Pierre, Julien, Joseph Baudin

1863 - 1917

Informations générales
  • Né le 21 août 1863 à Nantua (Ain - France)
  • Décédé le 30 juillet 1917 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 22 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Seine
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 31 mai 1906
Département
Ain
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IXe législature
Mandat
Du 6 mai 1906 au 21 janvier 1909
Département
Ain
Groupe
Gauche radicale-socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1909 au 1er janvier 1917

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 21 août 1863 à Nantua (Ain), mort le 30 juillet 1917 à Paris.

Député de la Seine de 1898 à 1900.

Député de l'Ain de 1900 à 1909.

Sénateur de l'Ain de 1909 à 1917.

Ministre des Travaux publics du 22 juin 1899 au 4 juin 1902.

Ministre de la Marine du 21 janvier 1913 au 9 décembre 1913.

Neveu du député J.-B. Baudin qui mourut sur les barricades lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851, Pierre Baudin était né, comme son oncle, à Nantua dans l'Ain.

Après de brillantes études de droit, il s'inscrit au barreau de Paris. Le 4 mai 1890, il est élu au conseil municipal où il représente le quartier des Quinze-Vingt. Il y déploie une grande activité : s'occupant tout spécialement des questions financières, il est pendant trois ans rapporteur général du Budget de la Ville. En 1893, il invite le peuple de Paris à ne pas s'associer aux fêtes du 14 juillet pour protester contre les agissements de la police au quartier latin et contre la fermeture de la Bourse du travail ordonnée le 1er mai par le Gouvernement. Il devient vice-président du conseil municipal en 1895 puis l'année suivante, à 33 ans, président de cette Assemblée. Il combat vigoureusement en faveur de l'autonomie municipale et de ce qu'il appelle les « droits de Paris ». L'inauguration de la rue de Réaumur par le Président de la République lui donne l'occasion d'affirmer par un geste spectaculaire la prééminence des élus du suffrage universel sur les représentants de l'Administration : lors de la cérémonie en effet, il prend le pas sur le préfet de police et le préfet de la Seine, créant ainsi un précédent qui deviendra la règle. Le 7 octobre 1896, il reçoit le Tsar et l'impératrice de Russie à l'Hôtel de Ville.

Il se présente aux élections générales législatives du 22 mai 1898, dans la première circonscription du 11e arrondissement, sous le patronage du comité républicain de la Folie-Méricourt et il est élu député au deuxième tour de scrutin par 5.710 voix sur 9.020 votants contre 3.143 suffrages à M. Faberot député sortant.

Membre des Commissions du travail, du budget et de la presse, il est rapporteur du Budget de la Justice (Services pénitentiaires) pour 1899 et du projet relatif aux conditions de travail dans les marchés de travaux publics.

Le 22 juin 1899, Waldeck-Rousseau qui forme son Gouvernement, lui confie le Ministère des Travaux publics qu'il gardera près de trois ans, jusqu'au 4 juin 1902. Il prend part à l'organisation de l'exposition universelle de 1900 et il établit un programme complet de grands travaux destiné, après le plan de Freycinet, à doter la France d'un réseau de grands canaux, d'un outillage maritime et de ports modernes. Le manque de moyens financiers n'en permettra que l'exécution partielle, mais le passage de Pierre Baudin à la tête du Ministère des Travaux publics marquera profondément cette administration.

Désireux de représenter son département natal, il abandonne son mandat de député de Paris et sollicite les suffrages de ses compatriotes à l'occasion d'une élection partielle qui a lieu le 1er juillet 1900 dans la circonscription de Belley pour remplacer M. Giguet devenu sénateur. Il est élu député de l'Ain par 11.680 voix sur 16.859 votants, et aux élections générales du 27 avril 1902, ses compatriotes lui renouvellent leur confiance en lui accordant 12.957 suffrages sur 19.111 votants contre 5.479 voix à M. Brillat-Savarin, au premier tour de scrutin.

Membre de la Commission des assurances et de la prévoyance sociale et de la Commission du budget, il présente un grand nombre de rapports sur les sujets les plus divers : convention déterminant la participation de l'Etat et de l'Algérie aux charges des chemins de fer, participation de la France aux expositions de Liège et de Milan, installation de l'Imprimerie nationale rue de la Convention, transfert du Ministère des Colonies du Pavillon de Flore à la rue Oudinot, droits sur les sucres et eaux-de-vie, modification des patentes et des contributions mobilières, participation des délégués à la sécurité des ouvriers mineurs aux caisses de retraites et de secours, modernisation de l'outillage national (canaux et ponts), caisse de retraites des associations de presse, etc. La discussion des Budgets de 1905 et de 1906, dont il est rapporteur général, lui donne l'occasion d'intervenir à de multiples reprises.

Réélu aux élections générales du 6 mai 1906 par 11.590 voix, sur 18.449 votants contre 4.475 à M. Brillat-Savarin, il fait partie des Commissions des travaux publics, de la marine et du budget. Il dépose une proposition de loi concernant les usines hydrauliques et deux propositions de résolution, l'une relative à l'inventaire des domaines forestiers, l'autre demandant une étude de la navigation continue du Rhône entre Genève et Lyon. Participant à la discussion du projet d'impôt sur le revenu, il soutient un amendement tendant à exonérer les revenus des sociétés de secours mutuels (1908). Frappé par les difficultés que soulève l'application des règles de l'unité et de l'annualité budgétaires aux entreprises à caractère industriel de l'Etat, il fait une brillante campagne en faveur de la spécialisation et de l’autonomie des budgets industriels. Lors du vote du collectif de 1908, il demande l'amélioration des voies d'accès au tunnel du Simplon et, à l'occasion de l'examen du budget de 1909, il invite le Gouvernement à moderniser la manufacture des Gobelins. Dans la discussion du projet concernant les cadres et effectifs de l'armée (1908), il insiste sur l'urgente nécessité de créer de nouveaux régiments d'artillerie et d'exercer un contrôle efficace sur les dépenses militaires.

Devenu sénateur de l'Ain le 3 janvier 1909, en remplacement de M. Pochon, décédé le 13 septembre 1908, il intervient à nouveau en faveur du développement de l'artillerie lorsque le projet vient en discussion devant la Haute Assemblée. Il est rapporteur du Budget des Affaires étrangères pour 1910.

Réélu sénateur le 7 janvier 1912, il établit de nombreux et importants rapports, notamment sur le projet tendant à approuver la convention du 4 novembre 1911 entre la France et l'Allemagne au sujet de la délimitation de leurs possessions respectives en Afrique équatoriale ; sur le projet portant approbation du traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912 pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien ; sur les collectifs budgétaires de 1911 et de 1912 ; sur le Budget de l'Instruction publique de 1912; sur la création d'un Institut médico-légal à Paris ; sur l'organisation de l'aéronautique militaire, l'organisation des réserves de l'armée active et le projet relatif aux cadres et effectifs de l'infanterie.

Le 21 janvier 1913, Briand qui forme son troisième cabinet, l'appelle au Ministère de la Marine. Il conservera ce portefeuille sous le quatrième cabinet Briand (18 février - 22 mars 1913) et sous le cabinet Barthou (22 mars - 9 décembre 1913).

Tandis que Barthou fait voter la loi qui porte à trois ans la durée du service militaire et poursuit la réorganisation de l'armée de terre, il s'attache à compléter les cadres de la marine et à accélérer les constructions navales, celles de sous-marins notamment.

Ayant repris sa place à son banc de sénateur, après la démission du cabinet Barthou, il intervient à plusieurs reprises dans la discussion du Budget de la Marine de 1914. En mars 1915, le Gouvernement le charge d'une mission de propagande en Amérique du Sud : il retourne ainsi en République Argentine où il avait représenté la France lors des fêtes du centenaire de l'indépendance en 1913.

Atteint d'une grave maladie il meurt à Paris en cours de mandat, le 30 juillet 1917, âgé seulement de 54 ans. Le président Antonin Dubost, dans l'éloge funèbre qu'il prononça à la tribune du Sénat, devait dire, rendant hommage à ce grand travailleur : « il n'y avait pas de question d'intérêt national qu'il n'eut abordé dans ses écrits et dans ses discours, toujours par le large côté où se sentait la liaison avec les grands problèmes mondiaux. Sa plume comme son éloquence et sa personne, était sobre et nerveuse ».

Collaborateur du Journal et du Figaro, directeur du Courrier de l'Ain, président de l'Association des journalistes parisiens, Pierre Baudin était également l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels
- l'Histoire illustrée des révolutions (1899),
- Les forces perdues (1903),
- L'armée moderne et les états-majors (1905),
- L'alerte (1906),
- La préparation au service militaire (1907),
- l'Allemagne dans la Méditerranée (1907),
- La politique réaliste à l'extérieur (1908),
- Notre armée à l'œuvre (1909),
- Le budget et le déficit (1910),
- Les journées du Bourget (1911),
- L'Empire allemand et l'Empereur.