Emile Koehl

1921 - 2013

Informations générales
  • Né le 8 mars 1921 à Strasbourg (Bas-Rhin - France)
  • Décédé le 6 janvier 2013 à Strasbourg (Bas-Rhin - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Bas-Rhin
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 2 juillet 1981 au 1er avril 1986
Département
Bas-Rhin
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Bas-Rhin
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IXe législature
Mandat
Du 13 juin 1988 au 1er avril 1993
Département
Bas-Rhin
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

KOEHL (Emile)
Né le 8 mars 1921 à Strasbourg (Bas-Rhin)
Décédé le 6 janvier 2013 à Strasbourg (Bas-Rhin)

Député du Bas-Rhin de 1978 à 1993


Emile Koehl naît en 1921 en Alsace, dans un milieu modeste, de parents ouvriers-tanneurs. Après des études au collège Saint-Etienne à Strasbourg, il s’inscrit à la faculté de droit et obtient une capacité en droit. Incorporé de force dans l’armée allemande pendant deux ans, parmi les « Malgré-nous », il milite à la Libération au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Emile Koehl entame parallèlement une carrière dans la police. Il est agent de police du corps urbain de Strasbourg, puis gravit les différents échelons jusqu’à devenir inspecteur de la police nationale. Par ailleurs, il exerce des responsabilités syndicales de 1947 à 1970 qui le conduisent à prendre la vice-présidence nationale du Syndicat national de la police Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Il quitte par la suite la police pour le secteur immobilier. Après avoir dirigé des constructions sociales, il est vice-président de l’office d’HLM de la communauté urbaine de Strasbourg et devient président-directeur général de plusieurs sociétés immobilières, tout en siégeant au conseil d’administration de la CTS, la Compagnie des Transports Strasbourgeois.

Sa carrière politique débute en 1958, avec la Ve République.  Emile Koehl est choisi comme suppléant par Etienne Lux, élu député Mouvement républicain populaire (MRP) de la troisième circonscription du Bas-Rhin jusqu’en 1967. Il entre au conseil municipal de Strasbourg en 1965 et devient, à partir de 1971, adjoint au maire, chargé des affaires sociales. Il sert alors avec passion sa ville et ses maires, Pierre Pflimlin, puis Marcel Rudloff. En 1968, il est conseiller de la Communauté urbaine de Strasbourg, et, en 1973, Emile Koehl est élu conseiller général du 9e canton de Strasbourg, sous la bannière du Centre démocratie et progrès (CDP). Il conserve ce mandat jusqu’en 1988. Egalement membre du conseil régional d’Alsace à partir de 1976, devenu président du Centre des démocrates sociaux (CDS) de Strasbourg, Emile Koehl dispose d’une solide implantation locale. Fort de celle-ci, il se présente en 1978 dans la première circonscription du Bas-Rhin quand le départ du député sortant René Radius laisse le combat ouvert à droite. Emile Koehl veut défendre les couleurs du Centre des démocrates sociaux. Il se présente comme « un élu qui a fait ses preuves et qui sait agir efficacement. ». Au soir du premier tour, il recueille 11 819 voix et distance ses deux principaux adversaires. Le gaulliste Robert Grossmann obtient 10 503 voix et le socialiste Marc Brunschweiler 8 375 voix. Mieux placé pour défendre la droite, Emile Koehl se retrouve candidat de la majorité au second tour, face au candidat du Parti socialiste (PS), qu’il bat largement, en recueillant 66,2 % des suffrages exprimés.

A l’occasion de son premier mandat parlementaire, Emile Koehl s’inscrit au groupe de l’Union pour la démocratie française (UDF). Il participe d’abord aux travaux de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales avant de rejoindre, en avril 1979, celle des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Nommé représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe, le député alsacien se signale par une grande activité parlementaire. Il dépose, en décembre 1978, une proposition de loi ayant trait au régime de retraite des policiers. Il pose une dizaine de questions orales sans débat. Une grande partie d’entre elles concerne sa région d’origine : l’accession à la propriété en Alsace, la restauration de la cathédrale de Strasbourg, le renforcement des effectifs de police dans cette même ville. Emile Koehl intervient également dans la discussion générale du projet de loi relatif à la pérennisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), pour dénoncer, en novembre 1979, la « débâcle morale » entraînée par la loi « Veil » de 1975, qu’il juge laxiste, et qualifier l’avortement d’« acte de mort ». Il intervient également à plusieurs reprises pour inciter le gouvernement à honorer ses engagements dans le projet de construction d’une nouvelle maison d’arrêt à Strasbourg.

Sauf sur l’IVG, lors des principaux scrutins publics, le député alsacien apporte un soutien constant à l’action gouvernementale. Il vote pour l'augmentation de la quote-part de la France au Fonds monétaire international, le 18 avril 1978, pour la déclaration de politique générale du gouvernement Barre, le 20 avril 1978, pour l’aide aux travailleurs privés d'emploi, le 5 janvier 1979, pour l'aménagement de la fiscalité directe locale, le 18 décembre 1979, pour la proposition de loi sur la définition et la répression du viol, le 11 avril 1980, pour la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales, le 20 novembre 1980, ou encore pour le projet de loi « Peyrefitte » renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, le 18 décembre 1980.

En 1981, le député sortant sollicite le renouvellement de son mandat et recueille 12 548 voix et près de 42,7 % des suffrages exprimés au premier tour, devançant largement son adversaire socialiste Roland Ries, 8 838 voix. Emile Koehl dispose d’un réservoir de voix important puisque le candidat Divers-droite François Bilger a obtenu 4 946 voix, tandis que les autres candidats de gauche totalisent moins de 10 % des 29 422 suffrages exprimés. Dans ces conditions, Emile Koehl est confortablement réélu au second tour, avec 58,6 % des suffrages exprimés. A son retour au Palais-Bourbon, il retrouve le groupe UDF et participe aux travaux de la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales. Député toujours aussi actif, l’élu alsacien présente plusieurs propositions de loi, dont une en 1985, tendant à instituer une allocation minimum d’existence. Emile Koehl pose également de nombreuses questions au gouvernement, notamment concernant l’Alsace et les Alsaciens. En mai 1983, il pose une question sur la réalisation du canal Rhin-Rhône tout en rappelant l’urgence d’un canal Saône-Rhin ; en mai 1985, il interroge le gouvernement sur le sort des « Malgré-nous », dont il fut et qui ne sont pas reconnus comme anciens combattants. Ses interventions orales sont encore plus nombreuses et diverses. En 1981, il soutient l’abolition de la peine de mort, mais s’oppose aux nationalisations qu’il juge « inutiles et dangereuses » et reste très circonspect sur les modalités de mise en œuvre de l’impôt sur la fortune, en insistant sur la nécessité de ménager des transitions. Ses interventions n’oublient pas les administrés qu’il représente. En novembre 1983, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1984, Emile Koehl dénonce le désengagement de l’Etat dans le financement des agences d’urbanisme.

Le député du Bas-Rhin est dans l’opposition au gouvernement. Il n’approuve pas les déclarations de politique générale des gouvernements Mauroy I et II, les 9 juillet 1981 et 6 avril 1983, puis Fabius, le 24 juillet 1984. S’il vote l’abolition de la peine de mort (18 septembre 1981) et le projet de loi relatif aux étrangers séjournant en France (25 mai 1984), il vote contre le remboursement de l’IVG (20 décembre 1982) et le projet de loi de démocratisation des enquêtes publiques (20 avril 1983). Il s’abstient volontairement de prendre part au scrutin du 6 décembre 1982 sur l’égalité professionnelle des femmes et des hommes et ne prend pas part, non plus, aux scrutins du 5 mai 1983, sur la protection des victimes d’infractions, du 6 mai 1985 sur l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux et du 3 juin 1985, sur l’enregistrement audiovisuel ou sonore des audiences des juridictions.

En 1986, à l’issue de son second mandat, Emile Koehl est placé en seconde position sur la liste présentée par l’UDF aux élections législatives qui se tiennent au scrutin proportionnel départemental. Son parti n’a pas conclu d’alliance avec le Rassemblement pour la République (RPR). Avec 27,6 % des suffrages exprimés, sa liste arrive en tête et rassemble quatre sièges, ce qui lui permet de reconduire les quatre députés sortants, tandis que le RPR et le Parti socialiste obtiennent chacun deux sièges avec 19,7 et 18,6 % des suffrages et le Front national (FN) un siège, avec 13 %.

Retrouvant le groupe UDF pour son troisième mandat, le député alsacien participe désormais aux travaux de la commission des affaires étrangères. Il est également nommé secrétaire général de la délégation française à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe et à l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale (UEO). L’activité parlementaire du député alsacien est toujours aussi soutenue. Il dépose plusieurs propositions, dont une en 1986 visant à créer une commission d’enquête sur les causes de la pollution du Rhin. Ses questions au gouvernement et ses interventions orales en séance publique sont toujours aussi variées, même si certains thèmes sont plus fréquents : le logement, et notamment la construction de logements sociaux, et l’amélioration des voies navigables. La construction européenne occupe également une place de choix, que ce soit en relation avec la présence d’institutions européennes à Strasbourg ou sur certains sujets en particulier, comme la coopération technique et scientifique. Le 12 novembre 1986, lors de la discussion du budget pour 1987, Emile Koehl milite pour une Europe spatiale autonome, en particulier dans le contexte de la Guerre froide.

Fidèle soutien du gouvernement pendant la première cohabitation, le député alsacien approuve notamment les deux déclarations de politique générale du gouvernement Chirac, les 9 avril 1986 et 7 avril 1987, la ratification de l’Acte unique européen, le 20 novembre 1986, et la réforme de l’exercice de l’autorité parentale, le 7 mai 1987. La réélection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1988 et la dissolution de l’Assemblée nationale qui suit, conduisent Emile Koehl à se représenter devant les électeurs de la nouvelle première circonscription du Bas-Rhin. Le député sortant, qui affronte neuf adversaires, recueille 9 258 voix et près de 33 % des suffrages exprimés au soir du premier tour, devançant le candidat du RPR, Jean Waline, qui, avec 4 477 voix atteint à peine les 16 % et le candidat frontiste qui le suit, Jean-Michel Schaetzel, 3 377 voix. Le candidat socialiste, Claude Truchot, en deuxième position avec 8 140 voix, parvient à se qualifier pour le second tour. Le duel tourne contre lui à l’avantage d’Emile Koehl, qui retrouve le chemin du Palais-Bourbon en ayant obtenu 56,1 % des suffrages exprimés.

Pour son quatrième mandat, Emile Koehl siège de nouveau à la commission des Affaires étrangères et reste un député actif. Il dépose de nouvelles propositions de loi, notamment sur l’admission des chiens-guides d’aveugles dans tous les lieux publics. Il intervient prioritairement sur les questions de défense et les questions européennes lors de la discussion des projets de loi de finances successifs. En novembre 1990, dans le contexte de la dislocation des démocraties populaires, il milite pour une aide de la Communauté européenne aux pays d’Europe de l’Est. Lors de la discussion du projet de loi créant le revenu minimum d’insertion (RMI), en octobre 1988, le député alsacien apporte un soutien à une mesure pour laquelle il avait déposé, quelques années auparavant, une proposition de loi, en rappelant l’exigence de solidarité et le droit à un revenu minimum. Les questions de logement ou encore la lutte contre le surendettement le voient intervenir à plusieurs reprises.

Lors des scrutins publics, le député du Bas-Rhin ne se démarque pas des votes de son groupe parlementaire. Il vote, le 4 juillet 1989, contre le projet de loi sur les conditions de séjour et d’entrée des étrangers en France, revenant sur les restrictions adoptées en 1986, le projet de loi instituant un contrôle de constitutionnalité des lois par voie d'exception, le 25 avril 1990, la proposition de loi « Gayssot » tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, le 2 mai 1990, ainsi que la réforme du statut de la Corse accordant au territoire une plus grande autonomie, le 12 avril 1991. Comme la plupart de ses collègues UDF, il se prononce en faveur de l’opération de libération du Koweït, envahi par l’Irak, le 16 janvier 1991, et en faveur de la ratification des accords de Schengen le 2 juin 1991. Enfin, toujours comme son groupe, il s’abstient lors du vote sur la réforme du code pénal du 12 octobre 1989, ainsi que sur la répression des crimes et délits contre la Nation destinée à intégrer le nouveau code pénal le 8 octobre 1991.

Les élections législatives de 1993, à l’occasion desquelles Emile Koehl sollicite un cinquième mandat, sont marquées par un éparpillement des voix des électeurs de droite. Si le député sortant est le candidat de la liste d’union UDF-RPR, Harry Lapp, entrepreneur de spectacles et conseiller municipal à Strasbourg, est également candidat sous l’étiquette UDF. Au soir du premier tour, ce dernier recueille 5 884 voix et 19,9 % des suffrages tandis qu’Emile Koehl obtient 6 708 voix, le socialiste Roland Ries 5 719 voix, la candidate écologiste Andrée Buchmann 4 353 voix et le candidat frontiste Jean-Louis Feuerbach 3 249 voix. Au second tour, Harry Lapp est très largement élu avec 13 388 voix et 64,8 % des suffrages exprimés, parvenant à doubler son score du premier tour, tandis qu’Emile Koehl, avec 7 250 suffrages, progresse seulement d’un demi-millier de voix. La carrière politique nationale d’Emile Koehl se termine sur cet échec, mais celui-ci conserve sa fonction de conseiller municipal jusqu’en 1995. En 2008, l’ancien député, âgé de 87 ans, est condamné par le tribunal correctionnel à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amendes pour des dysfonctionnements dans la gestion du foyer de jeunes travailleurs du Neuhof dont il a été président.

Emile Koehl s’éteint en 2013, peu avant son 92e anniversaire. Cette grande figure du centrisme alsacien, proche de Pierre Pflimlin et Marcel Rudloff est saluée par ses amis comme par ses adversaires politiques. Le député socialiste du Bas-Rhin, Philippe Bies, rend hommage à un « homme engagé, fidèle aux valeurs humanistes », ayant « consacré sa vie à l’action publique. »