Pierre Kédinger
1921 - 1994
KÉDINGER Pierre
Né le 27 mars 1921 à Sierck-les-Bains (Moselle)
Décédé le 2 décembre 1994 à Longeville-lès-Metz (Moselle)
Député de Moselle de 1968 à 1978
Issu d’une vieille famille du terroir mosellan exploitant des vignobles, Pierre Kédinger suit sa scolarité au collège Sainte-Marie de sa ville natal, puis des études de droit à la faculté de Poitiers où il obtient sa licence. La Seconde guerre mondiale vient bouleverser son parcours : il est engagé volontaire dans les Forces Françaises Combattantes de janvier 1941 à septembre 1942, avant d’être arrêté par la Gestapo (septembre 1942-février 1943) puis déporté jusqu’en juin 1945. De retour en France, il s’inscrit au barreau de Metz et exerce la profession d’avocat pendant quarante-deux ans.
Sa carrière politique débute en 1968, lorsqu’il est candidat de l’Union pour la défense de la République dans la deuxième circonscription de Moselle, répondant comme il l’indique dans sa circulaire, à une « demande pressante de [ses] amis politiques. » Il voit dans le général de Gaulle « la seule personne capable de redonner la paix civique au pays ». Pierre Kédinger affronte trois autres candidats : le député sortant, candidat du MRP, Joseph Schaff, le candidat socialiste Maurice Weisberg et le candidat communiste Gabriel Naumer. Le candidat gaulliste se place en tête à l’issue du premier tour avec 42,4% des voix, suivi de près par Joseph Schaff (39,6%). Les deux candidats de gauche recueillent moins de 10% des voix chacun et ne sont pas qualifiés pour le second tour. Dans le duel qui l’oppose au candidat du MRP, Pierre Kédinger conserve son avantage et est élu avec 53,9% des suffrages.
Lorsqu’il s’installe dans sa nouvelle fonction, le député de Moselle rejoint le groupe d’Union des Démocrates pour la République et est nommé membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il dépose au nom de cette dernière un rapport sur la proposition de loi relative à l’étendue de l’action récursoire des caisses de sécurité sociale en cas d’accident occasionné à un assuré social par un tiers, le 30 novembre 1972. Il est également membre suppléant de deux commissions mixtes paritaires en charge d’une proposition de loi sur le régime des pensions de vieillesse le 17 décembre 1971 et sur la situation des familles le 18 décembre 1971. Au cours de son mandat, le député de Moselle prend la parole à huit reprises dans l’hémicycle, notamment à l’occasion de l’examen des projets de loi de finances. Ainsi, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1970, il expose le problème du calcul de l’impôt direct (29 octobre 1969), soutient la préscolarisation des jeunes enfants en donnant en exemple sa terre d’élection (12 novembre 1969) et enfin, sur les questions agricoles, défend l’instauration d’une taxe sur les produits issus de la trituration des graisses et des produits oléagineux (18 novembre 1969). Il s’intéresse également à deux reprises au sort des anciens combattants, notamment les incorporés de force d’Alsace et de Moselle (26 octobre 1970, discussion du projet de loi de finances pour 1971). Il évoque également le problème de l’emploi et de la reconversion industrielle en Lorraine à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances pour 1972, le 5 novembre 1971.
Le député témoigne de son soutien à l’exécutif en votant les grandes lois de cette législature : les politiques générales des gouvernements Chaban-Delmas les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972, la loi d’orientation de l’enseignement supérieur en octobre 1968, la loi relative à l’exercice du droit syndical dans les entreprises en décembre 1968, le renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens en mai 1970, ainsi que la création des régions le 27 avril 1972.
En 1973, le député sortant est candidat au renouvellement de son mandat. Dans le contexte de l’Union de la gauche, il met en garde contre le risque d’une société « étatique et totalitaire » menant « à la misère et à la ruine » et voit dans l’Union des Républicains de progrès, soutenant le président de la République, « la seule force politique libérale cohérente ».
Dans une compétition très ouverte – pas moins de neuf candidats sont en lice –, Pierre Kédinger arrive en tête d’une poignée de voix au soir du premier tour : il réunit 27% des suffrages, contre 26,2% à Joseph Schaff, candidat deu Centre Démocratie et Progrès. Le candidat socialiste Emile Reiland obtient un score de 16% tandis que Jean Walgenwitz, autre candidat centriste, de tendance Mouvement réformateur, obtient 14,7% des voix. Les autres candidats, notamment communiste, réunissent moins de 10% des voix chacun. Au second tour, en vertu de l’Union de la gauche, seul le candidat socialiste se maintient, ainsi que les deux candidats centristes : Pierre Kédinger est néanmoins réélu avec 39,2% des voix, distançant largement le candidat socialiste Emile Reiland, qui recueille 28,5% des suffrages.
Retrouvant le chemin du Palais-Bourbon, le député de Moselle s’inscrit au groupe UDR. Il participe à différentes commissions au cours de son second mandat : celle des Affaires étrangères (1973-1974), celle des lois (1974-1975), puis celle de la Défense nationale (1976-1977). Ancien « malgré-nous », il dépose à deux reprises une proposition de loi visant à reconnaître les services accomplis par les Français dans les armées non-françaises durant la Seconde guerre mondiale (26 mai 1976, 13 avril 1977). Pierre Kédinger prend la parole à six reprises en séance publique, notamment pour demander le rétablissement d’un tribunal administratif à Metz (question orale du 14 mai 1976) ou encore pour poser la question du paiement des dommages de guerre dus par l’Allemagne à la France, qui concerne tout particulièrement sa région d’élection (discussion du projet de loi de finances pour 1975, 6 novembre 1974).
Le député soutient globalement l’exécutif lors des scrutins d’importance nationale. Il se prononce en faveur des réformes constitutionnelles portées par Pompidou (réduction du mandat présidentiel à 5 ans le 16 octobre 1973) ou par Valéry Giscard d’Estaing (extension de la saisine du Conseil constitutionnel le 10 octobre 1974 ; élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977). Par ailleurs, il soutient les déclarations de politique générale des Premiers ministres Pierre Messmer le 12 avril 1973 et Jacques Chirac le 6 juin 1974. En revanche, il s’abstient volontairement lors de la déclaration de politique générale de Raymond Barre le 28 avril 1977. Dans le domaine social, s’il soutient la création du divorce par consentement mutuel le 4 juin 1975, il s’oppose à la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974.
A la suite de ce deuxième mandat, Pierre Kédinger décide de ne pas se représenter : Jean-Louis Masson lui succède à la suite des élections législatives de 1978. Pierre Kédinger s’éteint dans sa région natale le 2 décembre 1994, à l’âge de 73 ans. Il était officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre (1939-1945), Médaillé de la Résistance et de la Reconnaissance française.