Amadou Lamine-Guèye
1891 - 1968
Né le 20 septembre 1891 à Médine (Haut-Sénégal) (Soudan français, aujourd'hui Mali)
Décédé le 10 juin 1968 à Dakar (Sénégal)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Sénégal)
Député du Sénégal de 1946 à 1951
Sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947
Sénateur du Sénégal de 1958 à 1959
Amadou Lamine Guèye naît au Soudan français. En 1903, il entre à l'école primaire des Frères de Ploërmel, dans le Morbihan et, après le Brevet élémentaire passé en 1907, il obtient le Certificat d'études primaires en 1908. Amadou Lamine Gueye s'oriente alors vers l'enseignement et passe avec succès le Certificat d'aptitude à l'enseignement dans les Ecoles de l'Afrique occidentale française (AOF) en octobre 1909.
Les diplômes s'enchaînent ensuite : brevet supérieur en 1916, baccalauréat es sciences mathématiques la même année, licence en droit et en mathématiques en 1921, doctorat en droit, diplôme d'études spécialisées (DES) en droit privé en 1929, DES en droit romain en 1933, DES en histoire du droit.
En février 1917, Amadou Lamine Guèye est incorporé dans l'armée. Il sert au 5e colonial de la 28e Compagnie caserne Sénin Lyon.
Après l'obtention de son Certificat de fin d'études normales (CFEN), en septembre 1919, Amadou Lamine Guèye est nommé professeur dans le cadre général du personnel enseignant de l'AOF. Professeur de mathématiques à l'Ecole normale William Ponty, il démissionne en février 1921 pour se vouer à la politique et au droit.
En 1923, il adhère à la Section française de l'internationale ouvrière (SFIO), et, deux ans plus tard, conquiert la mairie de Saint-Louis (Sénégal). En 1931, il devient conseiller à la cour d'appel de la Réunion. Il préside la chambre correctionnelle de la cour d'appel pendant six ans avant d'être nommé conseiller à la cour d'appel de la Martinique en 1937.
En octobre 1940, il quitte la magistrature pour retrouver son pays. Il prend la robe d'avocat et est nommé avocat défenseur près la cour d'appel et les tribunaux de l'AOF.
En 1945, Amadou Lamine Guèye est élu maire de Dakar (Sénégal). Son mandat sera renouvelé jusqu'en 1961. En novembre de la même année, avec 20 528 voix sur 26 726 votants, il est élu par le collège des citoyens député du Sénégal-Mauritanie à la première Assemblée nationale constituante. Il est réélu par le même collège en juin 1946, avec 31 288 voix sur 32 753 votants, à la seconde Assemblée nationale constituante et y assume les fonctions de président de la commission des territoires d'outre-mer. Il fait ainsi voter une loi qui donne la nationalité française à tous les ressortissants de l'AOF. Il sera enfin élu à la première assemblée législative de la IVe République le 10 novembre 1946. Il dirige la liste SFIO qui se présente dans la circonscription du Sénégal et qui obtient, avec 128 284 voix sur 130 118 suffrages exprimés, les deux sièges à pourvoir, le second siège revenant à Léopold Sédar Senghor.
En 1946, Amadou Lamine Guèye est nommé membre du comité directeur de la SFIO. Après un très bref passage au gouvernement Blum, comme sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil (décembre 1946-janvier 1947), il est élu conseiller territorial au Sénégal, et réélu en 1952 et 1957. Ses fonctions sont importantes puisqu'il préside le conseil général de l'AOF et le Grand conseil de l'AOF.
Amadou Lamine Gueye est nommé représentant de la France à l'ONU en 1956.
Le 8 juin 1958, il est élu sénateur du Sénégal. Il est nommé membre de la commission des affaires culturelles et siège au Conseil de la République jusqu'en juillet 1959. En 1958, l'Union française est remplacée par la Communauté. Par référendum, le Sénégal devient République autonome au sein de la Communauté.
Sitôt libéré de son mandat de sénateur au sein du Conseil de la République française, Amadou Lamine Guèye devient président de l'Assemblée législative du Sénégal et sénateur de la Communauté au titre du Sénégal. Spécialiste des problèmes institutionnels, il est également nommé au Conseil consultatif constitutionnel.
D'abord tout à fait acquis aux thèses « assimilationnistes », Amadou Lamine Guèye évolue peu à peu vers le nationalisme. Sa rivalité avec Léopold Sedar Senghor, pourtant considéré comme son dauphin, apparaît alors au grand jour. C'est finalement l'élève qui dépasse le maître et qui devient chef de l'Etat à l'indépendance.
Amadou Lamine Guèye s'éteint le 10 juin 1968 à Dakar à l'âge de 76 ans. Il était commandeur de la Légion d'honneur.