Hervé Laudrin
1902 - 1977
LAUDRIN (Hervé)
Né le 23 mars 1902 à Locminé (Morbihan)
Décédé le 19 mars 1977 à Vannes (Morbihan)
Député du Morbihan de 1958 à 1977
Hervé Laudrin naît le 23 mars 1902 à Locminé, dans la Bretagne intérieure, à moins de trente kilomètres d’un important lieu de pèlerinages : Sainte-Anne d’Auray. Il grandit dans une famille modeste –son père est artisan boulanger- et se retrouve très tôt orphelin de mère. Comme beaucoup de jeunes Bretons d’alors, il se destine au service de l’Eglise, et entre au séminaire à Sainte-Anne d’Auray, puis à Vannes, siège de l’évêché. Le tempérament d’Hervé Laudrin le porte, très jeune déjà, à vivre sa foi dans le siècle, et non dans la contemplation. Il est ordonné prêtre le 11 juillet 1926 en la chapelle Sainte-Anne du collège Saint-François-Xavier à Vannes. Sur le conseil de ses supérieurs ecclésiastiques, Hervé Laudrin s’inscrit à la Faculté catholique d’Angers, où il obtient une licence de philosophie dès 1927. Mais il souhaite vivre sur sa terre natale du Morbihan, et se voit d’abord nommé directeur-adjoint des œuvres diocésaines à Vannes. Il reçoit pour la première fois charge d’âmes comme vicaire de la paroisse Saint-Louis de Lorient en 1934. La ville, qui se distingue du reste du Morbihan par sa tradition de solidarité ouvrière et sociale, compte alors 51 000 habitants.
A Vannes puis à Lorient, Hubert Laudrin côtoie beaucoup de jeunes, notamment comme professeur de lettres dans des établissements confessionnels. Il réfléchit à la nécessité pour les hommes d’Eglise de participer au développement des loisirs éducatifs et sportifs, puis fonde le Centre d’éducation physique de Lorient (CEP Lorient) en 1934. Ce club multisports s’illustre tout spécialement dans le basket-ball et le football. Sous la direction d’Hervé Laudrin, le club de football du CEP Lorient réussit à accéder à la division d’honneur qui, depuis la création du championnat de France en 1932-1933, fait office de 3ème division nationale, puis de 4ème division à partir de 1948. En 1950, le quotidien L’Equipe décerne même au CEP de Lorient le titre de meilleur club de France, en se fondant sur la qualité des résultats obtenus comparativement à la modestie des ressources.
Dans les années trente, Hervé Laudrin est proche de l’abbé Jean-Marie Desgranges, chanoine de Vannes et député de la 1ère circonscription du Morbihan depuis 1928. A l’Assemblée nationale, l’abbé Desgranges est apparenté au groupe du Parti démocrate populaire (PDP) dans les années 1930, sans approuver cependant les options les plus progressistes de la petite formation parlementaire. Ce conférencier prolifique, spécialiste des réunions publiques contradictoires, inculque à son cadet dans les ordres le goût de l’éloquence et peut-être déjà de la chose publique.
Réformé en 1939, l’abbé Laudrin n’entend pas rester éloigné de ceux qui vont combattre l’Allemagne. Il participe à la guerre de 1939-1940 comme aumônier volontaire auprès de la 61ème division d’infanterie. Fait prisonnier pendant la campagne de France, il réussit à passer clandestinement en zone libre après 14 mois de captivité. C’est en 1941 qu’il retrouve l’abbé Desgranges en zone sud, à Limoges. Bien qu’ayant accordé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940, ce dernier est en lien avec la Résistance. Pendant son séjour à Limoges, Hervé Laudrin assiste à l’arrestation de nombreux Juifs. Le sort qui leur est réservé le révolte, avant même que soient connues les horreurs de la Solution finale. Hervé Laudrin regagne Lorient à la fin de l’année 1941. La ville est occupée depuis le 21 juin 1940. La marine ennemie a décidé de tirer parti de la situation privilégiée de Lorient et de son arsenal, en en faisant la base principale des sous-marins allemands. Pour cette raison, la sous-préfecture du Morbihan a été bombardée par les Britanniques dès le 2 septembre 1940. Les côtes du Morbihan ont également été mouillées de mines dès 1941-1942. L’intérêt stratégique que représente Lorient explique que les réseaux de renseignement s’y intéressent très vite. Hervé Laudrin, dont le Centre d’éducation physique est occupé par les Allemands, nourrit ses sermons de propos réprobateurs pour l’Occupant. Il sacrifie à l’action clandestine dans le réseau « Castille » d’Alex Tanguy dès novembre 1941. Entre le 14 janvier et le 17 mai 1943, Lorient subit une terrible vague de bombardements. La ville, l’arsenal et, plus anecdotiquement, le Centre d’éducation physique de l’abbé Laudrin sont réduits en cendres. Nommé aumônier de Lorient, dont la population s’est dispersée dans tout l’Ouest de la France pendant les bombardements, l’abbé Laudrin doit quitter la ville en mars 1943. Il est en effet recherché par la Gestapo, et prend le chemin de l’Espagne par les Pyrénées.
Arrêté pour être entré illégalement sur le territoire espagnol, Hervé Laudrin est relâché, puis rejoint Alger par le Portugal et le Maroc. En juillet 1943, il s’engage auprès du général Koenig, qui le choisit comme aumônier principal des Forces françaises libres. Après deux missions en Syrie et en Palestine, Hervé Laudrin passe au 2e corps d’armée française du général Juin. Avec cette deuxième Armée française, il participe à la campagne d’Italie. Il se plaît beaucoup au contact de la troupe, malgré la pénibilité et la rudesse des combats. A Rome, il est présenté au pape Pie XII. Suivant les hommes du Génie, Hervé Laudrin débarque à Saint-Tropez en août 1944, puis devient aumônier principal de la IXe division d’infanterie coloniale. C’est avec ces troupes issues de l’Empire que l’abbé Laudrin pénètre en Allemagne en avril 1945. Quand sonne l’heure de l’armistice le 8 mai 1945, il célèbre en outre-Rhin, loin de son Morbihan natal, une messe en reconnaissance de grâce. Sa conduite vaut à Hervé Laudrin d’être décoré de la Légion d’honneur par le général de Gaulle le 19 mai 1945. Il reçoit également la croix de guerre avec 3 palmes et la médaille de la France libre.
Après la guerre, l’abbé Laudrin reprend ses activités au Centre d’éducation physique de Lorient, qu’il dirige jusqu’en 1961. L’abbé Desgranges, auquel il est resté très attaché, s’élève alors contre les excès de l’épuration et dénonce dans un ouvrage « les crimes masqués du résistantialisme ». Il prend la défense des parlementaires devenus inéligibles. L’abbé Laudrin ne s’associe pas à ces combats, et demeure encore à l’écart de la vie publique.
1958 marque une césure dans l’existence d’Hervé Laudrin : c’est à cette date que disparaît son vieux maître, l’ancien député et abbé Jean-Marie Desgranges. C’est également en 1958, que les événements du 13 mai le convainquent de faire, à 56 ans, un pas vers l’engagement politique. Il accepte de devenir Vice-président du Comité morbihannais pour le recours au général de Gaulle. Quelques mois plus tard, Hervé Laudrin se porte candidat au siège de député dans la troisième circonscription du Morbihan.
Sous la IVème République, seuls deux hommes d’Eglise avaient siégé au Parlement. Le chanoine Kir, élu de la Côte d’Or depuis 1946, et constamment confirmé depuis, se distingue par ses options conservatrices. Henri Grouès, dit l’Abbé Pierre, député de la Meurthe-et-Moselle entre 1946 et 1951, avait appartenu à la frange la plus à gauche du Mouvement républicain populaire (MRP). Mais l’Eglise et sa hiérarchie envisagent avec réserve ce type d’engagement, à mesure qu’elles entendent se recentrer sur des objectifs spirituels. Dès 1914, l’abbé Lemire, député sortant du Nord, avait dû cesser de célébrer la messe pour s’être présenté contre la volonté de l’institution. L’abbé Laudrin, soucieux de respecter son vœu d’obéissance, sollicite l’accord des autorités ecclésiastiques avant de se présenter aux suffrages des électeurs en novembre 1958. Il l’obtient sans difficulté.
La 3ème circonscription du Morbihan comprend sept cantons en 1958, dont celui de Locminé, où a grandi Hervé Laudrin. Réputée conservatrice, cette zone du Morbihan intérieur a pour ville-centre Pontivy, dont la tradition politique est plus progressiste. Au premier tour, l’abbé Laudrin doit affronter cinq autres candidats. L’Union pour la nouvelle république (UNR) a investi dans cette circonscription Jean-Baptiste Thébaud, négociant en produits agricoles. Dans sa profession de foi, Hervé Laudrin lui conteste implicitement le monopole du gaullisme : il dit présenter, « plus de titres que tout autre candidat, en cette circonscription, dans l’attachement et la fidélité au général de Gaulle ». Soutenu par la Démocratie-chrétienne de France et les Républicains indépendants, Hervé Laudrin s’attache à deux thèmes principaux dans sa campagne : l’enseignement libre et les questions agricoles. Au cours des 59 conférences qu’il prononce dans le cadre de la campagne électorale, la question algérienne est peu évoquée, sinon pour appeler à une « paix des braves ». Trois conseillers généraux sont présents à ces élections législatives de novembre 1958 : Jean-Baptiste Thébaud pour l’UNR, Roger Bellec pour l’« Union républicaine pour l’Action paysanne et sociale » et Emmanuel Bertho, suppléant de l’abbé Laudrin.
Au premier tour, l’ancien aumônier de la France libre devance très nettement les autres candidats avec 43,8% des suffrages exprimés, soit 20 060 voix. La gauche, représentée par les candidats communiste et socialiste, réunit à peine 18,2% des voix dans son ensemble. Au second tour, Hervé Laudrin bénéficie du retrait des deux autres candidats modérés. L’Abbé, qui appelait les électeurs à « former, autour de son nom, le front imposant de la Liberté et du Droit » face au candidat communiste, est entendu. Il l’emporte le 30 novembre 1958 avec 79,8% des voix. Hervé Laudrin s’impose ensuite au premier tour, jusqu’en 1973. Sans concurrent à droite désormais, il réunit 73,7% des voix le 18 novembre 1962, 69,1% le 5 mars 1967 et 72,1% le 23 juin 1968. Il succède à Yves Kerrand comme maire de Locminé en 1965, puis est élu comme conseiller général en 1967, ce qui lui permet de renforcer son implantation locale.
Fidèle au général de Gaulle, Hervé Laudrin choisit de s’apparenter au groupe UNR dès son entrée à l’Assemblée nationale, avant de rejoindre cette formation parlementaire comme membre de plein exercice le 8 juillet 1959. Le député du Morbihan devait entrer au bureau politique du groupe gaulliste le 16 mai 1963, et y demeurer jusqu’à avril 1974. Il siège dans l’hémicycle pendant 19 ans, et s’y montre un digne héritier de l’abbé Desgranges. Orateur redouté pour son sens de la répartie et de la formule, il est profondément anticommuniste et fait figure de conservateur éclairé, quoique très préoccupé de questions sociales.
L’abbé Hervé Laudrin déploie une intense activité au Palais-Bourbon, surtout au cours des deux premières législatures (1958-1962) (1962-1967). Après qu’il a conquis des mandats locaux en 1965 et surtout aux cantonales de 1967, il se consacre plus volontiers aux affaires morbihannaises, même s’il demeure très présent au Parlement. Désigné comme membre de l’Assemblée parlementaire des communautés européennes depuis décembre 1962, il consacre son énergie à honorer ce mandat. Siégeant à la Commission des affaires sociales et du travail de cette Assemblée, il y est chargé de rapports sur la politique européenne de lutte contre les drogues, l’harmonisation des systèmes de sécurité sociale ou la généralisation de la semaine des quarante heures à l’échelle européenne. Le 8 juillet 1959, il avait été élu sénateur de la Communauté, éphémère création institutionnelle de la Vème République, qui devait disparaître avec l’indépendance des anciennes colonies.
Hormis un bref passage par la Commission de la production et des échanges en avril 1973, Hervé Laudrin appartient à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de 1958 à 1977 sans discontinuer. Ses collègues le désignent comme vice-président de cette Commission sous la première législature, le 11 octobre 1960. Elu du Morbihan, l’abbé Laudrin se fait une spécialité de deux sujets qui concernent spécialement ses mandants : les questions agricoles et l’enseignement libre. Sous la première législature, il intervient par exemple à 16 reprises dans l’hémicycle lors de débats touchant à l’agriculture ou au monde rural. La question des protections accordées aux salariés ou exploitants agricoles retient surtout son attention, comme celle de leur retraite. L’abbé Laudrin est ainsi désigné comme rapporteur pour le texte instituant une allocation complémentaire de vieillesse pour les personnes non salariées des professions agricoles en octobre 1960 et pour le projet de loi instituant une obligation d’assurance pour les personnes non salariées contre les accidents et maladies professionnelles dans l’agriculture (23 novembre 1966). L’élu morbihannais siège comme membre titulaire au Conseil supérieur des prestations sociales agricoles à partir du 17 octobre 1968. Comme Gabriel de Poulpiquet, son collègue gaulliste du Finistère, mais à une moindre échelle, l’abbé Laudrin s’impose donc comme un spécialiste des problèmes de l’agriculture, qu’il évoque à l’occasion des discussions sur les projets de loi de finances.
En matière d’enseignement privé, les interventions de l’abbé Laudrin demeurent souvent brèves. L’ancien entraîneur sportif y marque cependant les esprits par la vivacité de son argumentation et la qualité de ses « mots ». Il excelle dans les passes d’armes avec des députés très attachés à la laïcité, comme le communiste Jack Ralite (19 juin 1975). Le député Laudrin, qui appartient à l’Association parlementaire pour la liberté de l’enseignement, se fait dès 1958 une spécialité de ce genre d’échanges, agissant en vigie des établissements privés, dont il rappelle les qualités à maintes occasions.
Ayant abandonné la direction du CEP de Lorient en 1961, l’abbé Laudrin ne se désintéresse pas pour autant de la politique des sports. Il est ainsi chargé d’un rapport sur la réglementation de la profession d’éducateur physique ou sportif en 1962. Rapporteur pour avis du budget de la jeunesse et des sports pour 1961, l’abbé Laudrin s’émeut à l’automne 1960 de l’humiliation infligée à la France lors des Jeux Olympiques de Rome, où elle s’est classée 25ème, sans obtenir aucune médaille d’or. Hervé Laudrin attribue ce piète résultat au caractère obsolète des structures et de l’équipement sportifs français. Envisageant les moyens de faire de la France une grande nation sportive, il dépose une proposition de loi portant réforme de l’organisation sportive le 27 octobre 1960, et soutient les efforts de Maurice Herzog, chargé de la Jeunesse et des Sports au sein du Gouvernement jusqu’en 1965. Au début des années 1970, sa compétence le qualifie pour participer à la Commission des activités sportives et socio-éducatives du VIe Plan (1971-1975).
Le 5 novembre 1970, l’abbé Laudrin, alors âgé de 68 ans, dépose avec ses collègues gaullistes François Missoffe et François Grussenmeyer une proposition de loi tendant à modifier le Code électoral afin de limiter à 70 ans l’âge des candidats à l’Assemblée nationale et au Sénat. Les trois députés mettent en avant « la fatigue physique » qu’implique l’exercice d’un mandat parlementaire pour justifier qu’une limite d’âge supérieure soit déterminée. Ce texte ne reçoit pas de suite législative. Hervé Laudrin envisage pourtant, à près de 71 ans, de renoncer à se présenter aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, puis se décide à mener campagne pour lutter contre l’Union de la gauche. Depuis le retrait du chanoine Kir en 1967, il est le dernier ecclésiastique de l’Assemblée nationale. Dans un contexte difficile pour les gaullistes, l’abbé Laudrin donne dans un anticommunisme musclé tout au long de sa campagne. Il évoque, en cas de victoire de la gauche, « des aventures qui seraient plus graves que celles de 1940 », et une « dictature » semblable à celles que connaissent les pays du bloc soviétique. Pour la première fois depuis 1958, Hervé Laudrin doit également faire face à un concurrent chez les modérés. Il est cependant réélu au second tour, dans une triangulaire face au maire socialiste de Pontivy et à un candidat réformateur, avec 49,9% des suffrages exprimés.
Lors de son dernier mandat à l’Assemblée nationale, Hervé Laudrin s’inquiète des contacts entre les autonomistes ou séparatistes bretons et les socialistes français, ce qui donne lieu à un incident avec le député du Finistère Louis Le Pensec (4 décembre 1975). L’homme d’Eglise fait partie des députés gaullistes qui, avec Michel Debré, Jean Foyer, Olivier Guichard ou Pierre Messmer, s’opposent à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. Le 27 novembre 1974, dans une intervention d’une grande dignité, il cite l’Antigone de Sophocle -« il n’y a pas de honte à honorer les êtres nés des mêmes entrailles que nous »- et en appelle à la loi mosaïque –« tu ne tueras point »- pour expliquer qu’il ne peut en conscience autoriser l’avortement, même dans les conditions prévues par le texte de Simone Veil. L’abbé Laudrin n’oublie pas, malgré la solennité de son propos, d’insister avec malice sur l’absence du garde des Sceaux Jean Lecanuet au moment de l’examen du texte sur l’IVG. Après l’adoption du projet de loi, Hervé Laudrin fait partie des députés qui saisissent le Conseil constitutionnel le 20 décembre 1974 : ces élus estiment que la légalisation de l’IVG est contraire aux dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme.
L’abbé Laudrin respecte la discipline de son groupe pendant ses 19 années de mandat parlementaire. Il approuve la déclaration de politique générale de Michel Debré (15 octobre 1959), vote en faveur de la loi sur l’enseignement privé (23 décembre 1959), accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960), mais s’abstient volontairement lors du vote sur la demande de levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962), sans doute par sympathie pour ce chrétien « égaré ». Hervé Laudrin renoue avec la discipline gaulliste en approuvant le programme d’action de Georges Pompidou (27 avril 1962). Il ne vote pas la motion de censure du 4 octobre 1962.
Par ses fonctions au bureau politique des différents groupes parlementaires gaullistes entre 1963 et 1974, l’abbé Laudrin se doit à un certain loyalisme à l’égard des gouvernements Pompidou, Couve de Murville, puis Chaban-Delmas et Messmer. Il vote le projet de loi autorisant la ratification du traité de l’Elysée conclu entre la France et l’Allemagne (13 juin 1963), se prononce en faveur d’un meilleur encadrement du droit de grève dans les services publics (28 juillet 1963). Sous la 4ème législature, il approuve la loi d’orientation de l’enseignement supérieur préparée par Edgar Faure après les événements de mai 1968 (10 octobre 1968), comme le texte tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance, dite loi anti-casseurs, qui dispose que la participation à une manifestation interdite devient un délit (4 juin 1970). Après l’entrée de Valéry Giscard d’Estaing à l’Elysée, Hervé Laudrin accorde certes son soutien au gouvernement conduit par Jacques Chirac le 6 juin 1974, mais il s’oppose à certains textes « libéraux », et s’abstient lorsqu’il s’agit d’assouplir les modalités du divorce (4 juin 1975).
Mis en ballottage aux élections municipales du 13 mars 1977 dans sa commune natale de Locminé, qui compte désormais plus de 3.000 habitants, l’abbé Laudrin meurt à Vannes le 19 mars 1977, avant le second tour de scrutin. Son suppléant Jean Pascal est proclamé député jusqu’à la fin de la législature, et Jacques Bellon lui succède à la mairie de Locminé. Conformément à l’usage, le président Edgar Faure prononce l’éloge funèbre d’Hervé Laudrin dans l’hémicycle, en même temps que celle du député de la Charente maritime Albert Bignon, le 5 avril 1977.
Hervé Laudrin fut le dernier ecclésiastique à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, le « dernier vicaire de cette étrange paroisse » disait-il. La charge d’âmes et la dignité d’ecclésiastique sont désormais incompatibles avec l’exercice de fonctions électives ou politiques. Le droit canon dispose que les clercs ne peuvent détenir de « charges publiques qui comportent une participation à l’exercice du pouvoir civil », ni prendre « une part active dans les partis politiques ou dans la direction des associations syndicales, à moins que la défense des droits de l’Eglise ou la promotion du bien commun ne le requièrent ». Avec Hervé Laudrin s’éteint cette lignée d’homme d’Eglises devenus tribuns de la Chambre, dont l’abbé Grégoire avait été le premier représentant en des temps plus troublés.