Henri Henneguelle
1908 - 1983
Né le 11 juin 1908 à Fruges (Pas-de-Calais)
Décédé le 27 décembre 1983 à Saint-Léonard (Pas-de-Calais)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Pas-de-Calais)
Député du Pas-de-Calais de 1946 à 1958
C'est dans un milieu modeste qu'Henri Henneguelle voit le jour le 11 juin 1908 à Fruges, dans le Pas-de-Calais : son père est cordonnier, sa mère « commerçante non sédentaire », comme il l'écrira plus tard. Le jeune homme, titulaire de son brevet, intègre en 1925 l'école normale d'Arras ; à la sortie, après avoir effectué son service militaire dans l'Ecole d'application du génie à Versailles, il est nommé instituteur à Boulogne-sur-Mer.
Dès avant son entrée en fonctions, il milite aux Jeunesses socialistes ; et en 1929, il entre à la SFIO et au syndicat des instituteurs. Bon orateur, actif et direct, Henri Henneguelle devient, au début des années 1930, secrétaire adjoint du syndicat CGT des instituteurs de Boulogne et, en 1934, secrétaire de la section socialiste locale, regroupant soixante adhérents, pour la plupart enseignants ou cheminots ; ses responsabilités au sein de ce parti passent à l'échelon départemental dès cette année 1934. Ses candidatures des années 1930 - au Conseil général, aux législatives de 1936, aux municipales - ne sont pas couronnées de succès.
Mobilisé en septembre 1939, Henri Henneguelle participe aux campagnes de Belgique et de France en 1940 ; son comportement lors de ces campagnes lui vaut la Croix de guerre avec palmes. Démobilisé en juin 1940, il passe bientôt à la clandestinité et participe à la fondation et à la direction du réseau de résistance « Libération-Nord » et du Comité d'action socialiste du Pas-de-Calais sous le pseudonyme de Dupont. Arrêté à Paris, il parvient à s'évader et à échapper aux recherches qui suivent sa condamnation à la peine de mort par contumace. Responsable militaire de « Libération-Nord » pour toute la région Nord de la France, il siège au Comité départemental de Libération du Pas-de-Calais dès sa création. Il reçoit à la fin de 1944 la Médaille de la Résistance et sera fait chevalier de la Légion d'honneur en 1948.
En 1945, il est élu conseiller général, maire de Boulogne-sur-Mer responsabilité qu'il exerce jusqu'en 1947, puis de 1953 à 1977 et enfin membre de la première Assemblée nationale constituante pour le Pas-de-Calais (2e circonscription). Ce mandat à l'Assemblée nationale lui sera accordé de nouveau en 1946 (pour la seconde Constituante et pour la Législative), 1951 et 1956.
On peut observer l'évolution de sa position dans les deux scrutins pour l'Assemblée constituante et les trois scrutins législatifs de la Quatrième République : sur sa gauche, le parti communiste progresse régulièrement, passant de 18% (en 1945) à 20,9 % (en 1956) des suffrages exprimés ; ce score lui assure un élu à chaque scrutin. Si le MRP représente en 1945 la première force de la circonscription, avec plus de 46 % des suffrages exprimés, et deux élus, son influence décline vite, et le 10 novembre 1946, le parti d'Henri Henneguelle, la SFIO, prend la tête de la compétition, le MRP perdant un élu ; l'absence d'apparentement pour le scrutin du 17 juin 1951 est fatale à ce parti qui n'obtient aucun élu, tandis que le nouveau venu, le RPF, obtient deux mandats avec 30 % des suffrages exprimés. Quant à la SFIO, malgré des scores qui stagnent ou baissent de 1945 à 1951, elle parvient à conserver deux élus à chaque scrutin et obtient même trois élus en 1956, aux dépens des partis de droite. Les scores d'Henri Henneguelle s'établissent ainsi, en proportion des suffrage exprimés : 35% en 1945, 29 % puis 25,8 % en 1946, 26% en 1951, et enfin 34,8 % lors du scrutin de 1956.
Au sein des deux Assemblées nationales constituantes, en 1945 et 1946, Henri Henneguelle est nommé membre de la Commission des moyens de communication et des PTT, et de la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Le 27 septembre 1946, il dépose un avis au nom de la première commission sur une proposition de résolution concernant la remise en état et le développement des ports de Boulogne et Calais. Il se prononce en faveur des deux projets successifs de Constitution, le 19 avril et le 28 septembre 1946.
Au cours des trois législatures de la Quatrième République, Henri Heneguelle travaille sans interruption au sein de la Commission de la marine marchande et des pêches dont il est secrétaire de 1946 à 1951 et vice-président de 1956 à 1958. Ainsi, le 2 mars 1950, il dépose une proposition de loi tendant à étendre au personnel docker et assimilé des ports maritimes et fluviaux les dispositions de l'ordonnance de 1945 instituant les comités d'entreprise : « Il nous apparaît particulièrement nécessaire d'adapter la législation générale sur les comités d'entreprise aux personnels dockers et assimilés jusqu'ici exclus du bénéfice de ces lois du seul fait de la particularité et de la précarité de leur travail », explique-t-il.
Mais au cours de son premier mandat, il consacre aussi une part importante de son activité de député à la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre, comme à celle du ravitaillement ; enfin, il est désigné pour les fonctions de juré à la Haute cour de justice en décembre 1946. Il intervient plusieurs fois à la tribune : il défend par exemple, le 16 mai 1951, le projet de loi du gouvernement sur la relance de la construction navale au nom de la Commission de la marine marchande et des pêches ; sur le chapitre de la reconstruction, il présente un amendement tendant à rétablir les crédits pour l'urbanisme dans les villes sinistrées (juillet 1950).
Henri Henneguelle vote la question de confiance au gouvernement le 4 mai 1947, vote à la suite duquel Paul Ramadier se sépare de ses ministres communistes ; il vote aussi pour le projet de loi sur le statut de l'Algérie (27 août 1947). Avec son groupe, il se prononce en faveur de loi sur les apparentements le 7 mai 1951, loi modifiant les règles électorales en faveur de la Troisième force.
De 1951 à 1956, il ne dépose pas moins de quatre rapports pour le compte de la Commission de la marine marchande et des pêches et de celle des moyens de communication et du tourisme dont il est nommé membre en juillet 1951. Il dépose aussi deux propositions de résolution et une proposition de loi, et prend la parole à plusieurs reprises sur les questions des dépenses des services civils. Il insiste sur l'importance des crédits sociaux, notamment dans les budgets des travaux publics et transports (14 novembre 1952).
Si ses votes reflètent le plus souvent les orientations du groupe socialiste, ainsi lorsqu'il se prononce en faveur du projet relatif au pool charbon-acier (la CECA, Communauté européenne du Charbon et de l'Acier) le 13 décembre 1951, en revanche il va à l'encontre des consignes de vote de la SFIO lorsqu'il se prononce en faveur de la question préalable opposée à la discussion de la ratification de la CED (Communauté Européenne de Défense) le 30 août 1954, vote équivalent au rejet du traité. Il refuse sa confiance à Antoine Pinay (6 mars 1952) et à Joseph Laniel (26 juin 1953), mais l'accorde bien sûr à Pierre Mendès France, le 17 juin 1954, et la lui renouvelle le 4 février 1955, le jour où le Président du Conseil doit abandonner son poste. Enfin, le 29 février, il refuse la confiance à Edgar Faure.
Au cours de la dernière législature, Henri Henneguelle est nommé membre de la Commission de la défense nationale et il dépose deux propositions de loi en 1956 et 1957, sur le statut des officiers de réserve. Il n'intervient pas à la tribune au cours de ce mandat. Il vote la confiance au gouvernement Guy Mollet (25 octobre 1956) de même qu'il soutient le programme de M. Bourgès-Maunoury (12 juin 1957). Il vote pour la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique (9 juillet 1957). Lors de la crise qui emporte la Quatrième République, il soutient l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958), vote pour la révision de la Constitution (27 mai 1958) et s'oppose à l'investiture du général de Gaulle (1er juin 1958), de même qu'il refuse, le 2 juin 1958, les pleins pouvoirs au gouvernement.