Raymond Guyot
1903 - 1986
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 17 novembre 1903 à Auxerre (Yonne).
Député de la Seine de 1937 à 1940.
Après des études primaires poursuivies au collège de Tonnerre jusqu'au brevet élémentaire, il entre à 16 ans à la compagnie des chemins de fer de l'Est et adhère à l'organisation des Jeunesses communistes. A 19 ans, il part pour Troyes où il entre en qualité de comptable, dans une maison d'alimentation.
En 1920, son action politique militante lui vaut d'être désigné comme secrétaire de la 7e Entente (départements de l'Aube, de la Marne et de la Haute-Marne) de la fédération nationale des Jeunesses communistes. Très vite, il accède à des responsabilités dans la hiérarchie de la IIIe Internationale par sa nomination au présidium du comité exécutif de cette organisation.
Incorporé en Algérie pour faire son service militaire dans un régiment de chasseurs d'Afrique, l'action qu'il y mena contre la guerre du Maroc et pour le service d'un an le fait condamner à deux mois de prison et entraîne son affectation à l'escadron disciplinaire. Venu à Paris en 1926 où il occupe un emploi de comptable aux grands magasins du Louvre, il collabore à la rédaction du journal L'Humanité. En 1927, il est élu membre du comité central des Jeunesses communistes puis, en 1928, membre du comité central du parti communiste. Il gravit ensuite les degrés de sa carrière politique en devenant, en 1932, secrétaire de la fédération des jeunes communistes, et en 1935, secrétaire de l'Internationale communiste des jeunes.
Mais cette activité politique ne va pas sans provoquer des réactions des pouvoirs publics. Ses campagnes en 1928 dans le journal L'Avant-Garde et en 1929 dans le journal Le Conscrit lui valent d'être emprisonné trois mois à la prison du Cherche-Midi.
Le 25 septembre 1929, le délit d'insoumission en temps de paix est relevé contre lui ; condamné par défaut le 21 août 1930, il fait opposition mais voit sa condamnation à un an de prison prononcée le 4 octobre 1932. Il accomplit sa peine à la prison de Fresnes. Désigné en 1935 par son parti pour être candidat aux élections municipales de Paris dans le quartier de Saint-Fargeau, il ne peut maintenir sa candidature en raison de la privation des droits civiques entraînée par cette condamnation.
La mort de Paul Vaillant-Couturier le 10 octobre 1937 ayant ouvert une élection partielle dans la 8e circonscription du département de la Seine (Sceaux), il se présente comme candidat du parti communiste et obtient son élection au premier tour, le 12 décembre 1937, par 11.261 voix sur 22.132 suffrages exprimés et 27.462 électeurs inscrits. Ses concurrents avaient obtenu respectivement : M. Mallarte 4.810 voix, M. Moine 2.239 voix, M. Isambert 2.002 voix et M. Legrand 1.803 voix.
La validation de son élection proposée par le rapporteur du 3e bureau de la Chambre, M. Langumier, donne lieu à un débat animé ; elle ne fut acquise qu'après deux scrutins publics à la tribune, l'objet du débat étant de savoir si le candidat élu était éligible.
Nommé membre de la commission de l'Alsace et de la Lorraine et de la commission de l'enseignement et des beaux-arts, Raymond Guyot interpelle le gouvernement le 4 février 1938 à propos de l'explosion au laboratoire municipal de Villejuif des munitions saisies dans les locaux du C.S.A.R. et, le 9 juin 1938, sur les mesures qu'il compte prendre pour faire cesser l'activité des ligues fascistes reconstituées. Il reprend les sujets de ces deux interventions dans la demande d'interpellation qu'il dépose le 8 décembre 1938.
La discussion du budget de 1939 lui donne l'occasion de s'intéresser aux crédits de l'enseignement technique ainsi qu'à ceux du ministère de la Guerre. En mars 1939, il réclame dans une demande d'interpellation, des mesures d'hygiène en faveur des réfugiés espagnols parqués dans des camps de concentration. Mobilisé en septembre 1939, il rejoint son unité. Il assiste à la séance d'ouverture de la session ordinaire de 1940. Sa présence ainsi que celle de trois autres de ses collègues communistes, MM. Grenier, Michel et Mercier, provoque des incidents qu'invoque le président d'âge, M. Lévy-Alphandery, pour proposer de leur appliquer la censure avec exclusion temporaire. Elle est prononcée immédiatement et les députés censurés sont « emmenés » hors de la salle des séances.
Quelques semaines plus tard, après le vote de la loi du 21 janvier 1940 prononçant la déchéance de certains élus ayant appartenu aux organisations dissoutes par le décret du 26 septembre 1939, il est déchu de son mandat parlementaire par l'adoption, à la séance du 20 février 1940, d'une proposition de résolution constatant la déchéance de 60 députés, parmi lesquels son nom figure, soumise à la Chambre par une commission chargée d'examiner une lettre de M. le président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre et des Affaires étrangères et de M. le ministre de l'Intérieur à M. le président de la Chambre concernant l'application de la loi susvisée.
Né le 17 novembre 1903 à Auxerre (Yonne)
Décédé le 17 avril 1986 à Paris
Député de la Seine de 1937 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Aube, Seine)
Député de la Seine de 1937 à 1940 et de 1946 à 1958
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V p. 1926, 1927)
Après avoir été déchu de son mandat de député en 1940, Raymond Guyot, qui avait été mobilisé à l'hôpital militaire de Tarascon, est déclaré déserteur en mars 1940. Il rejoint Moscou où il reste jusqu'à la fin de 1941. Parachuté en zone sud en janvier 1942, il y devient un des principaux responsables de la Résistance.
Membre de l'Assemblée consultative provisoire, en novembre 1944, il siège à la Commission de la jeunesse et des sports et à la Commission des prisonniers et déportés et des pensions.
Il dépose quatre propositions de résolution concernant l'aide morale et matérielle à apporter aux services civiques de la jeunesse, l'extension de la retraite des vieux travailleurs à certaines catégories non incluses dans la loi du 14 mars 1941, l'aménagement de la zone autour de Paris, l'extension aux internés politiques pour action patriotique des mesures prises en faveur des déportés politiques et de leur famille.
Il intervient à plusieurs reprises, notamment sur les mesures relatives aux prisonniers, déportés et réfugiés et sur la situation des ouvriers qui, s'étant soustraits à la déportation en Allemagne, n'ont pas travaillé légalement et n'ont donc pu cotiser aux assurances sociales.
Aux élections du 21 octobre 1945 à la première Assemblée nationale constituante, Raymond Guyot mène la liste communiste dans le département de l'Aube. Recueillant 31 465 voix sur 110 737 suffrages exprimés, cette liste obtient l'un des quatre sièges de la circonscription. La liste « rénovation républicaine », avec 37 290 suffrages, a deux élus. Le dernier siège est attribué à la liste SFIO (32 765 suffrages). Les listes MRP (5 217 voix) et radicale (4 000 suffrages), également en compétition dans le département, n'ont pas d'élu.
Raymond Guyot siège à la Commission de l'éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs, et à la Commission de la Constitution.
Il dépose deux propositions de résolution. L'une, le 11 décembre 1945, tend à inviter le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour développer l'éducation physique, les sports et les activités de « plein air ». L'autre, le 8 avril 1946, demande qu'il soit donné satisfaction aux revendications des patriotes réfractaires et maquisards.
Il intervient dans la discussion du projet de loi portant fixation du budget général de l'exercice 1946, en ce qui concerne l'éducation physique et sportive, et interpelle le gouvernement sur le problème du ravitaillement.
Raymond Guyot se présente dans le deuxième secteur de la Seine aux élections à la seconde Assemblée nationale constituante, le 2 juin 1946. Huit listes se disputent les dix sièges de la circonscription. Raymond Guyot figure en troisième position sur la liste communiste qui, arrivée en tête avec 158 677 voix sur 468 178 suffrages exprimés, a quatre élus. Viennent ensuite les listes MRP, conduite par Marc Sangnier (103 216 voix) et SFIO que conduit André Le Troquer (91 524 voix) qui obtiennent chacune deux sièges. La liste PRL (54 843 suffrages) a un élu, de même que celle du RGR (42 772 voix). Une liste communiste indépendante et une liste socialiste indépendante obtiennent respectivement 6 039 et 3 620 suffrages et n'ont pas d'élu.
Nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire, Raymond Guyot dépose un rapport sur les opérations électorales du département de Seine-et-Oise. Il prend part à la discussion du projet de loi portant amélioration de la situation des personnels de l'Etat en activité et en retraite et du projet de loi portant relèvement des pensions de guerre.
A nouveau candidat dans la troisième circonscription de la Seine aux élections législatives du 10 novembre 1946, Raymond Guyot occupe encore la troisième place sur la liste communiste qui obtient 166 512 voix sur 462 781 suffrages exprimés et a cinq élus. Arrivée en seconde position, la liste MRP avec 94 493 voix, a trois élus. Les listes SFIO (57 400 voix), RGR (47 727 voix) et PRL (42 207 voix) obtiennent chacune un siège.
Raymond Guyot est nommé membre de la Commission des finances et du contrôle budgétaire dès 1946. Ultérieurement, il accède à la Commission du ravitaillement (29 mai 1947) et à celle de la défense nationale (7 juin 1949).
Au cours de cette législature, il déploie une grande activité, déposant quatorze propositions de loi et dix propositions de résolution. Parmi les sujets très divers sur lesquels se porte son attention, on peut citer les problèmes de transports et, plus particulièrement, les dispositions à prendre en faveur de l'industrie du taxi, le montant des loyers, dont il réclame qu'ils ne soient pas majorés tant qu'une revalorisation des rémunérations en rapport avec le coût de la vie ne sera pas intervenue, les prestations sociales au bénéfice des Algériens salariés ou travailleurs indépendants résidant en France.
Il intervient fréquemment dans les débats sur la politique économique et le ravitaillement, sur la politique générale du gouvernement, sur la prolongation de la durée du service militaire. Il dépose, le 17 octobre 1950, une demande d'interpellation sur l'envoi de troupes en Corée.
Raymond Guyot se représente dans la troisième circonscription de la Seine aux élections législatives du 17 juin 1951. Il figure à nouveau en troisième place sur la liste communiste qui arrive en tête avec 136 844 voix sur 417 527 suffrages exprimés et obtient quatre sièges. Outre l'augmentation sensible du nombre de listes (15 au lieu de 11), la présence d'une liste RPF modifie les données de la compétition. Cette liste, menée par Christian Fouchet, arrive en deuxième position avec 112 544 voix et a trois élus. Les listes SFIO (46 015 voix), RGR (40 835 voix), MRP (29 284 voix) obtiennent chacune un siège de même que la liste d'Union des indépendants et des républicains nationaux (10 473 voix).
Raymond Guyot siège à la Commission de la défense nationale pendant toute la durée de la législature.
Il se préoccupe, à ce titre, de la condition des militaires du contingent, dépose en juillet et en septembre 1951 des propositions de loi tendant à leur libération anticipée, et, le 10 avril 1952, une proposition de modification de l'article 45 de la loi du 31 mars 1928 relative au recrutement de l'armée, accordant les permissions et la gratuité des transports aux jeunes gens sous les drapeaux. Le 12 novembre 1953, il dépose une proposition de loi tendant à ramener à quinze mois la durée du service national actif, et, le 9 novembre 1954, une proposition de résolution ayant le même objet.
A deux reprises, en novembre 1954 et mai 1955, il dépose une proposition de résolution tendant à interdire en temps de paix l'envoi des jeunes gens du contingent sur des territoires où se déroulent les opérations militaires actives et à en retirer ceux qui s'y trouvent.
Il dépose également, au cours de la Législature, diverses propositions de loi et de résolution tendant à améliorer la situation des locataires économiquement faibles, notamment par l'attribution d'une allocation compensatrice correspondant à l'augmentation réelle des loyers, et celle des salariés algériens en France dont la famille réside en Algérie, en ce qui concerne le bénéfice des prestations sociales.
Il participe à la discussion des interpellations sur la situation générale en Indochine, au cours du mois de juin 1954 et interpelle le gouvernement sur l'Afrique du Nord en janvier 1955.
Aux élections législatives du 2 janvier 1956, toujours en troisième position sur la liste PC qui recueille 167 089 voix sur 496 495 suffrages exprimés, il est élu avec trois de ses colistiers. Sur les dix-huit autres listes en présence dans la troisième circonscription de la Seine, six seulement se répartissent les sept autres sièges de la circonscription. La liste du « Mouvement RGR de l'Ile-de-France » (64 148 voix) a deux élus. Les listes SFIO (50 690 voix), Indépendants paysans (50 267 voix), Poujadiste (47 230 voix), MRP (25 595 voix) et RGR (19 090 voix) obtiennent chacune un siège.
Raymond Guyot est nommé membre de la Commission des affaires étrangères le 31 janvier 1956 et renouvelé dans ces fonctions le 4 octobre 1957.
Il dépose notamment une proposition de loi tendant à abroger les lois et décrets portant augmentation des loyers (21 février 1956) et une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à abroger l'arrêté du 19 mars 1956 réglementant l'entrée en Algérie et à permettre aux Algériens vivant en France de rentrer librement dans leur pays.
Surtout, il fait connaître à de nombreuses reprises son point de vue sur la politique générale du gouvernement, et, plus particulièrement sur la politique extérieure et la politique algérienne. C'est ainsi qu'il prend part à la discussion du projet de loi concernant l'attribution de pouvoirs spéciaux pour l'Algérie, insistant sur la reconnaissance de la « personnalité algérienne », avant de voter la confiance au gouvernement, le 12 mars 1956. Il participe, au mois de juillet 1956, à la discussion des interpellations sur l'Euratom, faisant connaître son hostilité au projet de création de cette institution.
Le 2 août 1956, il est l'auteur d'une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement « à prendre les mesures les plus énergiques devant la situation créée par le coup de force accompli sur le canal de Suez ». Le 30 août 1956, il est entendu sur une communication du gouvernement relative à l'expédition de Suez.
Le 22 janvier 1958, il interpelle le gouvernement sur sa politique extérieure. A cette occasion, il demande l'ouverture de négociations de paix en Algérie.
Les 2 et 3 juin 1958, il vote contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.
Raymond Guyot a également exercé des responsabilités municipales, en qualité de maire du Kremlin-Bicêtre, fonction à laquelle il a été élu en 1945.
Il a présidé le Conseil mondial de la Paix siégeant à Helsinki (Finlande).