Gabriel Lapeyrusse

1907 - 1966

Informations générales
  • Né le 21 mars 1907 à Nérac (Lot-et-Garonne - France)
  • Décédé le 12 juin 1966 à Mulhouse (Haut-Rhin - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 12 juin 1966
Département
Lot-et-Garonne
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

LAPEYRUSSE (Gabriel)
Né le 21 mars 1907 à Nérac (Lot-et-Garonne)
Décédé le 12 juin 1966 à Mulhouse (Haut-Rhin)

Député de Lot-et-Garonne de 1958 à 1966

Gabriel Lapeyrusse a un parcours politique à la fois « classique » car l’homme entre vraiment dans la carrière au lendemain de la Seconde Guerre mondiale auréolé de son action dans la Résistance et original car commencée sous l’étiquette socialiste en 1945, sa carrière s’achève dans les rangs gaullistes à compter de 1958 après un recentrage opéré dès 1951 qui a conduit à son exclusion de la SFIO.
Toute sa vie, privée, professionnelle et politique, s’effectue en Lot-et-Garonne et plus particulièrement dans la petite ville de Nérac où il est né. Ce fils unique d’un maraîcher-expéditeur reprend la profession de son père après des études à l’Ecole primaire supérieure locale jusqu’au brevet supérieur. Ses débuts dans l’action politique locale datent de 1935 avec son élection comme conseiller municipal de Nérac, de sensibilité radical socialiste. Mobilisé le 1er septembre 1939 au 22e régiment d’infanterie, il effectue la campagne 1939-1940 avant d’être démobilisé avec le grade de caporal-infirmier le 15 juillet 1940. Durant quelques mois, il fait office de « maire délégué ». Entré dans la Résistance le 1er février 1943, il s’y montre très actif. Il commande le mouvement « Combat » dans la région néracaise et dans la zone Sud-Garonne sous le pseudonyme de « colonel Gabriel » et il est nommé le 1er juin 1944 lieutenant-colonel des FFI. C’est ce Bataillon de Marche Néracais que commande Lapeyrusse qui libère Nérac au début juin 1944. Le 25 août 1944, le résistant et ancien élu, Lapeyrusse, est nommé maire de Nérac par le préfet de Lot-et-Garonne et il devient membre du CDL de Lot-et-Garonne. Abandonnant son grade, il est affecté au 57e régiment d’infanterie à compter de janvier 1945 et homologué chef de bataillon le 19 juin 1945 avant d’être démobilisé le 31 août 1945. Son action lui vaut la Légion d’honneur, la médaille militaire, la croix de guerre 1939-1945 et la médaille de la Résistance. C’est en octobre 1944 que Lapeyrusse jusque là sans engagement partisan adhère à la SFIO. En 1945, la liste qu’il conduit aux municipales l’emporte et il est élu maire de Nérac puis conseiller général à l’automne. Dans sa profession de foi, Lapeyrusse dénonce « les trusts, les iniquités sociales et l’oligarchie financière ». Il conserve, dès lors, jusqu’à sa mort la confiance des électeurs pour ces mandats locaux.
La première candidature de Gabriel Lapeyrusse à une élection nationale intervient, logiquement, lors de la désignation des membres de l’Assemblée constituante le 21 octobre 1945 : le maire et conseiller général de Nérac figure en 3e position sur la liste SFIO conduite par Jacques Arrès-Lapoque. Elle est suivie d’une nouvelle tentative lors de l’élection de la seconde Assemblée constituante en juin 1946. Commence alors une période où Lapeyrusse apparaît, selon la formule de Nicolas Lacombe, comme « l’ami de tous ». Force est de constater que le positionnement politique de l’élu néracais évolue. Lapeyrusse s’éloigne de la SFIO à compter de 1950 et de façon surprenante, il figure en 2e position aux élections législatives de 1951 sur une liste « d’union des Indépendants et Paysans et républicains nationaux, liste de concentration républicaine et de défense paysanne » conduite par André Lescorat, député MRP sortant en rupture avec son parti…L’anticommunisme de Lapeyrusse apparaît comme un élément majeur d’explication de cette évolution politique. Si la liste réalise un bon score dans le canton et la ville de Nérac (24% des exprimés), elle ne séduit que 3,97% des électeurs du département. L’assise personnelle de Lapeyrusse explique sa réélection comme conseiller général de Nérac en 1951 sous l’étiquette « républicain socialiste indépendant et de défense paysanne ». Proche des gaullistes du RPF depuis 1949, Lapeyrusse finit par adhérer en 1952 mais ne rend pas public cet engagement. Pour les municipales de 1953, Lapeyrusse se rapproche du RGR et de Caillavet, adhérant aussi à la franc-maçonnerie. L’homme apparaît donc plutôt versatile. Cependant, son gaullisme se confirme. En septembre 1958, Lapeyrusse prend la tête d’un Comité de coordination pour le soutien de l’action du général de Gaulle et mène une campagne très active en faveur du nouveau régime, couvrant d’éloges le général de Gaulle.
En novembre 1958, Lapeyrusse reçoit, logiquement, l’investiture UNR dans la 1ere circonscription de Lot-et-Garonne. Il doit faire face à quatre autres candidats dont deux députés sortants, le communiste Gérard Duprat et le radical-socialiste Henri Caillavet plus un socialiste, Jean Casteras et un conseiller général socialiste dissident, Hervé Valois. Sa profession de foi est un hymne à la Ve République et une virulente critique de la IVe République et de ses hommes…dont Duprat et Caillavet : « au début du mois de mai, la France était au bord de l’abîme… ». Son programme est essentiellement consacré aux besoins locaux qu’il considère être le mieux placé pour défendre « riche de l’expérience que donne le travail et des enseignements fournis par de longues années d’une vie publique bénévole au service des collectivités locales (Mairie, Chambre d’agriculture, Conseil général, sociétés d’économie mixte) ». Lapeyrusse manque de peu l’élection dès le 1er tour avec 22099 voix sur 45950, loin devant Duprat (10285), Caillavet (8824) et très loin devant Casteras (3310) et Valois (1432). Au 2e tour, il remporte une victoire écrasante (30547 voix soit 70,2% des exprimés) sur Duprat (12917).
En novembre 1962, Lapeyrusse a cinq concurrents dont les plus sérieux restent Duprat et Caillavet, les autres étant des indépendants, Jean Goudin (IPAS), Jean Juilia et Max Grosselle, républicain démocrate, le plus « dangereux » car maire et conseiller général de Mézin. Face aux électeurs, Lapeyrusse défend le bilan des quatre années de la Ve République et demande : « croyez-vous vraiment que les coalisés d’aujourd’hui, unis pour détruire, déjà opposés pour construire, soient capables de poursuivre l’œuvre entreprise ? ». Il n’omet pas, en conclusion, de souligner sa proximité avec les électeurs et sa conception du mandat : « mon unique ambition est toujours la même : être l’élu honnête d’un peuple honnête, poursuivre l’œuvre de redressement entreprise en de très difficiles circonstances après dix ans d’incohérences (…). Votez pour une France moderne et fraternelle ». Le 18 novembre, le député sortant arrive en tête mais son électorat a connu une forte érosion (14902 voix sur 42160) et il est talonné par Duprat, en progrès (12925) et Caillavet qui reste stable (8444). Au 2e tour, Lapeyrusse est réélu mais son score (23399 voix soit 52,8%) est faible par comparaison avec celui de 1958.
Au Palais-Bourbon, Lapeyrusse, membre du groupe Union pour la Nouvelle République (1958-1962) puis UNR-UDT (1962-1966), il se montre un député peu actif tout en étant très présent. Au cours de la première législature de la Ve République, il appartient à deux commissions, celle de la production et des échanges et celle, spéciale, chargée de vérifier et d’apurer les comptes de l’Assemblée nationale et il n’intervient qu’une fois en novembre 1959, lors du débat budgétaire, pour dire sa solidarité avec l’action du général de Gaulle et sa confiance au gouvernement de Michel Debré. A compter de 1962, il ne siège que dans une seule commission, celle de la production et des échanges et ne prend jamais la parole entre 1962 et sa mort en 1966. Ses votes font de Lapeyrusse un député de la majorité d’une fidélité exemplaire : sur tous les grands scrutins concernant quelques uns des choix majeurs des gouvernements Debré et Pompidou, le député de la 1ere circonscription de Lot-et-Garonne approuve la politique du gouvernement et n’exprime pas même par une abstention une quelconque réserve ou divergence. D’aucuns diront que Lapeyrusse a été un « godillot » exemplaire ! Peut-être est-ce une des raisons qui expliquent que l’éloge funèbre du député rende surtout hommage à « sa carrure impressionnante, jointe à une grande bonhommie » et voit en lui, dans la bouche du gaulliste Pierre Dumas, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, qui s’exprime au nom du gouvernement « l’administrateur et le représentant infatigable de sa commune, de son canton et de son département (…), le prototype de ces hommes dont nos provinces sont heureusement riches et qui constituent la sève même de notre pays ».