Louis Loucheur
1872 - 1931
- Informations générales
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- Né le 12 août 1872 à Roubaix (Nord - France)
- Décédé le 22 novembre 1931 à Paris (Seine - France)
1872 - 1931
Né le 12 août 1872 à Roubaix (Nord), mort le 22 novembre 1931 à Paris (16e).
Député du Nord de 1919 à 1931. Sous-secrétaire d'Etat à l'Armement et aux fabrications de guerre du 14 décembre 1916 au 12 septembre 1917. Ministre de l'Armement et des fabrications de guerre du 12 septembre 1917 au 16 novembre 1917.
Ministre de la Reconstitution industrielle, membre du comité de guerre du 16 novembre 1917 au 20 janvier 1920.
Ministre des Régions libérées du 16 janvier 1921 au 15 janvier 1922. Ministre du Commerce, de l'Industrie, des Postes et des Télégraphes du 29 mars 1924 au 9 juin 1924. Ministre des Finances du 28 novembre au 16 décembre 1925.
Ministre du Commerce et de l'Industrie du 19 juillet au 23 juillet 1926.
Ministre du Travail, de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociales du 1er juin 1928 au 2 mars 1930. Ministre de l'Economie nationale, du Commerce et de l'Industrie du 13 janvier 1930 au 27 janvier 1931.
Louis Loucheur, après avoir fait comme boursier des études secondaires au lycée de Lille, entre en 1890 à l'Ecole polytechnique. Passionné de géométrie, il découvre deux théorèmes sur les épicycloïdes, les théorèmes Loucheur. Sorti de l'école dans un bon rang, il se retrouve à Vincennes comme sous-lieutenant d'artillerie au 12° régiment, sous les ordres du capitaine Foch. Après avoir achevé son année militaire, il entre à la Compagnie des chemins de fer du Nord où il est successivement chef de district, de section, inspecteur de la voie. Il complète ses connaissances scientifiques en suivant des cours de droit. Ses chefs lui confient de plus en plus d'études ; chargé de surveiller les travaux d'élargissement de la gare Paris-Nord, il obtient l'achèvement du chantier avant l'expiration du délai prévu par les conventions. Il est sur le point d'être titularisé comme ingénieur par la compagnie quand il la quitte en 1899 pour fonder avec son ami, Alexandre Giros, ancien élève de polytechnique comme lui, la société Giros et Loucheur. Cette société réalise de nombreux travaux en France, en Afrique du Nord et en Turquie. L'importance du développement de leurs affaires amène les deux associés à créer en 1908 la Société générale d'entreprises destinée à exécuter les travaux procurés par la Société Giros et Loucheur. Celle-ci s'interdisant toute entreprise de travaux et s'occupant strictement des questions financières, création de filiales, etc... Passant du ciment armé aux chutes d'eau, le groupe Loucheur jouit d'une renommée mondiale quand éclate la Première Guerre mondiale. Louis Loucheur est mobilisé comme officier d'artillerie. Il a vite fait de réaliser les besoins considérables de matériel qu'exige la guerre moderne et prévoit, après la première bataille de la Marne, que les arsenaux vont bientôt être vides si l'on ne dote pas immédiatement la France d'usines susceptibles de produire des munitions en grande quantité dans les plus brefs délais.
Sur l'invitation de son colonel il se rend à Bordeaux et expose ses idées au ministre de la Guerre de l'époque, Alexandre Millerand. Celui-ci est vite convaincu et charge la Société générale d'entreprises de construire les usines d'où sortiront les armes nécessaires à la poursuite de la guerre ; mais Loucheur ne veut pas profiter de la situation, le travail est réalisé sans bénéfice d'entreprise et l'Etat a le droit de préemption sur toutes les usines, à leur prix de revient.
Le 14 décembre 1916, Briand nomme L. Loucheur sous-secrétaire à l'Armement et le charge, en tant que tel de la fabrication du matériel de guerre. C'est le début d'une longue carrière ministérielle ; Loucheur sera en effet 14 fois ministre ou sous-secrétaire d'Etat entre 1916 et 1930. Dès sa nomination au ministère de l'Armement, il juge ses occupations privées incompatibles avec ses nouvelles responsabilités et démissionne de nombreux conseils d'administration.
Il conserve son poste de sous-secrétaire à l'Armement dans le cabinet d'Alexandre Ribot qui succède à Aristide Briand le 20 mars 1917 et dirige les services de l'importation des combustibles jusqu'au 12 septembre 1917, date à laquelle il est nommé ministre de l'Armement et des fabrications de guerre dans le premier cabinet Painlevé. Il quitte ce poste pour celui de la Reconstitution industrielle dans le deuxième cabinet Clemenceau le 16 novembre 1917.
Il fait partie du comité de guerre et assiste à Doullens, aux côtés de Clemenceau, aux pourparlers difficiles qui aboutissent à la nomination de Foch comme généralissime. Il écrit, sous la dictée de Clemenceau, la note historique qui consacre l'unité de commandement.
Il participe ensuite à la négociation du traité de paix notamment en ce qui concerne ses clauses économiques. Après la démission de Clemenceau le 18 janvier 1920, il reste quelque temps sans qu'aucune responsabilité ministérielle ne lui soit confiée, il en profite pour se consacrer à son nouveau mandat de député. Ministre technicien choisi hors du Parlement, il n'en faisait jusqu'alors pas partie. Il y entre comme député du département du Nord en 1919 comme membre de la Chambre « bleu horizon ». Il est élu le 16 novembre 1919 en tête de la liste de la fédération républicaine avec 136.785 voix sur 507.094 inscrits et 374.022 votants. Il sera réélu le 11 mai 1924 par 123.158 voix sur 507.546 inscrits et 451.028 votants toujours en tête du la même liste.
En 1928, le scrutin uninominal ayant été rétabli, il obtient au premier tour 5.927 voix contre 4.682 à Copeaux, socialiste, sur 19.510 inscrits et 17.156 votants.
Mais c'est surtout en tant que ministre qu'il manifeste son activité.
Appelé pour la septième fois à former un gouvernement, Briand confie à Louis Loucheur le ministère des Régions libérées (16 janvier 1921-15 janvier 1922). C'est à ce titre qu'il signe avec Rathenau, le ministre allemand de la Reconstitution, les accords de Wiesbaden.
En 1924, s'ouvre la législature du bloc national, Poincaré dont c'est le 3e cabinet, le nomme ministre du Commerce, de l'Industrie et des Postes et Télégraphes (29 mars-24 septembre 1924).
Dans le 8e cabinet Briand, il se voit attribuer le ministère des Finances le 28 décembre 1925. Devant la gravité de la situation financière, le déficit budgétaire atteint 5 milliards 600 millions de francs de l'époque, il élabore 5 projets de loi relatifs à de nouvelles mesures fiscales, à l'institution d'une caisse d'amortissement, au régime des valeurs nominatives, à la conversion des anciennes rentes, à la répression des fraudes fiscales ; mais la commission des finances de la Chambre des députés, le 14 décembre, renvoie les 4 premiers au gouvernement. Le 15 décembre, en dépit des instances du ministre, elle maintient sa décision aussi Loucheur remet-il sa démission à Aristide Briand qui le remplace par P. Doumer.
Il appartient ensuite comme ministre du Commerce et de l'Industrie, au cabinet d'Edouard Herriot renversé le jour même de sa présentation devant la Chambre le 21 juillet 1926.
A la suite de sa défaite aux élections législatives de 1928, André Fallières, ministre du Travail, de l'Hygiène, de l'Assistance et de la Prévoyance sociales dans le 4e cabinet Poincaré, donne sa démission. Louis Loucheur est appelé à lui succéder le 1er juin 1928. Il conserve les mêmes fonctions dans le gouvernement suivant où Poincaré se succède à lui-même (11 novembre 1928-29, juillet 1929) et dans le 11e cabinet Briand (29 juillet-3 novembre 1929), le 1er cabinet Tardieu (3 novembre 1929-21 février 1930), le 1er cabinet Chautemps (21 février-2 mars 1930).
C'est pendant cette période qu'est votée la loi sur les habitations à bon marché à laquelle il a donné son nom, la loi Loucheur du 13 juillet 1928 comportant un programme de constructions à réaliser de 1928 à 1933 avec le concours financier de l'Etat.
Louis Loucheur assure également pendant qu'il est ministre du Travail, l'application de la loi du 25 avril 1928, sur les assurances sociales.
Il se retrouve enfin ministre de l'Economie nationale, du Commerce et de l'Industrie dans le cabinet Théodore Steeg, du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931.
En tant que député, il fait partie de la gauche radicale dont il est un moment président. Il est successivement membre de la commission des finances, rapporteur général de cette commission, membre des commissions des mines et de la force motrice, des affaires étrangères, d'assurance et de prévoyance sociales, il appartient également à la commission d'enquête sur toutes les opérations concernant les réparations en nature.
Il participe à toutes les conférences internationales qui suivent le traité de Trianon, notamment Locarno (1925) et La Haye (1929).
Ses interventions sont très nombreuses et ne peuvent être toutes citées. De son banc de député ou, le plus souvent, du banc du gouvernement, il n'est pas, pendant 15 ans, de débat important auquel il ne participe. Il s'exprime avec facilité, généralement sans notes et sait expliquer clairement les problèmes les plus ardus.
Il intervient notamment, en qualité de ministre de la Reconstitution industrielle dans un débat d'interpellation sur les réparations dues par l'Allemagne à la France (1920) ; en 1922, redevenu simple député du Nord, il prononce un important discours sur le même sujet, en 1926 il prend part à la discussion du projet de loi sur la ratification des accords de Locarno. Il intervient en qualité de ministre du Travail dans tous les débats économiques et sociaux : discussion de la loi qui porte son nom (1928), application de la loi sur les assurances sociales (1929). En 1929 également il répond à une question posée par l'acceptation par le gouvernement du principe d'un congé annuel pour les travailleurs.
Une de ses dernières interventions est le rapport qu'il fait au nom de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi portant approbation des différents accords intervenus à Paris, le 28 avril 1930, en vue du règlement complet et définitif des obligations résultant du traité de Trianon (1931).
Lorsque Louis Loucheur meurt, le 22 novembre 1931, à son domicile parisien, il n'est plus que député du Nord mais, c'est le ministre qui est passé à la postérité. Spécialiste des tâches ingrates,, lourdes de responsabilités, il a, comme le rappelait Daniel Vincent, sénateur du Nord, « aidé Clemenceau à faire la guerre, Poincaré et Painlevé à faire la reconstitution industrielle, Briand à faire la paix ». Industriel avisé, il a mis au service de l'Etat son expérience de l'économie privée. Européen convaincu, il a été un des premiers à préconiser une entente économique entre les peuples.
Louis Loucheur était chevalier de la Légion d'honneur.