Léonard Corentin-Guyho
1844 - 1922
Député de 1876 à 1877 et de 1878 à 1885, né à Jonzac (Charente-Inférieure) le 7 juin 1844, fils de Charles-Marie-Corentin Guyho, conseiller à la Cour de cassation, il étudia le droit, fut reçu docteur et devint avocat au conseil d'Etat et à la Cour de cassation.
Républicain, il se présenta, le 20 février 1876, aux élections législatives dans l'arrondissement de Quimperlé (Finistère) et, après une lutte des plus ardentes, fut élu par 5 229 voix (8 390 votants, 11 383 inscrits), contre 3 194 voix à M. Ducouëdic, ancien député bonapartiste. La période électorale avait été marquée, de part et d'autre, par des actes dont les deux adversaires se demandèrent compte mutuellement devant les tribunaux, et M. Corentin Guyho fut condamné, la veille du scrutin, pour « lacération d'affiches et diffamation », à cinq jours de prison et mille francs d'amende. Il en appela, après l'élection, devant la cour de Rennes, et obtint l'annulation de ce jugement, qu'un arrêt du 3 mars 1876 déclara « essentiellement irrégulier ».
M. Corentin Guyho siégea au centre gauche et prit une part active aux travaux de la Chambre des députés. Il monta notamment à la tribune (septembre 1876) pour se prononcer contre l'attribution aux conseils de guerre des jugements des faits insurrectionnels du 18 mars 1871.
Après l'acte du 16 mai 1877, il fut des 363. En cette qualité, il fut candidat aux élections qui suivirent la dissolution de la Chambre, mais il échoua, le 14 octobre, avec 4 652 voix contre 5 333 à l'élu conservateur, M. Lorois. Bénéficiant de l'invalidation de son concurrent, il engagea la lutte avec plus de succès, le 5 mai 1878, obtint 5 681 voix (9 679 votants, 12 295 inscrits), contre 3 970 à M. Lorois, et reprit sa place dans la gauche modérée. La validation de son élection donna lieu à un incident : le rapporteur ayant mis en cause le président du tribunal civil de Quimperlé, celui-ci, dont les sentiments à l'égard de M. Corentin Guyho n'étaient rien moins que favorables, répondit par une lettre offensante pour le député du Finistère, qui obtint contre ce magistrat (décembre 1878) des poursuites et une condamnation à 800 francs d'amende. Il vota :
- pour l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur,
- pour l'amnistie partielle,
- pour les lois nouvelles sur la presse et le droit de réunion, etc.
Il fut réélu, le 21 août 1881, par 4 891 voix (9 754 votants, 12 614 inscrits), contre 4 819 à M. Lorois. M. Corentin Guyho aborda plusieurs fois la tribune, et intervint notamment dans la discussion de juin-juillet 1882 sur la réforme judiciaire, avec une proposition qui laissait subsister toute l'organisation actuelle, mais qui réduisait à cinq le nombre des conseillers nécessaires pour rendre un arrêt et donnait six mois au garde des sceaux pour opérer d'office tout déplacement ou mise à la retraite sur l'ensemble du personnel. Il vota contre la séparation de l'Eglise et de l'Etat, pour les crédits de l'expédition du Tonkin, etc.
Porté, le 4 octobre 1885, sur la liste républicaine du Finistère, il échoua avec 55 393 voix (121 966 votants).
On a de lui divers ouvrages estimés :
- l'Armée, son histoire, son avenir (1870) ;
- Du mode de recrutement du Sénat de la République française (1873) ;
- les Hommes de 1852 (1889), etc.
Date de mise à jour : février 2014
Né le 7 juin 1844 à Jonzac (Charente-Inférieure), mort le 27 août 1922 à Riec-sur-Belon (Finistère).
Député du Finistère de 1876 à 1877, de 1878 à 1885, en 1914 (invalidé) et de 1919 à 1922.
-(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. III, p. 297, à GUYHO.)
Après cet échec, il passa quatre années à s'occuper de travaux historiques sur le Second Empire et le Parlementarisme. Puis, en 1889, il entra dans la magistrature. Il débuta par le siège d'Avocat général à la Cour d'Appel d'Amiens et prononça son discours de rentrée sur Dupin aîné. En 1891 il était reçu à l'Académie d'Amiens et consacrait son compliment de réception à « La vie de Province ».
En 1901, il était nommé Avocat général à la Cour d'Appel de Paris.
A la mort de M. de Kerjegu, en 1908, beaucoup d'électeurs Quimperlois auraient désiré qu'il acceptât de poser sa candidature à l'élection partielle qui suivit. Mais il ne voulait pas abandonner sa carrière de magistrat. Il consentit cependant, en 1911, à devenir conseiller général de Pont-Aven. En 1914, 1.500 électeurs lui demandèrent de faire triompher, sur son nom, leurs idées de tolérance, de républicanisme libéral et de réformes sociales. Corentin-Guyho, sensible à cette pression, accepta de se présenter aux élections générales législatives du 26 avril sous le drapeau de l'Alliance républicaine démocratique dans la circonscription de Quimperlé. Il fut proclamé élu au premier tour de scrutin, par 6.817 voix contre 6.358 à M. Jules Le Louedec, sur 13.392 votants. Mais l'élection fut contestée et ses adversaires politiques réussirent à le faire invalider à la séance du 3 juillet 1914. La guerre de 1914-1918, n'ayant pas permis de procéder à des élections partielles, il dut attendre l'année 1919 pour se représenter devant ses électeurs.
Aux élections générales du 16 novembre, qui se déroulèrent au scrutin de liste, il prit la sixième place de la liste républicaine et démocratique d'union nationale qui eut six élus. Il obtint personnellement 60.343 voix sur 143.463 votants et emporta le siège à la plus forte moyenne. Il ne s'inscrivit à aucun groupe et appartint à la Commission de la marine marchande. Il déposa une proposition de loi sur la collaboration entre magistrats et jurés (1920). Sa santé gravement atteinte ne lui permit pas de donner sa mesure. Il s'éteignit dans sa propriété de Rosbras, à Riec-sur-Belon, le 27 août 1922, à 78 ans.
Le Président Raoul Péret prononça son éloge funèbre à la séance de rentrée du 12 octobre : « Corentin-Guyho, dit-il, était un de nos doyens ; il siégea dans les trois premières législatures, fut parmi les « 363 » et, après avoir, durant plusieurs années, exercé des fonctions judiciaires, il rentrait à la Chambre le 16 novembre 1919. Notre collègue appartenait au Conseil général de son département, le Finistère, et il aimait ardemment cette Bretagne « des fusiliers de Dixmude et des héros de Verdun », sa patrie d'adoption. Ses forces avaient commencé à décliner visiblement au lendemain même de son élection, et nous déplorons de n'avoir pu profiter d'avantage de sa longue expérience, de ses solides connaissances juridiques, hautement appréciées dans la magistrature. Le dernier jour de la session, pourtant, il était encore à son banc tenant à honneur, malgré sa faiblesse, d'accomplir jusqu'à la fin son devoir de représentant. »
Sa prédominante fut sa modération dans les doctrines, et, cette conformité de son caractère avec le tempérament breton, fut, en grande partie, la cause de ses succès politiques « Toute opinion, même vraie, déclarait-il, lorsqu'elle devient un excès, est un danger pour l'esprit public. Or, parmi les républicains, beaucoup de ceux qui sont allés au parti radical-socialiste ont excédé. C'est pourquoi je les considère comme dangereux et pour la République et pour le pays. Leur récente alliance avec les révolutionnaires me confirme dans cette manière de voir. »
Il publia dans la Nouvelle Revue une série d'études sous le titre de Portraits et médaillons du Second Empire. Dans la Revue pratique du Droit français: Du mode de recrutement du Sénat français. Par ailleurs il laissait plusieurs ouvrages : L'Armée, son histoire et son avenir, à Rome, en France, aux Etats-Unis (1870) ; Etudes d'histoire parlementaire: les hommes de 1852 (1889) ; Autour de 1789 études littéraires et historiques (1889) ; Les beaux jours du Second Empire (1890) ; L'Empire inédit (1892). Il avait terminé sa carrière dans la magistrature, comme Avocat général à la Cour d'Appel de Paris, en 1913.
Il était Chevalier de la Légion d'honneur et Officier de l'Instruction publique.