Pierre, Joseph, Louis, Numa Baragnon

1835 - 1892

Informations générales
  • Né le 24 novembre 1835 à Nîmes (Gard - France)
  • Décédé le 18 mai 1892 à Nîmes (Gard - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Gard
Groupe
Union des Droites
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 23 mai 1878
Département
Gard
Groupe
Union des Droites

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 15 novembre 1878 au 18 mai 1892

Biographies

Fils de Numa Baragnon qui fut député sous l'empire, représentant à l'Assemblée nationale de 1871, député en 1877, et sénateur depuis 1878, né à Nîmes (Gard), le 24 novembre 1835, élève de l'abbé d'Alzon, il hérita de l'esprit remuant de ce prêtre distingué d'ailleurs, et débuta dans la vie politique en faisant, comme légitimiste, de l'opposition au gouvernement de Napoléon III.

Avocat à Nîmes, il y devint conseiller municipal, collabora à plusieurs feuilles catholiques de la région, entre autres à l'Indépendance du Midi. Au moment de la guerre, il organisa la garde nationale du Gard, et fit partie, après le 4 septembre, de la commission municipale provisoire de Nîmes : il avait fait, à cette occasion, une profession de foi républicaine. « République et patrie, écrivait-il le 6 septembre, sont deux expressions inséparables ; attaquer l'une serait perdre l'autre . » Il écrivait encore : « La République, c'est le gouvernement de tous, la France maîtresse de ses destinées, la, liberté reconquise. » Il ajoutait enfin : « La victoire est facile, quand le drapeau qui va marcher au-devant de l'ennemi est le drapeau de la République ».

Elu, le 8 février 1871, représentant du Gard à l'Assemblée nationale, il alla cependant siéger à droite et devint un des principaux orateurs du parti monarchiste. Il avait d'ailleurs, comme candidat à la députation, été patronné par les conservateurs. En février 1872, il alla à Anvers avec M. Ernoul porter le manifeste légitimiste et le projet de constitution au comte de Chambord, qui le reçut plus que froidement. Il compta parmi les adversaires les plus ardents du gouvernement de Thiers, et, dans la séance du 24 mai 1873, il prit l'initiative de proposer, aussitôt après l'adoption de l'ordre du jour Ernoul, une séance de nuit pour mettre plus vite les ministres en demeure de donner leurs démissions. Membre du comité des Six, il avait longuement élaboré et préparé cette victoire de la Droite. Plus tard, il fit aussi partie du comité des Neuf, qui s'était donné pour mission de rendre la couronne au comte de Chambord.

Rapporteur de l'élection de M. Ranc dans le Rhône, il fut chargé, quelques jours après, d'appuyer également, comme rapporteur, la demande en autorisation de poursuites contre ce député, ancien membre de la Commune de Paris en 1871. Il fut appelé, le 23 novembre 1873, au poste de sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur, lorsque M. de Broglie remplaça M. Beulé. En cette qualité, il eut à défendre devant l'Assemblée la loi des maires et surtout à l'appliquer. Il se montra le collaborateur dévoué de M. de Broglie, contresigna la révocation d'un très grand nombre de maires républicains, et prononça, à l'occasion de cette loi, un mot reste célèbre et qui lui fut souvent reproché dans la suite : « Il faut que la France marche... »

La chute de M. de Broglie n'entraîna pas celle de son sous-secrétaire d'Etat, qui se borna à échanger sa situation à l'Intérieur contre la situation analogue au ministère de la Justice. Il eut là une altercation assez violente avec son ministre, M. Tailhade, au sujet de décorations étrangères qu'il avait obtenues à l'insu de son supérieur hiérarchique et dont la variété lui valurent, à Nîmes, le surnom de Calvaire ; mais il ne résigna ces fonctions qu'après le vote sur l'ensemble des lois constitutionnelles (25 février 1875). M. Baragnon fut un instant candidat lors des premières élections sénatoriales de 1876; mais il n'affronta pas le scrutin.

Aux élections législatives du 20 février 1876, il posa sa candidature à Uzès, où il échoua avec 7,920 voix contre M. Mallet, républicain, élu par 11,233 suffrages. Elu après le 16 mai, à la dissolution de la Chambre, par 12,408 voix (le député sortant en obtint 10,202) il vit son élection invalidée, et M. Mallet reprit définitivement son siège, le 7 Juillet 1878.

Le Sénat l'élut sénateur inamovible, par 157 voix, le 15 novembre de la même année. Il a pris souvent la parole dans cette Assemblée. En mai 1880, dans la discussion de la loi sur l'enseignement supérieur, il demanda pour les diplômes délivrés par les jurys mixtes la même valeur que pour les diplômes délivrés par les facultés de l'Etat, proposa, en janvier 1881, de retirer au ministre de la justice la présidence du tribunal des conflits, attaqua vivement (juin 1883) la disposition testamentaire de la loi sur les enterrements civils, sous prétexte qu' « après avoir aboli la religion d'Etat, on allait créer une irréligion d'Etat » ; critiqua (juillet 1883) le principe et certaines dispositions de la loi Martin-Feuillée sur la réforme de la magistrature, et présenta un amendement tendant à soustraire les magistrats du parquet, légalement amovibles, aux éliminations autorisées; dans la discussion de la loi municipale (février 1884), il protesta contre les sectionnements arbitraires de communes produisant des majorités factices, et défendit, en août, au Congrès, le principe du grand quorum nécessaire pour la révision des lois constitutionnelles. En décembre 1888, il adressa une question au gouvernement au sujet de la révocation de M. Gilly, comme maire de Nîmes (après la publication de son livre : Mes dossiers), et d'un certain nombre de conseillers municipaux de cette ville qui faisaient cause commune avec lui, et obtint la promesse que des élections nouvelles se feraient immédiatement.

Dans la dernière session, M. Baragnon a voté, le 13 février 1889, contre le rétablissement du scrutin uninominal, le 18 février contre la proposition de loi Lisbonne restrictive de la liberté de la presse, le 29 mars contre la loi érigeant le Sénat en haute cour de justice pour connaître des attentats contre la sûreté de l'Etat (affaire Boulanger).


Né le 24 novembre 1835, à Nîmes (Gard), mort à Nîmes le 18 mai 1892.

Représentant du Gard à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1876.

Député du Gard de 1877 à 1878 (invalidé) Sénateur inamovible de 1878 à 1892. Sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur de 1873 à 1874 Sous-secrétaire d'Etat à la Justice de 1874 à 1875. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 152.)

Le 25 juin 1889 il se fait entendre au cours de la discussion d'une proposition de loi tendant à activer la marche de la procédure en matière de presse au cas de recours contre les jugements et arrêts non définitifs. Le 20 février 1890, il participe au débat sur une proposition de loi ayant pour objet de rendre aux tribunaux correctionnels la connaissance des délits d'injures, d'outrages et de diffamation commis, par la voie de la presse, contre le Président de la République, les ministres, les membres des deux Chambres et les fonctionnaires publics. Le 20 mars 1891 il interpelle le gouvernement sur les agissements de la Commission municipale de Nîmes dans la période qui a précédé les dernières élections municipales de cette ville.

Et, à la séance du 20 mai 1892, le Président Le Royer annonçait son décès au Sénat. L'éloge funèbre, quoique courtois et déférent, comprenait quelques allusions à la verve railleuse, et aux entraînements de passion qui caractérisaient la méthode oratoire du défunt et dont tout récemment il donnait un exemple.

Ses obsèques eurent lieu à Nîmes, sa ville natale.