Bernard Lafay
1903 - 1977
Né le 8 septembre 1903 à Malakoff (Seine)
Décédé le 13 février 1977 à Paris
Conseiller de la République élu par l'Assemblée nationale de 1946 à 1948, puis élu de la Seine de 1948 à 1951
Député de la Seine de 1951 à 1958 Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 20 janvier au 8 mars 1952
Secrétaire d'Etat aux affaires économiques du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954
Ministre de la santé publique et de la population du 23 février 1955 au 1er février 1956
Fils du docteur Philippe Lafay, Bernard Lafay suit ses études secondaires au lycée Buffon et accomplit un double cursus universitaire médical et scientifique. Titulaire de deux doctorats, il exerce comme médecin généraliste à partir de 1931 dans l'Ouest parisien. Ses travaux sont remarqués par les académies de médecine et des sciences. Mobilisé en 1939 comme médecin officier d'une unité de chars, son courage au feu pour sauver les blessés lui vaut d'être cinq fois cité à l'ordre de l'armée et décoré de la Légion d'honneur par le général Weygand en juin 1940.
Revenu à ses activités médicales dans le Paris de l'occupation, il tient tête comme membre du Conseil de l'Ordre aux autorités allemandes. Il dispense de nombreux jeunes gens du STO et participe aux combats parisiens de la Libération. Ces titres de résistance lui valent d'être félicité par le général de Gaulle et d'être désigné comme membre de la nouvelle administration provisoire de la capitale. Il est élu conseiller municipal de Paris le 29 avril 1945 et réélu le 26 octobre 1947. Car c'est tout naturellement qu'il s'est tourné vers les mandats électifs, sous la bannière du parti radical auquel il avait appartenu avant-guerre dans la formation des Jeunesses radicales. Se réclamant des cautions d'Edouard Herriot et du général de Gaulle qu'il ne juge pas incompatibles, il tente sa chance comme candidat aà la prmière assemblée constituante à Paris et de nouveau à l'Assemblée nationale, le 10 novembre 1946, dans le Tarn. Ces premières candidatures à des élections nationales se révèlent décevantes. Bernard Lafay pâtit du discrédit qui, après la guerre, pèse sur le radicalisme, ainsi que d'une trop faible notoriété dans le département du Tarn où sa liste « d'Union tarnaise » du RGR n'obtient que 18 604 voix sur 15 561 suffrages exprimés.
C'est donc comme secrétaire général administratif du Parti radical qu'il entre au Conseil de la République en décembre 1946, élu par l'Assemblée nationale au titre de l'article 20 de la loi du 27 octobre qui attribue à cette dernière la désignation de 50 membres du Conseil de la République dont 35 à la proportionnelle des groupes. Vice-président puis président de la commission de la famille, de la population et de la santé publique, membre aussi de la commission de la Défense nationale, Bernard Lafay se montre d'emblée un parlementaire actif, intervenant fréquemment dans les débats législatifs, déposant de nombreuses propositions de lois et de résolutions. Peu favorable aux nationalisations comme à toute forme de dirigisme, il centre ses interventions sur les questions de santé, de sécurité sociale, de logement et d'aide aux personnes âgées. Sur un terrain plus politique, il invite le gouvernement, le 14 juin 1949, à déposer un projet de loi accordant une large amnistie aux personnes condamnées pour fait de collaboration économique. Il intervient aussi, ponctuellement, dans les problèmes de Défense nationale.
Bernard Lafay se présente à la deuxième circonscription de la Seine aux élections législatives du 17 juin 1951, à la tête d'une liste présentée par le RGR et le Parti radical. Avec 80 005 voix de moyenne de liste et 19,2 % des suffrages exprimés, il est élu dans la deuxième circonscription de la Seine (Paris centre et ouest), ainsi que son colistier Pierre de Léotard. Il est désigné aux Commissions de la famille et de la santé publique, du travail et de la sécurité sociale et de la reconstruction. Ses interventions et propositions, toujours fort nombreuses, demeurent limitées aux questions sanitaires, sociales et fiscales. Ses positions politiques se situent au centre droit. Il vote les lois Marie et Barangé, l'investiture d'Edgar Faure, d'Antoine Pinay et de Joseph Laniel. Il est brièvement secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, chargé de la fonction publique dans le premier gouvernement d'Edgar Faure, puis secrétaire d'Etat aux affaires économiques dans le cabinet Laniel, où il est plus particulièrement chargé de l'organisation des marchés agricoles. A ce titre, il doit affronter de nombreux amendements et interpellations sur le marché de la viande notamment.
Après avoir soutenu de ses votes l'expérience Mendès France et fait preuve d'opinions favorables à la construction européenne (il comptait en effet parmi les « cédistes » du Parti radical), il est appelé de nouveau par Edgar Faure en février 1955, en raison de l'estime personnelle que lui porte le nouveau président du Conseil et de leurs affinités politiques. Il reçoit cette fois un ministère à part entière et mieux taillé à sa mesure, celui de la santé publique et de la population. Comme tel, il est l'auteur de la loi rendant obligatoire la vaccination par le BCG, il amorce une réforme hospitalière et crée la première banque des yeux. A l'Assemblée, ses interventions sont consacrées à la lutte contre l'alcoolisme. Il doit déployer un certain talent procédurier pour déjouer les offensives d'un lobby de l'alcool particulièrement zélé.
Aux élections législatives du 2 janvier 1956, Bernard Lafay est reconduit à la tête d'une liste RGR et réélu, ainsi que Pierre de Léotard, avec un progrès en voix et un léger tassement en pourcentage des suffrages exprimés (17,9 % au lieu de 19,2 % en 1951). Bien qu'appartenant à la tendance « fauriste » du radicalisme, en principe hostile au Front républicain, il vote l'investiture de Guy Mollet le 31 janvier et soutient son gouvernement de ses votes (pouvoirs spéciaux, politique algérienne, ratification des traités de Rome). Il retrouve sa place dans les mêmes commissions que précédemment. Tout en continuant de multiplier des propositions à caractère sanitaire ou social, ses interventions dans l'hémicycle se font plus politiques. Sur la question algérienne, il épouse des positions résolument « Algérie française » (séance du 2 juin 1956) qui le conduisent à déplorer l'insuffisance des moyens de la police parisienne face à la vague d'attentats FLN dont elle est la cible, notamment lors de la séance du 25 janvier 1958. Pour autant, il ne vote pas la chute du gouvernement Mollet en juin 1957 et vote les investitures de Maurice Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard, ainsi que les divers projets de loi-cadre de l'Algérie. De même, il se prononce pour la ratification des traités de Rome. Son hostilité à toute perspective de négociation avec les rebelles algériens le conduit à refuser sa confiance au gouvernement Pflimlin le 13 mai 1958. De même, il refuse ensuite de voter la résolution tendant à réviser la Constitution le 27 mai et vote l'investiture du général de Gaulle le 1er puis les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le lendemain.
Personnalité importante du milieu parlementaire de la IVe République, Bernard Lafay va poursuivre après 1958 une brillante carrière politique et municipale. Sans doute est-il battu, d'assez peu, aux élections de novembre 1958, par le candidat UNR dans la 23e circonscription de Paris (partie du XVIIe arrondissement). Mais il retrouve le Palais du Luxembourg en 1959 et l'Assemblée nationale en 1967. De 1969 à 1972, il a été secrétaire d'Etat auprès du ministre du développement industriel et scientifique dans le gouvernement Chaban-Delmas.
Membre du Conseil national de l'Ordre des médecins, membre de l'académie de médecine depuis 1956, titulaire de nombreuses décorations, Bernard Lafay est également l'auteur de divers ouvrages de vulgarisation. De 1944 à sa mort, survenue le 13 février 1977, il n'a cessé de siéger au conseil municipal de Paris, dont il a été le président en 1975, consacrant à la gestion de la capitale le meilleur de son activité publique.
LAFAY (Auguste, Paul, Laurent, Bernard)
Né le 8 septembre 1903 à Malakoff (Seine)
Décédé le 13 février 1977 à Paris (Seine)
Conseiller de la République élu par l'Assemblée nationale de 1946 à 1948, puis élu de la Seine de 1948 à 1951
Député de la Seine de 1951 à 1958
Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 20 janvier au 8 mars 1952
Secrétaire d'Etat aux affaires économiques du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954
Ministre de la santé publique et de la population du 23 février 1955 au 1er février 1956
Sénateur de 1959 à 1967
Député de Paris de 1967 à 1977
Bernard Lafay se porte candidat pour le Centre républicain dans la 23e circonscription de la Seine, qui recouvre le quartier de la Plaine Monceau, aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958. Avec 15 118 des 39 329 suffrages exprimés, soit 38,4%, Bernard Lafay devance largement le candidat indépendant d’action sociale et antimarxiste André Breton (19,2%), le gaulliste Guy Vaschetti (19%) et les candidats communiste (11,6%) et SFIO (8,5%). Au second tour, les quatre principaux candidats se maintiennent, mais le scrutin se joue entre Bernard Lafay et Guy Vaschetti. Ce dernier l’emporte finalement avec 45,9% des voix face à Bernard Lafay qui, avec 15 475 voix, ne recueille que 40,8% des suffrages exprimés.
Bernard Lafay décide alors de se replier l’année suivante sur le Sénat où il est élu en avril 1959. Il siège alors sur les bancs du groupe de la Gauche démocratique.
Il demeure sénateur jusqu’en 1967. Il démissionne à cette date afin de pouvoir se présenter de nouveau aux élections législatives. Durant cet intervalle, Bernard Lafay n’a pas interrompu ses activités professionnelles, parisiennes et partisanes. Tout en continuant à siéger assidûment à l’Académie de médecine où il a été accueilli par ses pairs en février 1956, il est élu conseiller municipal du 5e secteur de Paris et conseiller général de la Seine en 1959 et réélu en 1965 dans le 11e secteur. Il accède à cette occasion à la présidence du groupe centriste de l’Hôtel de Ville dont il démissionne en mars 1969. Il devient conseiller de Paris en 1968 et retrouve son siège en mars 1971. Il a en outre été membre du conseil d’administration du district de Paris à partir du 15 novembre 1961 jusqu’au 1er juillet 1976, puis de celui du syndicat des transports parisiens à partir de 1971. Par ailleurs, Bernard Lafay œuvre activement à la vie du Centre républicain dont il a, en 1956, été l’un des fondateurs et le président jusqu’en 1959 puis le secrétaire général de cette date à 1967.
Candidat aux élections législatives des 5 et 12 mars 1967 dans la 22e circonscription de la Seine, il se lance à la conquête du siège remporté cinq années plus tôt par le gaulliste Jacques Sanglier. Il se présente sous les couleurs du Centre démocrate et obtient au soir du premier tour un résultat encourageant. Avec 11 164 des 30 461 suffrages exprimés, soit 36,65% des voix, il talonne le député sortant qui n’obtient que 39,74%. Les deux candidats de gauche, celui du PCF et celui de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), ainsi que le candidat indépendant, le général Boyer de la Tour, ne peuvent se maintenir. Le second tour permet à Bernard Lafay de l’emporter grâce à un report des voix de gauche relativement bon sur fond de baisse de la participation. Avec 14 319 des 28 061 suffrages exprimés, soit 51% des voix, Bernard Lafay rafle de peu son siège à Jacques Sanglier.
Il s’inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne. Il est nommé le lendemain membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est à l’origine de trois propositions de loi portant sur le statut du mi-temps dans la fonction publique, l’extension du congé prénatal de prévention dans le cas de certaines situations médicales ou sur le régime de certains baux à loyer de locaux à usage professionnel. Il intervient par ailleurs à deux reprises en séance lors du projet de loi de finances pour 1968 à propos du budget de la santé publique, du statut des infirmières ou de la modernisation des hôpitaux, ou lors d’une question posée, le 17 novembre 1967, au ministre de l’équipement et du logement à propos de la réforme de la région parisienne. Il s’émeut à cet égard du poids pris par le nouveau « proconsul de l’Île-de-France » et réclame une nécessaire déconcentration de Paris tout en revenant à un droit commun de la ville capitale.
Il ne vote pas les deux motions de censure déposées contre le gouvernement Pompidou les 20 mai et 9 juin 1967.
À l’occasion des élections législatives des 23 et 30 juin 1968, Bernard Lafay se présente à sa propre succession sous les couleurs de l’Union pour la défense de la République (UDR). Avec 15 575 des 29 541 suffrages exprimés, soit 52,7% des voix, il retrouve son siège dès le premier tour devançant son principal concurrent présenté par « Pour une démocratie moderne par le progrès », Guy Labat, qui ne recueille que 24,7% des voix.
Il est apparenté au groupe UDR et retrouve la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est l'auteur de six propositions de loi portant une fois encore sur le travail à mi-temps, les baux à loyer des locaux à usage professionnel, la modification du Code civil relatif au désaveu de l’enfant, la diminution des causes du bruit ou sur les droits de garde et de visite au cours et à la suite d’une procédure de divorce. Il prend par ailleurs deux fois la parole, d'abord au sujet des conditions de fonctionnement des facultés de médecine dont il critique la faiblesse des moyens et des ambitions, ensuite à propos de la tuberculose et des remèdes à y apporter.
Nommé le 22 juin 1969 secrétaire d’Etat auprès du ministre du développement industriel et scientifique, il intervient, notamment à l’occasion de la discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1971, s'exprimant principalement sur les problèmes liés à l’océanologie dans son acception la plus large. Dans les mêmes circonstances, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1972, il intervient sur les questions relatives à la recherche biomédicale. Il répond en outre à une dizaine de reprises aux interpellations de différents députés.
Durant la première année de la quatrième législature, en qualité de député, il se prononce en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur ou de celui relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises.
Bernard Lafay se représente aux élections des 4 et 11 mars 1973 sous l’étiquette de l’Union des Républicains de progrès pour le soutien au président de la République investi par les Républicains indépendants, l’UDR, les Centristes de la majorité et l’Union du centre. Avec 13 188 des 27 349 suffrages exprimés, soit 48,22%, il arrive largement en tête du premier tour et devance son principal concurrent du Mouvement réformateur, Guy Labat, qui n’obtient que 26,43% des voix. Il l’emporte aisément sur ce dernier au second tour avec 14 925 des 23 959 suffrages exprimés, soit 62,3% des voix.
L’Assemblée nationale prend acte de son élection le 2 avril 1973 et il s’apparente alors au groupe UDR. Il est nommé, trois jours plus tard, membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est l’auteur de cinq propositions de loi sur le droit de reprise à l’égard de certains occupants âgés, le régime administratif de la ville de Paris (création de vingt communes d'arrondissement), la mise à la disposition du public des espaces verts publics et privés de la ville de Paris et leur protection définitive, la lutte contre les nuisances sonores de toute nature ou encore la création de nouveaux espaces verts à Paris sur des terrains ressortissant au domaine concédé à la SNCF. Il n’intervient du reste en séance le 15 mai 1973 que pour débattre de cette nécessité de créer et de multiplier les espaces verts au sein de la capitale.
Il vote la confiance au gouvernement les 12 avril 1973 et 6 juin 1974, le projet de loi constitutionnelle relatif à la durée du mandat présidentiel, celui relatif à la modification des règles de campagne de l'élection présidentielle, ainsi que celui portant révision de l'article 25 de la Constitution relatif aux suppléants parlementaires. En revanche il s’oppose au projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse mais se prononce en faveur de celui portant réforme du divorce.
Indissociablement assimilé à la vie politique municipale de Paris, Bernard Lafay prend le 8 juin 1973 la présidence du groupe d’études « Pour un nouveau contrat social » à l’Hôtel de Ville puis, en juin de l’année suivante, celle du Comité de sauvegarde de la qualité de la vie. Le 9 juin 1975, près de vingt ans après avoir déjà occupé pareilles fonctions, Bernard Lafay devient à nouveau président du Conseil de Paris, ce qu’il demeure jusqu’à son décès. En outre, le 20 mai 1976, il accède à la vice-présidence de l’Assemblée des présidents des conseils généraux de France. Très impliqué dans la bataille des élections municipales des 13 et 20 mars 1977 à Paris, il se range derrière le chef de file du RPR, Jacques Chirac, et conduit la liste gaulliste dans le XVIIe arrondissement. Mais Bernard Lafay décède brutalement d’une crise cardiaque le 13 février 1977, en pleine campagne électorale.
Auteur de nombreux ouvrages à caractère médical, scientifique ou relatif à la ville de Paris, Bernard Lafay a également écrit quelques essais tels que La Bombe atomique, dangers, protection (1950), La France retrouvée, de l’impuissance à l’efficacité (1958) et préfacé plusieurs travaux. Il était commandeur de la Légion d’honneur, du mérite combattant et de la santé publique, titulaire de la rosette de la Résistance et de la croix de guerre 39-45.