Rose Guérin
1915 - 1998
Née le 4 février 1915 à Issou (Seine-et-Oise)
Décédée le 20 septembre 1998 à Paris
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine-et-Oise)
Député de Seine-et-Oise de 1946 à 1958
Rose Bagot est élevée dans une famille d'obédience communiste. Son père lit L 'Humanité, vote communiste et est élu conseiller municipal « Front populaire » de Gargenville (Seine-et-Oise) en 1935 (in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français). Rose Bagot apprend le métier de sténodactylographie, et se marie en 1934 avec Roger Guérin qui lui donne son nom. Employée au Crédit du Nord de 1932 à 1936, Rose Guérin travaille à la SNCASO à Courbevoie lors du Front populaire. Membre de la CGT, elle adhère au parti communiste à la fin de l'année 1937. Pour avoir animé la grève de novembre 1938, elle est licenciée. A Courbevoie, Rose Guérin est trésorière d'une cellule communiste et membre de la direction du Comité des femmes françaises contre la guerre et le fascisme.
En septembre 1940, continuant à militer pour un Parti communiste interdit, Rose Guérin entre avec son mari dans la clandestinité, puis participe à des actions de Résistance avec le groupe FTP « Valmy ». Le 30 octobre 1942, elle est arrêtée et emprisonnée par les Allemands à Fresnes, puis à Romainville. Condamnée à mort pour activité patriotique, elle est déportée comme « Nuit et Brouillard » à Ravensbrück en juillet 1943, puis à Mauthausen d'où elle est libérée en avril 1945. Rose Guérin fut citée à l'ordre de l'Armée et homologuée au grade de lieutenant des Forces Françaises de l'Intérieur. La citation met en exergue « son courage et son mépris absolu du danger ». Dès sa libération, elle milite non seulement au Parti communiste - elle est membre du Bureau fédéral de la Seine - mais aussi dans différentes associations de déportés ou de femmes que ce soient la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) ou l'Union des femmes françaises (UFF) de la Seine.
Rose Guérin est élue membre des deux Assemblées Constituantes dans le 5e secteur du département de la Seine, c'est-à-dire la banlieue ouest de Paris où elle militait avant la guerre. Le 21 octobre 1945, la liste communiste conduite par Etienne Fajon sur laquelle elle est figure en troisième position rassemble 140 153 voix sur 357 050 suffrages exprimés et le 2 juin 1946 131 642 voix sur 359 016 suffrages exprimés. Elle appartient sous les deux Constituantes à la Commission des finances et du contrôle budgétaire et à celle du travail et de la sécurité sociale.
Le 10 novembre 1946, la liste du Parti communiste et d'Union républicaine et résistante avec 137 590 voix sur 352 750 suffrages exprimés passe de quatre à cinq élus dont Rose Guérin maintenue en troisième position.
Au cours de la première législature, Rose Guérin se présente comme le porte-parole des déportés et des femmes. Ainsi le 7 juillet 1947, dépose-t-elle une proposition de loi tendant à permettre à une femme qui allaite de retrouver son emploi après une absence de neuf mois ; le 4 mai 1948 une proposition de loi tendant à reconnaître la qualité de salariés aux employés de maison. Ses interventions faites systématiquement au nom « des mères et des femmes de France » conduisent Pierre-Henri Teitgen excédé à lui rétorquer : « Vous n'avez pas le monopole de la maternité! » (27 décembre 1948). Elle dénonce à maintes reprises la misère au nom du PCF qui s'honore « de représenter tout particulièrement les femmes du peuple, les mères, les épouses, les veuves » (18 septembre 1948). C'est aussi en leur nom que le 27 août 1948, elle avait fustigé le plan Marshall et la reconstruction qui profite « à une poignée de gros capitalistes qui se mettent eux sous la protection des milliardaires américains ». Encore au nom des femmes, le 27 décembre lors du débat sur le projet de loi portant ouverture de crédits pour l'installation des commandants en chef de l'OTAN, Rose Guérin présente l'installation d'un Etat-major à Fontainebleau comme « un acte de préparation à la guerre d'agression contre l'Union soviétique ». Et c'est toujours au nom des femmes qui veulent la paix que le 24 mai 1949 elle donne au vote de la motion de censure la signification d'une condamnation de la « guerre du Vietnam ».
Le 17 juin 1951, lors des élections législatives à la deuxième Assemblée nationale, la liste communiste avec 120 620 voix sur 341 217 suffrages exprimés recule légèrement mais suffisamment pour perdre deux sièges. Rose Guérin est nommée membre des Commissions des pensions (1951-1955), de la production industrielle (1951) et de la Commission chargée d'enquêter sur le trafic des piastres (1953). Au cours de la législature, Rose Guérin intervient en faveur des victimes de la Deuxième guerre mondiale, réfractaires, internés et déportés, et plus précisément sur les questions relatives à leur statut et à leur indemnisation. Le 27 mai 1952, elle dépose avec plusieurs de ses collègues une proposition de loi tendant à étendre le bénéfice des statuts des déportés et internés résistants et politiques aux intéressés ayant été internés moins de trois mois qui ont été libérés par la Résistance ou l'avance des armées alliées. Le 13 octobre 1953, elle dépose une proposition de loi visant à attribuer la carte « interné, déporté, résistant » aux réfractaires du STO qui ont été internés ou déportés. Ainsi, le 21 octobre 1952, fustige-t-elle la lenteur avec laquelle le gouvernement distribue les cartes de déporté et interné. En 1952, elle intervient lors du débat sur la proposition de loi portant amnistie. Député disciplinée, Rose Guérin respecte les consignes de vote données par le groupe communiste. Le 10 mars 1953, elle fait l'éloge du maréchal Staline, vainqueur d'Hitler et « guide des travailleurs ».
Le 2 janvier 1956, Rose Guérin est réélue député de la Seine. La liste communiste rassemble 151 272 voix sur 422 225 suffrages exprimés et garde trois sièges. Rose Guérin est nommée membre des commissions du travail et de la sécurité sociale (1956-1957), des pensions (1957) et de la Commission supérieure des allocations familiales (1956). Elle rédige en leur nom de nombreux rapports, dépose le 17 juillet 1956 une proposition de loi tendant à fixer les modalités d'application de la semaine de 40 heures dans les commerces de détail de marchandises autres que les denrées alimentaires. De même, le 7 novembre, étend-elle sa sollicitude aux concierges d'immeubles en déposant une proposition de loi visant à leur accorder un repos hebdomadaire. Le 21 juin 1956, le député de la Seine prend part à la discussion du projet de loi créant un fonds national de sécurité en troisième lecture pour dénoncer au sein de l'Assemblée « une minorité de réactionnaires au cœur assez sec pour emboîter le pas au malfaisant Conseil de la République » qui avait amendé le projet dans un sens restrictif. Le 15 février 1957, elle s'indigne de la nomination du général allemand Speidel comme commandant des forces terrestres du secteur Centre-Europe. Un mois plus tard, le 19 mars, elle prend part à la discussion des interpellations sur la politique menée par le gouvernement Guy Mollet, « une politique de misère ». Son gouvernement, dit-elle, n'a rien fait sinon laisser les capitalistes s'enrichir. Au cours de cette législature comme lors des précédentes, elle se fait l'avocate des chauffeurs de taxi pour qu'ils puissent obtenir davantage de carburant et un carburant moins taxé. Le 11 février 1958, elle intervient en faveur des fils et orphelins de parents ayant été déportés pour les faire bénéficier d'une dispense au service en Afrique du Nord. Le 1er juin, elle vote contre l'investiture du général de Gaulle.