André Lathière
1920 - 1965
LATHIÈRE (André, Julien)
Né le 27 décembre 1920 à Porchères (Gironde)
Décédé le 5 octobre 1965 à Néac (Gironde)
Député de la Gironde de 1961 à 1962 et de 1963 à 1965
André Lathière doit son entrée au Palais-Bourbon à la nomination de Robert Boulin, dont il est le suppléant, au gouvernement mais il ne reste que peu de temps député : il n’avait pas commencé la première législature et, victime d’un accident de voiture en 1965, il ne finit pas la deuxième.
Né le 27 décembre 1920 à Porchères (Gironde), dans une famille originaire du Limousin (Haute-Vienne), André Julien Lathière est le fils d’un artisan menuisier-ébéniste. Formé à l’Ecole professionnelle de Périgueux (Dordogne) et titulaire d’un brevet industriel, il succède à son père à la tête de l’entreprise familiale, à Saint-Seurin-sur-l’Isle. En 1939, il s’engage volontairement dans l’armée de l’air et prépare l’école de l’air en 1940. Il participe à la campagne de France puis entre dans la Résistance, rejoignant les maquis de Dordogne puis de Corrèze. En 1944, il retrouve l’armée de l’air avec la 1ère Armée et prend part à la campagne Rhin et Danube. Sa conduite lui vaut la médaille militaire. Il est marié à une institutrice qui lui donne quatre enfants. Après la guerre, André Lathière, tout en reprenant ses activités professionnelles, s’investit dans l’Association Rhin et Danube dont il préside pendant quelques années la section de l’arrondissement de Libourne. Fervent sportif, il dirige aussi la préparation militaire de Saint-Seurin-sur-l’Isle et préside le club de football de sa commune qui se fait vite – et durablement – remarquer par ses excellents résultats. Lathière collabore activement à la rubrique sportive du journal Sud-Ouest et de l’hebdomadaire La France indépendante et agricole. Comme le rappelle Jacques Chaban-Delmas dans l’éloge funèbre qu’il prononce le 7 octobre 1965, ce sont ces qualités qui lui valent d’être choisi par Robert Boulin comme suppléant lors des premières élections législatives de la Vème République en 1958. En effet, avant le 23 novembre 1958, Lathière n’a jamais fait acte de candidature et son engagement politique gaulliste est discret. Sur la profession de foi du candidat UNR dans la 9ème circonscription de la Gironde, celle de Libourne, Boulin, comme Lathière, dépourvus de mandats locaux, n’indiquent que leur profession (« artisan menuisier » pour Lathière) et leurs titres militaires (« aspirant de réserve, croix de guerre 1939-1945, ancien de la 1ère armée française » pour Lathière). Au 1er tour, le 23 novembre 1958, face à cinq adversaires, le tandem Boulin et Lathière devance légèrement le député sortant - et ancien ministre - , le socialiste, Jean-Raymond Guyon (11 181 voix contre 10 961). Au 2ème tour, le 30 novembre, c’est une large victoire (23581 voix loin devant Guyon 12390). Pour les élections législatives de 1962, Robert Boulin garde Lathière comme suppléant et s’en explique auprès des électeurs précisant dans sa profession de foi: « André Lathière, fidèle et dévoué, m’a aidé dans cette lourde tâche. Il mérite estime et reconnaissance dans la contribution qu’il m’a apportée ». De plus, Lathière est devenu « lieutenant de réserve » mais ne rappelle plus dans la profession de foi sa participation à Rhin et Danube. Les candidats UNR doivent à nouveau affronter cinq adversaires mais leur résultat du premier tour, le 18 novembre, est très supérieur à celui de 1958 : avec 16 350 voix, ils devancent de près de 10 000 voix le candidat SFIO, Jean Bernadet et frôlent la victoire avec 48% des suffrages exprimés. Au soir du 25 novembre, ils l’emportent avec 20 251 voix contre 15 456 pour Bernadet.
La nomination de Robert Boulin au gouvernement le 24 août 1961 conduit André Lathière au Palais-Bourbon. Il s’inscrit au groupe UNR, le 3 octobre 1961, puis proclamé à nouveau député le 7 janvier 1963, il reste fidèle au groupe UNR-UDT, le 16 janvier 1963. Durant la première législature, il est membre de deux commissions, pour lesquelles sa profession lui donne des compétences, celle de la production et des échanges et celle, spéciale, chargée d’examiner le projet de loi tendant à favoriser l’intéressement des travailleurs à l’entreprise. Lathière intervient à trois reprises dans un débat sur les rapatriés (mai 1962), dans la discussion du projet de loi sur le IVe Plan pour défendre l’ économie de la région aquitaine, qu’il s’agisse des intérêts viticoles – en regrettant, par exemple, la caution donnée par le gouvernement aux publicités anti-alcooliques -, des besoins en matière d’infrastructure – routières, notamment « un axe Hambourg-Rotterdam-Bordeaux-Hendaye » et hôtelières pour une meilleure exploitation des « richesses du Sud-Ouest en ressources touristiques » et enfin, dans le débat sur la motion de censure déposée par l’opposition contre le projet du président de la République au suffrage universel.
La deuxième législature est le temps de l’affirmation pour André Lathière, même si son action est limitée à deux ans et demi. Le député de Libourne siège dans sept commissions et comités, très variés, quatre en 1963 (affaires culturelles, familiales et sociales ; assurances sociales agricoles ; propagande en faveur du vin ; amélioration de la production de la structure foncière des forêts), deux en 1963-64 (autour des principes et modalités de l’économie contractuelle en agriculture), une plus durablement – comme dans la précédente législature -, celle de la production et des échanges (1963-1965). Les textes qu’il dépose, comme les commissions auxquelles il appartient et les interventions nombreuses – près d’une trentaine – qu’il fait, révèle un intérêt tout particulier pour deux grandes questions, celles liées à l’agriculture et en particulier à la viticulture et aux calamités agricoles et celles liées aux comités d’entreprise. Beaucoup des interventions du député Lathière sont liées à sa région, qu’il s’agisse de la lutte contre les moustiques dans les zones insalubres du Médoc, de la lutte contre le feu dans la forêt landaise, de la défense des écoles rurales et bien sûr, de la politique viticole. Ses plus importantes prises de parole s’effectuent dans la discussion sur le projet de loi organisant un régime de garantie contre les calamités agricoles (avril-juin 1964) et sur le projet de loi modifiant certaines dispositions de l’ordonnance du 22 février 1945 instituant les comités d’entreprises (juin 1965). Les votes d’André Lathière correspondent à ceux d’un député gaulliste qui, entre 1961 et 1965, a toujours approuvé les lois des gouvernements Debré et Pompidou auxquels, de plus, Robert Boulin appartient.
Fort de cette expérience politique acquise au sommet, à l’Assemblée nationale, André Lathière décide de dépasser son militantisme associatif local ancien en s’engageant dans l’action politique municipale. Candidat aux élections municipales de mars 1965 dans la petite ville de Saint-Médard-de-Guizières, non loin de Saint-Seurin-sur-l’Isle, il est élu et en devient maire. Mais André Lathière n’a pas le temps de s’investir dans cette nouvelle fonction car il se tue dans un accident de la route le 5 octobre 1965, alors qu’il n’a pas encore atteint ses quarante-cinq ans, « victime du devoir, terrassé par les fatigues que lui imposaient ses multiples fonctions », selon les mots de Jacques Chaban-Delmas.