André Guillant
1902 - 1972
Né le 23 avril 1902 à Quimper (Finistère)
Décédé le 13 novembre 1972 à Trébeurden (Côtes-du-Nord)
Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Eure)
Député de l'Eure de 1946 à 1951
Secrétaire d'Etat à l'Industrie et au Commerce du 12 juin au 11 juillet 1950, du 12 juillet 1950 au 9 mars 1951 et du 10 mars au 10 juillet 1951
Originaire de Bretagne - né à Quimper au début du siècle - André Guillant rejoint bientôt Paris pour finir ses études supérieures, où il réussit à intégrer l'Ecole polytechnique. Devenu ingénieur, il exerce sa profession jusqu'à la Libération qui le voit se lancer dans la carrière politique.
Sa première participation à une consultation électorale nationale, l'élection du 21 octobre 1945 pour l'Assemblée constituante, est marquée par un échec de justesse. En effet, sa liste MRP arrive en cinquième position dans le département de l'Eure qui n'a que quatre sièges à pourvoir ; elle recueille 23 400 suffrages sur les 143 785 exprimés, tandis que la liste radicale-socialiste en rassemble 23 532. Mais André Guillant prend sa revanche le 2 juin 1946, lors des élections pour la seconde Assemblée nationale constituante. Fort de 39 890 voix sur 150 553 suffrages exprimés, le MRP est en deuxième position derrière la liste de Pierre Mendès France qui emporte la moitié des sièges à pourvoir. André Guillant n'est pas resté inactif après son échec initial : à partir de janvier 1946 (lorsque le général de Gaulle quitte le pouvoir), il est directeur du cabinet de Francisque Gay, vice-président du conseil dans le gouvernement provisoire de Félix Gouin. Son succès au scrutin du 2 juin met fin à cette première expérience dans un cabinet ministériel.
Son élection est validée dès le 13 juin, et le constituant de l'Eure est nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire. Il choisit, le 28 septembre 1946, de voter en faveur du second projet de Constitution qui sera finalement adopté.
Il se représente le 10 novembre 1946, aux suffrages de ses concitoyens de l'Eure, toujours sur la liste MRP. Avec 29 419 voix sur les 144 172 suffrages exprimés, il est élu en troisième position derrière Pierre Mendès France et le candidat communiste. André Guillant retrouve la Commission des finances et du contrôle budgétaire ; il en devient vice-président le 19 janvier 1950. Il est aussi désigné (17 février 1948) pour faire partie de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations, et pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre la gestion des entreprises industrielles nationalisées (15 mars 1950).
Au cours de cette législature, André Guillant dépose quatre rapports au nom de la Commission des finances, principalement sur des problèmes fiscaux complexes ; et il intervient très fréquemment à la tribune, tant sur des points financiers à caractère technique que sur l'orientation générale de la politique budgétaire française : il participe ainsi chaque année à la discussion des projets de loi de finances. Partisan d'une plus grande rigueur financière- comme son adversaire, Pierre Mendès France- il apporte son soutien au projet de création d'un impôt exceptionnel de lutte contre l'inflation en 1947-1948, mais réclame des conditions de prélèvement plus justes (5 mars 1948) ; il revient souvent, à la tribune, sur la nécessité de restaurer le crédit de l'Etat et de rendre la politique économique plus saine (21 décembre 1948).
Le 17 décembre 1946, André Guillant vote la confiance au cabinet Blum, et vote aussi pour la question de confiance à la suite de laquelle Paul Ramadier se sépare des ministres communistes de son cabinet (4 mai 1947) ; il se prononce en faveur du statut de l'Algérie (27 août 1947), du plan marshall (7 juillet 1948), du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949), et approuve, le 7 mai 1951, la loi électorale instituant les apparentements.
Au cours de cette législature, André Guillant quitte le groupe MRP pour s'inscrire à celui de l'Union démocratique des indépendants. Et surtout, le 12 juin 1950, il est nommé secrétaire d'Etat à l'industrie et au commerce dans l'éphémère second cabinet Queuille, qui chute dès le 11 juillet ; mais André Guillant conserve ce poste dans le cabinet Pleven qui dure jusqu'au 9 mars 1951, et par la suite encore dans le troisième cabinet Queuille qui est démis le 10 juillet 1951. En cette qualité, il présente notamment la révision des accords de Paris sur le cinéma, le 24 novembre 1950 : « Le Gouvernement entamera, bien entendu, les négociations relatives à la révision des accords de septembre 1948 avec la ferme intention de défendre, en tout état de cause, l'industrie cinématographique française. Mais dévoiler, dans ce domaine, nos intentions, ce serait donner des armes à ceux qui discuteront avec nous. Ce serait affaiblir notre position ».
Entre temps, le 17 juin 1951, André Guillant s'est présenté aux élections pour la deuxième législature, mais cette fois dans la Seine (quatrième circonscription) : à défaut d'apparentement ou d'enracinement local, il échoue, sa liste d'Union des républicains pour la défense de la liberté n'obtenant que 2,9 % des 366 132 suffrages exprimés. Les sièges sont emportés par le PCF (4 élus, notamment Maurice Thorez), le RPF (3 élus), la SFIO (1 élu) et le MRP (1 élu).
Après cet échec, André Guillant ne se représente plus à un mandat national ; membre du Conseil économique de 1952 à 1956, il consacre par la suite plus de temps à ses activités professionnelles : il est président de la société d'alimentation d'Alsace-Lorraine, vice-président des nouvelles savonneries françaises et administrateur de plusieurs autres sociétés telles que Mielle-Cailloux.
Décédé le 13 novembre 1972 en Bretagne, André Guillant était chevalier de la Légion d'honneur.