André Lacaze
1913 - 1981
LACAZE (Jean, Pierre, Charles, André)
Né le 23 octobre 1913 à Villeréal (Lot-et-Garonne)
Décédé le 18 avril 1981 à Vaux-sur-Mer (Charente-Maritime)
Député de la Charente-Maritime de 1958 à 1962
Les racines familiales d’André Lacaze se situent entre Guyenne et Gascogne, dans le département du Lot-et-Garonne, où ses parents exercent comme pharmaciens. A la fin de ses études primaires, André Lacaze suit les cours du Collège Saint-Elme à Arcachon. Il décide de poursuivre des études médicales à l’issue de son baccalauréat et s’inscrit à la Faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux. Le futur parlementaire effectue son service militaire d’octobre 1936 à octobre 1937, puis est mobilisé deux ans plus tard dans les services sanitaires de l’armée française, en qualité de lieutenant, après que la France a déclaré la guerre à l’Allemagne nazie. Démobilisé en 1940, il s’installe à Cozes, en Charente-Maritime, comme pharmacien.
Très attaché à la figure du général de Gaulle, il adhère au RPF dès sa fondation au printemps 1947 et en devient un des principaux responsables en Charente-Maritime sous la IVème République. En octobre 1947, alors que les élections permettent au RPF d’emporter de nombreuses municipalités, André Lacaze accède à la mairie de Cozes. Il devait conserver ce mandat de premier magistrat pendant vingt-six années consécutives. A l’automne 1951, il est en outre élu conseiller général du canton de Cozes et siège à l’Assemblée départementale jusqu’en 1981. La principale personnalité du gaullisme politique dans le sud-ouest de la Charente-Maritime et le long de la Gironde est toutefois le maire de Royan Max Brusset, élu député en 1951 comme RPF et réélu en 1956 sous l’étiquette des Républicains sociaux, sans qu’André Lacaze, président du syndicat départemental des pharmaciens, figure sur sa liste.
Le maire de Cozes se réjouit du retour au pouvoir du général de Gaulle le 1er juin 1958 et approuve les institutions de la Vème République. Le passage au scrutin d’arrondissement pour les élections législatives est pourtant à l’origine de sa rupture avec les formations politiques gaullistes : le canton de Cozes est en effet rattaché à la cinquième circonscription de Charente-Maritime, qui compte la ville de Royan. C’est Max Brusset, maire de cette cité et député sortant, que l’UNR décide logiquement d’investir pour les législatives de novembre 1958, et non André Lacaze. Ce dernier décide cependant de déposer sa candidature et reçoit l’investiture du Centre national des Indépendants et Paysans (CNIP). Il insiste dans sa profession de foi sur ses responsabilités passées au sein du RPF et se déclare favorable à un « gouvernement de législature », avec emploi du référendum ou dissolution de l’Assemblée nationale en cas de conflit entre l’exécutif et le législatif. Son discours reprend les thèmes traditionnels des modérés, qu’il s’agisse d’insister sur la réduction du déficit public, de plaider pour « une gestion plus rigoureuse du secteur nationalisé » ou de défendre la liberté de l’enseignement. Il met en outre l’accent sur le développement du tourisme balnéaire, source de revenus importants pour la région de Royan. Au premier tour de scrutin, André Lacaze obtient 11077 voix, soit 25,1% des suffrages exprimés, devant Max Brusset (24,8%). Il l’emporte dans 4 des 9 cantons de la circonscription : tandis que les communes du littoral préférent Max Brusset, l’arrière-pays charentais place en tête le candidat du CNIP. Son meilleur résultat se situe dans le canton de Cozes, qu’il représente au Conseil général (63,6%). Au second tour, le sortant Max Brusset refuse de retirer sa candidature en faveur d’André Lacaze, qui est néanmoins élu député le 30 décembre 1958. Il obtient en effet 37,6% des voix dans le cadre d’une quadrangulaire où figurent également le communiste Jean Papeau et le divers gauche Pierre Lis.
Après cette victoire emportée de haute lutte, André Lacaze s’inscrit au groupe des Indépendants et paysans d’Action sociale (IPAS) à l’Assemblée nationale. Il siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales sous la première législature. Très actif au Palais Bourbon, il est désigné dès l’été 1959 comme rapporteur d’un projet de loi ouvrant un droit à réparation pour les victimes d’attentats commis en métropole par suite de la situation en Afrique du Nord depuis le début des années 1950 (7 juillet 1959). Préoccupé par la situation en Algérie, il invite à plusieurs reprises le Gouvernement à prendre la mesure du problème des rapatriés. Le 22 novembre 1961, il juge par exemple insuffisants les allégements fiscaux qui leur sont consentis et réclame l’octroi d’un contingent supplémentaire d’HLM pour les loger. La solidarité nationale doit, selon lui, s’exercer pleinement en faveur de ces familles qui ont souvent tout perdu en quittant l’Algérie.
Fidèle aux engagements formulés devant les électeurs, le député de Charente-Maritime se montre très attentif à l’application de la loi Debré sur le financement de l’enseignement privé, qu’il a votée comme une majorité de ses collègues le 23 décembre 1959. Il regrette les « vicissitudes administratives » qui ont conduit à une parution tardive des décrets d’application de ce texte et demande que des avances soient consenties aux établissements qui ont déjà déposé des demandes de contrats auprès des préfectures. Il juge en effet qu’ils n’ont pas à subir les conséquences de « la désorganisation des services administratifs de l’éducation nationale » (4 novembre 1960).
Le maire de Cozes défend en outre les intérêts de sa circonscription au Palais-Bourbon. Lors de l’examen du budget des postes et télécommunications pour 1960, il émet ainsi le vœu que l’équipement téléphonique des îles côtières ne soit pas laissé à la responsabilité des communes concernées, qui n’ont pas toujours les moyens de verser la contribution exigée par l’administration (19 mai 1960). La Charente-Maritime compte en effet deux grandes îles, Oléron et Ré, mais aussi des îles de taille plus modeste comme Aix ou Madame. Rapporteur d’une proposition de loi affiliant le régime d’assurance-vieillesse des ostréiculteurs et mytiliculteurs au système de retraite maritime (28 juin 1962), André Lacaze dépose le 27 juillet 1962 une proposition de loi tendant à modifier le régime de retraite des marins.
Ses votes dans l’hémicycle traduisent une évolution progressive vers l’opposition sous la première législature, au nom de la défense de l’Algérie française et des droits du Parlement face à l’exécutif. S’il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré (16 janvier 1959) comme le règlement définitif de l’Assemblée nationale (3 juin 1959), il prend en revanche ses distances avec le pouvoir gaulliste après la déclaration du chef de l’Etat évoquant le principe de l’autodétermination pour l’Algérie, en septembre 1959. André Lacaze s’abstient volontairement lors du vote sur la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959) et refuse d’accorder les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960). Il s’oppose au programme présenté par le nouveau Premier ministre Georges Pompidou, le 27 avril 1962, comme à la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962). Le 4 octobre 1962, André Lacaze figure au nombre de ces 280 députés qui, en votant la motion de censure, renversent le gouvernement Pompidou.
La Charente-Maritime approuve l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel par une majorité de 60,3% des suffrages exprimés, le 28 octobre 1962, alors qu’André Lacaze et d’autres parlementaires, comme Alain de Lacoste-Lareymondie, appellent à voter « non ». L’UNR, qui considère la 5ème circonscription de ce département comme un siège taillé pour les gaullistes, accorde son investiture à l’ancien député de Seine-et-Oise Jean de Lipkowski pour les élections législatives de novembre 1962. Ce jeune diplomate, qui se définit comme un gaulliste de gauche, semble promis à un brillant avenir. La campagne électorale se polarise autour de l’affrontement André Lacaze-Jean de Lipkowski dans la 5ème circonscription de Charente-Maritime. Le 18 novembre 1962, le « parachuté » devance nettement le député sortant en rassemblant 42,5% des voix. André Lacaze, qui a reçu l’investiture du CNIP, n’obtient que 25,2% des suffrages exprimés. Près de la moitié de son électorat se situe dans les cantons de Cozes et de Gémozac, où il obtient d’excellents résultats - 58,2% et 48,3% des électeurs s’y prononcent respectivement en sa faveur -. Le retrait d’André Lacaze entre les deux tours du scrutin permet à Jean de Lipkowski de remporter une victoire aisée (69,2%) sur le seul candidat communiste Jean Papeau, le 25 novembre 1962.
André Lacaze se consacre dès lors à ses mandats locaux. Vice-président du Conseil général et maire de Cozes, il n’est pas candidat aux élections législatives de mars 1967 contre Jean de Lipkowski. C’est en effet l’ancien suppléant d’André Lacaze, l’avocat Yves Tap, qui défie à cette date –et sans succès- le nouveau maire de Royan avec l’investiture du Centre démocrate.
L’ancien parlementaire est âgé de 67 ans lorsqu’il décède, non loin de Royan. Il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur au titre du ministère de la santé publique en avril 1957.