Henri-Alfred Guernut
1876 - 1943
Né le 2 novembre 1876 à Lavaqueresse (Aisne).
Député de l'Aisne de 1928 à 1936.
Ministre de l'Education nationale du 24 janvier au 4 juin 1936.
Henri Guernut était d'une famille paysanne de l'Aisne et, tout jeune, il avait participé aux travaux des champs. Admirablement doué, il attira l'intérêt de l'instituteur du village. Une bourse lui permit d'entrer au lycée ; il y fut vite à la tête de sa classe et devint un brillant élève de philosophie.
Ce fut alors la Sorbonne, la Faculté de droit, où il obtint ses licences, se cultivant, lisant, réfléchissant et se passionnant déjà pour la politique, au sens noble du mot. II donnait des leçons pour vivre et, surtout, il était journaliste.
Il publiait alors à la Revue Socialiste de délicieuses Lettres à ma cousine, où avec un esprit fin et nuancé, un jugement mesuré et réfléchi, une grande chaleur de sentiment, il expliquait à sa correspondante imaginaire les subtILItés les plus compliquées des doctrines et des mouvements politiques de l'époque.
En même temps, Guernut remplissait les fonctions de secrétaire de l'Ecole des Hautes études sociales où il professait un cours de journalisme. Dans tous les domaines de son activité, Henri Guernut mit sa science juridique au service de la justice et de la vérité : au Palais, dès ses débuts d'avocat, il ne plaida que dans des procès politiques. Mais son nom reste attaché à la grande institution dont, pendant vingt ans, il a été le principal inspirateur : la Ligue française des droits de l'homme. Il y était venu dès sa fondation, lors de l'affaire Dreyfus. Passionné de justice, animé d'une foi profonde en la démocratie, Guernut comprit le rôle que la Ligue pouvait jouer pour l'éducation morale et civique du peuple français. La Ligue était sa passion et il s'y donnait tout entier, parcourant le pays pour aller parler devant toutes les sections, dirigeant ces Cahiers des Droits de l'Homme qu'il avait fondés et auxquels il avait donné pour devise : « Combat par les idées, idées pour le combat ».
Il faut signaler également son rôle international dans la Ligue internationale des droits de l'homme qu'il avait fondée.
Au Parlement, il allait poursuivre son action de ligueur avec une autorité morale qui s'imposait à tous.
Il se présente aux élections législatives du 11 mai 1924 sur la liste du cartel des gauches comme socialiste S.F.I.O. Il arriva en cinquième position et comme deuxième socialiste avec 35.566 voix. Il ne fut pas élu.
Il fut candidat de nouveau en avril 1928 dans l'arrondissement de Château-Thierry. Il obtint au premier tour 4.811 voix et au second 6.781 contre 4.905 et 5.889 à son concurrent Hachette, républicain radical.
Il sera réélu en 1932 comme radical socialiste avec 5.897 voix au premier tour et 7.018 au second tour toujours contre Hachette.
Mais les élections d'avril 1936 lui furent moins favorables : il n'eut que 3.411 voix au premier tour contre 3.539 à Lambin, S.F.I.O., qui devait être élu au second tour.
Son activité à la Chambre se développa donc pendant huit années au cours desquelles il ne cessa de défendre dans tous les domaines les idées de justice et d'égalité qui lui étaient chères.
Il fut membre de la commission des affaires étrangères et de la commission de la législation civile et criminelle.
Il déposa plusieurs propositions de loi visant à assurer l'égalité entre citoyens français et indigènes algériens non nationalisés tant pour le service militaire que pour leur représentation au Parlement.
Il se fit le défenseur de professions qu'il connaissait bien : celles d'avocat, de notaire, de greffier, d'officier ministériel. Egalement partisan de l'égalité des sexes, il déposa une proposition pour permettre aux femmes l'accession aux fonctions d'avoué.
Se souvenant de son appartenance à la Ligue des droits de l'homme, il déposa une proposition tendant à inviter le gouvernement à rendre obligatoire l'affichage dans les écoles de la Déclaration des droits de l'homme.
Il ne cessa de multiplier les demandes d'interpellation sur le respect de la liberté de réunion, les erreurs judiciaires, les méthodes des services de la sûreté générale, et mit plusieurs fois en garde de façon solennelle le gouvernement contre le danger que présentaient les ligues factieuses et les organisations politiques à formation paramilitaire.
Son honnêteté était unanimement reconnue. Aussi, quand pour diriger les débats de la commission d'enquête sur l'affaire Stavisky, il fallut nommer un président impartial et incorruptible, toutes les voix se portèrent sur lui. Nommé ministre de l'Education nationale du cabinet Sarraut en janvier 1936, son trop court passage rue de Grenelle ne lui permit pas de marquer ce département de son empreinte, mais il continua au conseil des ministres, à déplorer la tolérance du gouvernement à l'égard des provocations factieuses : en mars 1936, lors de l'entrée des troupes allemandes en Rhénanie, Guernut plaida vainement la cause de la résistance.
Comme il l'avait malheureusement prédit, la guerre éclate et l'exode des populations du Nord commence. Henri Guernut va tenter d'adoucir le sort de ses compatriotes réfugiés en Bretagne. Il obtient du gouvernement toutes facilités pour enquêter sur les conditions de vie des réfugiés et sur les améliorations à y apporter. Il revient épuisé de cette mission fatigante.
Ses écrits sont innombrables : il collabora à de nombreux journaux, notamment le Progrès de Lyon, l'Oeuvre, la France de Bordeaux et bien entendu, les Cahiers des droits de l'homme dont il était le fondateur.
Il a été décoré de l'ordre Polonia restitua et fait officier de l'ordre du Sauveur de la République hellénique.
Né le 2 novembre 1876 à Lavaqueresse (Aisne)
Décédé le 28 mai 1943 à Paris
Ministre de l'Education nationale du 24 janvier au 4 février 1936
Député de l'Aisne de 1928 à 1936
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1901, 1902)
Henri Guernut meurt à Paris, le 28 mai 1943, à l'âge de 66 ans.