Raymond Guesdon
1912 - 2000
Né le 12 septembre 1912 à Passais la conception (Orne)
Décédé le 28 février 2000 à Caen (Calvados)
Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Orne)
Député de l'Orne de 1946 à 1951
Raymond Guesdon est né le 12 septembre 1912 à Passais la conception, dans l'Orne. Ses ascendants, tant paternels que maternels, étaient établis de longue date dans ce département.
Après des études primaires à Lonlay l'Abbaye (Orne) et des études secondaires au collège de Domfront, il obtient sa licence en droit à la Faculté de Paris et s'inscrit, en 1934, au barreau de Domfront.
Son service militaire accompli, sur sa demande, au Maroc, il s'inscrit, en 1936, au barreau de Paris.
Mobilisé en qualité de deuxième classe lorsque commence la seconde guerre mondiale, il est volontaire pour servir comme pilote de chasse. En février 1940, il échappe à l'encerclement des troupes allemandes sur la côte normande entre Dieppe et Le Havre, en rejoignant à la nage un bateau anglais qui le conduit en Grande-Bretagne. Il n'y reste que quelques jours, rejoignant la France avant l'armistice, conformément aux ordres reçus en Angleterre.
Démobilisé en août 1940, il reprend son activité professionnelle au barreau de Paris, se chargeant notamment de la défense d'israélites et de membres du Parti communiste.
Mais, dès le mois de février 1943, il rallie la Résistance, au sein des Forces Françaises de l'Intérieur, dans le mouvement « Libération-Nord ». Participant à la direction des deux groupes de Résistance de Lonlay-l'Abbaye, il effectue de nombreuses opérations de transports d'armes et de munitions, de destruction de la signalisation routière allemande et de sabotage des lignes de communications.
Après le débarquement, Raymond Guesdon donne pleine mesure de son courage en hébergeant, du 26 juin au 4 août 1944, quatre aviateurs anglais et américains auxquels il fait traverser les lignes pour les remettre à l'état-major allié. Dans la semaine qui suit, il franchit lui-même cinq fois les lignes pour exécuter des missions et porter des renseignements aux forces américaines.
Cette brillante conduite lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre avec palmes en 1945. Il reçoit également les certificats anglais et américain de reconnaissance pour aide à l'évasion de soldats alliés en territoire occupé.
Entre temps, il a eu la douleur de voir sa maison familiale incendiée par les Allemands, le 14 août 1944, en représailles de ses activités de « terroriste ».
C'est la Résistance qui le conduit, après la Libération, à entrer en politique. Admirateur de Léon Blum, il s'inscrit à la SFIO.
Après s'être présenté sans succès dans l'Orne, aux élections du 21 octobre 1945 à la première Assemblée nationale constituante, il conduit la liste socialiste aux élections du 2 juin 1946, dans le même département. Il est l'unique élu de cette liste, qui recueille 18 764 voix sur 129 192 suffrages exprimés. Sur les trois autres sièges de la circonscription, deux sont attribués au MRP (56 065 suffrages) dont la liste est conduite par Louis Terrenoire. Le quatrième siège échoit à la « liste indépendante d'union républicaine et agricole » (25 237 suffrages). La liste communiste dont le score (18 500 voix) est très proche de celui obtenu par la SFIO et la liste RGR (10 626 voix) n'obtiennent pas de siège.
Raymond Guesdon est nommé membre de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Il est également désigné en qualité de juré à la Haute cour de justice.
Il intervient notamment dans la discussion du projet et des propositions de loi sur les dommages de guerre.
Le 10 novembre 1946, pour les élections à la première Assemblée nationale de la IVe République, Raymond Guesdon est à nouveau en tête de la liste SFIO qui recueille 23 780 voix sur 127 435 suffrages exprimés. Cette fois encore, il en est le seul élu. Les trois autres sièges sont attribués au MRP (54 481 voix et deux élus) et à la liste d'entente républicaine (27 712 voix et un élu). La quatrième liste en présence, celle du Parti communiste, qui recueille 21 462 voix, n'a pas d'élu.
Au cours de cette législature, l'activité parlementaire de Raymond Guesdon s'exerce dans de nombreux domaines. Nommé, dès le 17 décembre 1946, membre de la Commission de la justice et de la législation et de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre, il siège ultérieurement au sein de la Commission du suffrage universel, du Règlement et des pétitions, et de la Commission des finances, de la Commission des boissons. Il fait également partie de la Commission chargée d'enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945 et du conseil d'administration de la Caisse autonome de la reconstruction. Désigné, le 27 décembre 1946, pour exercer les fonctions de juré à la Haute cour de justice, il en devient juge titulaire le 11 mars 1947.
C'est à la Commission des finances que s'exerce la plus grande partie de son travail parlementaire. Nommé membre de cette Commission, le 26 janvier 1948, il est renouvelé à trois reprises dans ces fonctions, ce qui lui vaut de les exercer sans discontinuer jusqu'à la fin de la législature.
Le 24 février 1951, il est nommé membre de la sous-commission chargée de suivre et de contrôler de façon permanente l'emploi des crédits affectés à la défense nationale. Mais, dès 1948, c'est au budget des dépenses militaires qu'il consacre son activité de rapporteur de la Commission des finances. De 1948 à 1951, il ne dépose pas moins de 24 rapports tant sur les projets de loi portant fixation du budget des dépenses militaires que sur ceux portant ouverture de crédits provisoires et autorisation d'engagement de dépenses au titre des mêmes dépenses.
Il émet également, le 5 mars 1951, deux avis, au nom de la Commission des finances. Le premier porte sur des propositions de lois relatives aux salaires des ouvriers civils des établissements militaires. Le second concerne une proposition de loi tendant au paiement intégral des soldes dues aux militaires bénéficiaires et soldes mensuelles pendant leur captivité. Il intervient à de nombreuses reprises dans les débats portant sur ces sujets.
Toutefois, d'autres thèmes suscitent son intérêt. Il intervient, en juillet et août 1947, dans la discussion du projet de loi relatif aux rapports entre bailleurs et locataires, et du projet de loi de dégagement des cadres des fonctionnaires.
Il prend part à la discussion du projet de loi relatif aux loyers (3 et 10 février 1948), des propositions de loi relatives au prélèvement exceptionnel de lutte contre l'inflation (8 mars 1948), du projet de loi portant création de ressources nouvelles et aménagement d'impôts (18 septembre 1948).
Toujours attentif aux problèmes concernant son département d'origine, il dépose, le 4 juillet 1950, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à accorder d'urgence des crédits exceptionnels au département de l'Orne, en raison des dommages causés par plusieurs orages de grêle.
Raymond Guesdon se présente sans succès aux élections législatives de 1951 et de 1956.
Dans le premier cas, la liste de Défense républicaine qu 'il conduit n'arrive qu'en quatrième position sur six listes en présence avec 17 440 voix. La liste RPF, arrivée en tête avec 48 829 voix sur 127 136 suffrages exprimés, a deux élus. Les deux autres sièges de la circonscription échoient au MRP (25 275 voix) et aux Indépendants paysans (18 166 voix). La liste du Parti communiste obtient 13 867 voix. Aucun apparentement n'ayant été conclu, les sièges ont été répartis à la représentation proportionnelle.
En 1956, en revanche, les listes apparentées MRP, CNI et GNIADP (Groupement national des indépendants d'action démocratique et paysanne) emportent la totalité des sièges avec 66 423 voix sur 131 106 suffrages exprimés. La liste SFIO obtient, pour sa part, 19 538 voix.
Il ne cesse pas, pour autant, toute fonction élective, étant maire de Lonlay-l'Abbaye de 1958 à 1965.
Outre la Croix de guerre avec palmes, Raymond Guesdon a été décoré de la Croix de chevalier de la Légion d'honneur.