Joseph Lasies
1862 - 1927
Né le 21 février 1862 à Houga (Gers), mort le 23 février 1927 à Bordeaux (Gironde).
Député du Gers de 1898 à 1910. Député de la Seine de 1914 à 1919.
Après avoir fait des études classiques à Auch, Joseph Lasies accomplit son service militaire au 1er régiment de chasseurs d'Afrique et entre à l'Ecole de Saumur. Sous-lieutenant au 3e chasseurs dès 1888, il démissionne en 1893. Elu maire de Mormès, il est révoqué par le gouvernement. Aux élections de mai 1898, après une campagne en faveur du plébiscite et de multiples déclarations antisémites, il est élu député de l'arrondissement de Condom, au second tour, par 8.662 voix contre 7.942 à Jegun, sur 16.721 votants et 21.106 inscrits, succédant au docteur Lannelongue qui ne se représente pas. Au Palais Bourbon, il dépose des propositions de loi relatives à la viticulture, à la protection de l'épargne contre la spéculation. Il participe à la discussion des interpellations sur les événements de Zinder, à celle des projets sur les contributions directes et sur le régime des boissons, du budget de l'Agriculture, des Postes et de la Guerre. Violemment antidreyfusard, les développements de l'affaire Dreyfus lui donnent l'occasion de multiples interventions : en 1898, sur les mesures que le gouvernement compte prendre pour garantir le secret des dépositions devant la Cour de cassation ; le 8 mai 1899, pour répondre à Charles Dupuy, président du Conseil, au sujet des menées judéo-internationales ; quelques jours plus tard, le 12 mai, lors de la démission de Freycinet, ministre de la Guerre ; le 8 juin 1899, pour répondre à Delcassé au sujet de la dépêche Panizzardi ; le 16 novembre 1899, à l'occasion du déplacement des commandants Exelmans et de Sèze ; le 2 mars 1900, sur les illégalités commises dans le procès en Haute Cour ; le 22 mai 1900, lors de l'interpellation au sujet de Joseph Reinach ; le 21 juin 1901, sur les pressions exercées par le gouvernement à l'encontre de certains magistrats. Il s'oppose au projet d'amnistie qui suspendrait le cours de la justice. Spécialiste des interruptions, il se soucie peu du règlement, dont il éprouve parfois les rigueurs. Il écrit de nombreux articles dans La Libre Parole de Drumont.
Aux élections d'avril 1902, il est réélu au premier tour par 8.695 voix contre 7.644 à Péraldi sur 16.623 votants et 20.959 inscrits. Il prend position en faveur du service militaire d'un an et intervient au cours des interpellations sur la grève (1902) et sur l'affaire Humbert, sur les menées internationales et antimilitaristes (1903). Il se fait le défenseur des bouilleurs de cru en maintes occasions. Partisan de la liberté d'association et de la liberté d'enseignement, il participe à la discussion du projet qui réprime l'ouverture d'établissements congrégationalistes sans autorisation. La discussion de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat provoque de multiples interventions de sa part, notamment sur la liberté de conscience des fonctionnaires et des officiers et sur les édifices du culte.
Aux élections de mai 1906, il est réélu au premier tour avec 8.487 voix contre 7.491 à Masclanis sur 10.768 votants et 20.959 inscrits. Le 15 juin, il interpelle le gouvernement Sarrien au sujet des pressions officielles durant les élections. Il participe à l'interpellation de Pressensé visant l'arrêt de révision de l'affaire Dreyfus. Il intervient en ce qui concerne les impôts des viticulteurs, les droits sur l'alcool et la délimitation de la Champagne viticole. Après les incidents de Narbonne, il interpelle le gouvernement le 27 octobre 1907 sur la situation morale et matérielle de l'armée.
Il ne se représente pas aux élections de 1910, mais à celles d'avril-mai 1914, il est élu au premier tour dans la 2e circonscription de la Seine, par 6.335 voix contre 1.540 à Rey, sur 9.385 votants et 12.441 inscrits.
Il reprend du service à la déclaration de guerre et il est promu capitaine le 16 mars 1915. La même année, il est décoré de la Croix de guerre et de la Légion d'honneur. Le 7 décembre 1916, il prend part aux interpellations du gouvernement Briand en comité secret et se prononce pour la création d'un comité de guerre de cinq membres. Il participe à la discussion du projet qui institue les pupilles de la Nation et de celui qui organise les affectations dans les unités combattantes. Il dépose deux propositions de loi tendant, l'une, à perpétuer la mémoire de Guynemer, l'autre à transformer en cinquième arme les services de l'Aéronautique.
Il ne se représente pas aux élections de 1919.
Il meurt dans une clinique de Bordeaux le 23 février 1927. Sa situation matérielle était très précaire : ce fut Joseph Caillaux, dont il avait été l'adversaire politique, qui prit tous les frais à sa charge.