Charles Ruff dit Lussy
1883 - 1967
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 25 septembre 1883 à Alger.
Député du Vaucluse de 1936 à 1942.
Issu d'une famille d'Alsaciens qui avait opté pour la France, Charles Lussy, fils d'un libraire, fit ses études au lycée d'Alger ; il obtint, couronnement de ses humanités, le diplôme de bachelier.
Il commença sa carrière en tant que fonctionnaire des P.T.T. Mais Charles Lussy ne devait pas se cantonner dans de telles activités ; en effet, il fut successivement secrétaire de la section socialiste d'Alger en 1908 et de la fédération socialiste de l'Afrique du Nord de 1909 à 1910. Devenu rédacteur à l'Humanité en 1919, il fut nommé chef des services politiques de ce journal en 1921, puis rédacteur politique au Quotidien et à Paris-Soir de 1923 à 1934.
Il fit pour la première fois acte de candidature dans le département du Vaucluse (arrondissement d'Apt) aux élections de 1932 ; mais il fut battu de justesse par le député sortant Roumagoux, en raison d'un écart de 13 voix.
De nouveau, il se présenta aux élections de 1936 ; il fut élu au second tour de scrutin, le 3 mai, par 6.644 voix sur 11.679 inscrits et 9.183 votants. Inscrit au groupe socialiste, il fut membre de la commission des douanes et des conventions commerciales, de la commission de la législation civile et criminelle, de la commission des postes, télégraphes et téléphones. Il intervint notamment pour réclamer la suppression du scrutin d'arrondissement et l'élection des députés au système de la représentation proportionnelle ; c'était le défenseur convaincu d'une représentation proportionnelle « intégrale, juste et loyale ». Toutefois, ce ne fut pas le seul centre d'intérêt de ses interventions qui portèrent également sur le régime de la presse et les conflits collectifs du travail.
Charles Lussy, maire de Pertuis dès 1938, avait la Croix de guerre 1914-1918 (3 citations) et la Médaille militaire.
Né le 25 septembre 1883 à Alger
Décédé le 17 octobre 1967 à Paris
Député du Vaucluse de 1936 à 1942 Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Vaucluse)
Député du Vaucluse de 1946 à 1958
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VI, p. 2318)
Charles Lussy est né dans une famille de juifs alsaciens ayant opté pour la France en 1871. Son père Michel Ruff tenait une librairie à Alger. Sa mère, née Buna Dreyfus, était directrice d'école et s'occupait de diverses œuvres sociales. Charles Lussy fait des études à Alger où il obtient le baccalauréat. Fonctionnaire des postes, il adhère à la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière). Secrétaire de la section socialiste d'Alger en 1908, il contribue l'année suivante à la fondation de la fédération socialiste d'Afrique du Nord et en assure la direction. Il commence à écrire dans la presse révolutionnaire et prend alors le pseudonyme de Charles Lussy. Désormais installé en métropole, il abandonne les postes pour le journalisme. Alors rédacteur en chef du journal socialiste Le Populaire du Midi, il se présente comme candidat de la SFIO aux législatives de 1914 dans le Vaucluse. Largement devancé, il se désiste au second tour pour le candidat radical. Charles Lussy participe au conflit mondial. Il est décoré de la croix de guerre (trois citations) et de la médaille militaire. Après l'armistice, il s'installe à Paris et devient rédacteur à L'Humanité (tout en donnant des articles à des journaux de province). Le 16 novembre 1920, il épouse Marcelle Levy Ben Dano (également d'origine algéroise). Aucun enfant ne va naître de cette union. A la fin de l'année, Charles Lussy participe au congrès de Tours. Il est un des représentants de la fédération du Vaucluse. Il fait partie de la majorité qui choisit l'adhésion à la 3e Internationale. En janvier 1923 il est exclu du parti communiste. Fondateur avec Frossard d'une éphémère Union socialiste-communiste, il ne tarde pas à rejoindre la SFIO. Il est rédacteur politique de différents journaux : Le Quotidien, Paris-Soir, Le Soir.
Après avoir échoué à diverses élections législatives, Charles Lussy se présente à nouveau en 1936 dans la circonscription d'Apt (Vaucluse). Arrivé en tête au premier tour, il est le candidat du Front populaire au second et se fait élire à une confortable majorité. A la Chambre, il se prononce pour le remplacement du scrutin d'arrondissement par la proportionnelle. Il intervient aussi dans les débats sur la presse et sur les conflits collectifs du travail. En mai 1938, il devient maire de Pertuis (Vaucluse). Il s'abstient lors du vote de la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940. Durant les deux années qui suivent, il joue un rôle dans la résistance qui s'ébauche dans le Vaucluse et maintient le contact avec un groupe de parlementaires socialistes. En septembre 1942, il est envoyé en résidence surveillée aux Vans (Ardèche), puis, en mars 1943, il est interné à Evaux (Creuse). Evadé en juin 1944, il rejoint le maquis. A l'automne 1944, malgré le vote émis le 10 juillet 1940, il est réintégré dans la SFIO (« en raison des services rendus au parti et à la résistance ») et devient secrétaire général du Populaire. Mais il est suspendu de tout mandat électif pendant cinq ans. Il n'en est pas moins poussé par les socialistes locaux à reprendre la mairie de Pertuis. Ainsi est fait à la suite des élections municipales du printemps 1945. Finalement la suspension de mandat est levée.
Aux élections du 21 octobre 1945, Charles Lussy conduit la liste de la SFIO dans le Vaucluse. Celle-ci arrive en tête, elle obtient 37 974 voix (sur 116 176 suffrages exprimés) et deux élus. Aux élections du 10 juin 1946 à la seconde Constituante la liste SFIO subit un recul (31 044 voix sur 121 415 suffrages exprimés). Elle est devancée par celle du parti communiste. Charles Lussy en est cette fois le seul élu. Il siège à nouveau à la Commission de la justice et de la législation générale ainsi qu'à celle de la presse, de la radio et du cinéma. Aux législatives de novembre 1946 l'effritement se confirme : les socialistes ne recueillent dans le Vaucluse que 24 804 voix. Charles Lussy est réélu ainsi que les trois autres députés du département. Durant cette législature, il siège à la Commission de la justice et de la législation, à celle du suffrage universel, du règlement et des pétitions ainsi qu'à celle de la presse. Le 17 décembre 1946, il dépose une proposition de loi portant sur la retraite des instituteurs : il s'agit de prendre en compte pour le calcul de leurs pensions des traitements perçus comme secrétaires de mairie.
L'autorité de Charles Lussy au sein de l'Assemblée nationale vient de ce qu'il préside le groupe parlementaire SFIO. A ce titre, il fait partie des caciques fréquemment appelés en consultation par le président Auriol. Il est amené à intervenir dans des débats nombreux et divers. Ainsi, en mars 1947, il prend position sur la question indochinoise ; alors que la guerre vient de s'engager, il indique que la SFIO souhaite une négociation aussi bien avec le gouvernement Hô Chi Minh (maintenant replié dans la jungle) qu'avec d'autres forces politiques locales : « Nous n'admettons, pour notre part, ni qu'on impose ni qu'on exclut aucun nom. » Le 18 mars 1947, son ordre du jour de confiance à la politique indochinoise du gouvernement Ramadier est adopté par 410 voix contre 0, les communistes s'étant abstenus. Le 4 mai 1947, c'est sur l'adoption de l'ordre du jour de Charles Lussy approuvant la politique générale du gouvernement que la question de confiance est posée : on sait que le vote négatif des communistes va entraîner alors leur éviction du cabinet Ramadier.
Charles Lussy conduit de nouveau la liste socialiste du Vaucluse aux législatives de juin 1951. La liste s'apparente à la liste RGR (celle de Daladier) et à celle du MRP (emmenée par le député Paul Couston). Ce groupement obtient la majorité absolue et se partage donc les 4 sièges du département. Avec 17 854 voix (soit 14,9 % des suffrages exprimés), la liste SFIO est largement distancée par celle du RGR et n'obtient en conséquence qu'un seul siège. Réélu, Charles Lussy siège à la Commission de la presse et à celle de la production industrielle. Durant cette législature, il n'est l'auteur d'aucune proposition de loi, alors qu'il en avait déposé six de décembre 1946 à juin 1951. Mais resté président du groupe parlementaire socialiste, il intervient souvent dans les débats, en politique intérieure comme en politique extérieure. Il fait partie du groupe de députés socialistes qui s'oppose à la création de la Communauté européenne de défense (CED). En conséquence, le 30 août 1954, il vote la question préalable qui enterre le traité de Paris. En novembre de la même année, il présente au congrès extraordinaire du parti la motion hostile à la participation SFIO au gouvernement Mendès France.
Au début de 1955, il abandonne la présidence du groupe parlementaire. Depuis 1953, Charles Lussy n'est plus maire de Pertuis. Aux élections du 2 janvier 1956, il conduit à nouveau la liste socialiste laquelle s'apparente à celle de Daladier. Ce groupement n'atteint pas la majorité absolue (pas plus d'ailleurs que les deux autres alliances, celle du centre droit et celle des poujadistes) mais permet la réélection de Charles Lussy avec 10,6 % des voix au détriment d'un communiste. Il siège à la Commission de la presse et à celle du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions. Il prend une part active aux débats portant sur la réforme institutionnelle. Au sein du parti socialiste, il manifeste à plusieurs reprises ses désaccords avec le secrétaire général du parti, Guy Mollet. Le 1er juin 1958, il vote contre l'investiture du général de Gaulle. Le 2 juin il lui refuse les pleins pouvoirs mais ne prend pas part au vote sur la révision constitutionnelle.
Partisan du Non au référendum du 28 septembre 1958, il écrit alors dans La Tribune du socialisme : « A l'idée même de ce plébiscite, et sans aller plus loin, un démocrate peut d'ores et déjà répondre : non ! » Il rompt alors avec la SFIO et rejoint le PSA. En 1960, il adhère au PSU. Il quitte le parti en 1963 et, peu de temps avant sa mort, réintègre la SFIO.