimés. A nouveau tête de liste lors des élections pour la première législature, le 10 novembre 1946, il mène les communistes à la victoire, sa liste obtenant 49 012 voix sur 194 493 suffrages exprimés. En 1951, Georges Gosnat centre sa campagne électorale sur l'opposition au gaullisme. Il est certes réélu le 17 juin 1951, mais la liste communiste, en recueillant 41 802 voix sur 188 723 suffrages exprimés, est battue par la liste du RPF. Lors des élections législatives anticipées du 2 janvier 1956, Georges Gosnat est réélu, la liste communiste remportant 43 063 des 208 509 suffrages exprimés.
Personnage essentiel pour le Parti communiste, Georges Gosnat siège dans de nombreuses commissions : celle des moyens de communication et des PTT, celle de la défense nationale, celle des territoires d'outre-mer, celle de la marine marchande et des pêches, celle des finances, celle de la presse enfin. Il est en outre élu représentant de l'Assemblée nationale au sein de la Commission de contrôle de la circulation monétaire le 28 février 1956.
Lors de la première Constituante, ses interventions se limitent à une proposition d'amendement à la loi de finances, qu'il retire, et à une participation à une discussion générale relative à la marine marchande.
La seconde Assemblée constituante est l'occasion, pour Georges Gosnat, d'une brève carrière ministérielle, dans le premier gouvernement Bidault (2 juin-28 novembre 1946). Il est sous-secrétaire d'Etat à l'Armement auprès du ministre Charles Tillon. En cette qualité, il répond le 23 juillet 1946 à une question orale sur les réquisitions d'avions civils. Il est également entendu lors de deux discussions techniques portant l'une sur des ouvertures de crédits spéciaux (26 juillet 1946) et l'autre sur un projet de loi relatif à l'ouverture et à l'annulation de crédits sur l'exercice 1946 (2 octobre 1946).
Lors des trois législatures durant lesquelles Georges Gosnat est député de la Charente-Maritime, son activisme parlementaire va grandissant. D'abord, il se montre particulièrement attentif aux événements venant perturber sa circonscription. Ainsi, les tempêtes qui viennent régulièrement frapper la Charente-Maritime sont systématiquement suivies par une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à attribuer des secours aux habitants et aux producteurs sinistrés (notamment les 4 juillet 1950, 9 janvier 1952, 9 octobre 1952, 17 février 1956). Mais il dépose également une demande d'interpellation sur des incidents dramatiques survenus en Charente-Maritime du fait de la présence de militaires américains.
Georges Gosnat ne craint pas non plus d'intervenir de manière polémique, et c'est ainsi qu'il est entendu sur les interpellations relatives aux événements de Madagascar (8 mai 1947) ou qu'il critique la loi de finances pour 1958 dans laquelle il ne voit qu'un budget de classe (26 décembre 1957).
Il s'implique également dans les discussions portant sur la presse. Lors de la séance du 8 novembre 1951, il dépose des amendements tendant à promulguer un statut provisoire de la presse, rendre plus difficile l'établissement de la preuve en cas de diffamation, et à refuser à un ministre ou un député la possibilité de porter plainte contre les organes de presse. Il dépose également une proposition de résolution invitant le gouvernement à rétablir la libre détermination du prix des journaux quotidiens par les entreprises de presse et l'instauration d'un « prix plancher » de vente au public.
Enfin, en raison de sa connaissance de la chose militaire, il continue de s'intéresser aux questions stratégiques. Il participe à la discussion du projet de loi portant ouverture de crédits pour les dépenses militaires (27 mars 1947), mais il dépose aussi à deux reprises une demande d'interpellation, sur la transformation du port de la Pallice en base américaine d'abord (10 novembre 1950), sur la livraison de ce même port aux forces militaires américaines ensuite (17 mars 1951).
Les votes émis par Georges Gosnat entre 1945 et 1958 sont conformes aux positions prises par le Parti communiste. Il vote ainsi en faveur des deux projets de Constitution (19 avril et 28 septembre 1946), vote la confiance au gouvernement Blum (17 décembre 1946) mais la refuse au gouvernement Ramadier (4 mai 1947), ce dernier vote entraînant le renvoi des ministres communistes. Il s'oppose par la suite à la ratification du Plan Marshall (7 juillet 1948), à la constitution du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) de même qu'à la ratification du Pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949). Il vote également contre la loi instituant le système des apparentements (7 mai 1951). Il se montre opposé à la construction européenne, en refusant le projet de CECA (13 décembre 1951), en votant pour une question préalable aboutissant au projet de CED (30 août 1954) et en votant contre la ratification des traités CEE et Euratom (9 juillet 1957). En revanche, il vote pour l'investiture de Pierre Mendès France (17 juin 1954) et vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956). Il s'oppose cependant à la loi relative aux pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre 1957). Enfin, il refuse la confiance au général de Gaulle (1er juin 1958) et vote contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin 1958).
Sous la Ve République, aux élections de novembre 1962, Georges Gosnat est réélu député dans la 50e circonscription de la Seine (Ivry-Vitry). Il conserve ce mandat jusqu'à son décès.