Diawadou Barry
1916 - 1969
Né le 10 mai 1916 à Kolo (cercle de Dabola) (Guinée)
Décédé en 1973 à Conakry (République de Guinée)
Député de la Guinée de 1954 à 1958
Originaire du centre de la Guinée, Diawadou Barry est le fils de l'Almahy (chef traditionnel) de Dabola. Il est envoyé à l'Ecole normale William Ponty en 1939 et en sort diplômé. Il entre alors dans les services financiers du gouvernement de l'Afrique Occidentale française, où il devient successivement comptable aux travaux publics en 1945, comptable principal en 1949 et chef de bureau en 1953.
Entre-temps, il s'est lancé dans la vie publique. Il est élu conseiller général de la Guinée en 1946. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, il figure en seconde position sur la liste du Parti socialiste de Guinée. La liste recueille 30 982 voix contre 60 555 à l'Union socialiste et progressiste de Guinée. Seul le premier de liste est donc élu. Aux élections de 1951, Diawadou Barry est, cette fois, tête de liste d'Union française d'action démocratique et sociale mais son score électoral tombe à 20 423 voix et la liste de son adversaire de 1946, Yacine Diallo, emporte deux sièges, le troisième revenant à Mamba Sano, chef d'une liste d'« indépendants ». Peu de temps après, Diawadou Barry prend sa revanche. En 1953, il devient conseiller de l'Union française et, le 27 juin 1954, une élection partielle est organisée pour remplacer Yacine Diallo décédé. Diawadou Barry l'emporte nettement avec 145 497 voix (57,1 %), contre 85 808 à Sékou Touré, son concurrent le plus dangereux. Mais, selon le témoignage ultérieur du ministre de la France d'outre-mer de l'époque, Robert Buron, les résultats auraient pu être entachés d'irrégularités.
Après la validation de son élection, Diawadou Barry est nommé membre de la Commission des territoires d'outre-mer et de celle des pensions, en octobre 1955. Son activité parlementaire se limite, pour cette fin de législature, à des interventions dans la discussion du projet de loi relatif à l'organisation municipale dans les territoires d'outre-mer et à celle du budget du ministère chargé de ces territoires. Le 16 décembre 1954 notamment, il soutient les revendications des administrateurs de la France d'outre-mer concernant une indemnité de sujétion afin que ces fonctionnaires jouissent d'une situation analogue aux autres fonctionnaires coloniaux. Le même jour, il réclame le dégagement de crédits du F.I.D.E.S (Fonds d'investissement et de développement économique et social), nécessaires à la construction d'un cours normal à Macenta en Guinée forestière, seule région encore dépourvue de ce type d'établissement scolaire.
Fort de son expérience parlementaire, Diawadou Barry se présente de nouveau aux suffrages des Guinéens, en tête d'une liste du « Bloc africain et guinéen des indépendants d'outre-mer » (apparenté au Parti radical). Dans sa profession de foi, il insiste sur les progrès réalisés grâce à ses interventions au Comité directeur du F.I.D.E.S., qui ont permis l'aboutissement de plusieurs projets d'équipement. Le programme de la liste pour la future législature porte sur deux points : vote d'une loi électorale pour l'outre-mer et mise sur pied d'une nouvelle structure définissant les rapports métropole/outre-mer (fédéralisme ou association). Ce programme réformiste recueille 146 543 voix mais est distancé par la liste du Rassemblement démocratique africain (R.D.A.) de Sékou Touré (346 716 voix et deux élus). Seul de sa liste, Diawadou Barry est réélu. Pendant cette dernière législature de la IVe République, il fait partie à nouveau de la Commission des territoires d'outre-mer, dont il est le secrétaire et de la Commission des pensions. Il dépose deux propositions de résolution, l'une concernant les pensions militaires payées outre-mer, l'autre relative à la formation des Assemblées de groupes et des Assemblées d'A.O.F., du Togo, d'A.E.F., du Cameroun et de Madagascar. Ses interventions ont trait, l'une à la discussion de la loi-cadre sur les territoires d'outre-mer, l'autre aux incidences du Traité de Rome sur l'Union française. Lors de la séance du 20 mars 1956, il se prononce en faveur du vote de la loi accordant les pleins pouvoirs au gouvernement pour élaborer la loi-cadre sur les territoires d'outre-mer en insistant sur deux points essentiels : l'africanisation de la fonction publique et l'unicité du collège électoral pour les Assemblées territoriales.
Le 6 juillet 1957, lors de la discussion de la ratification du Traité de Rome, Diawadou Barry dresse un tableau particulièrement sombre des effets de celui-ci sur les territoires de l'Union française : invasion des produits étrangers au détriment des produits français, diminution des recettes douanières essentielles pour l'équilibre des territoires, perte des débouchés des produits tropicaux qui n'auront plus la France comme importateur privilégié mais les autres pays européens, habitués à se fournir dans d'autres pays tropicaux. Enfin, il juge illusoire les promesses d'investissements européens en Afrique. Il vote donc contre la ratification.
En revanche, en 1958, s'il ne prend pas part au vote sur la confiance au général de Gaulle (1er juin) il accorde les pleins pouvoirs et se prononce pour la révision constitutionnelle (2 juin). Mais le refus exprimé par la Guinée, lors du référendum du 28 septembre, d'entrer dans la Communauté proposée par le général de Gaulle donnera à la carrière politique de Diawadou Barry un tour nouveau.