Marcel Guyot
1903 - 1968
Né le 28 août 1903 à Moulins (Allier)
Décédé le 28 janvier 1968 à Moulins
Conseiller de la République de l'Allier de 1946 à 1948
Marcel Guyot voit le jour dans une famille très modeste, ce qui le conduit, au terme de son instruction primaire, à devenir ouvrier galochiez.
Il milite au syndicat des cuirs et peaux dès 1919, et rejoint le Parti communiste lors de sa création, en 1921.
Il change d'activité professionnelle en 1927, et s'engage alors au syndicat des bûcherons, puis siège à la commission exécutive des syndicats unitaires de Moulins.
Lorsque la guerre éclate, il entre dans la clandestinité, mais ne peut échapper à l'internement politique.
Il s'évade, et rejoint, en forêt de Tronçais, le maquis FTP « Camp du 14 juillet ».
Il détient son premier mandat national avec son élection dans l'Allier au Conseil de la République, le 8 décembre 1946 ; il recueille alors 338 voix sur 873 suffrages exprimés, ce qui le conduit à occuper le siège à pourvoir sur le plan interdépartemental.
Membre du groupe communiste, il siège à la Commission du suffrage universel, et à celle de la presse.
Il prend part à de nombreux débats, dont ceux sur le règlement du Conseil de la République, le prélèvement de lutte contre l'inflation, le dégagement des cadres, les loyers, l'élection des conseillers de la République, et le budget général pour 1948.
Lors du renouvellement du 7 novembre 1948 du Conseil, il conduit, dans l'Allier, la liste du PCF, mais c'est la liste SFIO qui remporte les deux sièges à pourvoir.
Il retrouvera un siège de député de l'Allier sous la Ve République.
GUYOT (Marcel, Gilbert)
Né le 28 août 1903 à Moulins (Allier)
Décédé le 28 janvier 1968 à Moulins
Député de l'Allier de 1962 à 1968
Marcel Guyot est né le 28 août 1903 à Moulins (Allier), de parents modestes. Après avoir reçu une instruction primaire, il est contraint de gagner sa vie et travaille comme ouvrier galochier. C’est à l’issue de la Première Guerre mondiale qu’il entre, encore jeune, dans les rangs du Parti communiste. Syndiqué dès 1919 au Syndicat des cuirs et peaux, il adhère à la SFIC en 1921 et entame ainsi une longue carrière militante qui n’est pas interrompue par les ruptures successives de l’histoire du communisme en France. Délégué au Congrès de Lille (20-26 juin 1926), il bénéficie comme beaucoup d’autres militants de sa génération de la politique de bolchevisation, c’est-à-dire de la promotion de cadres d’origine ouvrière et populaire dans les instances de direction du PC/SFIC. Il est ensuite membre du Comité départemental de l’Allier du Secours Rouge International (SRI), puis secrétaire du rayon de Moulins en 1932. C’est à ce titre qu’il signe l’accord de Front Populaire avec la section socialiste rivale de Moulins le 30 juillet 1934. Il devient enfin secrétaire de la région Allier-Auvergne en 1936. Dans le même temps, il se présente par deux fois aux élections législatives : en mai 1932, il est candidat dans la circonscription de Moulins-Est mais n’obtient que 851 voix (5,8% des inscrits) contre le socialiste SFIO René Boudet. En avril 1936, cependant, sa personnalité s’affirme dans ce département marqué dès avant 1914 par une forte présence socialiste d’inspiration guesdiste : il obtient 4 117 voix dans la circonscription de Moulins-Ouest contre Camille Planche, député sortant socialiste gratifié de 7 171 voix. Au second tour, il se désiste au profit de celui-ci, conformément aux accords du Rassemblement populaire.
Le Pacte germano-soviétique n’est pas une rupture dans sa carrière militante. C’est la guerre, par contre, qui le hisse à de nouvelles responsabilités.
Mobilisé à Roanne en 1940, il est ensuite interné, en sa qualité de communiste. Il s’évade et occupe d’importantes fonctions dans l’appareil clandestin du Parti. Il participe notamment à l’organisation des FTPF dans le Midi puis à Lyon, ce qui lui vaut une condamnation à mort par contumace des autorités de Vichy. Arrêté par la Gestapo au cours d’une rafle, il est déporté en Allemagne, d’où il revient en juin 1945.
Auréolé de son prestige de résistant, son parti le présente comme candidat aux grands rendez-vous électoraux de la naissance de la IVe République. Lors des élections de la première et de la seconde Constituantes, en octobre 1945 puis en novembre 1946, il est respectivement classé 3e puis 5e sur la liste présentée par le PCF dans son département, mais n’est pas élu. Ce sont les élections de décembre 1946 au Conseil de la République nouvellement créé qui lui sourient. Le département de l’Allier y dispose d’un siège, que Marcel Guyot emporte grâce à ses 338 bulletins contre 343 à son adversaire SFIO André Southon : le mode de scrutin à la proportionnelle avec utilisation des plus forts restes lui permet en effet d’être proclamé élu sur le plan interdépartemental. Ce n’est pas le cas, cependant, lors du renouvellement du 7 novembre 1948 : il est battu au second tour par 287 voix contre 539 au maire socialiste de Bellerive-sur-Allier, Fernand Auberger.
Cette défaite électorale ne met pas fin à ses activités politiques, au contraire. Conseiller municipal de Moulins depuis 1947, il exerce ce nouveau mandat jusqu’en 1950, puis à nouveau de 1953 à 1959. Il remplit également des fonctions dans l’appareil central du Parti comme permanent de la Seine, et travaille même, selon son biographe Georges Rougeron, comme manœuvre saisonnier aux Brasseries de la Meuse.
C’est l’avènement de la Ve République qui offre à ce communiste fidèle de se présenter à nouveau à la députation. Son élection comme député de l’Allier en novembre 1962 couronne en effet toute une carrière de militant et d’homme politique aux convictions communistes affirmées, qu’il défend dans sa profession de foi de mars 1967 : son programme s’y révèle sans surprise très anti-gaulliste et pacifiste, malgré les appels à la défense de l’URSS, « patrie du socialisme ». Il y revendique surtout la contribution communiste « au succès de l’opposition républicaine aux élections présidentielles de décembre 1965 », où le général de Gaulle est mis en ballottage par le candidat de la gauche François Mitterrand.
Marcel Guyot, bien qu’il n’ait pas été candidat dans cette circonscription en 1958, est élu en novembre 1962 dans la 1ère circonscription de l’Allier. Au premier tour, il remporte 9 192 voix (16,5% des 55 761 inscrits, mais 27% des 33 991 votants) contre une opposition très divisée entre les 8 062 voix du candidat gaulliste Paul Maridet, les 7 203 voix du républicain indépendant et maire de Moulins Jacques Pligot, les 5 292 voix du socialiste Robert Marjolin, et les 1 937 voix du centre-gauche Pierre Ferrières, maire de Dompierre-sur-Besbres. Au second tour, la gauche vote pour lui, ce qui lui assure 14 700 voix devant Paul Maridet (12 831 voix) et Jacques Pligot (9 623 voix). Le siège est donc perdu par Paul Maridet, le vainqueur de 1958 sous l’étiquette de républicain indépendant. Le ralliement de ce dernier à l’UNR avait divisé son camp et permis la victoire de la gauche jusqu’alors affaiblie par la division entre socialistes et communistes : en 1958, le candidat PC André Puyet avait été battu du fait du maintien au second tour, devant Paul Maridet, du SFIO Gilles Gozard.
Le succès de Marcel Guyot se répète cependant aux élections de mars 1967. Sa victoire est facilitée sans doute par l’accord de désistement du 20 décembre 1966, signé entre le PCF, la FGDS et le PSU. Le candidat de la FGDS Pierre Lavau ne parvint à rassembler au premier tour que 6 438 voix contre les deux principaux candidats Paul Maridet (11 534 suffrages) et, à nouveau, Marcel Guyot. Au premier tour, ce dernier rassemble sur son nom pas moins de 13 424 voix, ce qui le place avantageusement pour le second tour, où il obtient 20 867 voix contre P. Maridet, à qui il manque plus de 1 300 voix pour vaincre son adversaire communiste (19 530 voix, soit 46% des votants).
Son expérience comme Conseiller de la République sous la IVe République n’est sans doute pas inutile au nouvel élu qui entre à la Chambre à la fin de 1962. Entre 1946 et 1948, il avait siégé à la commission du suffrage universel et à la commission de la presse. Entre 1962 et 1967, il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, puis de la commission de la production et des échanges après son élection d’avril 1967 jusqu’à sa mort en janvier 1968. Il occupe également un siège à la commission spéciale pour l’amélioration de la production et de la structure des forêts françaises (mai 1963) et, lors de son second mandat, dans la commission mixte paritaire instituée pour l’examen de la modification du statut du fermage (juin 1967).
Son activité de parlementaire est consacrée à des sujets a priori très éloignés : d’une part, sans doute comme spécialiste de son parti, aux questions militaires et de défense nationale, et de l’autre, comme député d’une circonscription semi-rurale, aux questions agricoles. Les propositions de loi dont il est l’auteur, déposées au nom de son parti, en sont la preuve : en avril 1964, sa proposition réclame une modification du régime des permissions accordées aux jeunes gens sous les drapeaux. Le 13 juin 1967, au début de son second mandat, il dépose une loi pour compléter le statut du fermage.
Pendant son premier mandat, ces deux questions dominent ses interventions. Il prend part en 1963, 1964 et 1967 aux discussions autour des budgets militaires des lois de finances. En octobre et novembre 1963, il dépose plusieurs amendements lors de la discussion de la loi sur le recrutement militaire, mais s’abstient lors du vote solidairement avec le groupe communiste au Parlement, le 3 décembre 1963. Lors du vote de la loi du 21 juin 1965 sur le service militaire, il défend avec son parti un service court (sur 12 mois), ce qui l’amène à se prononcer contre la loi. En juin 1965 également, il prend part à la discussion autour de la modification du Code de justice militaire. Il dépose enfin un amendement en avril 1966, à insérer dans la loi d’amnistie afin de tenir compte de la qualité d’ancien résistant du condamné dans le prononcé de la sentence.
Son attention se porte également sur des questions plus techniques, industrielles et agricoles. Il discute des questions d’aménagement du temps de travail ouvrier (juin 1963) et des comités d’entreprise (pour lesquels il propose, en juin 1965, une rémunération du secrétaire de CE sur la base des 40 heures). Il prend ensuite part aux discussions de juillet 1963 et de mai 1966 sur la protection, la production et l’entretien des massifs forestiers – et vote contre la loi relative aux forêts françaises de juillet 1963. Il s’intéresse enfin, dans le domaine agricole, aux régimes d’assurance-maladie et d’assurance-risque des agriculteurs en novembre 1966. A la fin de son mandat, il participe à la discussion portant sur les conditions nécessaires à la poursuite de l’exploitation des chantiers navals de La Seyne, en juin 1966.
Son second mandat s’annonce actif. Marcel Guyot l’ouvre par une proposition de loi portant modification du statut du fermage, déposée le 22 juin 1967, concurrente de la proposition du gouvernement. Il participe également aux discussions relatives à l’amélioration de l’habitat, en attirant l’attention sur les aspects ruraux du problème (mai 1967), puis aux questions orales au gouvernement où il intervient à chaque fois sur des problèmes d’élevage et de distribution de la viande, et enfin aux aspects agricoles de la loi de finances de 1968. Ses derniers efforts sont consacrés en décembre 1967, à la discussion du projet de loi portant modification du statut des experts-comptables et comptables agréés, pour lequel il dépose une longue série d’amendements. (13 en tout, dont 7 sont finalement retirés).
Sa mort à Moulins, le 28 janvier 1968, met fin à cette longue carrière de militant et de député communiste de l’Allier.