Félix Kir

1876 - 1968

Informations générales
  • Né le 22 janvier 1876 à Alise-sainte-reine (Côte-d'Or - France)
  • Décédé le 25 avril 1968 à Dijon (Côte-d'Or - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Côte-d'Or
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Côte-d'Or
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Côte-d'Or
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Côte-d'Or
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Côte-d'Or
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Côte-d'Or
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Côte-d'Or
Groupe
Rassemblement démocratique

Biographies


Né le 22 janvier 1876 à Alise-Sainte-Reine (Côte D’Or)

Décédé le 25 avril 1968 à Dijon (Côte D’Or)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Côte-d’Or)

Député de la Côte-d'Or de 1946 à 1958

Félix Kir est né le 22 janvier 1876 à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or). Il est le dernier fils de Jules Kir, un ancien cheminot devenu barbier. La vocation sacerdotale lui vient à quinze ans ; il entre alors au petit séminaire de Plombières puis rejoint, cinq ans plus tard, le grand séminaire de Dijon. C'est aussi à Dijon qu'il suit, pendant plusieurs années, un cursus à la faculté des lettres.

Félix Kir débute son sacerdoce comme vicaire à Auxonne ; il est ensuite nommé, à l'initiative de l'évêque du diocèse, Mgr Petit de Julleville, sensible à ses talents de conférencier et de journaliste, à l'église Notre-Dame de Dijon et occupe les cures de Bèze et de Nolay. Félix Kir assiste aux incidents qui marquent, à Dijon, la séparation de l'Eglise et de l'Etat ; lors des journées des « inventaires » des 30 janvier et 5 février 1906, il tente d'abord d'empêcher l'entrée des agents de l'enregistrement dans le sanctuaire de Notre-Dame de Dijon, mais adopte par la suite une attitude plus modérée, s'employant même à ramener le calme parmi les manifestants. Son attitude sera pourtant jugée « des plus critiquables » dans le rapport du commissaire central et, quelques temps après, il sera poursuivi pour « délit de messe ». Ces petites altercations avec la police et avec la justice n'ont guère d'importance et n'ébranlent pas les convictions républicaines de Félix Kir ; elles contribuent en revanche à lui faire prendre conscience des possibilités d'action politique qui s'ouvrent à un homme d'église qui prêcherait la concorde.

Combattant de la première guerre mondiale (il est titulaire de la Croix de guerre), Félix Kir rejoint Dijon au lendemain de la démobilisation. Le prêtre en uniforme, barbu et moustachu, est déjà célèbre dans le département pour sa jovialité, sa bonhomie et sa verve redoutable. Il aime, par jeu, à poser en Tartarin : « c'est grâce à moi que la guerre a été gagnée, je ravitaillais une division entière en tabac chaque semaine. Si je flanchais, c'était cuit, car le moral tombait à moins que zéro ».

Le curé de Bèze retrouve son presbytère. Le culte de la patrie devient alors l'un des thèmes récurrents de ses prêches, et il ne fait guère mystère de son opposition déterminée au Cartel des gauches qui se forme à l'occasion des élections législatives de 1924. En 1924, Mgr Petit de Julleville l'appelle à Dijon comme directeur des œuvres d'hommes ; il partage dès lors ses semaines entre l'animation de la Fédération nationale catholique et le marbre du journal Le Bien du Peuple. Dans les colonnes de cet hebdomadaire, Félix Kir manifeste un intérêt particulier pour le monde agricole ; il ne méconnaît pas l'importance de la classe ouvrière, mais se montre toutefois méfiant vis-à-vis des grandes revendications qui porteront le Front populaire au pouvoir, assimilant par exemple la lutte pour les quarante heures hebdomadaires à une « mystique de la paresse ». La tentation de l'engagement politique le taraude déjà : il manifeste discrètement son intention de se présenter aux élections législatives de 1936, mais renonce quand Mgr Petit de Julleville lui oppose son veto.

Favorable aux accords de Munich « rendons grâce à Dieu », écrit-il au lendemain de leur signature, Félix Kir acquiert dans les premiers jours de la débâcle de 1940 une forte popularité auprès de ses concitoyens. Alors que la municipalité socialiste de Dijon fuit devant l'assaut allemand, il intervient pour rassurer la population ; nommé délégué municipal par le préfet, il use de ses pouvoirs pour faciliter l'évasion de nombreux prisonniers. L'aide qu'il apporte à la population et ses activités de résistance à l'ennemi lui valent d'être arrêté par les Allemands le 11 octobre 1940. Deux tribunaux militaires allemands, coup sur coup, le condamnent à mort ; Félix Kir est cependant libéré le 7 décembre 1940 après un supplément d'enquête mené par le professeur Mommsen (petit-fils de l'illustre historien) au cours duquel il a recours à toutes les ruses de la dialectique et de l'humour pour se disculper.

Ces premiers démêlés avec la justice de l'occupant n'empêchent pas Félix Kir de poursuivre ses actions en faveur de la résistance. Accusé d'avoir fait passer des évadés en Angleterre, il est encore arrêté le 22 octobre 1943, mais parvient à nouveau à se disculper. La police allemande, exaspérée, tente alors de se débarrasser de lui : le 26 janvier 1944 dans la soirée, deux individus pénètrent à son domicile ; l'un d'eux l'aperçoit, le vise, tire et le blesse. Félix Kir parvient toutefois à prendre la fuite, et se réfugie pour soigner ses blessures en Haute-Marne. Aux premières heures de la Libération, il prend à pied la route du sud et entre dans Dijon le 11 septembre au matin, au moment même où les premiers blindés français débouchent devant l'Hôtel de Ville. Cette attitude courageuse lui vaudra la croix de la Légion d'honneur à titre militaire.

L'autorité morale que chacun à Dijon lui reconnaît vaut à Félix Kir d'être désigné pour siéger au conseil municipal provisoire ; puis il est porté avec une majorité écrasante à la mairie aux élections d'avril 1945 sur le programme d'urgence « nourrir, vêtir, loger ». La voie du Palais Bourbon s'ouvre alors devant lui : Félix Kir se présente le 21 octobre aux élections pour la première Assemblée nationale constituante dans le département de la Côte-d’Or, à la tête d'une liste dite « indépendante d'union démocratique » ; il marque déjà, pendant cette campagne législative, une nette distance vis-à-vis du grand parti chrétien qui s'est formé sous le nom de Mouvement des républicains populaires (MRP). Le chanoine Kir remporte un considérable succès électoral : sa liste recueille 79 683 voix sur 164 219 suffrages exprimés, alors que la liste du MRP ne recueille que 3 169 voix, la liste communiste, 20 688 voix, et la liste SFIO, 56 754 voix. Les quatre sièges à pourvoir sont donc répartis à part égale entre la liste de la SFIO, avec Jean Bouhey et Claude Guyot, et la liste du chanoine Kir, où le docteur Félix Roclore figure à la deuxième place.

Félix Kir fait donc son entrée, à soixante-dix ans, à l'Assemblée nationale. Il s'inscrit au groupe des Républicains indépendants et siège à la Commission du ravitaillement, à la Commission de l'éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs et à la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression. En quelques semaines, il s'affirme comme l'une des figures les plus hautes en couleur de l'Assemblée nationale. Frondeur, il intervient à de très nombreuses reprises dans les débats. Il prend ainsi part, le 26 décembre 1945, en présence du général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, aux discussions sur le projet de loi portant création du FMI et de la BIRD. En fait, il profite surtout de sa présence à la tribune pour livrer une charge contre la politique financière du gouvernement et la dévaluation du franc. Dans ces occasions, Félix Kir sait se montrer habile : il joue des rires de ses collègues et gagne leur sympathie lorsqu'il se vante, tout en s'avouant « pas financier pour un sou, même un sou dévalué », d'être « le seul à lire les statistiques douanières » de la Côte-d’Or

Une figure parlementaire est née.

À plusieurs dizaines de reprises au cours des quelques mois durant lesquels siège l'Assemblée constituante, Félix Kir interrompt l'orateur. Mieux que tout autre, il sait le déstabiliser d'une pique ou le tourner en ridicule d'un bon mot. Cette propension, plaisante peut-être mais à la longue fâcheuse, lui vaut un jour un rappel à l'ordre, d'ailleurs peu sévère, du président de l'Assemblée, Vincent Auriol : « M. le chanoine, rassemblez maintenant toutes vos interruptions et vous nous ferez tout à l'heure un discours ». Tonitruant dans les débats, Félix Kir est plus discret lorsqu'il s'agit de déposer des textes ; son activité en la matière se résume au dépôt, le 19 mars 1946, d'un rapport au nom de la Commission de l'éducation nationale et des beaux-arts sur le projet de loi qui institue l'Ordre des géomètres-experts.

Le rejet du projet constitutionnel par les Français, auquel le chanoine Kir s'est d'ailleurs associé, provoque en juin 1946 des élections pour une seconde Assemblée nationale constituante. Candidat au renouvellement de son mandat à la tête d'une liste de Républicains indépendants, Félix Kir recueille 91 923 voix sur 167 006 suffrages exprimés. Ce second succès électoral, encore plus considérable que le premier, assure l'élection des candidats placés en deuxième et en troisième position sur sa liste, Marcel Roclore et Albert Lalle ; le dernier des quatre sièges à pourvoir échoit au député socialiste sortant, Jean Bouhey.

Félix Kir retrouve la Commission de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports et la Commission du ravitaillement. Au nom de celle-ci, il dépose trois rapports sur l'organisation administrative du ravitaillement en France. Il vote contre la nationalisation du crédit (2 décembre 1945), contre le projet de Constitution qui sera rejeté par le référendum du 5 mai 1946 (19 avril 1946) et contre le second projet de Constitution (28 septembre 1946).

Félix Kir se porte de nouveau candidat à la députation lors des élections législatives du 10 novembre 1946. Des cinq sièges à pourvoir cette fois, la liste du chanoine Kir, avec 84 887 voix sur 160 591 suffrages exprimés, soit plus de la majorité absolue, en emporte trois. Les deux autres élus sont le socialiste Jean Bouhey et le directeur de cabinet de Maurice Thorez, Pierre Meunier.

Félix Kir retrouve, en qualité de secrétaire, les rangs de la Commission de l'éducation nationale (1946, 1948, 1950, 1951) et de la Commission du ravitaillement (1948, 1949). Il siège aussi à la Commission du travail et de la sécurité sociale (1950, 1951) et, comme juré, à la Haute cour de justice.

Durant ces années où le statut des établissements d'enseignement privé suscite de violents affrontements parlementaires, le chanoine Kir adopte sur la question scolaire une position plutôt nuancée : évidemment favorable à « l'enseignement libre », il se montre toutefois soucieux de ne pas provoquer de polémiques, allant jusqu'à se désigner lui-même comme un « enfant de la laïque ». Félix Kir s'embarrasse moins de nuances sur la question algérienne : s'il considère que l'Algérie doit demeurer intégrée à la France, il juge excessif le nombre de Nord-Africains résidant en France : « Mieux vaut qu'ils restent chez eux où ils ne manquent ni de soleil, ni de vitamines fournies par les fruits. Et puis ces pays sont bien loin de souffrir d'un excédent de population. Il y a là-bas des superficies immenses qui sont encore inoccupées ». Félix Kir s'attache aussi à promouvoir la place de l'héritage gaulois dans la mémoire nationale, avec le dépôt, le 9 mars 1949, d'une proposition de résolution « tendant à inviter le gouvernement à associer la Nation tout entière aux manifestations et cérémonies qui doivent commémorer le bimillénaire de la bataille d'Alésia ».

Au cours de la législature, Félix Kir se prononce contre la nationalisation des écoles des houillères, le 15 mai 1948, mais approuve le statut de l'Algérie le 27 août 1947, la création du Conseil de l'Europe, le 9 juillet 1949 et la loi électorale du 7 mai 1951 instituant le scrutin majoritaire départemental avec apparentement.

Félix Kir ne bénéficie plus, lors des élections législatives du 17 juin 1951, du soutien des Indépendants de Côte-d’Or, ses anciens colistiers ayant conclu un apparentement avec la liste du RPF conduite par le général Pierre Billotte. Refusant le siège au Conseil de la République qu'on lui promet en échange de son retrait de la compétition électorale, il décide de poser une nouvelle fois sa candidature à la tête d'une liste de « concentration républicaine » qui compte un radical-socialiste en deuxième position et un MRP en troisième position. Les listes apparentées n'obtenant pas la majorité absolue, les cinq sièges sont cette fois répartis entre les cinq listes. Félix Kir, dont la campagne est axée sur le refus simultané du gaullisme et du communisme (« ni aventure, ni dictature »), recueille sur son nom propre 32 579 des 156 694 suffrages exprimés, soit nettement plus que les 27 111 voix obtenues par la liste. Le chanoine Kir, en prouvant qu'il restait l'un des acteurs majeurs sur la scène politique de Côte-d’Or, a gagné son pari.

Il retrouve la Commission de l'éducation nationale (1951, 1953, 1954, 1955) dont il demeure secrétaire et se fait nommer à la Commission des pensions (1955). Il est aussi désigné par la Commission de l'éducation nationale pour représenter l'Assemblée nationale au sein de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages.

Félix Kir dépose fort peu de textes - trois en tout, dont l'un est un avis donné au nom de la Commission de l'éducation nationale sur le projet de loi relatif à la protection du titre d’œnologue ; à coup sûr l'avis d'un expert puisque c'est du nom du député de la Côte-d’Or qu'on rebaptise un des apéritifs les plus populaires en France : le Kir, vin blanc de Bourgogne sur crème de cassis de Dijon. Le chanoine Kir intervient en revanche à de très nombreuses reprises et sur les sujets les plus variés.

Félix Kir se prononce naturellement en faveur des lois scolaires du 21 septembre 1951, dites lois André Marie et Charles Barangé, favorables à l'enseignement privé. Le 13 décembre, il vote pour la ratification du traité de Paris instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier et se prononce, le 6 mars 1952, pour l'investiture d'Antoine Pinay comme président du Conseil. Le 26 juin 1953, Félix Kir vote la confiance à Joseph Laniel puis, le 27 octobre, l'adoption de l'ordre du jour gouvernemental à la suite du débat sur la situation en Indochine. Le 13 mai 1954, après Diên-Biên-Phû, il vote la confiance au gouvernement Laniel puis s'abstient volontairement lors du scrutin d'investiture de Pierre Mendès France (17 juin), ainsi que sur les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Enfin, le 30 août 1954, Félix Kir refuse la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la ratification du traité sur la Communauté européenne de défense et, le 18 décembre suivant, la confiance au gouvernement sur sa politique en Algérie. Il refuse enfin, le 4 février 1955, la confiance à Pierre Mendès France lors du scrutin sur la situation en Afrique du Nord, scrutin à la suite duquel le gouvernement est renversé. Le 23 février, il se prononce pour l'investiture d'Edgar Faure et, le 31 mars, pour l'état d'urgence en Algérie. Enfin, le 29 novembre, Félix Kir accorde sa confiance au gouvernement Edgar Faure sur la date des élections et le maintien du mode de scrutin mais le cabinet est renversé. Le 2 décembre 1955, l'Assemblée nationale est dissoute et Félix Kir revient un mois plus tard devant les électeurs.

Toujours pragmatique, et adepte d'alliances locales à géométrie variable, Félix Kir retrouve l'appui officiel du Centre national des indépendants, et décide de conclure un apparentement avec la liste d'Union des indépendants d'action démocratique et paysanne conduite par son ancien adversaire gaulliste, le député sortant Pierre Billotte. Ce dernier n'est pas réélu mais la liste de Félix Kir remporte, avec 63 383 voix sur 169 836 suffrages exprimés, trois sièges : le sortant Albert Lalle est réélu et Marcel Roclore retrouve l'Assemblée dont il était absent depuis cinq ans. Deux autres députés sortants, le communiste Pierre Meunier et le socialiste Jean Bouhey, sont réélus.

Félix Kir retrouve la Commission de l'éducation nationale et la Commission des pensions. Son activité parlementaire se limite à quelques interventions au cours desquelles il prend position, successivement pour l'augmentation des crédits budgétaires alloués aux Beaux-Arts (14 juin et 27 novembre 1956), pour la construction d'un tunnel sous le Mont-Blanc (24 janvier 1957), pour l'accroissement des moyens budgétaires des communes urbaines qui s'étendent rapidement avec l'exode rural (10 juillet 1957) et pour l'action du gouvernement en Algérie (12 novembre 1957).

Félix Kir vote le 26 octobre 1956 la confiance au gouvernement Mollet mais s'abstient volontairement lors du vote de confiance à Maurice Bourgès-Maunoury, le 12 juin 1957. Le 2 juillet suivant, il se prononce pour le plan de développement de l'énergie atomique puis, le 9, pour la ratification des traités instituant la CEE et l'Euratom. Le 30 septembre, Félix Kir vote pour le projet de loi-cadre sur l'Algérie, scrutin entraînant la chute du cabinet Bourgès-Maunoury. Il vote la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958) et pour l'état d'urgence (16 mai). Le cabinet Pflimlin présente sa démission dès le 25 mai ; Félix Kir oublie les philippiques antigaullistes dont il n'avait pourtant pas été avare et vote le 27 mai la proposition de résolution tendant à la révision constitutionnelle ; la démission du gouvernement ayant été acceptée le 31 mai, il se prononce pour la confiance au général de Gaulle (1er juin) puis pour les pleins pouvoirs et la nouvelle rédaction de l'article 90 de la Constitution.

Félix Kir sera réélu aux deux premières législatures de la Ve République. Il se représentera en 1967 mais n'arrivera qu'en quatrième position au premier tour.

Il meurt à 92 ans, le 25 avril 1968, à Dijon. Il était commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de nombreuses décorations étrangères.



KIR (Félix, Adrien)
Né le 22 janvier 1876 à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or)
Décédé le 25 avril 1968 à Dijon (Côte-d’Or)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Côte-d’Or)
Député de la Côte-d’Or de 1946 à 1967

Né à Alise-Sainte-Reine, au pied du plateau d’Alésia, Félix Kir était issu d’une famille populaire. Après avoir suivi des études au petit séminaire de Plomblières-lès-Dijon puis au grand séminaire de Dijon, il devint prêtre. D’abord vicaire de la paroisse d’Auxonne, en Côte-d’Or, il fut ensuite vicaire de Notre-Dame de Dijon, curé de la paroisse de Bèze puis, au début des années vingt, de celle de Nolay. Lors de la séparation des Eglises et de l'Etat, il s’opposa activement aux inventaires (30 janvier et 5 février 1906), avant d’adopter une attitude plus modérée. Il participa à la première guerre mondiale en tant qu’infirmier. Quand le Cartel des gauches triompha au printemps 1924, il fut appelé par l’évêque de Dijon pour prendre la direction des œuvres diocésaines. Chanoine attaché au chapitre de Dijon, bon orateur et doué d’un vrai talent de plume, il adhéra à la Fédération nationale catholique du général de Castelnau et devint rédacteur en chef du Bien du peuple, l’hebdomadaire catholique de Côte-d’Or. Ses fonctions lui donnèrent l’occasion de s’intéresser de près à la vie politique nationale. Décidé à se présenter aux élections législatives du printemps 1936 contre le Front populaire, il y renonça finalement devant le refus de son évêque.

La défaite de 1940 lui offrit l’occasion d’entrer en politique. La municipalité socialiste de Dijon ayant fui devant l’avance ennemie, Félix Kir, demeuré dans sa ville, se mit au service de ses concitoyens. Le préfet le nomma bientôt délégué municipal. Avec une étonnante énergie, il s’activa pour aider des prisonniers à s’évader et pour régler les mille problèmes de la vie quotidienne des Dijonnais. A l’automne 1940, il fut arrêté par les Allemands. Il échappa de justesse à la condamnation à mort en décembre. N’ayant pas renoncé à ses activités anti-allemandes, il fut à nouveau arrêté en octobre 1943, mais échappa encore une fois aux poursuites. En janvier 1944, deux miliciens tentèrent de l’assassiner. Grièvement blessé, il parvint à se réfugier en Haute-Marne. Au prix d’un effort peu commun, il rejoignit Dijon à pied en septembre, entrant dans la ville le jour même de sa libération. Le Comité local de Libération le nomma dans la délégation municipale. A ce poste, il reprit son action d’aide à ses concitoyens, mais avec le souci constant de s’opposer aux partis de gauche, PCF et plus encore SFIO, alors maîtresse des pouvoirs publics en Côte-d’Or.

À partir du printemps 1945, le chanoine devint le personnage charismatique autour duquel les droites dijonnaises se réorganisèrent, efficacement appuyées par le quotidien Le Bien public, propriété du baron Thénard – marié à une Anglaise, les occupants avaient, dès l’été 1940, interdit son journal. De façon tout à fait exceptionnelle en France, les modérés de la Côte-d’Or réussirent à mettre sur pied une structure politique particulièrement efficace, sans que le MRP ne jouât de rôle. Les victoires des droites unies se succédèrent en 1945 et 1946 : élections municipales de mars-avril 1945 (Félix Kir devint maire de Dijon), cantonales de septembre, législatives d’octobre. Le maire de Dijon fut élu député et s’inscrivit au petit groupe des Républicains Indépendants (RI). En novembre 1946, trois listes seulement s’affrontèrent : une liste, soutenue par le PCF et menée par le radical « progressiste » Pierre Meunier, une liste socialiste conduite par Jean Bouhey, et la « liste des républicains indépendants » qui recueillit, cas unique en France, la majorité absolue des suffrages. Les trois élus de juin – Félix Kir, Marcel Roclore et Albert Lalle – retrouvèrent leurs sièges.

La victoire des modérés avait été rendue possible par la mise en œuvre d’une stratégie politique spécifique, consistant à unir, hors du MRP et contre le tripartisme, toutes les forces antimarxistes. La scission précoce du parti radical de la Côte-d’Or entre « progressistes », derrière Pierre Meunier, et partisans de l’alliance étroite avec les modérés, derrière Roger Duchet, réélu triomphalement maire et conseiller général de Beaune en 1945, accéléra le processus de recomposition politique. Par bien des aspects, l’expérience menée en Côte-d’Or autour de Félix Kir et du Bien public servit de laboratoire à la création, à l’automne 1948, du Centre national des indépendants et paysans. Roger Duchet, secrétaire général du nouveau parti et sénateur (RI) depuis décembre 1946, put d’autant mieux se consacrer à ses tâches nationales qu’il connaissait l’enracinement local de ses partisans derrière le député-maire de Dijon.

Le lancement du RPF au printemps 1947 compliqua toutefois les choses. Les indépendants étaient divisés quant à la place à réserver à cette nouvelle formation. Le baron Thénard, très attaché à l’union sans faille des antimarxistes, était favorable à une alliance de tous derrière Charles de Gaulle. Mais Roger Duchet, soutenu par Félix Kir, souhaitait maintenir les gaullistes dans une position seconde. Les élections municipales d’octobre 1947, sénatoriales de novembre 1948 et cantonales de mars 1949 virent les RI conserver leur prééminence à droite. Mais les élections législatives de juin 1951 relancèrent les débats. Le RPF avait décidé de présenter en Côte-d’Or une liste dirigée par le général Pierre Billotte. Les indépendants présentèrent eux aussi une liste. Un apparentement fut conclu. Mais le chanoine Kir refusa le compromis. A son antigaullisme fondamental s’ajoutait son ressentiment personnel contre Pierre Billotte, prototype, à ses yeux, du « parachuté » depuis Paris. Edmond Michelet, député de la Corrèze, était venu soutenir le candidat gaulliste à Dijon. En riposte, Félix Kir n’hésita pas à écrire, le 5 février 1951, une lettre circulaire à tous les curés de Corrèze où il reprochait à Edmond Michelet son appui à un homme « divorcé deux fois, marié à une riche juive américaine, (…) franc-maçon et évidemment anticlérical ». A la grande fureur du baron Thénard et de nombre de notables indépendants du département (mais pas vraiment de Roger Duchet), le député-maire de Dijon forma une liste « de concentration républicaine », dissidente des RI et non apparentée. Le succès personnel de Félix Kir fut indéniable, empêchant les deux listes apparentées d’obtenir la majorité absolue des suffrages. Mais il revint bien vite au bercail modéré en adhérant à nouveau au groupe des RI.

Ce fut pour mieux contrôler les relations entre notables modérés, et échapper à l’influence du baron Thénard, que Roger Duchet mit sur pied en novembre 1952, en pleine « expérience Pinay » et avec l’accord de Félix Kir, un Centre départemental des indépendants et paysans. Puissamment organisé, il poussait ses ramifications dans toutes les communes du département mais Dijon disposait du quart des sièges au conseil départemental. Félix Kir accéda à la vice-présidence du conseil général la même année. En 1953, il fut triomphalement réélu maire de Dijon. En janvier 1956, il conduisit la liste investie par le CNIP (« Union des républicains indépendants et des paysans »), apparentée à celle de Pierre Billotte (« Union des indépendants d’action démocratique et paysanne »). Celui-ci, exclu du RPF après son vote de mars 1952 en faveur d’Antoine Pinay, membre du groupe IARS qui avait officiellement rallié le CNIP depuis 1954, était localement toujours tenu en lisière par le maire de Dijon. D’où l’invention par le secrétaire général du CNIP d’un double jeu d’investiture. Pierre Billotte, avec 7,4% des suffrages exprimés, ne fut pas réélu tandis que la liste de Félix Kir eut trois élus.

Au printemps 1958, Félix Kir, comme ses deux collègues de la Côte-d’Or, Albert Lalle et Marcel Roclore, ne vota pas contre le gouvernement de Félix Gaillard le 15 avril puis, le 13 mai, vota l’investiture de Pierre Pflimlin. Toutefois, à partir du 26 mai, il se rallia à la stratégie des dirigeants de son parti, Roger Duchet et Antoine Pinay. Le 1er juin, il vota l’investiture de Charles de Gaulle. En novembre 1958, les indépendants de Côte-d’Or remportèrent un indéniable triomphe, rappelant celui de novembre 1946. Ils conquirent les quatre circonscriptions de département. Dans la 1ère circonscription, Félix Kir affronta deux candidats de gauche – Marcel Caignol, PCF, 6 055 voix ; Eugène Marlot, SFIO, 5 759 voix – et trois candidats de droite – Jean Michelin, UNR, sénateur du Moyen-Congo, 4 477 voix ; Paul Loquin, divers droite, 2 916 voix ; Pierre Moreau, gaulliste sans investiture nationale, 6 578 voix. Avec 19 892 suffrages (32 % des inscrits), Félix Kir était largement en tête. Au second tour, il fut élu avec 24 323 voix contre 10 595 à Pierre Moreau et 7 025 à Marcel Caignol.

Il s’inscrivit à nouveau au groupe des IPAS (Indépendants paysans d’Action sociale), présidé par Antoine Pinay puis, dès janvier 1959, par Henry Bergasse. En tant que doyen d’âge, il présida la séance du 9 décembre 1958 qui vit l’élection au « perchoir » de Jacques Chaban-Delmas face à Paul Reynaud, présenté par le CNIP. Il fut élu à la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales le 27 janvier 1959. Il y resta jusqu’en 1962 mais ne présenta en son nom qu’un seul rapport (n° 1721, 17 mai 1962), concernant les taux d’abattements dans les zones de salaires. Le 29 juin, il fut désigné membre de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages. Ses interventions à la tribune eurent tendance à décroître au fil des années de la législature. Effet de la crise grandissante de son parti plus que de l’âge. En 1959 : loi de finance rectificative (18 juin), promotion sociale (1er juillet), constructions scolaires (2), Français au Maroc (21), budget d’équipement national (23), déclaration de Michel Debré (14 octobre ; il regretta le déclin de l’activité du Parlement), réforme fiscale (28 octobre, 9 décembre), budget de 1960 (12, 20, 21, 22, 23 novembre), hypothèques en Algérie (16 décembre), « loi Debré » sur l’école privée (23). En 1960 : enseignement agricole (7 juin), accords avec le Mali (6 juillet), investissements agricoles (11), crédits des services civils algériens (18), armement nucléaire (19 octobre ; propos nettement hostiles), budget de 1961 (26). En 1961 : recherche scientifique (3 mai), équipement sportif (17), droits de douanes dans la CEE (25 juin), déclaration de politique économique et sociale du gouvernement (4 octobre), budget de 1962 (26 octobre, 6 novembre). En 1962 : droit de préemption dans les ZUP et les ZAD (16 mai), HLM (16 juin), déclaration du gouvernement sur la politique étrangère (13 juin ; il regretta que la politique européenne fût si peu audacieuse), motion de censure sur la politique nucléaire (16 juillet ; il vota la censure).

Félix Kir fut amené à prendre position dans la crise qui secoua le CNIP à partir de l’automne 1959, quand Roger Duchet, secrétaire général, joua la carte de la défense jusqu’au-boutiste de l’Algérie française, espérant provoquer une scission de l’UNR derrière Jacques Soustelle. Dans sa ville, où il avait encore été brillamment réélu maire en mars 1959, comme à la tribune du Palais-Bourbon, il disait volontiers que la guerre devait cesser rapidement, tenant des propos de type « cartiéristes ». Les choses étaient en réalité plus complexes : son opposition au FLN était absolue. Au conseil national qui suivit la « Semaine des barricades », il soutint la direction à qui Paul Reynaud reprochait sa sympathie pour les insurgés. Au 4ème congrès du parti (30 novembre - 2 décembre 1960), il suivit encore la direction qui refusait le principe du référendum sur l’autodétermination. Comme Roger Duchet, mais contrairement à tous ses autres collègues parlementaires de la Côte-d’Or, il n’appela pas à voter « oui » le 8 janvier 1961. Il refusa de faire voter une motion de soutien au chef de l’Etat lors du « putsch des généraux » : il condamnait les putschistes mais ne voulait pas qu’ils fussent juger car le pouvoir était à ses yeux responsable de la situation, ayant renié ses promesses de 1958. Le 8 avril 1962, comme 13 autres des 37 membres du comité directeur du Centre départemental des indépendants et paysans de Côte-d’Or, il appela à s’abstenir sur la ratification des Accords d’Evian. En septembre 1962, il combattit, toujours par antigaullisme, la candidature de Marcel Roclore, soutenu par l’UNR, qui voulait empêcher la réélection de Roger Duchet au Sénat. Curieuse entente entre deux hommes que tout séparait ! Tandis que le sénateur-maire de Beaune était un incroyant notoire et un homme aux vues politiques larges, le député-maire de Dijon était un ecclésiastique (certes atypique) avant tout préoccupé de son image locale : il reçut publiquement, au grand dam de ses amis politiques, Nikita Khrouchtchev en visite officielle en France ; il aimait faire la circulation lui-même dans sa ville avec un bâton blanc, se faisait peser sur une grande balance à fléau avec son poids de moutarde ou posait devant les photographes avec des skis. Sa popularité était si forte qu’il survécut au désastre électoral du CNIP à l’automne 1962.

Candidat dans la 1ère circonscription, il affronta cette fois-ci un candidat gaulliste d’envergure. Au premier tour, Marcel Caignol (PCF) recueillit 6 361 voix, Xavier Peretti (SFIO), 5 205 voix, René Dumas (MRP), 1 628 voix, Robert Poujade (UNR), 12 554 voix, tandis que Félix Kir – son suppléant était André Bourland, administrateur de sociétés, adjoint au maire – en obtenait 13 229, soit près d’un tiers de moins qu’en 1958. Mais les trois candidats non gaullistes se retirèrent et au second tour, il emporta le duel qui l’opposait au candidat gaulliste avec 20 958 voix contre 17 511 : à l’évidence, des voix de gauche, y compris communistes, s’étaient reportées sur son nom. Investi par le CNIP, il n’en refusa pas moins ensuite de suivre la consigne de son parti – s’inscrire au groupe du Centre démocratique – et s’apparenta au groupe du Rassemblement démocratique.
Doyen d’âge, il prononça un étonnant discours d’ouverture lors de la première séance de la nouvelle assemblée, le 6 décembre 1962. Il rendit hommage à René Coty, ancien président de la République, co-fondateur du CNIP ; il insista sur la nécessité de construire une démocratie sociale (retraite à 60 ans, hausse des salaires, etc.), appela à la suppression de la force de frappe et des manœuvres militaires, à la réduction du temps de service et à la multiplication des jumelages de villes. Retrouvant sa place à la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales, il intervint nettement moins souvent que pendant la législature précédente mais se fit encore remarqué à plusieurs reprises par ses propos pacifistes. En 1963 : emprunt d’Etat (8 mai), traité de coopération franco-allemand (13 juin), déclaration du gouvernement sur la politique scolaire (21), budget de 1964 (6 novembre, 10 décembre). En 1964 : garanties contre les calamités agricoles (21 avril), prix agricoles (9 octobre), épuration des eaux (13 ; il cita l’exemple de la ville de Volgograd), budget de 1965 (15), loi de programmation militaire (2 décembre ; il prit fortement parti contre les armes nucléaires). En 1965 : motion de censure sur la déclaration de politique générale du gouvernement (20 avril), service militaire (25 mai), budget de 1966 (7, 19, 21 octobre). En 1966 : budget de 1967 (25 octobre, 2, 3, 8 novembre). Le 25 octobre, alors qu’était discuté le budget des armées, il interrompit à plusieurs reprises les orateurs gaullistes au cri de « A bas la guerre ! ».

En mars 1965, il avait été reconduit à la mairie de Dijon, mais moins aisément que les fois précédentes, l’opposition gaulliste se renforçant beaucoup. Aux élections législatives de mars 1967, sa popularité diminua soudainement, alors que l’affrontement bipolaire droites-gauches s’imposait désormais. Au premier tour, sept candidats s’affrontèrent : Caignol (PCF, 9 133 voix), Fourrier (FGDS, 9 103), Dumas (Centre démocrate, 4 215), Levavasseur (divers droite, 1 739), Jean Veillet (adjoint au maire et président du conseil général depuis le décès de Marcel Roclore, candidat suppléant de Félix Kir en 1958 – sa candidature montrait qu’une époque finissait – 5 249), Kir (CNIP, 6 438 ; il se retira), Poujade (UNR, 14 904). Au second tour, Robert Poujade (26 844 voix) remporta le duel contre Marcel Caignol (20 417 voix). Aux élections cantonales de septembre-octobre 1967, le nouveau député gaulliste devint conseiller du canton de Dijon-Ouest à la place de Félix Kir. Le maire de Dijon décéda quelques mois plus tard, le 25 avril 1968, à 92 ans.

Il était titulaire des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, et de la médaille de la Résistance. Chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire en 1946, il avait été promu officier en 1951 puis commandeur en 1957. Il était aussi commandeur des Ordres de Léopold, Orange-Nassau et Grand ducal du Chêne (Luxembourg), et officier des Ordres de l’Empire britannique, du Mérite de la RFA et de la Guerre nationale-1ère classe de Russie.

Il a publié un ouvrage : Le problème religieux à la portée de tout le monde. L’âme, Dieu, le Christ, Dijon, Imprimerie Thorey en 1950.