Charles des Isnards
1876 - 1964
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 10 juillet 1876 à Lorgues (Var).
Député de la Seine de 1936 à 1942.
C'est un officier de carrière sorti de Saint-Cyr qui a fière allure dans son uniforme bleu et rouge lorsque éclate la guerre, le 2 août 1914 ! Il fait toute celle-ci au front, dans la cavalerie d'abord, puis dans l'aviation, pilote chef d'escadrille, chef de l'aéro d'un corps d'armée, et enfin chef de l'aéro d'une armée. Sa grande bravoure et sa magnifique conduite au feu lui feront décerner la Croix de guerre et la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Après la victoire, il appartient à l'état-major du gouverneur de Paris puis à celui du maréchal Fayolle.- Sa grande expérience le fait rechercher pour donner des cours à l'Ecole de guerre et, après 30 ans de service, parvenu au grade de lieutenant-colonel aviateur, il donne sa démission en 1927.
Il se sent alors attiré par la vie publique et les responsabilités politiques. Il est élu par ses concitoyens au Conseil municipal (quartier de la Madeleine) dans le VIIIe arrondissement de Paris, en remplacement du conseiller décédé. Réélu en 1933, ses pairs le désignent au poste de vice-président du Conseil municipal.
Il se passionne alors pour deux questions : la défense nationale bien entendu, étant donné sa formation, et le tourisme dont il perçoit très vite l'importance économique. Il y voit notamment un moyen de remédier au déficit constant de la balance commerciale française. Il fonde alors le groupe du tourisme au Conseil municipal et en est élu président.
A l'occasion de l'Exposition de 1937, il rédige un rapport passionné pour convaincre ses concitoyens de l'intérêt qu'est appelée à prendre cette nouvelle branche d'activité dans la richesse du pays ; il participe par ailleurs aux travaux du conseil d'administration du Centre national d'expansion du tourisme ainsi que du syndicat d'initiative et du comité des fêtes de la Ville de Paris.
Il se présente aux élections du Conseil général de la Seine, est élu, et brigue ensuite, en 1936, le mandat de député dans le VIIIe arrondissement de Paris. Il est élu sous les couleurs de la fédération républicaine de France par 9.269 voix contre 2.752 à Clément, 82 à Compain, 63 à Dazin, au second tour. Il avait obtenu au premier tour 6.418 voix contre 3.039 à Fougère, 1.020 à Missoffe, 1.389 à Clément et 848 à Vial.
Fidèle à la tradition militaire, il s'élève contre les partis du désordre qui se groupent sous le vocable de front populaire et leur reproche d'agir à l'encontre des intérêts de leur patrie en pactisant avec les tenants du colonialisme et du collectivisme. Il souhaite affermir l'autorité de l'Etat menacée par l'existence de syndicats de fonctionnaires. Pour réformer les institutions, il lui semble d'abord nécessaire de parvenir à un assainissement électoral, d'une part en modifiant le mode de scrutin (la représentation proportionnelle intégrale paraît préférable au scrutin d'arrondissement à deux tours) ; d'autre part en modifiant le contenu de l'électorat (les femmes doivent obtenir le droit de vote et il convient d'envisager le vote familial). Second point de la réforme nécessaire : il faut rétablir la stabilité gouvernementale en permettant au chef de l'Etat de dissoudre la Chambre sans l'assentiment du Sénat. Troisième point d'équilibre : parvenir à une saine gestion budgétaire en réservant cependant au Parlement un certain pouvoir d'initiatives en matière de dépenses.
Quant à la liberté de pensée de ses concitoyens, le marquis des Isnards l'a souhaitée large, assortie de la liberté de culte et de l'enseignement ; interdiction absolue aux instituteurs de mêler la politique à l'éducation.
C'est un adversaire acharné de la paperasserie et de la bureaucratie. Il s'intéresse par ailleurs aux problèmes fiscaux et propose d'abolir la taxe sur le chiffre d'affaires et les droits de succession pour les héritages en ligne directe.
Dans l'exercice de son mandat de député, il participera activement aux travaux de la commission de l'armée, devant laquelle il insistera sur la nécessité d'une défense forte, apte à ne compter que sur elle-même. En fidèle disciple du maréchal Lyautey, il s'indigne contre «les économies sordides » pratiquées au détriment de la défense nationale ainsi que contre une certaine propagande antifrançaise. Pour renforcer notre situation militaire, il travaillera ardemment à l'unification des trois armées : terre, air, mer, dont il propose que la direction soit confiée à un seul ministre de la Défense nationale.
Confiants dans sa grande compétence, ses pairs lui laissent le soin de rapporter les projets relatifs au recrutement de l'armée et au statut des sous-officiers de carrière. Lui-même est l'auteur d'une proposition de loi tendant à instituer des allocations temporaires pour les veuves chargées d'enfants. Il intervient fréquemment à la Chambre. Il interpelle notamment le ministre de l'Intérieur lorsque, à l'occasion des incidents de 1936, les couleurs et le drapeau national sont mis à mal par la foule. Il interpelle également le gouvernement sur la défense nationale, l'état de notre armement et la défense contre les avions. Il participe à la discussion sur l'organisation générale de la nation en temps de guerre- et, lorsque cette dernière éclate, sur les facilités de transport qu'il convient d'accorder aux parents des enfants évacués.
Sa carrière politique prend fin lorsque, logique avec lui-même et avec ses espoirs, il vote la loi accordant les pouvoirs constituants demandés par le maréchal Pétain le 10 juillet 1940.
Né le 10 juillet 1876 à Lorgues (Var)
Décédé le 4 janvier 1964 à Paris
Député de la Seine de 1936 à 1942
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome VI, p. 1994, 1995)
Charles des Isnards reste conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine jusqu'en 1944.
Après la Libération, par sa décision du 1er octobre 1945, le Jury d'honneur maintient l'inéligibilité qui le frappait, du fait de son vote du 10 juillet 1940 en faveur du projet de loi accordant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Cela met un terme définitif à son activité politique.
Il meurt, le 4 janvier 1964, à l'âge de 85 ans.