Paul Guilbert
1888 - 1973
Né le 28 juin 1888 à Airel (Manche)
Décédé le 12 mai 1973 à Cherbourg (Manche)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Manche)
Député de la Manche de 1946 à 1951
Paul Guilbert est né le 28 juin 1888 à Airel (Manche) où son père exerçait la profession d'artisan boulanger. Sa mère vendait le pain en tournée dans la campagne.
Après des études primaires et secondaires à l'école communale puis à l'Institut libre de Saint-Lô, il s'inscrit à la faculté de pharmacie de Lille. Il termine ses études supérieures à la faculté de pharmacie de Paris, obtenant le diplôme de pharmacien de première classe.
Réformé en 1914, il ouvre une officine de pharmacie à Cherbourg en 1920.
Paul Guilbert se dévoue très tôt à l'action familiale et sociale et milite au sein du mouvement social chrétien. Président de l'association catholique de la jeunesse française, il anime une cantine pour les chômeurs, participe à la création de la société d'habitations pour familles nombreuses et fonde les premières colonies de vacances dans la Manche.
Il participe au développement de la CFTC puis, dix ans plus tard, à celui de la JOC.
Il milite au sein du « Sillon » de Marc Sangnier et du Parti démocrate populaire.
Cette intense activité ne l'empêche pas de se consacrer à sa nombreuse famille. Marié en 1916, il est, en effet, père de douze enfants.
Le déclenchement de la seconde guerre mondiale offre à Paul Guilbert une nouvelle occasion de se dévouer au service des autres.
Dès le mois de mai 1940, il s'occupe des réfugiés du Nord, puis des prisonniers de guerre enfermés à la caserne Proteau de Cherbourg.
Son patriotisme le conduit à adhérer à la Résistance, alors qu'elle commence seulement à s'organiser. Au mois d'octobre 1940, il accepte d'être l'agent de renseignements, pour le Nord-Contentin, du « Mouvement de Libération nationale » que vient de fonder, avec Henri Frenay, le commandant Guesdon qui l'a pressenti. Agent de liaison du réseau « Hector », chargé de missions diverses, il déploie une grande activité. Il transmet des messages de renseignements sur les effectifs allemands de la région, sur les travaux et mouvements de navires de l'arsenal. Il assure la diffusion des premiers journaux clandestins et héberge à son domicile des agents polonais.
Arrêté en novembre 1941 à la suite du démantèlement de son réseau, il est emprisonné à Cherbourg puis à Caen. Le 1er mai 1942, la cour martiale le condamne à cinq ans de détention. Transféré à Fresnes, puis déporté en Allemagne le 8 septembre 1942, il est libéré par les Alliés et regagne son foyer le 10 mai 1945.
Malgré les épreuves subies, Paul Guilbert se consacre à l'Association des déportés, dont il est membre fondateur et Président d'honneur.
Ses amis le pressent de se porter candidat à la députation. Il figure en quatrième position sur la liste MRP aux élections à la première Assemblée nationale constituante. Recueillant 91 632 voix sur 188 041 suffrages exprimés, cette liste obtient quatre des six sièges du département. Paul Guilbert est donc élu. Les deux autres sièges sont attribués respectivement à la SFIO (37 018 voix) et à la liste d'Unité républicaine (31 404 voix). Deux autres listes, celle du Parti communiste (10 344 suffrages) et la liste de concentration républicaine (17 643 voix) n'ont pas d'élu.
Nommé membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, Paul Guilbert siège également à la Haute cour de justice.
Au nom de cette commission, il dépose, le 26 mars 1946, un rapport sur le projet de loi relatif à l'exercice des professions d'assistantes ou d'auxiliaires de service social et d'infirmiers, et le 4 avril 1946, un rapport sur la proposition de loi qu'il a lui-même déposée avec plusieurs collègues, tendant à réglementer l'exercice des professions de masseur-gymnaste médical et de pédicure.
A nouveau candidat à la seconde Assemblée nationale constituante, il occupe encore la quatrième place sur la liste MRP qui recueille 105 320 voix sur 203 652 suffrages exprimés. Cette liste retrouve les quatre sièges obtenus l'année précédente. La SFIO (39 786 voix) et la PRL (28 235 voix) ont chacun un siège. Les listes RGR (15 812 suffrages) et communiste (14 499 voix) n'ont pas d'élu.
Paul Guilbert reprend place à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique.
Il dépose notamment un rapport, au nom de cette commission, sur la proposition dont il est l'auteur avec plusieurs de ses collègues, tendant à instituer un ordre des masseurs-kinésithérapeutes et un ordre des pédicures.
Figurant toujours en quatrième position sur la liste MRP aux élections législatives du 10 novembre 1946, il est réélu. Sur 196 469 suffrages exprimés, cette liste obtient 95 495 suffrages et se voit attribuer quatre sièges. La SFIO (46 782 voix) a un élu, de même que la PRL (36 284 voix). La quatrième liste présente dans le département, celle du Parti communiste, obtient 17 968 voix et n'a pas d'élu.
Dès le 17 décembre 1946, Paul Guilbert est nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches et de la Commission des pensions. Il est constamment renouvelé dans ses fonctions au sein de la première jusqu'à la fin de la législature. Il siège également à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique à partir du 11 février 1947.
Il est désigné par cette commission, le 13 mars 1951, pour faire partie de la Commission chargée de procéder à une étude d'ensemble des divers régimes de prestations familiales. Il est également nommé juré à la Haute cour de justice, le 10 juin 1947.
A nouveau, il se préoccupe des professions médicales et paramédicales et des problèmes de santé. Il dépose, le 10 décembre 1948, un rapport au nom de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique sur le projet de loi tendant à réglementer la publicité relative à l'appareillage médical et chirurgical. Il est l'auteur d'un second rapport, déposé le 5 mai 1950, au nom de la même commission sur une proposition de loi et une proposition de résolution de plusieurs députés tendant à permettre aux sage-femmes diplômées d'Etat de pratiquer des soins infirmiers.
Le 28 février 1950, il dépose une proposition de loi tendant à préciser les conditions dans lesquelles peuvent être relevés de l'inéligibilité les parlementaires ayant voté « pour » le 10 juillet 1940 à Vichy.
Il intervient notamment dans la discussion du projet de loi instituant une allocation d'attente pour les sinistrés par fait de guerre, déposant un amendement tendant à majorer l'allocation pour les familles nombreuses. Il prend part à la discussion d'une proposition de loi relative à l'organisation de la coopération dans le commerce de détail annoncée par le Conseil de la République.
Candidat aux élections législatives du 17 juin 1951, Paul Guilbert n'est pas réélu. En l'absence d'apparentements, les sièges sont répartis à la représentation proportionnelle. La liste MRP, où il occupe encore la quatrième place, n'obtient que 42 980 voix sur 199 487 suffrages exprimés et perd deux des quatre sièges qu'elle détenait. Les quatre autres sièges de la circonscription sont répartis entre la liste RPF conduite par Claude Hettier de Boislambert (61 249 voix) et deux élus, celle de la SFIO (39 721 voix et un élu) et celle des Indépendants-paysans (38 693 voix et un élu).
Son retrait de la vie parlementaire ne met pas fin à l'action sociale de Paul Guilbert. Nombreuses sont les tâches auxquelles il se consacre à partir de l'année 1951, malgré son âge avancé. Il fonde le comité interprofessionnel du Logement pour procurer un toit aux familles de travailleurs. Son ami, l'abbé Pierre, ancien député comme lui, venant de fonder les chiffonniers d'Emmaüs, il devient compagnon d'Emmaüs. Il se dépense sans compter au sein de cette organisation, travaillant nuit et jour pour organiser la première campagne des chiffonniers. Venant à l'aide d'une communauté de religieuses indiennes qui s'efforcent de sauver la vie d'enfants en bas âge, il entreprend dans tout le département la collecte de boîtes de lait et réussit à obtenir un avion pour en assurer le transport d'urgence.
Paul Guilbert est décédé à Cherbourg le 12 mai 1973.
Officier de la Légion d'honneur, il était titulaire de la Croix de guerre et médaillé de la Résistance et de la France libre.