Henri Lassourd

1902 - 1978

Informations générales
  • Né le 24 mai 1902 à Ploubalay (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédé le 24 février 1978 à Rennes (Ille-et-Vilaine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Ille-et-Vilaine
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

LASSOURD (Henri)
Né le 24 mai 1902 à Ploubalay (Côtes-du-Nord)
Décédé le 24 février 1978 à Rennes (Ille-et-Vilaine)

Député de l’Ille-et-Vilaine de 1968 à 1973

Henri Lassourd naît en Bretagne au début du XXème siècle. Son père appartient à la gendarmerie nationale et est mobilisé pendant la première guerre mondiale : il figure au rang de ses nombreuses victimes. Un jugement du tribunal civil de Dinan fait d’Henri Lassourd une pupille de la Nation, le 3 septembre 1919. Le jeune orphelin de guerre achève peu après de solides études secondaires et choisit de s’orienter vers l’exercice de la médecine vétérinaire. Après avoir soutenu son doctorat, il exerce à La Guerche-de-Bretagne, à l’est du département de l’Ille-et-Vilaine, où il se marie le 31 août 1932.
A la Libération, Henri Lassourd devient maire de la commune où il travaille depuis de nombreuses années. Il devait exercer cette responsabilité de premier magistrat de La Guerche-de-Bretagne pendant vingt-huit années consécutives. Proche des gaullistes à cette époque, il est élu conseiller général par le canton de La Guerche-de-Bretagne à l’automne 1951 et siège à l’Assemblée départementale jusqu’en 1976. Il occupe un temps la vice-présidence du Conseil général. Henri Lassourd fait figure de notable local dès la IVème République, mais rien ne semble le destiner à exercer des fonctions nationales avant la fin des années 1960.
La troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine, où se situe La Guerche-de-Bretagne manifeste en effet sa confiance à Alexis Méhaignerie, maire de Balazé et député MRP sous la IVème République, en le réélisant dès le premier tour aux législatives de 1958 et de 1962. Il se situe dans l’opposition au pouvoir gaulliste et lui reproche, comme beaucoup de centristes, ses positions en matière européenne. En 1967, les gaullistes accordent leur investiture au maire de Vitré René Crinon, qui contraint Alexis Méhaignerie à un succès difficile au second tour de scrutin (43,9% des suffrages exprimés), dans le cadre d’une triangulaire. C’est dans le canton de La Guerche-de-Bretagne, dont Henri Lassourd est alors l’élu, qu’Alexis Méhaignerie obtient son plus mauvais résultat lors du premier tour (39,4%).
Après les événements de mai 1968 et la dissolution de l’Assemblée nationale, les élections législatives de juin 1968 sont marquées par le désir d’un retour à l’ordre pour une majorité de Français. La vague gaulliste semble devoir emporter jusqu’à des circonscriptions jugées auparavant « imprenables » par les soutiens du régime. Dans la troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine, Alexis Méhaignerie choisit de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat pour laisser la place à son fils Pierre, ingénieur agronome, qui reçoit l’investiture des centristes du PDM (Progrès et démocratie moderne). L’Union pour la défense de la République (UDR) est représentée dans la circonscription de Vitré par un tandem composé d’Henri Lassourd, maire de La Guerche-de-Bretagne et de René Crinon, déjà candidat en 1967. Le candidat des gaullistes se présente aux électeurs comme un homme libre, qui n’entend pas « aliéner en quoi que ce soit et pour quoi que ce soit sa liberté de vote ». Il n’use pas de propos définitifs pour caractériser ses adversaires de gauche ou les meneurs du mouvement de mai, sinon pour jouer sur le ressort de l’anticommunisme. Ce ton tranche singulièrement avec celui de nombre de candidats UDR aux élections législatives de juin 1968, d’autant qu’Henri Lassourd reconnaît que le gouvernement sortant a pu commettre des erreurs. Sa profession de foi exprime le souhait que la politique menée par le pouvoir gaulliste se montre « plus humaine » à l’avenir et appelle implicitement à une relance économique qui tranche avec le plan de stabilisation mis en œuvre depuis le mitan des années 1960. Le maire de La Guerche-de-Bretagne insiste en outre sur la nécessité d’une décentralisation ambitieuse et d’un meilleur équipement de la Bretagne en habitations à loyers modérés (HLM).
Le 23 juin 1968, Henri Lassourd l’emporte aisément sur Pierre Méhaignerie. Les électeurs de la troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine l’envoient siéger à l’Assemblée nationale dès le premier tour de scrutin, avec une majorité de 53,6% des suffrages exprimés. Le vétérinaire breton obtient la majorité absolue dans 5 des 7 cantons : seuls ceux de Janzé et de Rétiers ne cèdent pas complètement à la déferlante du gaullisme dans les urnes, même si Henri Lassourd y devance également Pierre Méhaignerie.
Le député d’Ille-et-Vilaine s’inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la Vème République et siège à la Commission de la production et des échanges. Henri Lassourd demeure discret au Palais-Bourbon et ne prend jamais la parole en séance publique sous la quatrième législature de la Vème République. Le vétérinaire breton conforme ses votes à ceux du groupe gaulliste entre 1968 et 1973. S’il a pris devant les électeurs l’engagement de garder une certaine liberté d’appréciation à l’égard du gouvernement, il ne se distingue pas vraiment dans l’hémicycle des gaullistes les plus « disciplinés ». Il vote la loi Faure qui réforme l’enseignement supérieur dans un sens plus libéral et que contestent –à mots couverts- de nombreux élus de la majorité, le 10 octobre 1968. Il se prononce en faveur de la loi « anti-casseurs » (juin 1970), approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas (octobre 1970), comme la création des régions (avril 1972).
En mars 1973, Henri Lassourd se porte candidat à sa propre succession à l’occasion des élections législatives avec l’investiture de l’Union des Républicains de Progrès (UNR et Républicains indépendants). Il affronte à nouveau Pierre Méhaignerie, fils de l’ancien maire de Balazé. Le candidat centriste ne souffre plus du handicap d’appartenir à l’opposition, contrairement au scrutin de 1968 : il travaille désormais auprès du ministre des Affaires culturelles Jacques Duhamel, qui a choisi avec René Pleven de soutenir la candidature présidentielle de Georges Pompidou en 1969. Pierre Méhaignerie a en outre réussi à améliorer son implantation dans la circonscription entre 1968 et 1973. Face à un sortant septuagénaire, il bénéficie d’une image de jeunesse et de dynamisme et défait Henri Lassourd dès le premier tour de scrutin grâce au soutien de 52,7% des électeurs. Le conseiller général de La Guerche-de-Bretagne ne devance en effet Pierre Méhaignerie que dans son canton d’élection (38,1% contre 35,4%) et rassemble sur son nom près de 10 000 voix de moins qu’en juin 1968. Cette défaite s’inscrit dans un contexte national de recul des voix gaullistes au profit des candidats modérés, des centristes et surtout de l’Union de la gauche.
Henri Lassourd abandonne alors son mandat de maire, mais continue de siéger à l’Assemblée départementale d’Ille-et-Vilaine jusqu’en 1976. Il n’exerce plus sa fonction de vétérinaire depuis 1970 et vit ses dernières années à Rennes. C’est dans cette ville qu’il disparaît, à quelques jours des législatives de 1978.