Robert Hostier
1912 - 1994
HOSTIER (Robert)
Né le 19 septembre 1912 à Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre)
Décédé le 17 mai 1994 à Étaules (Charente-Maritime)
Député de la Nièvre de 1962 à 1968
Né dans la Nièvre, le 19 septembre 1912, d'un père marchand de chaussures, Robert Hostier entre à l'École normale d'instituteurs de Varzy en 1929. À sa sortie de l’école, instituteur, il adhère au Syndicat national sans y militer. Mobilisé en août 1939, Robert Hostier est fait prisonnier en juin 1940 lors de l'offensive allemande. Il est libéré de son Oflag en juillet 1941 pour des raisons de santé. Rentré en France, il s'engage dans la Résistance. Il adhère au Parti communiste français (PCF) en septembre 1944. Secrétaire de la section communiste de Fourchambault en 1952, il entre la même année au comité de la fédération du PCF. Membre du bureau fédéral de 1959 à 1961, il redevient membre du comité fédéral jusqu'en 1970, année de sa mutation dans l'Aube. Secrétaire de l'amicale des élus communistes de la fédération à partir de 1954, il est le vice-président national de l'association des élus communistes et républicains à partir de 1960 et le vice-président de l'amicale des maires de la Nièvre à la fin des années 1960. Son engagement politique le conduit à prendre la tête de la mairie de Fourchambault à partir de 1953 qu’il conserve jusqu'en 1971. En 1958, le professeur de centre d’apprentissage est élu conseiller général du canton de Pougues-les-Eaux et exerce ce mandat jusqu’en 1970.
La même année, Robert Hostier connaît un échec au premier tour des élections législatives de 1958 dans la deuxième circonscription de la Nièvre (cantons de La Charité-sur-Loire, Cosne, Donzy, Pougues-les-Eaux, Pouilly-sur-Loire, Prémery, Saint-Amand-en-Puisaye, Saint-Saulge et Varsy). Le candidat communiste se place troisième avec 26,3 % des voix, derrière le gaulliste Paul Boulet, maire de La-Charité-sur-Loire, 29,7 %, et Henri Clément, conseiller général, maire de Donzy sans étiquette, 28,4 %, mais devant le socialiste André Beauchet,13,8 %, et le poujadiste Célestin Pierrat, 2 %. Seul représentant de la gauche au second tour, Robert Hostier ne recueille que 14 401 voix, 39,9 % des suffrages contre 21 603 voix, 59,8 % pour le candidat Union pour la nouvelle République (UNR), et 119 voix pour Henri Clément.
Cet échec ne le décourage pas et il se porte à nouveau candidat aux élections législatives de 1962. Les électeurs de la Nièvre placent Robert Hostier en tête du premier tour, 11 014 voix, 30,8 %, devant le député sortant Paul Boulet, 10 265 voix, 28,7 %, et Henri Clément, républicain d'entente démocratique, 8 626, 24 %. Les deux autres candidats, André Beauchet, SFIO, et Henri Martinet, Union démocratique, qui ne se maintiennent pas au second tour, remportent respectivement 9,3 % et 7,2 % des suffrages exprimés. Cependant, le taux de participation est particulièrement bas : l'élection n'a mobilisé que 69 % des inscrits. Dans sa deuxième circulaire, le maire de Fourchambault en appelle d'ailleurs aux abstentionnistes « pour faire échec à la réaction », de sorte que la participation au second tour a gagné 8 points. Robert Hostier est élu avec 16 244 voix, 40,3 % des voix, battant ainsi Henri Clément, 11 041 voix, 27,4 %, et Paul Boulet, 13 014 voix, 32,3 %, dans une triangulaire.
Inscrit dès son arrivée dans l'hémicycle au groupe communiste, le député de la Nièvre siège à la commission de la défense nationale et des forces armées (12 décembre 1962), puis à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales de 1963 jusqu'à la fin de la législature. Il est membre de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi pour l'amélioration de la production et de la structure foncière des forêts françaises (14 mai 1963).
Lors du premier mandat, Robert Hostier développe une activité législative substantielle. Sa carrière d'instituteur puis de professeur en enseignement général et technique explique la primauté qu'il accorde aux questions d'éducation. Il regrette à plusieurs reprises, lors de l’examen du projet de loi de finances, l'insuffisance des locaux et du nombre de maîtres soulignant par ailleurs les problèmes de l'enseignement technique, les 19 janvier 1963, 10 décembre 1963, 29 octobre 1964 et 2 novembre 1966, de même que dans les discussions suivant la déclaration du gouvernement relative aux problèmes de l'éducation nationale, les 20 juin 1963 et 19 mai 1965. « Au moment où personne ne peut nier les graves difficultés que connaît l'enseignement à tous les degrés, il est infiniment regrettable, déclare-t-il le 5 décembre 1963, qu'aucun crédit supplémentaire n'ait été accordé pour les constructions scolaires, la formation des maîtres et la revalorisation de la fonction enseignante ». Dans une question orale sans débat au ministre de l'Éducation, le 6 octobre 1965, le député de la Nièvre se fait l'écho des professeurs des écoles nationales d'enseignement professionnel en demandant davantage d'écoles, une augmentation du salaire, une amélioration des conditions de première affectation (logement, prime de déménagement et choix du poste) et une diminution de l'horaire hebdomadaire de travail. Les loisirs retiennent également son attention. Le député dénonce en outre le dopage dans le sport qui sévit particulièrement aux États-Unis : afin de lutter contre ce fléau, il préconise de ne pas se limiter à sanctionner l'usage de stimulants mais à instituer une éducation des sportifs en amont dans la discussion du projet de loi tendant à la répression de l'usage des stimulants à l'occasion des compétitions sportives, le 15 décembre 1964. Robert Hostier estime également que le gouvernement devrait favoriser le développement des zones destinées aux loisirs de masses en particulier des campings, cette pratique se répandant et des terrains d'accueil dans les forêts domaniales (discussion du projet de loi de programme relative à l'équipement sportif et socio-éducatif, le 2 juin 1965). À la tribune, le 7 novembre 1964, il regrette le temps du Front Populaire qui avait permis de réaliser des progrès sociaux et de développer une culture populaire désormais aux mains des monopoles capitalistes. Le 21 juin 1966, le maire de Fourchambault est également le porte-parole du groupe communiste lors de l’examen du projet de loi relatif aux contrats d'assurance, plaidant pour une nationalisation des sociétés d'assurance privées.
Il vote contre la ratification du traité de l'Élysée qui consacre la réconciliation franco-allemande, le 13 juin 1963, contre l’encadrement du droit de grève dans les services publics, le 26 juillet 1963, contre la réforme du mode d'élection des conseillers municipaux, le 17 juin 1964, et contre le projet de loi qui substitue au service militaire un service « national », c'est-à-dire pouvant être effectué dans un cadre civil, le 26 mai 1965.
Le député de la Nièvre est candidat à un second mandat aux élections législatives de 1967. Au premier tour, quatre candidats se disputent le siège à pourvoir : Robert Hostier qui recueille 13 825 voix, 32,4 % des voix ; le gaulliste Paul Minot, conseiller municipal de Paris, 12 759 voix, 30 % ; Roger Duveau, ancien ministre et ancien député, candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), 8 405 voix, 19,7 % ; et Henri Clément, 7 620, 17,9 %. Au second tour, le désistement du candidat socialiste en conformité avec les directives nationales permet à Robert Hostier de retrouver le chemin du Palais-Bourbon avec plus de 23 204 voix, 55,5 % des suffrages contre Paul Minot, 18 599 – dans un contexte nivernais d'ailleurs favorable à la gauche puisque celle-ci remporte les trois sièges du département.
L'ancien professeur rejoint ses collègues du groupe communiste et retrouve la commission des affaires culturelles, familiales et sociales pendant cette courte législature. Il est l'auteur d’une proposition de loi tendant à généraliser la lutte contre la brucellose bovine, déposée le 20 décembre 1967. Il consacre deux interventions relatives à l’enseignement et aux loisirs. Le 31 mai 1967, lors de débat sur la déclaration du gouvernement relative à l'éducation nationale, Robert Hostier dénonce la « formation au sein de l'entreprise » dans le cadre de la scolarité obligatoire prévue par le gouvernement : « Comme par le passé, ces jeunes seront livrés à l'exploitation patronale. Ils travailleront à la production, à des tâches parcellaires et limitées, y compris celle de bonne à tout faire ». Il s'indigne également des discriminations relatives à l'emploi féminin et regrette la grande inégalité entre les salaires des hommes et ceux des femmes. Le 20 octobre 1967, dans la discussion du projet de loi de finances pour 1968, le député de la Nièvre réclame la création de postes de professeurs d'éducation physique pour faire face à la hausse des effectifs scolaires et à l'augmentation du nombre d'heures de sport dans l'enseignement. Alors que la France s'apprête à accueillir les Jeux Olympiques d’hiver à Grenoble, Robert Hostier préconise d'accroître le nombre de conseillers techniques sportifs à l'école primaire pour former des générations de sportifs et donc de champions. Ces questions sont essentielles aux yeux du député communiste pour qui « les activités physiques et sportives sont à notre époque non seulement une composante très importante de l'éducation nationale, mais aussi un élément de la vie de chaque jour, de l'âge le plus tendre jusqu'à l'âge le plus avancé ». Opposant résolu au gouvernement, il vote comme ses collègues du groupe pour les trois motions de censure de l'année 1967 sur les pouvoirs spéciaux attribués au gouvernement, les 20 mai, 9 et 16 juin 1967. Il signe la motion de censure déposée le 14 mai 1968, dont la discussion constitue le sommet parlementaire de la crise de Mai 1968.
Reprenant la main, le général de Gaulle décide de dissoudre l’Assemblée nationale le 30 mai 1968. Robert Hostier, qui se représente dans la Nièvre, est emporté par la vague gaulliste. Au premier tour, il recueille moins de 34,5 % des voix, devancé par le gaulliste Jacques Bouchacourt, 44,5 %. Les suffrages qui se sont portés sur le socialiste Roger Duveau, 15,7 %, constituent un faible réservoir de voix pour Robert Hostier, d'autant que le candidat du Mouvement pour la réforme, le gaulliste de gauche Stanislas de La Laurencie, a obtenu un score de 5,2 %. Le second tour consacre la victoire de Jacques Bouchacourt qui obtient 22 449 voix sur 42 405, 53 %, contre 19 956 voix pour Robert Hostier, 47 %. Cet échec conduit celui-ci à ne pas se représenter en 1973 d'autant qu'il a quitté le département de la Nièvre pour des raisons personnelles.
Robert Hostier décède le 17 mai 1994 à Étaules, en Charente-Maritime, à l’âge de 82 ans.