Denise, Eva, Marie Bastide
1916 - 1952
Née le 23 décembre 1916 à Aurillac (Cantal) Décédée le 1er mars 1952 à Paris (Seine)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Loire)
Députée de la Loire de 1946 à 1952
Denise Simon naît à Aurillac (Cantal) le 23 décembre 1916, dans une famille de syndicalistes militants. Elle entreprend des études d'infirmière, bientôt interrompues pour entrer comme militante active au Parti communiste, pour lequel elle effectue notamment des tournées de conférences.
Denise Bastide, qui avait épousé Joseph Bastide, ébéniste à Saint-Etienne (Loire), dont elle eut une fille et dont elle divorça en 1946, participe, à partir de 1941, au Secours populaire français et au Front national de lutte pour l'indépendance dans le département de la Loire. Elle participe en 1943 à l'activité des Francs-tireurs et partisans de l'Allier, et est arrêtée le 13 avril 1943 à Montluçon, par la police, puis condamnée à six ans de réclusion, le 29 mars 1944, par le tribunal de Lyon. Elle est alors emprisonnée à Chalons-sur-Marne, puis à Romainville, avant d'être déportée à Ravensbrück, puis à Swodau, d'où les alliés la libèrent. Ces épreuves de la déportation altèrent profondément sa santé.
Désignée comme candidate, en seconde place sur la liste du Parti communiste aux élections pour la première Assemblée nationale Constituante, elle est élue députée de la Loire le 21 octobre 1945, la liste rassemblant 88 900 voix sur 298 134 suffrages exprimés. Denise Bastide est nommée membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, et dépose notamment une proposition de loi relative à l'amélioration du contrôle médical dans les écoles. Elle intervient en outre à plusieurs reprises dans les discussions parlementaires, en particulier sur la loi de finances et sur les problèmes de logement des familles nombreuses.
Figurant toujours en seconde place sur la liste communiste dans la Loire, elle est réélue député de ce département à la seconde Assemblée Constituante, le 2 juin 1946, la liste rassemblant 85 292 voix sur 307 075 suffrages exprimés. Denise Bastide est à nouveau nommée membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique. Deux propositions de loi qu'elle dépose visent, la première, à créer un service municipal de déléguées sociales, et la seconde, à organiser la profession de mécanicien-dentiste. Enfin elle intervient à plusieurs reprises dans les discussions parlementaires, principalement sur les problèmes relatifs aux conditions de ravitaillement, à l'époque toujours difficiles.
Denise Bastide, en seconde position sur la Liste communiste et d'union républicaine et résistante, est à nouveau réélue député de la Loire pour la première législature, le 10 novembre 1946 (85 143 voix sur 287 320 suffrages exprimés). Députée très active, elle est membre de plusieurs commissions parlementaires : famille, population et santé publique (1946-1949), travail et sécurité sociale (dont elle est élue secrétaire), enfin, justice et législation (1958-1951). Elue secrétaire de l'Assemblée nationale le 3 décembre 1946, elle est à nouveau réélue à ce dernier poste, le 11 janvier 1949 après avoir donné sa démission le 14 janvier 1948.
Denise Bastide est à l'origine de nombreuses propositions de loi dont l'une vise à modifier l'assiette du calcul des allocations familiales (9 octobre 1948).
A plusieurs reprises, elle revient sur les problèmes posés par les grèves de 1947, particulièrement importantes à Saint-Etienne. Au cours de la séance du 29 novembre 1947, l'Assemblée est appelée à prononcer la censure à son égard « pour tapage en séance publique » mais à la suite de son intervention, où elle rappelle son serment fait à Ravensbrück, le président renonce à demander l'application de cette sanction. Le 3 décembre, Denise Bastide vote contre la loi sur la protection de la liberté du travail. Elle intervient en outre fréquemment dans les discussions parlementaires, en particulier lorsque celles-ci portent sur des problèmes relatifs à la protection sociale, au statut de la famille, à la situation à Saint-Etienne et dans la Loire, etc. Le 10 décembre 1948, elle dépose ainsi une demande d'interpellation sur le régime d'exception imposé dans le département de la Loire, et l'interdiction de tenue de réunions, puis, le 11 février 1949, à propos du chômage qui sévit à la manufacture d'armes et de cycles de Saint-Etienne.
Denise Bastide suit les votes de son groupe, soutenant, le 4 décembre 1946, la candidature de Maurice Thorez, puis, le 12, celle de Léon Blum, et s'oppose, le 4 mai 1947, à la question de confiance qui permettra à Ramadier de se séparer de ses ministres communistes. Elle s'abstient, le 27 août 1947, lors du vote sur le statut de l'Algérie, approuve la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), vote contre le plan Marshall (7 juillet 1948), et contre le Conseil de l'Europe (9 juillet 1949).
Denise Bastide, en seconde position sur la Liste d'Union républicaine, résistante et antifasciste (communiste), est à nouveau réélue député de la Loire pour la deuxième législature, le 17 juin 1951, avec 81 517 voix sur 292 398 suffrages exprimés. Ses engagements électoraux insistaient notamment sur la situation des mines et industries de la Loire, et sur les aménagements à réaliser dans le département. Elle est nommée membre de la Commission de la justice et de la législation, et prend notamment part aux discussions parlementaires sur une proposition de loi relative aux expulsions de locataires.
Denise Bastide se suicide le 1er mars 1952. Elle partageait l'existence de Georges Gosnat, député communiste de la Charente-Maritime dont elle avait eu deux enfants.