Jean-Raymond Guyon

1900 - 1961

Informations générales
  • Né le 2 avril 1900 à Libourne (Gironde - France)
  • Décédé le 26 mars 1961 à Tonneins (Lot-et-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Gironde
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Gironde
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Gironde
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Gironde
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)


Né le 2 avril 1900 à Libourne (Gironde)

Décédé le 26 mars 1961 à Tonneins (Lot-et-Garonne)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Gironde)

Député de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958 (Gironde)

Sous-secrétaire d'Etat aux Finances du 17 décembre 1946 au 22 janvier 1947

Secrétaire d'Etat au budget du 17 juin 1957 au 6 novembre 1957et du 11 novembre 1957 au 14 mai 1958

Jean-Raymond Guyon est né le 2 avril 1900 à Libourne. Son père était sabotier et marchand de chaussures. Après avoir fréquenté l'Ecole normale, il exerce quelque temps la fonction d'instituteur stagiaire. Puis de retour du service militaire, il est représentant en vins. Enfin, il entre dans l'administration des Finances en 1926. Il fut inspecteur principal des contributions indirectes et prit sa retraite en qualité de directeur départemental de l'Economie nationale. En 1920, il donne son adhésion à la Section française de l'internationale ouvrière. Militant actif- il a été le secrétaire de la section socialiste de Libourne et secrétaire-adjoint de la fédération - il reconstitue la fédération après la scission des « néo-socialistes » en 1934. Candidat malheureux au Conseil d'arrondissement de Libourne en 1934, il est élu un an plus tard conseiller municipal puis adjoint au maire. Candidat aux élections législatives de 1936 dans la première circonscription de Libourne, il est battu dès le premier tour, mais consolide sa position locale en se faisant élire conseiller général du canton de Sainte-Foy-la-Grande en 1937.

Le gouvernement de Vichy révoque l'élu socialiste de ses mandats électifs. Sa double qualité de franc-maçon et de membre de la Ligue des droits de l'Homme le désigne comme cible privilégiée de la presse de Vichy. Membre de la Résistance, actif au sein du mouvement Libération-Nord cet, il participe au maquis de la Vienne. Puis, inquiété, il part pour les Pyrénées où il poursuit son action (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français). Il fut promu Officier dans l'ordre de la Légion d'honneur au titre de la Résistance.

A la Libération, Jean-Raymond Guyon retrouve son mandat de conseiller général et le conserve durant toute la IVe République. Le 21 octobre 1945, aux élections à l'Assemblée constituante, la SFIO présente une liste conduite par Fernand Audeguil sur laquelle Jean-Raymond Guyon figure en quatrième position. Avec 135 901 voix sur 380 070 suffrages exprimés, la liste socialiste arrive très largement en tête. Quatre des neuf sièges à pourvoir lui sont décernés. Au Palais-Bourbon, le nouveau député de la Gironde est nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire. Sans attendre, il est désigné rapporteur de la loi de finances de 1946. Il dépose le 21 décembre 1945 une proposition de loi tendant à modifier les ordonnances des 26 août et 30 septembre 1944, en faisant appliquer aux individus inculpés d'intelligence avec l'ennemi ou coupables de crimes d'indignité nationale, décédés ou disparus avant jugement, les dispositions desdites ordonnances (confiscation des biens) et le 26 avril 1946, comme représentant d'un département viticole et des viticulteurs, une proposition de loi tendant à abroger les actes dits lois des 23 août 1940 et 24 septembre 1941 relatifs à la lutte contre l'alcoolisme.

Le 2 juin 1946, lors des élections consécutives au rejet du premier projet constitutionnel, Jean-Raymond Guyon figure à la deuxième place de la liste SFIO. Avec 112 055 voix sur 400 503 suffrages exprimés, elle enregistre un léger recul. Réélu, Jean-Raymond Guyon retrouve la Commission des finances et est nommé membre de la Commission des affaires économiques. Il dépose de nombreux rapports, signe et contresigne des propositions de loi ou de résolution, ainsi, le 1er août 1946, avec les députés Liquard et Sourbet, une proposition de loi, (adoptée le 14 mai 1948) tendant à la création du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) ou bien encore, le 3 octobre 1946, des propositions de loi tendant à modifier le régime fiscal des ostréiculteurs et le régime fiscal des vins.

Aux élections à la première Assemblée nationale de la IVe République, le 10 novembre 1946, la liste SFIO recule et perd un siège tout en conservant la première place. Avec 90 363 voix sur 384 307 suffrages exprimés, Jean-Raymond Guyon est réélu. Toujours membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire, il en devient le président en 1948 et le restera quatre années. En 1949, il est nommé membre de la Commission des boissons. Jean-Raymond Guyon s'affirme comme l'un des députés les plus actifs, spécialisé dans les questions budgétaires. Léon Blum reconnaît ses mérites en le nommant sous-secrétaire d'Etat aux finances dans le gouvernement homogène qu'il constitue en décembre 1946. En qualité de député, dès janvier 1947, le député de la Gironde multiplie propositions, rapports et interventions. Député des viticulteurs, il dépose ainsi, le 17 mai 1949, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à réduire le droit de consommation sur l'alcool. Plus largement, il défend l'ensemble de ses administrés, producteurs de tabac, victimes des intempéries du 15 juin 1949 ou bien encore des incendies de la forêt des Landes du mois d'août qui ont fait 84 morts et 100 blessés. Ainsi, le 3 novembre 1949, propose-t-il de créer à leur profit une tranche spéciale de la Loterie nationale. Comme président de la Commission des finances, Jean-Raymond Guyon soutient, parfois non sans difficultés auprès de ses collègues socialistes, au nom de l'intérêt général, les mesures qui visent à rétablir la situation économique, par exemple le plan présenté par René Mayer en janvier 1948. Le 20 décembre 1948, il propose que l'Assemblée veille à diminuer les dépenses publiques mais aussi celles des entreprises nationalisées. Durant la législature, il vote à l'unisson de son groupe. En juin 1950, Jean-Raymond Guyon joue un rôle important dans la chute du gouvernement Bidault à propos du reclassement des fonctionnaires.

Lors du renouvellement de l'Assemblée, le 17 juin 1951, le département de la Gironde a été divisé en deux circonscriptions. Jean-Raymond Guyon conduit la liste socialiste dans la deuxième circonscription. Avec 40 420 voix sur 149 830 suffrages exprimés, la liste socialiste arrive en tête et Jean-Raymond Guyon est le candidat qui a obtenu le plus grand nombre de suffrages (42 171). Malgré tout, il n'est pas élu. Le mécanisme des apparentements imaginé par la Troisième force pour faire barrage au RPF et au PCF s'est retourné contre l'un des députés de la majorité sortante les plus en vue. Jacques Chaban-Delmas - il se présente dans la première circonscription a fait conclure contre l'avis du général de Gaulle un apparentement entre la liste RPF conduite par Jean Seynat, la liste des Indépendants-Paysans de Jean Sourbet et la petite liste RGR. Parce qu'elles ont obtenu à elles trois plus de 50% des suffrages, elles se répartissent les sièges (deux pour le RPF, deux pour les Indépendants). Jean-Raymond Guyon retrouve donc l'administration des finances tout en continuant à siéger au conseil municipal de Bordeaux où il a été élu en 1947 et réélu en 1953. Il avait alors conduit la liste socialiste. Lors de la crise municipale de 1954, Jean-Raymond Guyon prend la décision de substituer à l'obstruction systématique une politique d'opposition constructive afin de ne pas faire le lit d'Adrien Marquet qui réclamait la dissolution du Conseil et partant de nouvelles élections. Depuis 1952, il fait partie du Conseil national de la SFIO.

Cinq ans plus tard, le 2 janvier 1956, aucun apparentement n'est conclu. Les gaullistes subissent un recul sévère. La liste de Jean Sourbet devance de moins de quatre mille voix la liste socialiste qui obtient 38 573 voix sur 214 420 suffrages exprimés. Jean-Raymond Guyon est réélu.

Jean-Raymond Guyon est à nouveau très actif au Palais-Bourbon. Membre des Commissions des finances et des affaires économiques, il est désigné pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises industrielles et des sociétés d'économie mixte le 24 février 1956. Il intervient en faveur du développement du Sud-ouest. Vice-président du Centre d'expansion Bordeaux Sud-Ouest (CEBSO) fondé par Jacques Chaban-Delmas, le 7 juillet 1954, il dépose une proposition de loi tendant à favoriser le développement de la production et de la consommation des jus de raisins frais le 22 mars 1956 et le même jour une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour faire concourir le gaz de Lacq à l'expansion de l'économie française et du Sud-ouest. Il avait été nommé membre deux semaines plus tôt du Comité de gestion du fond de soutien des hydrocarbures. Très attentif à la question de l'approvisionnement de la France en énergie, il devait du reste le 19 mars 1957 présenter les gisements qui venaient d'être découverts dans le sous-sol saharien comme la « planche de salut » de l'économie française, et comme « une récompense tant attendue » aux sacrifices consentis en Algérie. Il propose de construire des raffineries sur la côte algérienne qui seraient le moteur du développement économique de l'Algérie, et en métropole, de développer toutes les formes d'énergie : pétrole, gaz, énergie éolienne et solaire. Le 27 novembre 1956, il avait présenté un rapport visant à autoriser des dépenses en vue de l'organisation de la section française à l'Exposition universelle de Bruxelles de 1958. Président de plusieurs syndicats de tourisme, Jean-Raymond Guyon invite le gouvernement à mettre à l'étude un itinéraire touristique et commercial de Bordeaux à la Suisse en passant par le Massif central le 30 janvier 1957 et plus largement à encourager le tourisme, le 1er mars.

Durant la législature, Jean-Raymond Guyon respecte la discipline de vote de son groupe et est à deux reprises membre des conseils de gouvernement. Ainsi, après avoir défendu le bilan économique du gouvernement de Guy Mollet le 21 mai 1957, est-il nommé secrétaire d'Etat au budget dans le gouvernement Bourgès-Maunoury et conserve ce poste dans le gouvernement Gaillard. On a dit que sa position de président du Conseil supérieur des alcools, l'un des plus puissants groupes de pression sous la IVe République, qui réunissait les betteraviers et les viticulteurs n'a pas été pour rien dans sa nomination. Le 1er juin 1958, il vote l'investiture du général de Gaulle et le lendemain la loi constitutionnelle. Aux élections législatives de novembre, il est battu dans la circonscription de Libourne par le gaulliste Robert Boulin. En mars 1959, il est élu maire de Floirac.

Jean-Raymond Guyon a collaboré à des journaux économiques et financiers et a écrit de nombreux livres, notamment Plan de réforme fiscale (1948), Le régime économique de l'alcool (1950), Le problème de l'alcool, les travaux de la commission extraparlementaire (1952) ou bien encore Sud-Ouest, creuset énergétique (1955), titres qui reflètent les préoccupations de leur auteur.

Il meurt, victime d'une congestion cérébrale, le 26 mars 1961 à Tonneins.