Djillali Kaddari
1914 - 1962
KADDARI (Djillali)
Né le 2 juin 1914 à Frenda (Algérie)
Décédé le 16 février 1962 à Tiaret (Algérie)
Député d’Algérie (Tiaret) de 1958 à 1962
Djillali Kaddari est né le 2 juin 1914 à Frenda, commune de l’agglomération de Tiaret, en Algérie. Il fréquente l’école indigène de Tiaret, puis l’école franco-musulmane de Tlemcen. Mais c’est à Tiaret qu’il revient avant la guerre pour exercer, dans les services civils de cette ville, les fonctions de chef de service de l’interprétariat. Le 3 août 1937, il épouse Fatma Bouziri, alors âgée de 16 ans. Elle lui donnera onze enfants.
On sait peu de choses sur l’engagement politique de Djillali Kaddari avant 1958. Sa profession de foi publiée à l’occasion des élections de novembre 1958 en Algérie précise ses idées : ferme partisan de l’« Algérie française », il plaide avec ardeur pour une politique de modernisation économique de son pays qui lui permettrait d’échapper à son « sous-développement ».
Maire de la ville de Tiaret de 1958 à 1962, il est élu député de la 12e circonscription d’Algérie le 30 novembre 1958. Cette élection n’est pas difficile : une liste unique d’« Union pour la défense de l’Algérie française » est présentée aux 172 957 électeurs inscrits. Xavier Salado et Berrezoug Saidi, qui figurent à ses côtés, sont donc élus ensemble par 129 795 voix, sur 132 977 votants. 2 792 bulletins blancs sont relevés. Par la suite, Djillali Kaddari est élu membre du Sénat de la Communauté le 8 juillet 1959, puis président du Conseil général de la région de Tiaret en 1961.
Proclamé élu le 3 décembre 1958, Djillali Kaddari siège d’abord avec le groupe des Elus Algérie-Sahara (EAS), formation administrative des députés d’Algérie. Il demeure dans cette formation lorsque celle-ci se rebaptise Unité de la République en juillet 1959, puis Rassemblement national pour l’Unité de la République (RNUR) le 29 juin 1960.
Djillali Kaddari est membre de la Commission de la production et des échanges du 27 janvier 1959 au 30 juin 1960, puis du 27 avril 1961 à sa mort en février 1962. Il est également membre de la Commission des lois pendant un bref moment (6-11 octobre 1960). Il est enfin nommé le 20 octobre 1959 membre de la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi portant séparation du culte musulman et de l’Etat, aux côtés d’autres députés d’Algérie comme Ali Mallem. Cette proposition de loi avait été déposée par le député Mustapha Chelha le 22 juillet 1959.
En tant que membre de la Commission de la production et des échanges, il dépose également un rapport sur le projet de loi de suspension provisoire de la perception du droit de douane sur certains fruits et légumes secs en provenance d’Algérie le 23 juillet 1959. Il prend également part à la discussion sur la loi de programme d’équipement agricole le 24 juin 1959 : il déplore en particulier que l’Algérie soit largement mise à l’écart de ce plan d’équipement, et réclame l’application égale des lois à la métropole et à l’outre-mer. Le 25 novembre 1959, il prend également part à la discussion fixant les crédits des services civils en Algérie pour 1960 : il propose alors le regroupement du budget national de la métropole et de l’Algérie dans un document unique. Enfin, lors de la discussion du vote des pleins pouvoirs au gouvernement Michel Debré le 2 février 1960, qu’il approuve d’ailleurs, il rend hommage aux victimes en Algérie et rappelle l’attachement de la masse des Algériens à la personne du général de Gaulle. Il souligne de même la nécessité de travailler à la « francisation de l’Algérie », pour laquelle il plaide constamment pendant son mandat. Le 7 décembre 1960, lors de la discussion de la déclaration du Premier Ministre Michel Debré sur l’Algérie, il déplore là encore l’obstruction de certains fonctionnaires à l’application de la politique gaulliste.
Ses votes à la Chambre confirment cette fidélité. Certes, il ne prend pas part aux votes du 15 octobre 1959 sur l’approbation de la politique générale de Michel Debré, ni sur la modification de l’article XII de la Constitution le 11 mai 1960. Mais il vote pour le programme du gouvernement le 16 janvier 1959, pour le règlement définitif de l’Assemblée nationale le 3 juin 1959, pour le projet de loi sur l’enseignement privé le 23 décembre 1959 et, comme on l’a dit, pour les pleins pouvoirs au gouvernement Debré le 2 février 1960.
On a parfois dit que les députés d’Algérie étaient des « béni oui-oui », pour moquer leur soumission prétendue à la politique algérienne du général de Gaulle. Cette fidélité politique et idéologique, cependant, pouvait comporter de très grands risques. Le FLN avait en effet menacé de mort un nombre considérable d’élus locaux algériens, accusés de collaboration avec l’occupant colonial. Djillali Kaddari était de ceux-là. Il est assassiné le 16 février 1962 à Tiaret, victime de sa foi en une Algérie « francisée ». A la Chambre, il est remplacé par Abdelkader Benazzedine, dont le mandat devait s’achever au début de juillet 1962, comme pour tous les autres députés musulmans d’Algérie.