Jacques Lauche
1872 - 1920
Né le 27 septembre 1872 à Mont-de-Marsan (Landes), mort le 9 décembre 1920 à Paris (11e).
Député de la Seine de 1910 à 1920.
Fils d'ouvrier, aîné de six enfants, il devient le chef de famille dès l'âge de 13 ans, à la mort de son père. Jacques Lauche travailla comme mécanicien et adhéra au parti ouvrier à 17 ans. À partir de 1895, il fut délégué de son parti à tous les congrès socialistes et ouvriers. Membre de la commission administrative du parti socialiste, il fait de nombreuses conférences et poursuit son activité syndicale. Il sera l'un des huit membres de la commission chargée d'élaborer le pacte d'unification des partis socialistes. Délégué au congrès de Paris, il fonde, avec Albert Thomas, la Revue syndicale et coopérative, qui s'associe ensuite à la Revue socialiste, où il collabore. De 1899 à 1906, il est secrétaire de l'Union des mécaniciens de la Seine, où il se consacre principalement à l'étude des questions économiques et de la condition ouvrière.
Son intelligence toujours en éveil, son dévouement inlassable le font désigner par ses camarades comme candidat aux élections législatives du 6 mai 1906, dans la 3e circonscription du XIe arrondissement de Paris. Il ne recueille que 3.780 voix au premier tour contre 6.249 à Levraud, qui triomphera au second tour, et 4.496 à Paul Adam, sur 15.759 votants.
Mais il prend sa revanche au second tour de scrutin des élections générales législatives des 1er et 8 mai 1910, par 7.652 voix sur 13.701 suffrages exprimés, ses deux principaux adversaires, Jacquelin et Offenstadt-Villefranche obtenant respectivement 3.322 et 2.621 voix.
À peine un mois s'est-il écoulé qu'il monte à la tribune de la Chambre pour interpeller le gouvernement sur sa politique générale. Son intervention, d'une ordonnance et d'une documentation à faire rêver un vieux parlementaire, produit une profonde impression. Elle témoigne de sa volonté évidente d'être aussi actif comme député qu'il le fut comme syndicaliste et, de ce fait, il serait trop long d'énumérer ses nombreux dépôts de propositions et ses exposés à la tribune.
Secrétaire du 1er Bureau et secrétaire de la commission du travail - où il domine tous les sujets traités - il prend une grande part à l'élaboration des lois ouvrières et la confiance de ses collègues le désigne comme rapporteur de plusieurs textes : projet de loi réglementant le repos hebdomadaire aux halles centrales de Paris, que son obstination parvient à faire voter... le dernier jour de la législature ; proposition de loi portant l'établissement d'un minimum de salaire pour les travailleurs de l'Etat; ou réglementant la profession de chauffeur-mécanicien dans l'industrie (1912).
Il est aussi l'auteur d'une proposition de loi sur la responsabilité des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail (1913) et d'une proposition de résolution tendant à suspendre provisoirement le droit d'entrée sur les blés (1912).
Sur la même liste que F. Bouisson, Ch. Benoist, Painlevé, Jaurès et Groussier, il est élu membre de la commission du suffrage universel, devenant ainsi un des artisans de la représentation proportionnelle. C'est lui qui rapporte, au nom du 9e Bureau, sur l'élection de Rouanet par la 2e circonscription du XVIIIe arrondissement de Paris (1912). Puis il est entendu sur l'élection de Henry Paté par la 1re circonscription du XIe arrondissement de Paris et sur celle de Giordan pour l'arrondissement de Sartène.
La conscience et l'éclat avec lesquels il accomplit ses tâches parlementaires lui valent de conserver son siège au premier tour, le 26 avril 1914, par 8.234 voix contre 2.821 à Verrière sur 14.431 suffrages exprimés.
Il retrouve sa place aux commissions du travail et du suffrage universel et entre dans celle du commerce et de l'industrie et dans la commission d'enquête sur la métallurgie. Il continue de prendre part à la discussion des lois intéressant les travailleurs, qu'il s'agisse de limiter leur journée de travail ou d'organiser leur placement.
Il s'intéresse surtout aux humbles, victimes de la guerre, ou aux déshérités de « l'arrière » et s'occupe du ravitaillement en blé et en farine de la population civile.
Il est réélu le 16 novembre 1919 au scrutin de liste avec représentation proportionnelle, à la tête du parti socialiste et du comité d'action socialiste, avec 22.970 voix, dans la 2e circonscription de la Seine.
Membre de la commission d'assurance et de prévoyance sociale, il dépose des propositions de loi portant taxation des loyers.
Souffrant d'une grave maladie depuis de longs mois, usé par une lutte constante pour la défense des opprimés, il ne paraît presque plus à la Chambre et meurt le 9 décembre 1920 à son domicile parisien, à l'âge de 48 ans.