Elise Grappe
1911 - 1996
Née le 26 décembre 1911 à Saint-Egrève (Isère)
Décédée le 25 novembre 1996 à Saint-Martin-d'Hères (Isère)
Député de l'Isère de 1951 à 1958
Élise Mounier-Lambert, épouse Grappe, mère de trois enfants, est issue d'une famille paysanne d'origine dauphinoise.
Titulaire du brevet supérieur, diplômée de l'Ecole normale d'institutrices de Grenoble, elle enseigne à l'école maternelle de Saint-Martin-d'Hères, lorsque éclate la deuxième guerre mondiale.
Déplacée dans la Drôme par le régime de Vichy, membre du Front national clandestin de ce département en 1943, elle participe activement aux opérations de Résistance.
Elle adhère en 1944 au Parti communiste et devient responsable des femmes au PCF et à l'Union des femmes françaises de l'Isère.
Son activité de militante lui vaut de figurer sur la liste présentée par son parti dans l'Isère, aux élections législatives du 17 juin 1951.
Sept listes sont en présence pour sept sièges à pourvoir. Les listes apparentées (SFIO, UDSR, Radicale-socialiste et MRP) recueillent au total 107 455 voix sur 250 742 suffrages exprimés.
La majorité absolue étant de 125 372 voix, les sièges sont répartis à la représentation proportionnelle.
Arrivée en première position avec 85 524 voix, la liste communiste obtient trois sièges. Elise Grappe, qui occupe la troisième place sur cette liste, est donc élue. Les listes MRP (40 637 voix), SFIO (31 552 voix) et Radicale-socialiste (28 789 voix) emportent chacune un siège. Les listes RPF (23 927 voix) et UDSR (6 477 voix) n'ont pas d'élu.
Elise Grappe devient ainsi la première femme député du département. Nommée membre de la Commission de l'intérieur dès le 17 juillet 1951, elle conserve ce poste pendant toute la durée de la législature.
Elle s'intéresse aux difficultés rencontrées dans sa région, déposant le 20 juillet 1951 une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder un crédit exceptionnel aux départements de la Savoie et de l'Isère en vue de réparer les destructions provoquées par les orages et les trombes d'eau qui se sont abattus sur ces départements les 14 et 15 juillet 1955.
Elle se préoccupe aussi des problèmes de politique générale, prenant part, notamment, à la discussion du projet de loi relatif à l'état d'urgence (31 mars 1951) et du projet de loi relatif à l'état d'urgence en Algérie (29 juillet 1955).
Mais son activité parlementaire s'exerce surtout dans les domaines de l'enseignement et de l'éducation et, plus généralement, de la condition scolaire.
Elle dépose des propositions de résolution tendant à accorder la gratuité intégrale des fournitures scolaires individuelles dans les établissements publics d'enseignement, à créer des cantines scolaires dans toute école primaire publique, urbaine ou rurale, ou groupe scolaire, à accorder la gratuité des repas dans les cantines scolaires à tous les enfants de chômeurs.
Elle intervient sur les mêmes thèmes lors des discussions budgétaires, notamment à propos des subventions aux écoles libres, en faveur de la défense de l'école laïque et de la création de postes de professeurs et d'instituteurs (31 août et 4 septembre 1951), sur les subventions aux caisses des écoles et la gestion des cantines scolaires (1er avril 1954), sur les camps et colonies de vacances (28 janvier 1955).
Elle déclare notamment dans son intervention du 31 août 1951 : « Il serait temps de réparer à l'égard des instituteurs ruraux une injustice criante en supprimant les zones de salaires (...) et d'instituer l'échelle mobile, comme le demande, avec toutes les organisations syndicales, le personnel enseignant (...) Au lieu de satisfaire les légitimes revendications du personnel enseignant, le projet gouvernemental constitue une nouvelle menace pour les rémunérations. N'espère-t-on pas de cette façon voir les meilleurs d'entre eux quitter ce métier qu'ils aiment (...) ? En réalité c'est dans le dessein bien arrêté de lutter contre l'école laïque qu'on a réduit les crédits de l'éducation nationale ».
Élise Grappe porte également intérêt à la situation des fonctionnaires et agents des services publics et des entreprises nationales. Elle dépose le 3 juillet 1952 une proposition de loi tendant à accorder la mise en disponibilité de droit à la femme fonctionnaire en couches demandant, pour élever son enfant, à quitter temporairement les cadres de l'administration. Elle dépose, le 13 janvier 1955, au nom de la Commission de l'intérieur, un rapport sur la proposition de loi qu'avec plusieurs de ses collègues elle a formulée à nouveau sur le même thème, ainsi que sur une proposition de loi tendant à accorder des bonifications de service valables pour l'avancement aux mères de famille fonctionnaires ou agents de l'Etat.
Le 1er avril 1955 elle dépose une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à fixer le statut des surveillants d'externat et maîtres d'internat des centres d'apprentissage. Le 28 mars de la même année, elle dépose un rapport au nom de la Commission de l'intérieur sur la proposition de loi portant titularisation des assistants et assistantes de service social appartenant aux administrations de l'Etat, aux services extérieurs qui en dépendent ou aux établissements publics de l'Etat.
Aux élections législatives du 2 janvier 1956, Élise Grappe figure à nouveau en troisième position sur la liste du PCF.
Cette liste réalise encore le meilleur score dans le département, obtenant 82 190 voix sur 284 178 suffrages exprimés. Aucun apparentement n'ayant été conclu, la répartition des sièges est effectuée selon la règle de la représentation proportionnelle.
La liste communiste emportant trois sièges, comme en 1951, Élise Grappe retrouve son siège de député.
La liste d'Union et de fraternité française présentée par Pierre Poujade, arrive en seconde position avec 56 877 voix et obtient deux sièges.
Les deux autres sièges du département sont attribués respectivement à la liste des Indépendants et paysans (50 173 voix) et la liste SFIO (40 791 voix), tandis que les listes Radicale-socialiste (22 220 voix), MRP (21 946 voix) et du Parti de la jeune République (9 055 voix) n'ont pas d'élu.
Élise Grappe est nommée, dès le début de la législature, membre des commissions de la presse et de l'éducation nationale. Elle est renouvelée dans ces deux fonctions le 4 octobre 1957. Elle est nommée, en outre, le 20 février 1958, membre suppléant de la Commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence.
Son activité parlementaire, au cours de cette brève législature, témoigne encore de son intérêt pour les questions touchant à l'éducation nationale. C'est ainsi qu'elle se préoccupe de la situation des personnels (proposition de résolution du 1er mars 1958 tendant à inviter le gouvernement à fixer le statut des surveillants d'externat et maîtres d'internat des centres d'apprentissage), des locaux scolaires (rapport du 20 mai 1958 au nom de la Commission de l'éducation nationale sur la proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à faire procéder d'urgence à l'agrandissement des bâtiments du lycée de Perpignan), du logement des étudiants (rapport du 2 juin 1958 au nom de la Commission de l'éducation nationale sur la proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à prendre toutes mesures utiles en vue de la création à Lyon d'une cité universitaire) et du problème des bourses (interventions lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1957).
Élise Grappe émet, le 1er juin 1958, un vote défavorable à l'investiture du gouvernement du général de Gaulle et se prononce, le lendemain, contre l'adoption du projet de loi relatif aux pleins pouvoirs.