Louis Jacquinot
1898 - 1993
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 16 septembre 1898 à Gondrecourt-le-Château (Meuse).
Député de la Meuse de 1932 à 1942. Sous-Secrétaire d'Etat à l'Intérieur du 21 mars au 10 mai 1940.
Licencié en droit, avocat à la Cour d'appel de Paris, il est engagé volontaire pendant la guerre de 1914-1918. De mars à décembre 1930, il remplit les fonctions de chef de cabinet du ministre de la Guerre, André Maginot.
Il se présente pour la première fois aux élections législatives en 1932, dans la circonscription de Commercy, sous l'étiquette républicain de gauche. Il est élu au premier tour par 8.266 voix contre ' 4.678 à Taton-Vassal, sur 13.696 votants.
A la Chambre, il s'inscrit au groupe du centre républicain. Il est membre de plusieurs commissions : aéronautique, des comptes définitifs et des économies, régions libérées, législation civile et criminelle, armée, enfin il fait partie de la commission d'enquête chargée de rechercher les causes et les origines des événements du 6 février 1934, ainsi que toutes les responsabilités encourues. Louis Jacquinot est réélu le 26 avril 1936, au premier tour, avec 9.454 voix contre 2.273 à Sauce, socialiste, sur 13.249 votants.
Dans son appel aux électeurs, il fait les propositions suivantes: «doter le gouvernement d'autorité et de stabilité, et surtout améliorer et simplifier les méthodes de travail parlementaire, réorganiser notre administration, supprimer l'initiative parlementaire en matière de dépenses, assurer l'indépendance du pouvoir judiciaire... ».
Il s'inscrit au groupe de l'alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants et devient membre de la commission de l'armée et de la commission d'Alsace-Lorraine.
Pendant les deux législatures Louis Jacquinot se fait remarquer par ses interventions sur les problèmes de défense nationale et de -politique extérieure. A plusieurs reprises il interpelle le gouvernement sur ces sujets à l'approche de la guerre. Lors de la formation du gouvernement Paul Reynaud, le 21 mars 1940, Louis Jacquinot est nommé sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Il abandonne ces fonctions le 10 mai 1940 et il part pour le front comme lieutenant au 61e régiment d'artillerie de la 42e division. Il est grièvement blessé le 11 juin 1940. Le 10 juillet 1940, il ne prend pas part au vote (il s'est excusé de ne pouvoir participer à la séance en raison de sa blessure). Il était d'ailleurs l'adversaire déclaré, dès juin 1940, de la politique du gouvernement de Vichy.
Louis Jacquinot est chevalier de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre 1914-1918 et de la Croix de guerre 1939-1940.
Voir aussi la biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958
Né le 16 septembre 1898 à Gondrecourt-le-Château (Meuse)
Décédé le 14 juin 1993 à Paris
Député de la Meuse de 1932 à 1942 et de 1946 à 1958.
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Meuse)
Sous-secrétaire d'Etat à l'intérieur du 21 mars au 10 mai 1940
Ministre de la marine du 10 septembre 1944 au 21 novembre 1945
Ministre d'Etat chargé des affaires musulmanes du 22 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Ministre de la marine du 22 janvier au 22 octobre 1947
Ministre des anciens combattants et victimes de la guerre du 28 octobre 1949 au 11 juillet 1951
Ministre de la France d'Outre-mer du 11 août 1951 au 8 mars 1952 et du 8 janvier 1953 au 19 juin 1954
Ministre d'Etat du 1er juin 1958 au 8 janvier 1959
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des Parlementaires français, 1889-1940, tome VI p. 2004)
Louis Jacquinot est l'une des rares personnalités politiques marquantes de la Troisième République finissante à avoir poursuivi une carrière flatteuse sous les Républiques héritières. Il le doit à des décisions heureuses, au hasard des rencontres et à sa capacité d'exploiter sa position de patriote modéré mais pas modérément patriote.
D'emblée hostile au gouvernement de Vichy et membre du réseau Alliance, Louis Jacquinot est une première fois arrêté à Marseille en 1942 puis incarcéré à Prades après avoir été intercepté alors qu'il tentait de franchir les Pyrénées. Ayant pu passer enfin en Espagne en janvier 1943, il est interné au camp de Miranda puis gagne Londres et Alger. Louis Jacquinot reconnaît en de Gaulle le chef de la France combattante et le garant de la permanence de la République. Les parlementaires sont trop peu nombreux autour de De Gaulle pour que celui-ci néglige ce ralliement de poids. Louis Jacquinot est l'un des vingt parlementaires à siéger à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger. Lorsque le général de Gaulle constitue le Comité de la Libération nationale en novembre 1943, il invite Jacquinot à prendre le portefeuille de la marine. Avec Queuille, Mendès France, Philip, Le Troquer et Pierre-Bloch, Louis Jacquinot est l'un des six parlementaires de ce gouvernement et le seul modéré. Il conserve le portefeuille de la marine dans le gouvernement provisoire que le général de Gaulle forme à Paris en septembre 1944. A ce titre, sa tâche est immense. Elle ne se limite pas à la réorganisation de la marine de guerre mais touche aussi à l'épuration du corps des officiers qu'il conduit sans faiblesse. Louis Jacquinot est l'un des principaux artisans de la modernisation de la marine de guerre car il saisit rapidement l'ampleur des enjeux stratégiques, techniques et industriels qui y sont attachés. Il propose ainsi au général de Gaulle de confier la recherche et les travaux qui concernent l'énergie atomique à la marine nationale et aux arsenaux mais n'est pas suivi sur ce point. Lorsqu'en novembre 1945 est créé un ministère des armées, Louis Jacquinot quitte la marine et se voit confier un ministère d'Etat chargé des affaires musulmanes. C'est du reste de Rabat qu'il apprend le 20 janvier 1946 que le général de Gaulle a démissionné de la présidence du Gouvernement provisoire. Louis Jacquinot quitte les affaires mais pour une durée moins longue.
Dès son retour en métropole, Louis Jacquinot avait renoué des liens avec son département d'élection. En 1945, il est élu Conseiller général de Gondrecourt-le-Château son père en avait été le maire pendant trente ans - et président du Conseil général de la Meuse, fauteuil occupé jadis par Raymond Poincaré qui avait été avec André Maginot l'un de ses deux modèles. Le 21 octobre 1945, à la tête d'une liste d'union républicaine, il retrouve son siège de député avec 30 702 suffrages sur 91 064 exprimés et est réélu le 2 juin 1946 à la tête d'une liste indépendante d'Action républicaine et sociale. Avec 25 936 voix sur 91 784 voix, Louis Jacquinot perd quelques suffrages au profit de la liste du Rassemblement des Gauches Républicaines mais se maintient en tête. En revanche, le 10 novembre 1946, aux élections à la première Assemblée nationale de la Quatrième République, sa liste regagne le terrain perdu (35 985 voix sur 87 534 suffrages exprimés). Le RGR avait renoncé à présenter une liste qui visait en partie le même segment électoral. Le score atteste de la solide implantation de Louis Jacquinot dans le département de la Meuse.
Bien qu'il se soit opposé aux deux projets constitutionnels, Louis Jacquinot ne se place pas dans une opposition intransigeante au régime. Contrairement aux gaullistes, il estime qu'une fois adoptées par référendum les institutions doivent pouvoir compter sur la participation de ses élus. C'est ainsi que dès janvier 1947, il retrouve non seulement le chemin des conseils de gouvernement mais aussi la marine. A l'occasion du remaniement du cabinet Ramadier en octobre Jacquinot quitte le gouvernement. Le président du Conseil a, en effet, décidé de réduire le nombre des ministres de 23 à 11. Après une interruption de deux années, il revient au pouvoir en 1949 en qualité de ministre des anciens combattants de Georges Bidault et le reste dans les gouvernements Queuille, Pleven et Queuille.
A l'Assemblée nationale, au cours de cette législature, il est un parlementaire actif et un ministre très présent. Quand il n'est pas au gouvernement, il participe aux travaux des commissions de la défense nationale et des territoires d'outre-mer. Il fut, en outre, nommé juré à la Haute cour de justice en 1948. Comme ministre, il dépose plusieurs projets de loi relevant de la compétence de son département et notamment le 30 mai 1950 un texte autorisant le chef de l'Etat à ratifier les Conventions de Genève pour la protection des victimes civiles. En qualité de ministre de la marine du gouvernement Ramadier, Louis Jacquinot s'attache à convaincre les parlementaires de la nécessité d'accompagner par le vote des crédits demandés la reconstruction de la marine nationale, de ses bases et arsenaux. Il insiste, notamment le 6 août 1948, sur l'absolue nécessité de se doter de porte-avions et de reconstituer l'aéronavale. Le porte-avions qu'il se propose de faire construire serait de 16 700 tonnes, aurait une vitesse de 32 nœuds et 49 appareils embarqués. Faute de porte-avions, la France serait obligée de placer ses forces sous commandement étranger. Or, la flotte doit être réorganisée en fonction des deux missions qui lui sont assignées : assurer la sécurité de la France d'une part et celle de l'Union Française de l'autre. Pour moins dépendre des alliés et disposer de forces modernes rapidement disponibles, notamment en Indochine, le ministre de la marine rappelle qu'il faut tout à la fois se débarrasser des bâtiments obsolètes et construire une marine peut-être plus ramassée mais plus efficace. Il reprend aussi à son compte la proposition qui avait été faite par Félix Gouin de mettre à la disposition de l'ONU une force navale tactique (task force). Louis Jacquinot s'oppose à l'amendement déposé par M. Capdeville qui vise à reporter les crédits de paiement et répond avec fermeté aux arguments présentés par Pierre Cot selon lesquels la France n'aurait pas les moyens de moderniser sa marine. Louis Jacquinot insiste à nouveau sur le fait que désormais le porte-avions est la pièce centrale d'une armée moderne. A l'issue du débat, la décision de sa construction est adoptée. Redevenu simple député, Louis Jacquinot saisit l'occasion que lui offre la discussion du budget pour défendre son œuvre en juin 1949. Il se félicite de l'affectation d'administrateurs civils sortis de l'ENA dans les administrations de la défense, permettant ainsi aux militaires de se consacrer à leur métier. En revanche, il critique la concentration des services à Paris et l'augmentation des effectifs. Il répète qu'il faut augmenter les crédits car l'armée française est mal logée, mal vêtue et mal nourrie mais il faut aussi moderniser son équipement et veiller à ce que les cadres soient d'un niveau suffisant pour servir « éventuellement dans un système de coalition ». Si des économies doivent être faites, elles ne doivent pas se traduire par une amputation des crédits alloués à la modernisation des forces, des crédits « destinés à nous donner les instruments de notre puissance ». Il avait utilisé plus d'une fois cet argument au sein même des conseils de gouvernement. Il insiste à nouveau sur la nécessité d'achever la construction du Jean-Bart et de voter les crédits pour « son » porte-avions.
En qualité de ministre des anciens combattants, Louis Jacquinot, comme ses prédécesseurs, s'attache à indemniser les victimes de la guerre et à répondre aux attentes des associations de déportés, d'anciens combattants ou bien encore de requis du travail. Il annonce notamment en 1950 une augmentation des pensions des anciens combattants et souhaite « consolider et développer la solidarité étroite qui doit régner entre les deux générations du feu » et se propose de rétablir dans la hiérarchie nationale les anciens combattants dans la situation qu'ils occupaient dans l'entre-deux-guerres.
Pour les élections du 17 juin 1951, Louis Jacquinot présente une liste d'Union des Républicains Indépendants, Paysans, Républicains Nationaux et du RGR qui conclut un apparentement avec la liste MRP. Le ministre en exercice doit compter avec la présence d'une liste RPF conduite par le glorieux général Auguste Gilliot. Avec 26 614 voix sur 90 245 suffrages exprimés, celle-ci réalise un excellent score mais un score insuffisant pour inquiéter Louis Jacquinot. Sa liste rassemble 28 876 voix et, compte tenu de l'effondrement des listes socialiste et MRP, obtient deux sièges.
Dans le premier gouvernement de la deuxième législature, Louis Jacquinot est nommé ministre de la France d'Outre-mer en lieu et place de François Mitterrand et conserve ce portefeuille dans les gouvernements Edgar Faure, René Mayer et Joseph Laniel. Son absence du gouvernement Pinay est due à une hostilité déclarée pour le président du Conseil. Il est vrai qu'après la chute du gouvernement Faure, Louis Jacquinot avait pensé être appelé par le Président de la République à solliciter l'investiture de l'Assemblée. Parce que les gouvernements avaient été renversés sur leurs projets économiques et financiers, Vincent Auriol lui fit savoir qu'il préférait appeler Pinay.
Au cours de cette législature, Louis Jacquinot, qui a épousé la veuve de Maurice Petsche, est absorbé par son département ministériel et l'échéance de l'élection présidentielle. La presse se fait l'écho de ses interrogations. Parlementaire confirmé, patriote authentique, diplomate à ses heures, Louis Jacquinot espère pouvoir compter sur des amitiés réparties sur toutes les travées du Parlement. Les Indépendants ne sont-ils pas devenus son centre de gravité ? Mais une candidature Louis Jacquinot rencontrerait l'opposition de Joseph Laniel qui nourrit la même ambition et l'hostilité d'Antoine Pinay. A la suite du retrait de Joseph Laniel (après le dixième tour de scrutin), Louis Jacquinot présente officiellement sa candidature. Il obtient 338 voix et renonce. La voie est libre pour son collègue sénateur, René Coty. Le MRP ne lui pas a pardonné son hostilité à la CED. Louis Jacquinot était, en effet, réservé à l'égard de la construction européenne car il craignait qu'elle ne provoque l'éloignement des territoires africains. Le 17 mars 1953, devant le congrès national des Indépendants, il avait exprimé cette crainte : « La construction de l'Europe est assurément nécessaire, avait-il dit, mais nous ne voulons pas que, sous le prétexte de bâtir un vaste ensemble, se brise une union politique et économique, fruit d'un effort séculaire ». En octobre de la même année, quelques semaines donc avant l'élection présidentielle, Louis Jacquinot élevait une protestation par une lettre au président du Conseil et une déclaration publique après que les délégués français à la conférence européenne de Rome ont refusé l'intégration des Territoires d'outre-mer dans la communauté politique européenne en gestation.
En qualité de ministre de la France d'Outre-mer, il effectue deux importantes tournées en Afrique noire en 1952 et en 1954 et visite en 1953 la Guinée. Il veille à l'application du Code du travail et s'attache à développer le potentiel économique des territoires d'outre mer qui est l'un des objectifs du Plan d'équipement et de modernisation des Territoires d'outre-mer que ses services ont contribué à élaborer. A l'occasion de l'inauguration, les 2 et 5 février 1954, du barrage du Djoué près de Brazzaville et d'Edéa au Cameroun sur la Sanaga, il donne en exemple le modèle français de développement des anciennes colonies. Attaché à la très grande France, Louis Jacquinot n'est pas hostile à toute évolution des relations entre la France et les territoires d'outre-mer. Au mois de mars 1954, il a visité l'Afrique occidentale française et entendu les demandes qui lui sont faites de faire aboutir la réforme des institutions communales. Il s'engage à en hâter la conclusion et à donner aux Assemblées locales et à l'Assemblée de l'Union française une plus grande autorité. De retour à Paris, devant l'Assemblée nationale, il répond aux interpellations sur la politique du gouvernement à l'égard des Territoires d'outre-mer le 9 avril 1954. Il rappelle que la France soutient leur économie en payant les produits coloniaux plus chers que les cours mondiaux et fait état des dépenses de fonctionnement et d'équipement couvertes par l'Etat. Le prochain plan d'Equipement doit mettre l'accent sur la modernisation de l'agriculture. « L'action gouvernementale, précise le ministre, qui consiste à défendre les producteurs est à l'opposé de la notion de pacte colonial ». Un effort doit être fait pour l'habitat et les voies de communication. Sur le plan politique, le ministre propose de modifier la Constitution pour associer plus étroitement les Africains à la conduite de leur destin. Sans remettre en cause le principe de l'Union française, Louis Jacquinot pense qu'il est nécessaire de réformer son organisation. La réforme du titre VIII viserait à confier au Parlement la maîtrise des « grands problèmes communs » et l'Assemblée de l'Union française pourrait promulguer des ordonnances. Les Assemblées territoriales pourraient prendre des délibérations qui validés par décret deviendraient exécutoires. Entre les chefs de territoire et les assemblées seraient créés des conseils intermédiaires. « La voie que nous suivons est large. Elle permet l'épanouissement des particularismes locaux tout en conservant intangible le sentiment national ». Et il conclut : « La France apportera au monde le plein épanouissement de la personnalité humaine dans l'Union Française que nous voulons toujours plus solide, plus libérale, plus prospère et plus fraternelle ». Il n'est pas exagéré de voir dans le projet de loi Jacquinot du 8 novembre 1951 relatif aux grands conseils et celui du 1er avril 1954 qui autorisait la création de conseils de subdivisions et de cercles les prolégomènes de la loi-cadre Defferre du 23 juin 1956. C'est moins des idées qu'une majorité qui firent défaut au ministre. Le 18 octobre 1955, simple député cette fois, Louis Jacquinot prend à partie le président du Conseil Edgar Faure qu'il qualifie de « mort en sursis » au sujet de sa politique en Afrique du Nord. Il lui reproche les contradictions de sa politique et notamment d'avoir donné aux militaires des pouvoirs politiques, d'avoir intensifié la répression en Algérie au moment même où sa politique conduit à terme à l'indépendance de la Tunisie et du Maroc. Il lui reproche de s'être appuyer sur Mohammed Ben Youssef et d'avoir ainsi donné le sentiment d'encourager le mouvement panislamique. Il rappelle que l'armée est démoralisée depuis l'Indochine et prône une politique de fermeté au dehors comme au-dedans. Aussi, sanctionne-t-il le gouvernement. Lors de la campagne qui suit la dissolution de l'Assemblée, Louis Jacquinot met en garde ses électeurs contre « la perte de l'Union française (qui) signifierait le renoncement à plusieurs siècles d'histoire, la diminution de près de moitié de notre niveau de vie, et enfin des millions de chômeurs. »
Le 2 janvier 1956, Louis Jacquinot ne parvient pas à réitérer le succès de 1951. Le redressement du vote communiste, la présence d'une liste mendésiste et surtout d'une liste de Défense agricole économique et sociale conduite par André Beauguitte se traduit par un effritement du score de la liste d'Union des Indépendants et des Paysans. Avec 28 857 voix sur 101 446 suffrages exprimés, elle obtient un siège. Le colistier de Louis Jacquinot, René Rousselot, n'est pas réélu.
Nettement moins actif que sous la précédente législature, Louis Jacquinot n'est pas loin de penser que son heure est passée. Or, le retour au pouvoir du général de Gaulle relance sa carrière. Des ministres de 1944, Jacquinot est le seul à participer au dernier gouvernement de la Quatrième République. Avec le titre de ministre d'Etat, il participe à l'élaboration de la Constitution de 1958. Il fut, en outre, chargé par le président du Conseil d'une tournée diplomatique en Amérique latine. Il accompagna, avec deux de ses collègues, le général de Gaulle à Alger le 4 juin. Pendant que de Gaulle s'adressait à la foule rassemblée sur le Forum, Louis Jacquinot et Max Lejeune furent enfermés dans une pièce contiguë par des membres du Comité de Salut Public qui n'appréciaient guère leur présence et multiplièrent les mesures vexatoires.
Réélu député de la Meuse en 1958,1962 et 1967, Louis Jacquinot poursuit sa carrière ministérielle sous la Cinquième République. D'abord comme ministre d'Etat chargé de la recherche scientifique puis chargé du Sahara, des départements et territoires d'outre-mer dans le gouvernement Debré. Il conserve ce poste dans le cabinet Pompidou jusqu'au 8 janvier 1966.
Il meurt à Paris le 14 juin 1993.
Voir aussi la biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940