Henri Labroue
1880 - 1964
Né le 29 août 1880 à Bergerac (Dordogne).
Député de la Gironde de 1914 à 1919 et de 1928 à 1932.
Agrégé d'histoire et de géographie, Henri Labroue était passé par la Sorbonne et l'Ecole pratique des hautes études. Correspondant au Temps et chargé de mission par le ministère de l'Instruction publique, il accomplit de 1907 à 1909 un long voyage d'étude qui le mène d'Amérique du Nord en Extrême-Orient et en Inde. Nommé au lycée de Bordeaux, il s'y consacre de 1909 à 1914 aux cours de préparation à l'Ecole normale supérieure et occupe à la Faculté des lettres une chaire libre créée par la Chambre de commerce de Bordeaux.
Il se présenta à la députation aux élections générales des 26 avril et 10 mai 1914 dans la 6e circonscription de Bordeaux. Il fut élu au second tour par 5.621 voix contre 5.067 à Calmel et 4.009 à Caillebaud (Calmel, avec 3.652 voix, le devançant pourtant au premier tour de 486 voix).
A la Chambre, il s'inscrit au groupe républicain radical et radical-socialiste. Nommé membre de la commission de l'enseignement et des beaux-arts et de la commission des comptes définitifs et des économies, il vote pour le cabinet Viviani constitué le 13 juin 1914.
Lors de la mobilisation, en août 1914, il sert comme sous-lieutenant au 108e de ligne. Promu lieutenant en décembre 1914, il est blessé peu après à Pagny-sur-Meuse et reçoit la Croix de guerre ; il termine la guerre comme capitaine après avoir rempli diverses missions parlementaires aux armées.
De retour à la Chambre des députés, il est membre en 1916 de la commission des décrets et en 1917 de celle des affaires étrangères. Le 13 mai 1916, il passe ses thèses de doctorat ès lettres en Sorbonne sur Le rôle patriotique de la société populaire de Bergerac pendant la Révolution et sur La mission de Lakanal dans la Dordogne en l'an II.
Son activité parlementaire est diverse. Nous en retiendrons trois aspects : - en 1915, lors de la discussion de la proposition de loi tendant à établir le service militaire obligatoire au Sénégal, il s'élève, dans une intervention de haute tenue morale, contre l'argumentation des auteurs de la proposition. La conscription au Sénégal était, selon eux, justifiée par le droit de vote dont jouissaient les Sénégalais. Or, dit Labroue, ce droit est en fait un leurre et, de plus, aucun volontaire ne s'est présenté depuis le début de la guerre dans les bureaux d'engagement. La Chambre des députés n'en vote pas moins le texte qui lui est proposé.
Par deux fois - en 1916 et en 1918- le député de Bordeaux s'élève contre le privilège de la Banque de France et son renouvellement. Enfin, en 1917, il propose de modifier les dispositions réglementant la contribution sur les bénéfices industriels dus à l'état de guerre afin de préserver pendant la paix les possibilités d'investissement des industries françaises dont la puissance serait garante de la grandeur nationale.
Sur le plan purement politique, Labroue se représente à la députation en Gironde, tête de liste républicaine radicale mais il essuie deux échecs consécutifs. Il n'en poursuit pas moins son activité d'avocat à la Cour d'appel de Paris. En 1928, de nouveau candidat républicain radical dans la 7e circonscription de Bordeaux, il devance le député sortant Capus (républicain de gauche-alliance démocratique), obtenant 5.870 voix contre 5.691 et 3.023 à Cabannes (S.F.I.O.). Il l'emporte au second tour avec 7.433 voix contre 5.797 à Capus et 3.232 à Cabannes.
Inscrit au groupe de la gauche radicale - dont il est le vice-président- il est membre de la commission de l'enseignement et des beaux-arts en 1928 et de celle des boissons et enfin du travail en 1929. Son activité parlementaire est, cette fois, tournée plus précisément sur les problèmes locaux, et en particulier viticoles. Il fit en effet adopter comme rapporteur la très importante loi du 4 juillet 1931 sur la viticulture et le commerce des vins. En outre, il est l'auteur d'une proposition de loi tendant à rendre le vote obligatoire et il milite en faveur de la gratuité de l'enseignement secondaire pour les enfants des familles à revenus modestes.
Fidèle soutien des gouvernements représentatifs de la majorité sortie des urnes de 1928, il vote pour la loi monétaire présentée par le président Poincaré le 24 juin 1928. Il contribue par contre, le 25 février 1930, par son intervention talentueuse, à la chute du bref gouvernement Chautemps constitué le 21.
Appartenant à la majorité sortante, Labroue n'est pas réélu en 1932. Quoique arrivé en tête au premier tour avec 7.282 voix contre 5.509 à Cabannes (S.F.I.O.) et 3.509 à Bourdieu, radical-socialiste, il est battu au second tour, n'obtenant que 8.537 voix contre 8.819 à Cabannes.
En 1936, les résultats ne lui sont pas favorables, quoique la marge du second tour soit très faible. Le 26 avril, Cabannes obtient 5.814 voix contre 4.629 à Labroue, 3.249 à Micheau (indépendant) ; 1.466 à Paillé (communiste); 1.033 à d'Eaubonne (radical-socialiste) ; 1.022 à Bourdieu (radical indépendant). Resté seul en face de Cabannes, Labroue n'obtient que 8.916 voix contre 8.938 à son adversaire.
Après son échec de 1932, Henri Labroue s'était inscrit au barreau de Bordeaux et s'était consacré au Cercle de la démocratie locale qu'il présida.
Né le 29 août 1880 à Bergerac (Dordogne)
Décédé le 29 août 1964 à Nice (Alpes Maritimes)
Député de la Gironde de 1914 à 1919 et de 1928 à 1932
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VI, page 2069, 2070)
En 1941, Henri Labroue fonde à Bordeaux un institut d'études juives dont il assure la présidence et participe activement à la préparation de l'exposition « Le Juif et la France », lors de sa présentation dans la ville en avril-mai 1942.
En 1942, il est nommé titulaire d'une chaire d'histoire du judaïsme à la Sorbonne. Dès le 15 décembre 1942, lors de la leçon inaugurale dans l'amphithéâtre Michelet, Henri Labroue est accueilli par les sifflets et les invectives. Il renonce à poursuivre et opère un repli en forme de départ anticipé. Dès janvier 1943, le second cours est supprimé faute d'auditeurs. Apprécié des Allemands, il fera plusieurs conférences à l'université de Francfort en avril 1944, au cours desquelles il pourra développer ses « analyses » racistes.
Incarcéré à la Libération, il est condamné à 20 ans de réclusion, après avoir refusé de répondre au juge d'instruction et interdit à son avocat de plaider, ne reconnaissant pas « cette juridiction d'exception qu'était la cour de justice composée d'adversaires politiques ».
Gracié après une détention de huit ans par un décret présidentiel du 14 novembre 1951, il se retire à Nice, où il décède le 29 août 1964.