Jean Lafon

1908 - 1986

Informations générales
  • Né le 27 septembre 1908 à Barbezieux (Charente - France)
  • Décédé le 6 février 1986 à Barbezieux (Charente - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 16 juillet 1970 au 1er avril 1973
Département
Charente
Groupe
Non inscrit

Biographies

Biographie de la Ve République

LAFON (Jean, Marie, René)
Né le 27 septembre 1908 à Barbezieux (Charente)
Décédé le 6 février 1986 à Barbezieux

Député de la Charente de 1970 à 1973

La carrière politique de Jean Lafon tient au lien singulier entre la sociologie professionnelle de la Charente et l’implantation dans ce département de Félix Gaillard, personnalité de premier plan du mouvement radical et symbole d’une relève générationnelle.
La famille de Jean Lafon est originaire de Barbezieux, son père fut conseiller général de la Charente, département où les positions du radicalisme sont traditionnellement fortes. Fils de viticulteur, Jean Lafon entreprend des études d’agronomie qu’il achève avec un diplôme d’ingénieur agricole et une licence ès sciences. Ses compétences professionnelles lui valent une notoriété locale et une autorité scientifique en matière viticole. Titulaire de plusieurs brevets concernant la fabrication des eaux de vie, il signe deux ouvrages sur les maladies et parasites de la vigne et la distillation du cognac.
Ses qualités professionnelles sont un atout pour le jeune Félix Gaillard, député radical socialiste sous l’étiquette du Rassemblement des gauches républicaines (RGR) depuis 1946 en Charente, mais dont l’ancrage électoral est dû au soutien de la famille Hennessy, une des deux principales maisons de négociants. Or, dans ce département, deux mondes coexistent, celui des négociants en Cognac, véritable aristocratie du milieu viticole, et les vignerons et les fabricants. En apparaissant sur la liste RGR lors des élections de 1956, Jean Lafon, alors directeur de la station viticole de Cognac, apporte à Félix Gaillard le soutien des vignerons et des fournisseurs de cognac, atténuant ainsi l’image du candidat de la maison Hennessy. Le soutien d’Henri Coquillaud, directeur du Bureau national interprofessionnel du cognac, complète le dispositif. Dès lors, Félix Gaillard conserve son mandat en 1956.
En 1958, Félix Gaillard, nouveau président du parti radical, avait appelé à voter « Oui » au referendum portant sur la nouvelle Constitution malgré les fortes hésitations de son parti, il est alors à nouveau réélu dans la deuxième circonscription du département sous l’étiquette non inscrit. Jean Lafon devient le suppléant de l’ancien président du Conseil. Lafon alimente les projets du député Gaillard en matière de défense des intérêts de la filière viticole charentaise. Celui-ci défend en 1959 un projet autorisant les jeunes vignerons à procéder à de nouvelles plantations sans arrachages, pratique jusque-là très règlementée.
En 1962, Félix Gaillard l’emporte sous l’étiquette du Rassemblement démocratique, confortablement contre le candidat UNR-UDT ; il en est de même aux élections de 1967 sous la bannière de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) de François Mitterrand. Jean Lafon, toujours suppléant de l’ancien chef de gouvernement, est, entretemps, devenu conseiller municipal de la ville de Cognac aux élections de 1965 ; fonctions qu’il occupe quatre ans. Aux élections législatives de 1968, la poussée gaulliste se fait plus forte. Face à Francis Hardy, candidat UDR et négociant important de la place, Félix Gaillard l’emporte de justesse au second tour avec 22 451 voix contre 21 928. Il appuie sa candidature sur la défense des intérêts des viticulteurs, notamment contre la politique gaulliste à l’égard des pays anglo-saxons, débouchés des alcools charentais.
La mort tragique de Gaillard, le 9 juillet 1970, au large de Lézardrieux (Côtes-du-Nord) amène Jean Lafon à l’Assemblée nationale qui prend acte de ce remplacement le 10 juillet. Il s’apparente le 16 septembre au groupe socialiste reconstitué l’année précédente. Mais il le quitte dès le 15 octobre pour figurer comme non inscrit.
Jean Lafon est nommé membre de la Commission de la production et des échanges. Lors de son bref séjour à l’Assemblée, Jean Lafon prend naturellement part aux discussions concernant la production agricole et le monde rural. Il intervient en spécialiste lors des projets de modification de la loi de 1943 relative à l’organisation antiparasitaire à usage agricole et celle de 1921 prohibant les importations de plants et boutures de vignes. Cette dernière intervention montre l’inquiétude des viticulteurs à l’égard de l’ouverture des frontières dans le cadre du Marché commun et de la politique agricole commune.
Sur un tout autre sujet et alors que le ministère des transports s’apprête à communiquer un nombre record de tués sur les routes de France (16 600), Jean Lafon dépose, le 20 décembre 1972, une proposition de loi concernant la limitation de vitesse des véhicules automobiles. Deux décrets limiteront la vitesse dans les agglomérations à 60 km/h ( 28 juin 1973) et à 90 km/h sur les routes et 120 km/h sur les autoroutes – relevée à 140 km/h l’année suivante- ( 3 décembre 1973).
Jean Lafon ne se présente pas au scrutin de mars 1973. Il laisse la place au Réformateur Sabourin. Dès lors, le candidat UDR, Francis Hardy l’emporte au second tour dans une élection triangulaire confirmant ainsi l’emprise gaulliste sur la Charente et la disparition du radicalisme dans ce département.
Membre du conseil d’administration du Crédit agricole de Charente, Jean Lafon ne conserve qu’un mandat local, celui d’adjoint au maire du village de Touzac.
Aviateur lors de la campagne de 1940, Jean Lafon est médaillé de la croix de Guerre et chevalier de la légion d’honneur et titulaire du mérite agricole.