Lucien Hubert
1868 - 1938
Né le 27 août 1868 au Chesne-Populeux (Ardennes), mort le 18 mai 1938 à Charleville (Ardennes).
Député des Ardennes de 1897 à 1912.
Sénateur des Ardennes de 1912 à 1938.
Garde des Sceaux du 2 novembre 1929 au 11 février 1930.
Lucien Hubert, ancien élève de l'Ecole coloniale et ancien administrateur des colonies, homme de lettres, se présenta le 14 avril 1897 à la Chambre en remplacement d'un député des Ardennes décédé. Il fut élu sans difficulté avec 9.150 voix contre 2.700 à son adversaire le moins malheureux et entama ainsi, à l'âge de 29 ans, une carrière politique précoce et brillante. Il devait être réélu le 8 mai 1898, le 27 avril 1902, le 6 mai 1906, enfin le 24 avril 1910.
D'opinion républicaine radicale, il s'inscrivit en 1905 au groupe de l'union démocratique. Il se spécialisa très rapidement dans les questions relatives aux affaires étrangères et aux colonies. Il fut rapporteur à la Chambre de la plupart des projets importants concernant le domaine colonial, des budgets locaux des colonies, du budget de l'agriculture, du budget des poudres et salpêtres, du budget des établissements d'artillerie. Il intervint à maintes reprises dans les débats de politique étrangère et fut chargé de missions à Londres, Bruxelles, Berlin.
En 1903, il s'était présenté avec succès au Conseil général des Ardennes, dont il fut président par la suite.
En 1911, décédait un sénateur des Ardennes, Gobron. Lucien Hubert brigua ce siège vacant : il fut élu au Sénat le 7 janvier 1912, au second tour, par 414 voix sur 815 votants. Réélu le 9 janvier 1921, plus facilement, par 622 voix sur 824 votants et le 29 octobre 1929 par 488 voix sur 822 votants, il devait rester sénateur jusqu'à la fin de sa vie.
Il s'inscrivit an groupe de la gauche démocratique radicale et radicale-socialiste.
Pendant la guerre de 1914-1918, il fut désigné par la commission de l'armée comme contrôleur aux armées pour l'artillerie et les munitions. Il fut membre des commissions de la défense nationale et des finances. Les Ardennes étaient alors occupées par l'ennemi. Leur sénateur devait, à l'armistice, s'acharner à remettre en valeur son département dévasté.
Sa compétence en matière de politique étrangère et coloniale ne tarda pas à être universellement reconnue. Il fut rapporteur du budget des Affaires étrangères pendant sept ans de suite et du budget des colonies. Il s'intéressa de près au traité de Versailles, aux emprunts marocains de 1914 et 1916. En 1925, il était au Sénat président de la commission des affaires étrangères, des colonies, des régions libérées, président du Conseil économique des colonies, du Comité France-Belgique, etc..
De 1927 à 1929 il fut délégué de la France à la Société des Nations où il s'efforça, avec sa lucidité coutumière, de faire triompher ses vues pacifistes.
Le 2 novembre 1929, il fut appelé au cabinet Tardieu comme garde des Sceaux et vice-président du Conseil. La chute de ce ministère le 11 février 1930 le rendit aux activités sénatoriales. En 1933, il fut élu premier vice-président du Sénat. Il avait été secrétaire de 1917 à 1920.
Il mourut à Charleville le 18 mai 1938, dans sa 70e année.
Lucien Hubert n'avait pas seulement été un politique éminent : il avait collaboré à de nombreux journaux parisiens et provinciaux et laissait de nombreux ouvrages littéraires traitant de poésie : En attendant mieux ; Rimes d'amour et d'épée, ou de questions économiques et politiques : L'agriculture et la République ; Politique africaine ; l'Eveil du monde ; Une Politique coloniale ; L'effort allemand ; L'effort brisé ; Situation financière de l'Allemagne ; Hippolyte Taine, etc...