Jacques de Juigné
1874 - 1951
Né le 16 février 1874 à Paris.
Député de la Loire-Inférieure de 1906 à 1936.
Sénateur de la Loire-Inférieure de 1936 à 1941.
Jacques de Juigné entama très jeune une carrière politique dans laquelle il ne connut pas même le commencement d'un échec.
En 1900, déjà maire de son « fief » de Juigné, dans la Sarthe, il entra au Conseil général de la Loire-Inférieure pour y représenter le canton de Bourg-neuf. Il avait tout juste 26 ans. Jusqu'à la fin de sa vie il sera régulièrement reconduit dans l'une et l'autre de ces fonctions. Il deviendra même vice-président de l'assemblée départementale qui lui devait le projet, fort bien venu, grâce auquel la Loire-Inférieure fut électrifiée.
Il entra à la Chambre à 32 ans, élu au premier tour des élections législatives du 6 mai 1906 par 8.674 voix sur 12.838 suffrages exprimés. Ce fut pour y demeurer trente ans sans interruption et sans jamais s'y inscrire à aucun groupe, ne voulant rien aliéner de sa liberté de défendre ses convictions résolument conservatrices. Au cours de ces trente années, il se fit connaître comme le champion de deux idées : d'une part la défense des familles nombreuses avec, pour corollaires, le relèvement de la natalité et la liberté religieuse de l'enseignement ; d'autre part la nécessité d'une politique toujours plus ferme à l'égard de l'Allemagne.
Membre assidu de la commission de la famille, c'est pourtant de celle de l'armée qu'il devint surtout l'illustration.
Réélu en 1910 par 7.878 voix sur 12.300 suffrages, il entre dans une opposition décidée, votant contre à peu près tout ce qu'on propose : contre l'urgence des lois scolaires, contre l'assurance mutuelle agricole, contre le repos hebdomadaire, refusant successivement sa confiance à Briand, à Monis, à Caillaux. Voilà qui doit plaire à la Loire-Inférieure ; aux élections législatives du 26 avril 1913, c'est un triomphe qu'elle lui fait : 8.956 voix sur 10.213 suffrages exprimés.
Puis c'est la guerre. Le marquis de Juigné qui n'est que sergent est promu lieutenant puis officier d'ordonnance à la 176e brigade. Dès le 18 décembre 1914 il est cité à l'ordre du jour de la division. Il demeure en première ligne jusqu'en 1917, ne méritant pas à moitié sa Croix de guerre.
Réélu député en 1919 par 41.883 voix sur 70.053 votants car, quoiqu'on vote à présent au scrutin de liste, l'habitude lui est restée d'être avantagé de la majorité absolue - et ce sera encore le cas en 1924 : 48.185 voix sur 75.668 bulletins, à la tête cette fois d'une liste d'union nationale et catholique - Jacques de Juigné acquiert du poids, sinon de la célébrité, en étant l'un des tout premiers à dénoncer les faiblesses du traité de Versailles. De même, toutes ces années-là il joue un rôle de premier plan à la commission des régions libérées.
Cependant, aux législatives du 22 avril 1928 son succès semble moins net : 6.881 voix sur 11.635 suffrages exprimés. Au reste, Juigné paraît moins assidu à la Chambre, comme s'il se résignait à ne pas obtenir du pouvoir qu'il se montrât plus ferme à l'endroit des Allemands. Le résultat est qu'au renouvellement de 1932, non seulement il lui faut attendre le second tour, mais il ne sort que de justesse.
Dès lors, Juigné qui se voit d'ailleurs sollicité par toutes sortes d'activités - homme de cheval depuis toujours, il sera président de la Société hippique française - a arrêté sa décision d'être du Sénat à la première occasion. Celle-ci tombe le 29 novembre 1936 et il fut élu on ne peut mieux : 737 voix sur 993 votants.
Il fut un sénateur discret, réservant le principal de ses soins à la commission de l'armée. Sa seule intervention marquante fut une question écrite au ministre de la Défense nationale sur les services retenus pour les propositions de la Légion d'honneur.
En 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Il était chevalier de la Légion d'honneur.
Né le 16 février 1874 à Paris
Décédé le 12 février 1951 à Juigné (Sarthe)
Député de la Loire-Inférieure de 1906 à 1936
Sénateur de la Loire-Inférieure de 1936 à 1941
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome VI, p. 2045)
Pendant l'occupation, Jacques de Juigné conserve son mandat de maire de Juigné qu'il exerce depuis plus de 40 ans. Après la guerre, il abandonne ses différents mandats.
Il meurt le 12 février 1951 dans son « fief » de Juigné, à l'âge de 77 ans.