Joseph dit Virgile Barel

1889 - 1979

Informations générales
  • Né le 17 décembre 1889 à Drap (Alpes-Maritimes - France)
  • Décédé le 7 novembre 1979 à Nice (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 21 janvier 1940 *
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Alpes-Maritimes
Groupe
Communiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Fonds d'archives

Un fonds Virgile Barel de 19,5 mètres linéaires est conservé aux Archives départementales des Alpes-Maritimes sous la cote 84 J. Déposé par la fédération des Alpes-Maritimes du Parti communiste qui l’avait reçu en don, il est décrit dans un répertoire et libre d’accès à l’exception des documents à caractère personnel. Datant de 1912 à 1979, les archives sont des documents de l’Assemblée nationale, des brochures, des revues, des notes, des coupures de presse, de la correspondance autour de sujets variés (travail, transports, éducation, problèmes sociaux, anciens combattants, personnalités, armée, théories politiques, économie, agriculture, justice, culture, relations étrangères, élections, voyages). Le fonds comprend également les interventions de Virgile Barel, ses articles et manuscrits, papiers et souvenirs. De plus amples renseignements sur ces archives sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales des Alpes-Maritimes.

Les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis conservent également des archives de Virgile Barel sous la cote 287 J. Déposé en 2005 par le Parti communiste et provenant de la Bibliothèque marxiste de Paris, ce fonds de 42 centimètres linéaires est constitué de documents relatifs au Proche-Orient (1936-1939), au camping et au tourisme vert (1950-1977) ainsi qu’à l’activité de la fédération Tourisme et Travail (1967-1978). Ces archives ne sont pas communicables car non classées. De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives départementales de la Seine-Saint-Denis.

Biographies

Né le 17 décembre 1889 à Drap (Alpes-Maritimes).

Député des Alpes-Maritimes de 1936 à 1940, de 1945 à 1951 et de 1956 à 1958.

Né d'un père bourrelier et d'une mère couturière, Virgile Barel, entra en 1906 à l'Ecole normale d'instituteurs de Nice, d'où il sortit en 1909, major de sa promotion.

Il enseigna successivement à Breil-sur-Roya, à Castellar et à Menton.

Il servit pendant la guerre de 1914-1918, d'abord comme sous-officier, puis comme officier, au 64e bataillon de chasseurs alpins. Blessé à Soissons, au Reichackerhopf, puis à Crouy, il fut trois fois cité et reçut la Croix de guerre et la Croix de la Légion d'honneur . Militant du syndicat des instituteurs, il participa à de nombreux congrès syndicaux et il fut en particulier le Rapporteur d'un projet syndical tendant à créer une Internationale de l'enseignement. Son activité syndicaliste lui valut d'être condamné en 1920 par le tribunal correctionnel de Nice. Membre du parti socialiste avant le Congrès de Tours, il appartint, après la scission, à la section française de l'internationale communiste et resta ensuite inscrit au parti communiste français. Dès les élections générales de 1924, il se présenta, mais sans succès, aux suffrages des électeurs des Alpes Maritimes, en tête de la liste du bloc ouvrier et paysan.

Ayant pris en 1934 sa retraite par anticipation, il se présenta à nouveau aux élections générales des 26 avril et 3 mai 1936 et il fut élu au deuxième tour de scrutin dans la 3e circonscription de Nice. Membre des Commissions de l'hygiène et de la marine marchande, puis de la Commission de l'Algérie, des colonies et des pays de protectorat, enfin de la Commission du travail, il déposa plusieurs propositions de loi ou de résolution, inspirées du souci de défendre l'économie des départements méditerranéens. Mais il se montra également préoccupé de la tension internationale et soucieux de la santé publique, pour la protection de laquelle il réclama, dans une proposition qu'il rapporta lui-même, le vote rapide par le Sénat d'un projet précédemment adopté par la Chambre. Il s'intéressa aussi aux questions sociales, rapportant notamment une proposition de loi sur les congés payés.

Ses interventions, nombreuses, en particulier au cours des débats budgétaires, témoignèrent aussi du vif intérêt qu'il portait aux questions du tourisme, et singulièrement du tourisme populaire. Le 8 octobre 1939, Virgile Barel fut arrêté avec les autres députés communistes. Déchu de son mandat le 21 janvier 1940, il fut condamné en mai à cinq ans de prison. Au cours de sa détention, il connut treize prisons, et, en dernier lieu, pendant vingt-deux mois, celle de Maison Carrée en Algérie. Libéré le 5 février 1943, il fut d'abord secrétaire du secours populaire pour l'Algérie, puis il devint directeur adjoint du cabinet de M. Billoux, d'abord Ministre d'Etat du Comité français de libération nationale (1943), puis Ministre de la Santé publique du Gouvernement provisoire de la République (1944).

Rentré en France en avril 1944, il présida la délégation spéciale de la ville de Nice, de septembre 1944 à mai 1945. En juillet 1944, il eut la douleur de perdre l'aîné de ses trois fils, Max, ancien polytechnicien, officier d'artillerie, résistant, torturé et tué par les Allemands. Elu conseiller général de Nice en septembre 1945, il devait le rester jusqu'en avril 1955 ; d'octobre 1945 à septembre 1947, il fut président de l'Assemblée départementale.

Il se présenta aux élections générales du 21 octobre 1945 à la tête de la liste communiste et les électeurs des Alpes-Maritimes l'envoyèrent siéger à la première Assemblée Nationale Constituante. Appartenant aux Commissions de l'éducation nationale et de la jeunesse, des affaires économiques et de la défense nationale, il manifesta à nouveau par ses interventions et ses propositions, l'intérêt qu'il portait au développement du tourisme populaire ; c'est ainsi qu'il déposa et rapporta une proposition de résolution tendant à réglementer les réquisitions d'hôtels de tourisme. En s'occupant d'autre part des écoles et des cantines scolaires, il marqua qu'il se souvenait de son anciennes profession. Réélu le 2 juin 1946 membre de la deuxième Assemblée Nationale Constituante, il appartint aux mêmes Commissions, sauf à la Commission de la défense nationale. Il reprit sous forme de proposition de loi, et en l'étendant, sa proposition de résolution sur les réquisitions d'hôtels de tourisme ; il présenta un rapport et intervint sur des questions intéressant les instituteurs.

Réélu pour la troisième fois le 10 novembre 1946, il siégea à l'Assemblée Nationale au cours de la première législature. Membre des commissions des affaires économiques et de la presse, puis des Commissions de l'intérieur et des moyens de communication, au nom desquelles il présenta huit rapports, il déploya une très grande activité, déposant un très grand nombre de propositions de loi ou de résolution et d'amendements, et multipliant les interventions et les questions aux Ministres.

Il continua à marquer un vif intérêt pour tout ce qui touchait au tourisme et à la vie économique et sociale des Alpes-Maritimes et du sud-est, mais il s'intéressa aussi très activement aux problèmes de la radiodiffusion et du cinéma : on citera seulement à ce sujet sa proposition de loi sur la composition et les attributions du Conseil supérieur de la radiodiffusion française et, outre ses interventions au cours des discussions budgétaires, celle qu'il fit sur le projet de loi instituant une aide temporaire à l'industrie cinématographique. Il s'employa d'autre part à défendre les intérêts ,des fonctionnaires de l'Etat en activité ou en retraite et intervint dans la discussion du projet de loi relatif à la répression de certaines atteintes à la sûreté extérieure de l'Etat (1950).

La loi électorale dite des « apparentements » empêcha sa réélection le 17 juin 1951 mais il prit sa revanche le 2 janvier 1956. A nouveau député au cours de la troisième législature, membre des Commissions des moyens de communication et de la presse, il présenta sept rapports, déposa encore de nombreuses propositions de loi ou de résolution, inspirées des mêmes préoccupations, et multiplia les interventions sur les mêmes sujets ; citons à titre d'exemple, sa proposition de loi tendant à exonérer de la taxe locale et de l'impôt sur les spectacles les services rendus par les associations de tourisme et de culture populaire, et sa proposition de résolution réclamant la majoration des subventions allouées à ces associations. Il déposa aussi plusieurs demandes d'interpellation sur des questions politiques d'intérêt local.

Il ne fut pas réélu le 30 novembre 1958.

Il est, depuis le 25 octobre 1947, conseiller municipal de Nice et depuis juin 1961 conseiller général du 3e canton de cette ville. Après avoir été directeur politique du journal L'Aurore de Nice et du Sud-Est, il est celui du quotidien Le Patriote de Nice. Il a publié un livre, A Moscou ! A Moscou !, récit d'un voyage en Union Soviétique.




Né le 17 décembre 1889 à Drap (Alpes-Maritimes)

Décédé le 7 novembre 1979 à Nice (Alpes-Maritimes)

Député des Alpes-Maritimes de 1936 à 1940

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante Député des Alpes-Maritimes de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958

(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 459 et 460)

Condamné, en mai 1940, à cinq ans d'emprisonnement après avoir été déchu de son mandat, Virgile Barel connaîtra treize prisons et en dernier lieu, pendant vingt-deux mois, celle de Maison-Carrée en Algérie. Libéré le 5 février 1943, il devient secrétaire du Secours populaire en Algérie et a pour mission de faire libérer les 3 200 détenus communistes. Puis, il est nommé Directeur adjoint du Cabinet de François Billoux, ministre d'Etat du Comité français de libération nationale (1943) puis ministre de la Santé publique du gouvernement provisoire de la République française (1944), avec lequel il rentre en France sur le Jeanne d'Arc, via Cherbourg, en septembre 1944. Elu à la direction de la Fédération des Alpes-Maritimes du P.C.F., le 22 octobre 1944, il préside la Délégation spéciale de la ville de Nice jusqu'en mai 1945. A cette époque, lui est confirmée la mort de son fils Max, ancien polytechnicien, officier d'artillerie, résistant torturé et tué par la Gestapo de Lyon en juillet 1944. Il ne cessera, dès lors, de réclamer inlassablement la recherche puis l'extradition et le jugement de Klaus Barbie, présumé être le bourreau de son fils.

Elu conseiller général de Nice en septembre 1945, il le reste jusqu'en avril 1955 ; d'octobre 1945 à septembre 1947, il est président de l'Assemblée départementale et, depuis le 25 octobre 1947, conseiller municipal de Nice.

Il se présente aux élections générales du 21 octobre 1945 à la tête de la liste communiste et les électeurs des Alpes-Maritimes l'envoient siéger à la Première Assemblée nationale Constituante. Appartenant aux commissions de l'éducation nationale et de la jeunesse, des affaires économiques et de la Défense nationale, il manifeste à nouveau, par ses interventions et ses propositions, l'intérêt qu'il porte au développement du tourisme populaire ; c'est ainsi qu'il dépose et rapporte une proposition de résolution tendant à réglementer les réquisitions d'hôtels de tourisme. En s'occupant, d'autre part, des écoles et des cantines scolaires, il marque qu'il se souvient de son ancienne profession.

Réélu le 2 juin 1946 membre de la seconde Assemblée nationale Constituante, il appartient aux mêmes commissions, sauf à la Commission de la Défense nationale. Il présente un rapport et intervient sur des questions intéressant les instituteurs.

Réélu pour la troisième fois le 10 novembre 1946, il siège à l'Assemblée nationale au cours de la première législature. Membre des commissions des affaires économiques et de la presse, puis des commissions de l'intérieur et des moyens de communication, au nom desquelles il présente huit rapports et déploie une très grande activité. Il continue à marquer un vif intérêt pour tout ce qui touche au tourisme et à la vie économique et sociale des Alpes-Maritimes et du Sud-Est, mais il s'intéresse aussi aux problèmes de la radiodiffusion et du cinéma : on citera seulement à ce sujet sa proposition de loi sur la composition et les attributions du Conseil supérieur de la radiodiffusion française et ses interventions et amendements sur le projet de loi instituant une aide temporaire à l'industrie cinématographique. Il s'emploie, d'autre part, à défendre les intérêts des fonctionnaires de l'Etat en activité ou en retraite et intervient dans la discussion du projet de loi relatif à la répression de certaines atteintes à la sûreté extérieure de l'Etat (1950).

La loi électorale dite des « apparentements » empêche sa réélection, le 17 juin 1951, mais il prend sa revanche le 2 janvier 1956. A nouveau député au cours de la troisième législature, membre des commissions des moyens de communication et de la presse, il multiplie les interventions sur les mêmes sujets : citons, à titre d'exemple, sa proposition de loi tendant à exonérer de la taxe locale et de l'impôt sur les spectacles les services rendus par les associations de tourisme et de culture populaire, et sa proposition de résolution réclamant la majoration des subventions allouées à ces associations. Il dépose aussi plusieurs demandes d'interpellation sur des questions politiques d'intérêt local.

Avec son groupe il vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956) et les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars) puis s'oppose aux gouvernements Maurice Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard. Il soutient Pierre Pflimlin sur la déclaration de l'état d'urgence en métropole (16 mai 1958) puis refuse la confiance au général de Gaulle (1er) ainsi que les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).


BAREL (Joseph dit Virgile)
Né le 17 décembre 1899 à Drap (Alpes-Maritimes)
Décédé le 7 novembre 1979 à Nice (Alpes-Maritimes).

Député des Alpes-Maritimes de 1936 à 1940, de 1945 à 1951, de 1956 à 1958 et de 1967 à 1978.

La carrière politique de Virgile Barel est faite d’éclipses et de résurrections, et fait de lui l’un des rares élus à avoir fréquenté le Palais Bourbon sous trois Républiques. Instituteur de profession, il est élu député une première fois en 1936, avant de connaître, comme 26 de ses collègues du Parti communiste l’arrestation le 8 octobre 1939, puis la déportation en Algérie pendant la guerre, au cours de laquelle il a la douleur de perdre l’aîné de ses trois fils Max, ingénieur polytechnicien et résistant. Au nom du Parti communiste, Virgile Barel restera impliqué, tout au long de sa carrière parlementaire, dans la traque des anciens criminels de guerre, comme le S.S Klaus Barbie. Directeur de Cabinet de François Billoux en 1943, membre des deux Assemblées constituantes, puis député des Alpes-Maritimes de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958, Virgile Barel est battu lors des premières élections législatives de la Ve République par l’U.N.R Pierre Pasquini : « Le raz-de-marée gaulliste m’a fait boire la tasse », écrira-t-il dans son livre de souvenirs, Cinquante années de luttes. Cette éclipse est la plus longue de sa carrière politique : ce n’est qu’en 1967 qu’il retrouve le Palais Bourbon, en battant au second tour Pierre Pasquini.

Cette longévité politique s’explique d’une part par la fidélité de Virgile Barel au Parti communiste, dont il est le chef incontesté à Nice et dans les Alpes-Maritimes (le secrétaire fédéral, Charles Caressa, est son suppléant de 1967 à 1978). Figure historique du Parti, au nombre des 27 ayant suivi, à partir de 1939, le « chemin de l’honneur », Virgile Barel est pourtant épargné par les épurations internes qui marquent le mandat de Maurice Thorez, tout comme il parvient à traverser sans encombre les changements de direction (de 1947 à 1964, il sera membre de la stratégique commission de contrôle financier du Parti communiste). Ses professions de foi témoignent d’une scrupuleuse fidélité à la ligne du Parti : « Nous avons la conviction absolue qu’il n’y a pas de gauche véritable, ni de politique, ni de progrès social et de paix sans les communistes », écrit-il en 1967. De fait, à la fin des années 1960, dans son département, Virgile Barel est l’un des artisans de l’union des forces de gauche, sur laquelle il ne cesse d’insister : « Le Parti communiste propose un Gouvernement populaire et d’union démocratique à participation communiste sur la base d’un programme commun à tous les partis de gauche », écrit-il en 1968. Doyen de l’Assemblée Nationale en 1973, il est donc une « figure » historique, un symbole prestigieux du communisme parlementaire.

Néanmoins, Virgile Barel n’est pas un seulement un apparatchik : il trouve les sources de sa longévité politique dans son ancrage local : originaire d’une vieille famille d’artisans et de paysans de l’arrière pays niçois, il est conseiller municipal de Nice de 1945 à 1965, et membre du conseil général de 1945 à 1955, puis de 1961 à 1967 (il en assure la présidence de 1945 à 1947). Plus encore, Virgile Barel est une figure politique d’envergure régionale, vice-président de l’Etablissement public régional de Provences-Alpes et Côte d’Azur de 1972 à 1978. Par ailleurs, il dirige Le Patriote de Nice et des Alpes-Maritimes, pour lequel il signera, tout au long de sa carrière, plus de 2000 éditoriaux politiques. Par-delà sa fidélité à la doctrine de son parti, Virgile Barel est donc un élu local, qui mène certains combats, comme la lutte contre la pollution de la Méditerranée (le 22 juin 1973, il propose à l’Assemblée nationale la création d’une commission d’enquête parlementaire à ce sujet, et dépose le 15 juin 1977 une proposition de loi tendant à la sauvegarde de la faune et de la flore marine des rivages méditerranéens par la réglementation et la limitation des travaux sur les bords de mer) ou la protection du patrimoine forestier de sa région (le 25 novembre 1970, il dépose ainsi une proposition de loi tendant à assurer la sauvegarde et la reconstitution des forêts méditerranéennes, et à créer les moyens efficaces de lutte contre les incendies de forêt). En 1967, il se définit comme le représentant du « vieux Nice populaire, avec ses familles laborieuses et ses multiples boutiques », et adopte comme slogan « un élu honnête, au service exclusif de la population ». A partir de 1967, la première circonscription de Nice lui témoigne sa confiance en lui offrant une large réélection en 1968 et en 1973 : à chaque fois, en tête au premier tour, il bénéficie au second de l’appoint des voix de gauche, qui lui permettent de battre largement, au second tour, les gaullistes Pasquini et Robaud.

Virgile Barel est enfin un député assidu et extrêmement actif, aussi bien par ses multiples interventions en séances que par le nombre de rapports et de propositions de loi qu’il dépose. A ce titre, il est sans doute l’un des experts et des stratèges parlementaires du groupe communiste à l’Assemblée. Spécialiste des questions budgétaires, il est membre de la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes spéciaux de la Nation, puis de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales à partir de 1967, puis de la commission des affaires étrangères à partir de 1968. D’une scrupuleuse assiduité parlementaire, il se signale par une activité des plus soutenues. De 1967 à 1978, Virgile Barel dépose pas moins de 11 propositions de loi et trois rapports touchant à des sujets divers : majoration des rentes viagères privées, extension des droits de sécurité sociale aux personnes titulaires d’une pension d’ascendant de victime de guerre, développement du tourisme social et familial, etc. Plus encore, il est le principal spécialiste du parti communiste pour les questions de préservation du patrimoine, et intervient très fréquemment en séance à ce sujet. Ainsi, le 6 mai 1975, au sujet de l’approbation de la convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, il dénonce les « actes de destruction » des Etats-Unis au Viet-Nam, avant de dénoncer la « criminelle détérioration » de ce « bien mondial » qu’est la Méditerranée.

Le 3 avril 1973, en tant que doyen de l’Assemblée Nationale, Virgile Barel préside la session inaugurale de la Ve législature de la Ve République. Dans son discours inaugural, il cite Marcel Cachin, et estime s’exprimer « hors de tout esprit partisan, mais sans dépouiller de l’idéal du militant que je suis depuis un demi-siècle ». Après avoir regretté que certains députés, notamment ceux de son groupe parlementaire, soient « mis à l’index », il se fait le porte-parole des « dix millions d’hommes et de femmes qui viennent de dire « non » au passé politique récent » : « Qui ne peut entendre monter des profondeurs du peuple de France l’aspiration à une vie digne et réellement humaine ? ». « Il faudra un jour que soit mis un terme à l’accumulation de richesses à un pôle, et de la misère au pôle opposé », estime Virgile Barel, se réclamant de l’héritage de la Résistance, « auquel mes amis et moi-même sommes fidèles » : cela débouche naturellement sur une critique des institutions de la Ve République, dont son parti est un vieil adversaire : « Ce n’est pas dans une démocratie restreinte, avec le pouvoir de décision dans les mains de quelques hommes, encore moins d’un seul, que le changement nécessaire interviendra » : au lieu de cela, la « voix du peuple, exprimée par le législatif », est « ignorée par l’exécutif ». Après avoir souhaité la paix internationale, et évoqué la mémoire de son fils, Max Barel, victime de Klaus Barbie pendant la seconde guerre mondiale, il conclut en souhaitant que la législature marque une étape « dans l’histoire de notre peuple, qui sera un jour maître de son destin dans une France socialiste » : « Car, en définitive, dans le tourbillon des évènements et des idées, notre objectif essentiel et permanent, c’est le bonheur des hommes ».

En somme, mémoire vivante du groupe communiste à l’Assemblée, Virgile Barel s’est imposé au fil du temps, par son assiduité et son activité parlementaire, comme une figure majeure du Palais Bourbon. Le 21 décembre 1977, sa dernière intervention à la tribune, « au terme d’une longue vie parlementaire de 42 ans », vise à exiger du gouvernement français qu’il renforce ses démarches auprès du gouvernement bolivien pour obtenir l’extradition de l’ancien nazi Klaus Barbie. L’hommage qui lui est rendu (« Mmes et M les députés communistes, socialistes et radicaux de gauche se lèvent et applaudissent longuement, applaudissements sur les bancs des réformateurs, des centristes et des démocrates sociaux, et sur divers bancs du Rassemblement pour la République et du groupe républicain ») montre le respect qu’avait gagné Virgile Barel au-delà de son parti.

Virgile Barel meurt à Nice le 7 novembre 1979, un an après son départ du Palais Bourbon, où il avait siégé 42 ans.