Louis Jaillon
1916 - 2003
JAILLON (Louis)
Né le 28 avril 1916 à Saint-Claude (Jura)
Décédé le 14 janvier 2003 à Saint-Claude (Jura)
Député du Jura 1958 à 1967
Louis Jaillon naît le 28 avril 1916 à Saint-Claude dans le Jura. Sa mère y tient l’Hôtel du Globe, tandis que son père est lithographe et imprimeur. Après des études au collège de Saint-Claude et à l’école supérieure de commerce de Clermont-Ferrand, Louis Jaillon revient dans sa ville natale et embrasse, à son tour, la profession d’hôtelier. Il effectue son service militaire à la base aérienne de Bron de 1936 à 1938. Mobilisé en 1939 dans les forces aériennes, il participe à la campagne de France puis revient à Saint-Claude fonder une famille. Trois enfants naissent de cette union. Il monte un atelier de fabrication de pipes et d’articles de Saint-Claude et aura toujours à cœur de défendre les petites et moyennes entreprises.
Membre du Mouvement républicain populaire (MRP), Louis Jaillon obtient son premier mandat électif en 1947 en se faisant élire au conseil municipal de Saint-Claude, dont il devient maire en 1953. Il le reste pendant 32 ans. Il est également président de l’association des maires du canton de Saint-Claude. Il est élu conseiller général du canton de sa commune dès le premier tour, en 1958, et réélu en 1964. Louis Jaillon est par ailleurs membre du comité exécutif national du Mouvement fédéraliste européen, membre du comité départemental d’expansion économique et président du groupe Républicain et indépendant d’action sociale et familiale de la région de Saint-Claude.
Fort de son implantation locale, Louis Jaillon se présente à deux reprises, en 1951 et 1955, à la députation sans parvenir à se faire élire. A nouveau candidat aux premières élections législatives de la Ve République, sous l’étiquette du MRP, dans la première circonscription du Jura, il se présente comme un homme de confiance, « un homme qui n’est ni un agent des grands trusts internationaux, ni un politicien professionnel, ni un liquidateur du patrimoine français ». Il obtient alors 19 407 voix au premier tour, juste derrière le député sortant Edgar Faure (19 637 voix) mais loin devant le communiste Jean Pernier (5 377 voix), le député sortant du Finistère, candidat républicain d’Union nationale, Jean-Maurice Demarquet (4 882) et le socialiste Maurice Kocher (3 461). Au second tour, Louis Jaillon est élu député du Jura avec 28 137 voix contre 23 360 voix à Edgar Faure et 4 420 voix à Jean Pernier.
A son arrivée au Palais-Bourbon, le député du Jura s’inscrit au groupe des Républicains populaires et du centre démocratique. Il est membre de la commission des finances et rapporteur spécial du budget annexe de la Légion d'honneur et de l’Ordre de la Libération. Il siège aussi à la commission supérieure des caisses d’épargne et à la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes de l’Assemblée. Il est également membre de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi portant réforme de la fiscalité par la taxation des produits énergétiques, en novembre 1959. Le 26 avril 1960, le député du Jura dépose une proposition de loi tendant à assurer le règlement rapide et définitif de la dette russe.
En séance publique comme en commission, Louis Jaillon s’intéresse à des sujets très variés : l’harmonisation des charges fiscales et sociales dans le Marché commun, l’équipement hospitalier sanitaire et social, la situation des personnes âgées et des enfants handicapés, la parité en faveur des agriculteurs en matière de protection sociale, la crise de recrutement du personnel enseignant, les prêts et crédits d’investissement pour les collectivités locales, la situation de l’artisanat et des petites et moyennes entreprises, ainsi que celle de leurs salariés ou encore la promotion du tourisme.
L’évolution de sa position à l’égard du pouvoir se traduit dans les scrutins d’importance nationale. Dans un premier temps, Louis Jaillon respecte la discipline de vote du groupe gaulliste : il approuve le programme du gouvernement Debré le 16 janvier 1959, s’exprime en faveur du nouveau règlement de l’Assemblée nationale qui rompt avec les pratiques de la IVe République le 3 juin 1959 et soutient la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959. Il s’associe également à la réforme du financement de l'enseignement privé le 23 décembre 1959, vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades le 2 février 1960 et se prononce pour le programme du gouvernement de Georges Pompidou, le 27 avril 1962. En revanche, le député du Jura, s’oppose à la levée de l’immunité de Georges Bidault le 5 juillet 1962 et vote la motion de censure du 4 octobre 1962, dont l’adoption provoque le renversement du gouvernement de Georges Pompidou.
En 1962, Louis Jaillon sollicite le renouvellement de son mandat dans la première circonscription du Jura. Il est très largement placé en tête du premier tour avec 18 662 voix sur les 42 440 suffrages exprimés. Le suivent le candidat de l’Union pour la nouvelle République-Union démocratique du travail (UNR-UDT) Paul Liochon, 10 606 voix ; celui du Parti communiste français Roger Jannet, 6 753 voix ; le candidat de la SFIO Charles Dalos, 3 711 voix ; le candidat du Parti socialiste unifié (PSU) Jean Petiard, 2 708 voix. Louis Jaillon est réélu au second tour, dans le cadre d’une triangulaire, par 23 800 voix contre 11 407 à Paul Liochon et 11 072 à Roger Jannet.
Inscrit au groupe du Centre démocratique, le député du Jura retrouve la commission des Finances. Il est membre de la Commission supérieure des caisses d’épargne en 1963. Il est rapporteur pour avis du budget annexe de la Légion d'honneur et de l’Ordre de la Libération, les deux premières années de la législature. Louis Jaillon est aussi membre de la commission chargée de vérifier et d'apurer les comptes de 1962 à 1966 et de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi pour l'amélioration de la production et de la structure foncière des forêts françaises, en 1963.
Le maire de Saint-Claude déploie une intense activité parlementaire durant cette législature. Ses sujets de prédilection sont toujours aussi variés. Il s’intéresse en particulier à la fiscalité. Le 9 juillet 1963, lors de l’examen du projet de loi portant modification du contentieux fiscal, il estime qu’il est nécessaire de réformer l’ensemble du système fiscal français par une harmonisation avec les six pays du Marché commun. Dans les discussions budgétaires, Louis Jaillon souligne à plusieurs reprises le retard du réseau routier français et milite pour que l’Etat promeuve, par des mesures fiscales, le développement du tourisme en France.
Lors des grands scrutins de la législature, son indépendance à l’égard de la politique gouvernementale s’affirme. S’il vote en faveur de la ratification du traité de l’Elysée sur la coopération entre la France et la RFA (13 juin 1963) et de la modification de la Constitution, changeant les dates des sessions parlementaires (20 décembre 1963), Louis Jaillon s’oppose en revanche au projet de loi relatif à certaines modalités de grèves dans les services publics (26 juillet 1963), à la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et à celle du service national (26 mai 1965).
Les élections de 1967 se présentent sous un jour moins favorable pour le député du Jura. Dès le premier tour, Louis Jaillon, candidat de l’Union des démocrates, est, avec 14 935 voix, devancé par le maire de Lons-le-Saunier, le Républicain indépendant René Feït, qui obtient 21 901 voix et 40,8 % des suffrages exprimés. Le candidat communiste Henri Auger obtient 8 469 voix, le socialiste Jean Ponard 6 174 voix et le candidat du PSU, Jean Petiard, 2 263 voix. Au second tour, 17 590 électeurs accordent leur voix à Louis Jaillon contre 24 953 à René Feït et 13 259 à Henri Auger, resté seul candidat de la gauche en lice. Le député sortant perd son mandat parlementaire, mais ne se laisse pas décourager par cet échec. La dissolution de l'Assemblée nationale à la suite des mouvements étudiants et sociaux du printemps 1968 lui offre l’occasion de tenter de prendre sa revanche. Le maire de Saint-Claude, candidat sous l’étiquette Progrès et démocratie moderne, affronte à nouveau le Républicain indépendant René Feït, le communiste Henri Auger et le socialiste Jean Ponard. Ils obtiennent respectivement 23 212, 8 116 et 5 421 voix, contre 17 635 voix à Louis Jaillon. Au second tour, l’ancien député du Jura est à nouveau battu par René Feït : le député sortant obtient 25 346 voix contre 22 780 à Louis Jaillon et 6 825 à Henri Auger.
En 1973, le maire de Saint-Claude tente une dernière fois de retrouver le chemin du Palais-Bourbon. Candidat du Mouvement réformateur-Centre démocrate, il obtient 12 499 voix au premier tour. René Feït en recueille 17 473, le socialiste René Colin 9 933 et le communiste Henri Auger 8 684. Au second tour, Louis Jaillon est largement distancé par ses deux adversaires. Il recueille 16,7 % des suffrages exprimés contre 41,4 % à René Colin et 41,9 % à René Feït, réélu de justesse.
Louis Jaillon abandonne alors l’idée de regagner un mandat parlementaire. Il demeure impliqué dans la vie politique de sa région natale. Maire de Saint-Claude jusqu’en 1985, il devient vice-président du conseil général du Jura ainsi que du conseil régional de Franche-Comté.
L’ancien député s’éteint, le 14 janvier 2003, à l’âge de 86 ans dans sa ville natale de Saint-Claude pour laquelle il a beaucoup fait, contribuant notamment au développement du centre hospitalier qui porte désormais son nom. Il était chevalier de la Légion d'honneur, chevalier du Mérite agricole, et officier des Palmes académiques. Louis Jaillon était également décoré de la médaille Vermeille d’honneur départementale et communale et de la médaille d’or de la Jeunesse et des sports.