Jean Laborbe

1911 - 1958

Informations générales
  • Né le 8 octobre 1911 à Lyon (Rhône - France)
  • Décédé le 23 mai 1958 à Pommiers (Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Rhône
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 23 mai 1958
Département
Rhône
Groupe
Paysan

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 8 octobre 1911 à Lyon (Rhône)
Décédé le 23 mai 1958 à Lyon

Député du Rhône de 1951 à 1958

La vie de Jean Laborbe a été toute entière consacrée à organiser et défendre le monde de l'agriculture, tant dans sa région d'origine (Rhône, Allier) qu'au niveau national. Né le 8 octobre 1911 à Lyon, fils d'un ingénieur des Ponts et chaussées devenu ingénieur civil, il fait ses études secondaires au collège de Mongri de Villefranche, puis intègre l'Institut agricole de Fribourg dont il sort ingénieur. A vingt ans, il commence à participer aux activités de la JAC et devient exploitant agricole.

Jean Laborbe avait accompli son service militaire comme chasseur alpin ; il fait donc la campagne de 1939-1940 au 2e régiment d'artillerie de montagne ; fait prisonnier, il parvient à s'évader. A partir de 1941, il est président des Syndicats agricoles et viticoles des cantons de Villefranche et d'Anse, et ce jusqu'en 1951, charge à laquelle il ajoute, à partir de 1943, celle de président de la fédération des syndicats agricoles du Rhône.

Il est aussi, à partir de 1942, Syndic adjoint de la Corporation Nationale Agricole, une fonction qu'il conserve jusqu'en 1944.

Après la guerre, Jean Laborbe poursuit son activité de défense du monde agricole, tant à l'échelon départemental qu'au niveau national. A l'échelon départemental, il administre la caisse de crédit agricole du Rhône, la Mutualité sociale, ainsi que la coopérative d'approvisionnement du Sud-Est. Au niveau national, il est nommé président des organisations départementales des syndicats agricoles (1945-1951) et devient en 1949, pour deux années, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).

Ses activités politiques s'expriment, après la guerre, dans quatre domaines : le syndicalisme agricole ; sa nomination au Conseil économique où il siège de 1946 à 1951 ; son élection, en 1948, à la mairie de Pommiers (Rhône) où il avait été déjà été adjoint au maire ; et enfin ses relations avec Antoine Pinay. Tout ceci le met en position de solliciter un mandat de député, ce qu'il fait avec succès aux élections de 1951 puis de 1956.

Dans la deuxième circonscription du Rhône, ce 17 juin 1951, les partis de la troisième force (SFIO, radicaux socialistes, MRP et indépendants paysans) ont conclu un apparentement qui va leur permettre de remporter tous les sièges à pourvoir. La liste des indépendants paysans (CNI), menée par Jean Laborbe, arrive en première position avec 28 655 des 125 508 suffrages exprimés, et obtient deux sièges. Gaullistes et communistes, avec respectivement 16,8 et 20,2 % des suffrages, n'ont pas d'élu. Les deux sièges restant sont attribués au MRP et au radicaux-socialistes, qui n'ont qu'un peu plus de 16 000 voix chacun.

Aux élections du 2 janvier 1956, la situation est plus confuse : cette fois, ce sont trois apparentements qui permettent aux sortants de maintenir tant bien que mal leur avantage. CNI et MRP, dont l'apparentement remporte plus de 41 % des suffrages exprimés, ont chacun un élu, dont Jean Laborbe qui était de nouveau tête de liste. Les nouveaux venus, les poujadistes alliés à une liste locale, arrivent à 15,3 %, mais leur candidat est invalidé le 18 avril 1956 et doit céder sa place au candidat de l'apparentement SFIO et radicaux socialistes, qui avait atteint 18 %. Et, cette fois, le parti communiste parvient à obtenir un mandat avec 21,9 % des suffrages exprimés.

Jean Laborbe, élu à deux reprises sous l'étiquette indépendant paysan, a présenté un programme à tonalité anticommuniste, « simple, mais basé sur les principes qui ont fait au cours des siècles la grandeur de la patrie. » Il demande un exécutif plus fort, une fiscalité simplifiée et plus favorable aux petites entreprises, la liberté de l'enseignement, la déconcentration, et, entre autres, un type d'association nouveau avec les peuples de l'Union française, qui les crédite de leurs progrès tout en maintenant l'œuvre civilisatrice de la France.

Au cours de son premier mandat à l'Assemblée nationale, Jean Laborbe est d'abord vice-président du groupe des indépendants paysans, puis à partir de janvier 1954 vice-président du groupe paysan et du centre démocratique. Pendant la seconde législature, il est d'abord président du groupe paysan et vice-président du groupe des indépendants paysans d'action sociale, puis quitte le groupe paysan en juillet 1957 pour s'inscrire au nouveau groupe paysan d'action sociale et rurale.

Les deux commissions auxquelles il consacre l'essentiel de son travail sont celle de l'agriculture et celle des boissons, dont il est secrétaire puis vice-président sous la seconde législature. La Commission des boissons le choisit, le 3 août 1951, pour représenter l'Assemblée nationale au sein de la Commission consultative de la viticulture. Il est également élu représentant suppléant de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe (où il présida la Commission de l'agriculture), puis représentant de la France à l'Assemblée unique des Communautés européennes le 13 mars 1958, peu de temps avant sa mort.

Si Jean Laborbe intervient très fréquemment à la tribune de l'Assemblée, et déploie une activité incessante, son souvenir reste surtout attaché à la loi sur l'indexation du prix du lait, dite « loi Laborbe », qui l'occupe au cours de l'année 1956 et des premiers mois de 1957. « Cette méthode individuelle devrait permettre d'obtenir un prix qui couvre les frais de production et assure aux producteurs de lait, c'est-à-dire aux exploitations familiales, un pouvoir d'achat identique à celui qu'ils avaient pendant la période de référence [définie comme celle où les prix étaient jugés satisfaisants]. » Pour cela, l'intervention du gouvernement est nécessaire afin de corriger les excès du marché. Il doit défendre sa proposition de loi à de nombreuses reprises, expliquer son point de vue, présenter deux rapports, repousser deux contre-projets et cinq amendements substantiels, et tenter d'influencer deux délibérations. Sa proposition est finalement adoptée par l'Assemblée le 2 avril 1957.

Au cours de la première législature, Jean Laborbe défend très activement le monde agricole : ses propositions de loi concernent par exemple le rétablissement des droits syndicaux en agriculture et l'octroi d'un délai supplémentaire pour l'agrément des coopératives agricoles, la garantie des gros risques médico-chirurgicaux des exploitants agricoles et de leur famille, l'amélioration de la protection des appellations d'origine, en matière de boissons comme en matière de fromages, ou encore les calamités agricoles. Il tente aussi d'aider les jeunes agriculteurs et les pépiniéristes, et contribue à créer le comité interprofessionnel des Côtes-du-Rhône. Il interpelle souvent le gouvernement sur sa politique viticole comme sur sa politique agricole ; ainsi le 8 juillet 1952, appelant de ses vœux une politique protectionniste, il déclare à la tribune : « J'estime que la France n'aura de politique agricole que lorsque certains facteurs primordiaux auront été revus, en particulier les accords commerciaux et la protection douanière. »

Pendant la seconde législature, en plus de la loi qui porte son nom et d'autres initiatives concernant la défense du monde agricole, le député du Rhône étend quelque peu ses domaines d'intervention. Ainsi dépose-t-il, en avril 1956, une proposition de loi tendant à accorder la gratuité du voyage à tous les militaires effectuant leur service actif ; ou une autre proposition de loi tendant à proclamer le Sahara « Territoire national » ; il intervient aussi au cours des débats sur la politique du logement ou le Marché commun européen. Mais l'essentiel de son activité reste centré autour du monde rural, en particulier celui de sa région : protection de la « volaille de Bresse », création d'une Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais, etc.

Fidèle à ses convictions, Jean Laborbe vote, le 21 septembre 1951, la loi Barangé-Marie sur l'enseignement primaire privé qui divise pourtant la Troisième force d'entrée de jeu. Il refuse d'apporter son soutien au projet de Communauté européenne du charbon et de l'acier (13 décembre 1951). Il vote bien entendu l'investiture d'Antoine Pinay le 6 mars 1952, tout comme il investit Joseph Laniel (26 juin 1953) ; il ne prend pas part au vote concernant l'investiture de Pierre Mendès France. Le 30 août 1954, il essaie de sauver le projet de Communauté européenne de défense (CED), en votant contre la question préalable opposée à la discussion du projet de ratification. Il accorde sa confiance à Edgar Faure, le 23 février 1955, et la refuse à Guy Mollet au début de la seconde législature. Le 9 juillet 1957, il vote la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et la Communauté européenne de l'énergie atomique. Il accorde au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algérie par son vote du 12 novembre 1957.

Jean Laborbe ne prend part à aucun vote lors de la crise de mai 1958 : il est malade, et après plusieurs jours de traitement à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon, il décède le 23 mai 1958. Il était marié et père de six enfants.