Ahcène Ioualalen
1910 - 1968
IOUALALEN (Ahcène)
Né le 18 février 1910 à Acif Boulma (Algérie)
Décédé le 9 avril 1968 à Le Villedieu (Tarn)
Député d’Algérie (Tizi-Ouzou) de 1958 à 1962
Ahcène Ioualalen est un kabyle, né le 18 février 1910 à Acif Boulma, en Algérie. Fonctionnaire dans l’administration algérienne, il se marie le 23 juillet 1930 avec Sadia Iddir, qui lui donnera huit enfants. Il combat pour la France pendant la Deuxième Guerre mondiale, où il gagne la Croix de guerre 1939-1945 et la Croix de la Valeur militaire. Il est également titulaire de la croix de chevalier de la Légion d’honneur.
Après la guerre, Ahcène Ioualalen s’engage en politique. Conseiller général d’Aomar, il devient en 1958, député de Tizi-Ouzou, chef-lieu de la 6e circonscription d’Algérie. Il devient également sénateur de la Communauté le 7 juillet 1959.
Le 30 novembre 1958, Ahcène Ioualalen se présente devant ses électeurs sur une liste d’« Union pour le renouveau d’une plus grande France ». Cette liste unique est élue par 144 091 voix, sur 268 962 inscrits et 153 551 suffrages exprimés (soit plus de 41% d’abstention). 9 460 bulletins blancs ont été déposés.
Membre de la formation administrative des élus d’Algérie (EAS), il y reste lorsque celle-ci devient le groupe Unité de la République le 21 juillet 1959, puis le Rassemblement national pour l’Unité de la République (RNUR) en 1960.
Ahcène Ioualalen est, parmi les députés de la première législature de la Ve République, l’un des plus farouches partisans de l’Algérie française. Le 16 septembre 1959, à l’écoute du discours du général de Gaulle sur l’autodétermination de l’Algérie dans un appartement du boulevard Suchet à Paris où se réunit un petit groupe de députés « Algérie française », il aurait mis le feu, par dépit, à une pochette à l’effigie du général de Gaulle.
Cette déception profonde se lit également dans les votes d’Ahcène Ioualalen à la Chambre. Certes, il vote pour la déclaration programmatique générale du gouvernement Debré le 16 janvier 1959, comme pour le règlement définitif de l’Assemblée le 3 juin 1959. Mais il ne prend pas part au vote sur la déclaration de politique générale du Premier Ministre le 15 octobre 1959. Il vote encore en faveur du projet de loi sur l’enseignement privé le 23 décembre 1959, mais se campe dans une ferme attitude d’opposition à partir du début de 1960. Il vote ainsi contre l’attribution des pouvoirs spéciaux à Michel Debré le 2 février 1960, contre la modification de l’article XII de la Constitution le 11 mai 1960, et contre le programme du gouvernement Pompidou le 27 avril 1962.
Pendant ce mandat vite placé sous le signe de l’opposition à la politique algérienne du gaullisme, Ahcène Ioualalen est membre de la Commission des finances en 1959 et 1960, puis de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales à partir du 6 octobre 1960, avant de rejoindre celle de la Commission de la Défense nationale et des forces armées à partir du 6 juillet 1961, et ce jusqu’à la fin de son mandat en juillet 1962. Il est également nommé membre du Comité de coordination des enquêtes statistiques le 29 juin 1959.
Ahcène Ioualalen prend plusieurs fois la parole à la Chambre. Le 2 juillet 1959, il prend part à la discussion sur le projet de loi relatif à l’équipement scolaire et universitaire : il déplore les lacunes de l’équipement éducatif algérien, l’insuffisance des crédits pour y remédier, notamment sur la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Le 29 juin 1961, il intervient également dans le débat sur la déclaration du gouvernement relative aux problèmes algériens : il s’inquiète de la suppression éventuelle de 7 000 harkis, et rappelle les engagements, en fait bien vagues, du général de Gaulle dans son célèbre discours du Forum d’Alger le 4 juin 1958. C’est pourquoi il réclame la poursuite de la lutte contre le FLN, « pour que naisse l’Algérie nouvelle éternellement française ».
A l’issue du référendum sur l’indépendance algérienne du 1er juillet 1962, le mandat de tous les députés algériens prend fin par ordonnance quelques jours plus tard. En contact avec l’OAS au début de 1962, Ahcène Ioualalen s’était engagé, à l’instar du « groupe des 8 » députés à Alger, à « rester définitivement sur le sol algérien ». Mais aucun député algérien ne prend ouvertement parti pour l’OAS. Face à la répression du FLN, rester en Algérie devient d’ailleurs suicidaire pour la plupart d’entre eux. C’est pourquoi Ahcène Ioualalen quitte alors l’Algérie pour s’installer dans le Tarn, à Le Villedieu, où il décède le 9 avril 1968.