Jean Goudoux
1910 - 1963
Né le 23 juillet 1910 à Monceaux sur Dordogne (Corrèze)
Décédé le 15 septembre 1963 à Brive (Corrèze)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Corrèze)
Député de la Corrèze de 1946 à 1958
Jean Goudoux voit le jour le 23 juillet 1910 à Monceaux sur Dordogne, en Corrèze, département auquel il restera toujours fidèle. Issu d'une modeste famille paysanne, il devient ouvrier du bâtiment. Il exerce d'abord son métier à Aurillac, et c'est dans cette ville du Cantal qu'il adhère à la CGTU en 1928. Son activité professionnelle le mène à Brive en 1929, où il deviendra secrétaire du syndicat du bâtiment en 1938. Il est même nommé secrétaire général de l'Union départementale des syndicats en 1939.
Ayant adhéré au Parti communiste dès 1933, il est successivement responsable des Jeunesses communistes jusqu'en 1936, puis secrétaire de la section de Brive de 1936 à 1938. Il est candidat aux élections législatives de 1936 dans la circonscription de Brive-Sud, mais il échoue.
Mobilisé en 1939, il est arrêté en décembre de la même année, et condamné à cinq ans d'emprisonnement. En janvier 1941, on le déporte en Algérie à la centrale militaire d'Orléanville. Il en est libéré par les forces anglo-américaines le 12 décembre 1943. Il s'enrôle alors dans l'armée d'Afrique.
De retour en France après la Libération, il est secrétaire fédéral du Parti communiste de 1945 à 1950. Il se présente aux élections à la première Assemblée nationale constituante, le 21 novembre 1945. En deuxième place sur la liste, il est élu à la plus forte moyenne, le Parti communiste recueillant 52 057 voix sur 131 887 suffrages exprimés. Il est réélu, exactement dans les mêmes conditions, lors des élections pour la deuxième Constituante du 2 juin 1946. Cette fois, la liste communiste emporte 52 492 suffrages sur les 136 133 exprimés. Il est à nouveau élu à l'occasion des élections pour la première législature du 10 novembre 1946. Jean Goudoux est toujours placé en deuxième position sur la liste, qui obtient 52 864 voix sur 132 539 suffrages exprimés. C'est encore selon les mêmes modalités qu'il est réélu le 17 juin 1951, la liste communiste recueillant 54 326 voix sur 134 554 suffrages exprimés. Lors des élections du 2 janvier 1956 pour la troisième législature, Jean Goudoux est pour la première fois tête de liste, et il mène la liste communiste à la victoire puisque celle-ci emporte 49 713 des 135 319 suffrages exprimés.
Au cours de son mandat, Jean Goudoux a été membre de deux Commissions (celle de la famille, de la population et de la santé publique, celle de la production industrielle). Ses qualités de travail et d'organisation, reconnues par ses collègues, lui ont permis d'être élu secrétaire de la Commission des finances (31 janvier 1956) et secrétaire de la Commission de la production industrielle et de l'énergie (10 février 1956). Il est d'autre part désigné comme membre suppléant de la Commission des immunités, et comme représentant de la Commission de la production industrielle à la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d'économie mixte. Enfin, il est nommé juré à la Haute cour de justice.
Quant à son activité parlementaire, elle est d'abord tournée vers sa circonscription. Ainsi, à plusieurs reprises, il dépose des résolutions invitant le gouvernement à indemniser les victimes des crues de la Corrèze (23 juin 1950, 14 janvier 1953). De même, il dépose une résolution le 20 juillet 1950 demandant au gouvernement d'assurer la continuité du trafic sur la ligne de chemin de fer Paris Aurillac Béziers. Le 11 décembre 1952, il dépose un rapport sur une résolution tendant à inviter le gouvernement à ouvrir à EDF, les crédits nécessaires à l'aménagement des barrages d'Uzerche et Hautefage.
Plus généralement, Jean Goudoux se préoccupe de l'indemnisation des expropriations pour la construction de retenues d'eau ou de centrales électriques (propositions de loi du 10 septembre 1946 et du 30 janvier 1947).
Il prend également une part active dans la discussion des lois de finances : ainsi, le 19 mars 1955, il présente un amendement tendant à la suppression du contrôle polyvalent. Il est également attentif, en matière de finances publiques, aux crédits alloués à l'agriculture (amendement tendant à réduire les crédits pour migrations rurales favorisant l'importation de fruits étrangers, le 25 octobre 1952) et au commerce et à l'industrie (amendement tendant à rétablir les crédits pour les services médico-sociaux, le 23 octobre 1952).
Les votes émis par Jean Goudoux témoignent de la discipline pratiquée au sein du Parti communiste. Il se prononce en faveur des deux projets de Constitution (19 avril et 28 septembre 1946). Votant la confiance au gouvernement Blum (17 décembre 1946), il la refuse cependant à Paul Ramadier (4 mai 1947), ce dernier décidant de se séparer de ses ministres communistes. Dans un contexte de guerre froide, il vote contre la ratification du Plan Marshall (7 juillet 1948), contre le statut du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et contre le Pacte Atlantique (26 juillet 1946). Il s'oppose avec vigueur à la loi instituant le système des apparentements (7 mai 1951). Défavorable à la construction européenne, il rejette le projet de CECA, le projet de CED, et la ratification des traités CEE et Euratom (13 décembre 1951, 30 août 1954, 9 juillet 1957). Enfin, hostile au gaullisme, il refuse la confiance au général de Gaulle (1er juin 1958) et n'entend pas non plus lui donner les pleins pouvoirs (2 juin 1958).
Jean Goudoux se représente sans succès aux législatives de 1958 et de 1962. Il siège alors au Conseil général de Corrèze, où il représente le canton de Brive-Sud depuis 1945. Marié à Gaby Magrand, militante comme lui, il finit sa vie à Brive dont il sera conseiller municipal de 1945 jusqu'à sa mort. Il devient à partir du 15 janvier 1961, directeur de l'hebdomadaire communiste, Le Travailleur de Corrèze.
Il meurt à Brive le 15 septembre 1963.