Louis-Lucien Klotz
1868 - 1930
Né le 1er janvier 1868 à Paris, mort le 15 juin 1930 à Paris.
Député de la Somme de 1898 à 1925.
Sénateur de la Somme de 1925 à 1928.
Ministre des Finances du 3 novembre 1910 au 2 mars 1911, du 27 juin 1911 au 22 mars 1913 et du 12 septembre 1917 au 20 janvier 1920. Ministre de l'Intérieur du 22 mars au 9 décembre 1913.
Avocat à la cour d'appel de Paris, Louis-Lucien Klotz fut attiré très tôt par le journalisme politique. Il avait à peine 20 ans qu'il rompit des lances avec Barrès au sujet du boulangisme. Entré au Voltaire en 1892, il devait en devenir le rédacteur en chef en 1895, puis le directeur politique.
Candidat aux élections législatives de 1893 dans la Somme, il fut battu par Georges Bon, mais le 23 juin 1895 il devenait conseiller général de Rosières. Moins d'un an après, il manquait de peu le siège de député de Montdidier, lors d'une élection partielle le 19 janvier 1896, par 7.178 voix contre 8.095 à son concurrent Hennard, élu.
Aux élections générales de 1898, il fit campagne pour l'impôt sur le revenu et la retraite des vieux et fut élu avec 8.123 voix, au premier tour.
Il fut dès lors constamment réélu jusqu'en 1924, et ce toujours au premier tour : en 1902, par 9.053 voix contre 6.921 à Hurrel sur 16.167 votants ; en 1906, par 8.068 voix sur 15.681 votants contre 5.594 à Thomas et 1.627 à Rodrigues ; en 1910, par 10.688 voix sur 13.875 votants, 897 voix se portant sur Leclercq, mais 2.294 bulletins étant considérés comme nuls ; en 1914, enfin, par 8.489 voix sur 13.605 votants contre 1.989 à Delaporte et 1.772 à Journé. Le scrutin de liste ayant été rétabli en 1919, Klotz est réélu à la tête de la liste de concentration républicaine, avec 47.283 voix sur 101.572 votants ; en 1924, il est réélu une dernière fois, à la tête de la liste d'action républicaine, avec 47.503 voix sur 116.340 votants.
Député des plus actifs, membre, et bientôt président de la commission des douanes, puis rapporteur général du budget, il fut fréquemment appelé à intervenir, principalement mais non exclusivement, en matière financière, demandant en 1899 une stricte réglementation du travail des femmes et des enfants, en 1900, la création de chambres d'agriculture, la progressivité du droit de succession, la réforme du régime des hypothèques, en 1901, l'adoption du scrutin de liste, en 1904, le rachat des réseaux de chemins de fer de l'Ouest et du Midi. Il vota les lois contre les congressistes.
Appelé à siéger aux conseils du gouvernement à partir de novembre 1910, il fut d'abord ministre des finances du second cabinet Briand, du cabinet Caillaux, du premier cabinet Poincaré, des 3e et 4e cabinets Briand et, en dehors d'une brève interruption de trois mois en 1911, il demeura ainsi à la rue de Rivoli pendant deux ans et demi. Son principal souci fut l'institution de l'impôt sur le revenu, qui ne devait se réaliser qu'en 1914. Mais il faut signaler en outre, à son actif le vote, en 1910, d'un nouveau tarif douanier, en réponse aux mesures protectionnistes prises par les Etats-Unis, et de nombreuses interventions afin de hâter le vote du budget : signé le 28 juin 1910, celui de 1911 ne devait être adopté que le 12 juillet 1911.
Après un court passage place Beauvau en avril et mai 1913, lors de la difficile période des manifestations contre la loi de trois ans, Klotz retrouva son siège de député jusqu'à la fin de 1917.
A la mobilisation, il servit comme chef d'escadron d'artillerie au gouvernement militaire de Paris, puis dirigea le service de la censure au 2e Bureau.
Revenu au Palais Bourbon en novembre 1914, il y présida les commissions du budget et des dommages de guerre. Clemenceau fit de lui son ministre des finances et ne semble pas avoir eu à s'en féliciter puisqu'il devait plus tard le considérer comme « le seul juif qui n'entende rien aux questions d'argent » et même tenir à son sujet des propos dont la verdeur toute militaire renforçait encore le caractère désobligeant. En fait, la politique financière de Klotz se résumait en quelques mots : « Faire payer l'Allemagne » et il ne put que protester vainement quand il constata que l'on ne pourrait tirer du Reich plus de 75 milliards.
Après ses dernières fonctions ministérielles, Klotz siégea encore cinq ans au Palais Bourbon, où il continua à intervenir pour réclamer le paiement des dettes allemandes.
En 1925, il fut élu sénateur et consacra l'essentiel de son activité au Luxembourg, où il siégea sur les bancs de la gauche démocratique, à un important rapport sur l'organisation générale de la nation en temps de guerre, qu'il présenta en séance le 9 février 1928.
Hélas, Klotz, qui avait tant de fois déploré que l'Allemagne ne payât pas ses dettes, crut pouvoir imiter son exemple. Malchanceux en bourse, il signa des chèques sans provision, fut accusé d'escroquerie et dut démissionner de son siège de sénateur le 14 décembre 1928. Condamné à deux ans de prison le 12 juillet 1929, il fut libéré conditionnellement deux mois plus tard et survécut moins d'un an à ces pénibles événements. Il devait mourir à Paris le 15 juin 1930, à l'âge de 62 ans.