Pierre Guillou
1903 - 1985
Né le 2 août 1903 à Kerity (Côtes-du-Nord)
Décédé le 27 septembre 1985 à Pluzunet (Côtes-du-Nord)
Député des Côtes-du-Nord de 1956 à 1958
Né dans le Trégorrois, terre de légendes bretonnes, dans une petite commune proche de Paimpol (actuel département des Côtes d'Armor), le 2 août 1903, Pierre Guillou, fils de fermier, devient à son tour cultivateur à Pluzunet après avoir décroché son baccalauréat. Il se marie en septembre 1927 et aura trois enfants. Réserviste, il est officier-adjoint pendant la campagne de 1939-40 : blessé, prisonnier, il est rapatrié en congé de captivité au début de l'année 1941. Refusant de se résigner à la défaite, il sert de 1941 à 1944 les services de renseignement de la Résistance ; pour ses états de service durant les années de conflit, il sera décoré de la Croix de guerre 1939-45 (deux citations), étoile d'argent et étoile de bronze, et de la Croix du combattant volontaire de la Résistance.
Après la guerre, Pierre Guillou reprend son exploitation agricole, mais se charge de plus en plus de responsabilités dans la vie politique locale : membre de la Chambre d'agriculture (puis vice-président de cette Chambre), président départemental de la Mutualité sociale agricole, il est aussi président du comice agricole, de la caisse du Crédit agricole de Plouaret et conseiller municipal de sa commune à partir de 1945. Il collabore à diverses revues et fonde le journal « Paysan breton » promis à un bel avenir.
Mais ce n'est qu'en 1956 que Pierre Guillou se présente aux élections législatives, sur la liste MRP d'action sociale, familiale et rurale. Il s'adresse particulièrement aux cultivateurs de son département « qui ne s'en laisseront pas conter par le Parti communiste dont le programme réel est la nationalisation des terres et l'asservissement des fermiers et des petits propriétaires à un Etat tout-puissant. » Il défend le bilan du MRP, positif « au cours d'une législature particulièrement difficile » et promet d’œuvrer « pour la réforme de l'Etat ; pour l'Europe et la paix ; pour la justice sociale ; pour l'expansion économique ; pour les libertés spirituelles. » Le 2 janvier 1956, sur 277 365 suffrages exprimés, la liste MRP du département des Côtes-du-Nord recueille 18 % de voix, assurant, outre l'élection de Marie-Madeleine Dienesch, tête de liste, celle de Pierre Guillou placé en seconde position.
Pierre Guillou est nommé membre de la Commission de l'agriculture ; il siège aussi à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, à celle des pensions et à celle des affaires économiques. Au cours de cette législature, il dépose trois rapports au nom de la Commission de l'agriculture, qui visent à améliorer le sort des familles d'exploitants : retour des jeunes gens rappelés et maintenus indispensables à l'agriculture (25 octobre 1956), bourses d'études pour les enfants (28 mars 1957), assurance-maladie pour la conjointe d'un salarié exploitant un domaine agricole (19 juillet 1957), etc. Il dépose aussi, dès le 24 février 1956, une proposition de résolution invitant le gouvernement à prendre des mesures afin de prévenir la chute des cours des primeurs bretons.
Il intervient peu à la tribune, et toujours sur des sujets touchant son domaine de spécialité ou sa région. Ainsi le 30 novembre 1956 sur la construction de l'école de la marine marchande de Paimpol, interpelle-t-il le gouvernement : « Je vous demande, Monsieur le secrétaire d'Etat, de certifier que les études en cours iront plus vite que les voyages du temps de la marine à voile ! Partie pour étude en 1955, la nouvelle école de marine marchande de Paimpol a dû rencontrer vent debout. Promettez-nous de faire en sorte qu'elle soit bientôt de retour et amarrée au port avant la fin de 1958 ! »
Avec son groupe, Pierre Guillou vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956), les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars), ratifie les traités instituant la CEE et l'Euratom (9 juillet 1957), et soutient les derniers gouvernements de la IVe République. Le 27 mai 1958, il vote la révision de la Constitution, puis accorde la confiance et les pleins pouvoirs au général de Gaulle (1er et 2 juin).
Candidat malchanceux aux premières élections législatives de la Ve République, en 1958, Pierre Guillou se désengage progressivement de la vie publique à partir du début des années 1970. Décédé le 27 septembre 1985 dans sa commune, à Pluzunet, il était chevalier de la Légion d'honneur et chevalier du Mérite agricole.