Jules Barthélemy-Saint-Hilaire
1805 - 1895
Représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849, député au Corps législatif de 1869 à 1870, représentant à l'Assemblée nationale de 1871 et sénateur inamovible et ministre, né à Paris, le 19 août 1805, il entra, sous la Restauration, au ministère des finances, collabora au Globe à partir de 1826, et, en qualité de rédacteur de ce journal, signa, en juillet 1830, la protestation de la presse contre les Ordonnances.
Sous la monarchie de juillet, il écrivit dans le Constitutionnel, dans le National, etc., devint, en 1834, professeur de littérature française à l'Ecole polytechnique, puis professeur de littérature grecque au Collège de France (1838), membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1839), chef du cabinet du ministre de l'instruction publique, M. Cousin (1840), et, après février 1848, secrétaire principal du gouvernement provisoire.
Elu représentant du peuple par le département de Seine-et-Oise, la 23 avril 1848, le 11e sur 12, avec 48,970 voix, il vota:
- le 26 mai, pour le bannissement de la famille d'Orléans;
- le 7 juin, avec la droite, pour la loi contre les attroupements;
- le 28 juillet, avec la droite, pour le décret contre les clubs;
- le 9 août, contre le cautionnement des journaux;
- puis, avec la droite, le 26 août, pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière;
- le 18 septembre, contre l'abolition de la peine de mort;
- le 25 septembre, pour l'impôt proportionnel;
- le 7 octobre, contre l'amendement Grévy;
- le 2 novembre, contre le droit au travail (amendement F. Pyat).
Le 25 novembre, au moment ou se posaient les deux candidatures à la présidence du prince Louis Napoléon et de Cavaignac, M. Barthélemy-Saint-Hilaire monta à la tribune et lut un long discours blâmant les temporisations calculées du général Cavaignac aux journées de juin, et attaquant la faction qui avait contribué à renverser la commission exécutive. C'est alors que Dupont de l'Eure fit adopter l'ordre du jour : « Le général Cavaignac a bien mérité de la patrie. » Il continua de voter avec la droite :
- le 29 décembre 1848, contre la suppression de l'impôt du sel;
- le 22 janvier 1849 pour le renvoi des accusés du 15 mai devant la Haute-Cour;
- le 1er février, contre l'amnistie générale;
- le 21 mars, pour l'interdiction des clubs;
- le 11 mai, contre la mise en accusation du président et de ses ministres ;
- le 18 mai, contre l'abolition de l'impôt des boissons.
Réélu par Seine-et-Oise à l'Assemblée législative, le 13 mai 1849, le 4e sur 10, avec 49,960 voix, sur 96,950 votants et 139,436 inscrits, il vota généralement avec la droite, et, en qualité d'administrateur du Collège de France depuis janvier 1849, provoqua et obtint la suspension du cours de Michelet (1851).
Le coup d'Etat de Napoléon le rapprocha alors de la gauche; il protesta contre le 2 Décembre, et, bien que gracieusement dispensé du serment, donna sa démission de professeur et d'administrateur, et se consacra aux études sur la philosophie de l'Inde, à la traduction d'Aristote, et aux autres travaux qu'il avait toujours poursuivis même pendant sa carrière politique.
En 1855, il fit un voyage en Egypte, en qualité de membre de la commission d'études du canal de Suez, et, le 1er juin 1863, se présenta comme candidat de l'opposition dans la 1re circonscription de Seine-et-Oise, où il échoua avec 11,768 voix, contre M. Caruel de Saint-Martin, candidat officiel élu par 16,314 suffrages.
Il fut plus heureux, le 6 juin 1869, au deuxième tour de scrutin, contre le candidat officiel, M. Hély d'Oissel, et fut élu, dans la même circonscription, par 18,655 voix, contre 12,421 données à son concurrent, sur 31,786 votants et 40,675 inscrits. Il siégea à gauche, et fit partie du groupe dissident des Dix-sept, qui, à l'occasion du plébiscite de mai 1870, refusèrent de signer le manifeste anti-plébiscitaire des députés et des journalistes républicains (19 avril) et se déclarèrent partisans d'une gauche ouverte à tous ceux « qui voulaient hâter le retour de l'opinion publique en faveur de la liberté, sans faire ni vouloir faire aucune révolution. »
Elu, le 8 février 1871, représentant de Seine-et-Oise à l'Assemblée de Bordeaux, le 1er sur 11, par 47,224 voix, sur 53,390 votants et 123,875 inscrits, il reprit sa place à gauche, déposa, le 16 février, la proposition : « M. Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif de la République française », et devint secrétaire général du chef du pouvoir exécutif, auquel le rattachait une vieille et étroite amitié; il refusa tout traitement pour cette fonction, qu'il exerça jusqu'à la chute de Thiers (24 mai 1873). A l'Assemblée nationale, il vota :
- le 1er mars 1871, pour la paix;
- s'abstint, le 16 mai, sur les prières publiques,
- vota, le 10 juin, pour l'abrogation des lois d'exil;
- le 30 août, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée;
- le 3 février 1872, pour le retour de l'Assemblée à Paris;
- le 24 mai 1873, contre la démission de Thiers;
- le 24 juin, contre l'arrêté sur les enterrements civils;
- le 20 novembre, contre la prorogation des pouvoirs du maréchal de Mac-Mahon;
- le 4 décembre, contre le maintien de l'état de siège;
- le 16 mai 1874, contre le ministère de Broglie;
- le 29 juillet, pour la dissolution de l'Assemblée;
- le 30 janvier 1875, pour l'amendement Wallon;
- le 25 février, pour l'ensemble des lois constitutionnelles.
Le 10 décembre 1875, il fut élu sénateur inamovible par la Chambre, le 14e, le second jour de scrutin, avec 349 voix sur 690 votants, siégea à gauche, fut rapporteur du projet de loi sur le conseil supérieur de l'instruction publique, et vice-président du Sénat (janvier 1880). Il accepta, dans le cabinet J. Ferry (septembre 1880), le ministère des Affaires étrangères, débuta par une circulaire très pacifique (24 septembre) à nos agents diplomatiques, et proposa l'arbitrage européen dans le conflit greco-turc (décembre 1880).
On taxa de faible et sénile la conduite politique tenue en cette circonstance, surtout lorsque le Morning-Post, d'une part, et la Presse, de Vienne, d'autre part, publièrent trois circulaires de M. Barthélemy-Saint-Hilaire contestant la légalité de l'arbitrage, et rejetant sur la Grèce seule la responsabilité des événements. Interpellé à la Chambre par M. Antonin Proust, le 3 février 1881, il affirma la politique pacifique de la France, et son refus d'aller jusqu’aux mesures de coercition. En décembre 1881, il obligea M. Roustan, notre résident à Tunis, à poursuivre devant la cour d'assises le journal l'Intransigeant, qui l'accusait de tripotages financiers en Tunisie, et accepta, un peu trop facilement, le principe d'une indemnité demandée par l'Espagne en faveur de ses nationaux tués dans les chantiers d'alfa de Saïda, lors des troubles dans le Sud Oranais. Il quitta le ministère à la chute du cabinet Ferry (10 novembre 1881).
En février 1883, il prit la parole dans la discussion du projet de loi Brousse (expulsion des prétendants), pour combattre le texte du gouvernement, auquel il préférait le projet général et facultatif présenté par MM. Barthe et Bardoux. Dans la dernière session, il a voté:
- le 13 février 1889, pour le rétablissement du scrutin uninominal;
- le 18 février, pour la proposition de loi Lisbonne restrictive de la liberté de la presse;
- le 29 mars, pour la procédure à suivre par le Sénat érigé en haute Cour de justice (affaire Boulanger).
Outre sa traduction d'Aristote, qui est son oeuvre capitale, M. Barthélemy Saint-Hilaire a publié de nombreux rapports à l'Institut sur les philosophies grecque et indoue, des Lettres sur l'Egypte (1856) une étude sur Mahomet et le Coran (1865), une traduction en vers de l'Iliade (1869), etc.
Date de mise à jour: décembre 2016
Né le 19 août 1805 à Paris, mort le 24 novembre 1895 à Paris.
Représentant de Seine-et-Oise à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1876. Sénateur inamovible de 1876 à 1895.
Ministre des Affaires étrangères de 1880 à 1881. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 185.)
Il présida en 1889 diverses Commissions spéciales, puis son activité se ralentit. On ne trouve plus trace de ses interventions en séance publique. Cependant, il continuait à suivre les travaux de la Haute-Assemblée avec beaucoup d'assiduité et se trouvait encore à son banc l'avant-veille de sa mort survenue le 24 novembre 1895 à Paris.
Ce même jour, M. René Bérenger, vice-président du Sénat, prononçait un éloge funèbre d'une grande élévation de pensée, dans lequel il rendait hommage à la fois à l'homme politique, au savant et au philosophe traducteur d'Aristote. Il était entré dans sa 91e année.
Ses obsèques eurent lieu à l'Eglise Saint-Honoré d'Eylau au milieu d'une grande affluence, mais sans apparat selon la volonté du défunt.
Il serait trop long d'énumérer ici les œuvres de Barthélémy-Saint-Hilaire. On en trouvera la liste complète au catalogue de la Bibliothèque Nationale.